• Aucun résultat trouvé

Les pouvoirs interarmées de Weygand : l’acceptation par défaut d’un cadre complexe et rapidement dépassé

L’exercice du commandement

3.1 La place de Weygand : entre rupture et continuité avec Gamelin

3.1.2 Les pouvoirs interarmées de Weygand : l’acceptation par défaut d’un cadre complexe et rapidement dépassé

• L’absence légale d’un véritable généralissime en temps de guerre

Le commandement unique des trois armées – terre, air et mer – avait été une question qui était régulièrement revenue au sommet de la hiérarchie militaire française durant les années 1920 et 1930. Cette idée de nommer un chef commun à l’ensemble des composantes de l’armée

173 La comparaison des dossiers 3 et 4 de SHD, 27N 3, Ordres et instructions généraux, d’un côté, et des dossiers

0 et 1 de SHD 27N 155, Ordres généraux et particuliers du général Georges, d’un autre côté, est particulièrement éclairante de ce point de vue-là. Si l’on voulait isoler un seul document de part et d’autre, l’Instruction personnelle et secrète de Weygand du 11 juin 1940 et le Plan de manœuvre de Georges du 12 juin 1940, seraient de bons exemples.

98

avait abouti à la création du poste de chef d’état-major général de la Défense nationale (CEMGDN), par le décret du 21 janvier 1938. Cependant, les réticences et les particularismes de l’armée de Terre, de la Marine et de l’armée de l’Air avaient conduit à ce que le décret du 7 septembre 1938174, qui venait préciser les modalités d’application de la loi du 11 juillet 1938 sur l’organisation de la Nation en temps de guerre, limitait les attributions de cette autorité nouvellement créée. Le CEMGDN devait coordonner l’action des trois armées, mais la conduite supérieure des opérations restait sous la responsabilité des commandants en chef respectifs. Même sa mission de coordination était restreinte, puisque dans le cas d’actions navales, elle ne jouait véritablement que lorsqu’il était question d’opérations combinées. À cela s’ajoutait le fait qu’il n’avait aucun pouvoir d’inspection et de contrôle découlant de son titre175. En somme, le

CEMGDN n’avait aucune autorité en propre sur les trois armées. De plus, il ne coordonnait pas immédiatement et en tous temps l’action des forces françaises sur les théâtres d’opérations se trouvant hors d’Europe et d’Afrique du nord (colonies et Levant notamment). Il lui fallait pour cela une délégation spéciale du Comité de guerre.

Cette absence de pouvoirs étendus détenus en propre impliquait que pour qu’il puisse jouer un rôle et exercer ses attributions, le CEMGDN fût également l’un des commandants en chef d’une des trois armées – celle de Terre eu égard à son importance. D’une part, il n’était donc pas une autorité supérieure et arbitrale, mais un simple primus inter pares. D’autre part, une partie importante de son travail serait absorbée en temps de guerre par son rôle de chef des forces terrestres, ce qui porterait sans nul doute préjudice à sa tâche première de coordination.

Du fait de ces limitations de pouvoir et cet enchevêtrement de responsabilités, il n’y avait non seulement pas de véritable chef d’état-major de la Défense nationale au sens moderne du terme, c’est-à-dire un commandant en chef interarmées, mais même sa mission de coordination se trouvait considérablement circonscrite.

Le général Weygand héritait donc de cette organisation bancale du haut-commandement, d’autant plus problématique qu’il prenait son poste en pleine crise. Sa nomination et son action n’allait pourtant pas faire évoluer en profondeur cette situation.

• La non-réalisation de l’unité de commandement en droit : les titres de Weygand

174 Journal officiel, 22 janvier 1938, Décret portant création d’un chef d’état-major général de la Défense nationale

et Journal officiel, 8 septembre 1938, Décret relatif à la direction générale de la Guerre, à la direction militaire de la guerre et à la conduite supérieure des opérations.

175 Pierre Rocolle, La Guerre de 1940, tome I, Les Illusions, novembre 1918 - mai 1940, Paris, Armand Collin,

99

Au niveau du commandement interarmées, deux décrets du 20 mai 1940 apportaient des modifications à la structure en place jusqu’alors. Le premier supprimait le poste, de commandant en chef des forces terrestres. Le second nommait Weygand chef d’état-major général de la Défense nationale et commandant en chef de l’ensemble des théâtres d’opérations (CECETO). Pour Thibaut Tellier, ces deux actes revenaient à accorder au général Weygand des prérogatives qui bouleversaient la législation en vigueur, et accordait désormais une autorité au CEMGDN sur l’ensemble des forces armées françaises, notamment sur la flotte176. Que Paul

Reynaud voulut qu’il en soit ainsi avec ces décrets, Thibaut Tellier tend à le montrer. Cependant, en ce qui concernait les pouvoirs de Weygand par rapport à l’armée de l’Air et à la Marine, le second décret ne faisait qu’étendre la mission de coordination du nouveau général en chef à tous les théâtres d’opérations, supprimant ainsi la nécessité d’une délégation spéciale du Comité de guerre. De même que le fait que le général Gamelin avait été le commandant en chef sur le théâtre européen ne lui avait donné aucune autorité sur les deux autres armées sur ce théâtre-là, le titre de CECETO ne donnait pas plus d’autorité à Weygand sur la Marine et l’armée de l’Air, quelque fût la zone géographique prise en compte. Ainsi, alors que la situation de crise dans laquelle il fut nommé nécessitait sans nul doute une unité d’action des trois armées, le général Weygand se trouvait logé à la même enseigne que son prédécesseur.

• La non-réalisation de l’unité de commandement dans les faits : le respect du cadre Ce que les textes ne lui accordèrent pas, Weygand ne le fit pas non plus advenir plus, bien qu’il ait été dans les années 1930 un partisan d’un commandement interarmées unique.

Hormis dans l’IPS n°12 du 17 mai 1940, la place et le rôle que devait jouer l’armée de l’Air dans la contre-offensive que le haut-commandement voulut mettre en place avant le 20 mai, n’étaient évoqués dans aucun ordre émanant des généraux Gamelin et Georges. Initialement, Weygand ne fit pas autrement, laissant vraisemblablement par défaut la question de la participation des forces aériennes à la bataille en cours à la discrétion des commandants de groupe d’armées et d’armées177. Par conséquent, l’aviation n’était pas intégrée

convenablement à la manœuvre d’ensemble, le commandement ne parlant en ce qui la concerne que de « soutenir » l’action des forces terrestres. Lors des prodromes de la bataille de la Somme,

176 Thibaut Tellier, Paul Reynaud. Un indépendant en politique, 1878-1966, Paris, Fayard, 2005, pp. 584-585. 177 Par exemple, dans son ordre général d’opérations n°1 du 22 mai 1940 – celui qui reprenait le plan de contre-

offensive en tenaille, il ne parle que de la Royal air force, tandis qu’aucun objectif opérationnel précis n’est fixé à l’aviation.

100

Weygand a semblé vouloir corriger cette déficience. Le 31 mai, puis le 2 juin, il envoyait deux notes au général Georges pour définir l’utilisation présente et à venir des forces aériennes178. La première leur assignait un but opérationnel – entraver les préparatifs de la Wehrmacht en vue de son offensive prochaine, mais surtout demandait à Georges de « [s’entendre] directement et complètement » avec le général Vuillemin pour concevoir et mettre en œuvre « cette action essentielle ». Une telle concertation devait d’ailleurs faire l’objet d’un « accord ». La seconde indiquait au général commandant en chef sur le front nord-est qu’une IPS en date du 1er juin permettait à celui-ci, voire aux commandants de groupe d’armées et d’armées de demander en urgence l’intervention des forces aériennes réservées. On s’orientait donc possiblement vers une meilleure coopération entre les armées de l’Air et de Terre. Cependant, des éléments venaient contrebalancer ces directives, qui pouvaient apparaître en rupture avec l’ancienne organisation. Dans la note du 31 mai, non seulement Weygand définissait un objectif assez vague pour l’aviation, mais il laissait la concertation entre celle-ci et les forces terrestres s’effectuer à l’échelon inférieur au sien. Il ne jouait donc là qu’un rôle de coordination. Dans celle du 2 juin, le généralissime se contentait de rappeler les principes d’engagement des forces aériennes réservées, l’IPS du 1er juin qu’il citait ne faisant quant à elle qu’accélérer – si l’on

peut dire – leur mise à disposition en faveur des unités terrestres. Ces instructions respectaient donc la doctrine établie en ce qui concernait la coopération des armées de Terre et de l’Air. Par conséquent, malgré et en même temps avec ces deux notes, Weygand n’a pas dépassé son rôle de CEMGDN modèle 1938, d’une part en se contentant d’une mission de coordination, d’autre part en continuant de voir, à l’image de ses devanciers179, dans les batailles aérienne et terrestre

deux combats qui sont interdépendants mais qui ne se combinent pas. Ainsi, en ce qui concernait l’armée de l’Air, il ne dérogea pas au cadre dont il avait hérité, aussi bien en termes d’organisation du commandement que d’intégration de celle-là dans sa stratégie et ses plans de manœuvre180.

Cette double absence de changement a été encore plus nette avec Marine. Le général Weygand et l’amiral Darlan ont été tous deux d’accord quant au choix de former une large tête de pont autour de Dunkerque. Mais cet accord n’était qu’une unité de vue, car il ne faisait pas

178 SHD, 27N 3, Note du général Weygand pour le général Georges sur l’emploi de l’aviation dans la phase actuelle

des opérations, n°1294 3/FT, 31 mai 1940 et Note du général Weygand pour le général Georges sur l’emploi de l’aviation, n°1332 3/FT, 2 juin 1940.

179 Henri Dutailly, Les Problèmes de l’armée de terre française (1935-1939), Paris, Imprimerie nationale, 1980,

p.33. Nous reviendrons plus loin sur l’absence d’une conception tactique de la notion de bataille aéroterrestre chez Weygand.

180 Jean-Louis Crémieux-Brilhac d’enfoncer le clou : même après l’arrivée de Weygand, « l’inadaptation du

commandement terrestre à l’emploi de l’aviation persiste ». Cf. Jean-Louis Crémieux-Brilhac, Les Français de

101

suite à une réunion entre les deux commandants en chef : interrogé par Gamelin, Darlan avait opté pour une telle solution dès le 19 mai, alors que ce ne fut que le 25 mai que Weygand changea ses plans en ce sens181. Pas plus qu’en ce qui concerna l’établissement d’un plan, il n’y eut de véritable concertation entre le généralissime et l’amiral de la Flotte par rapport à l’exécution des directives ordonnant la constitution d’une tête de pont (et il en sera de même pour son évacuation), le haut-commandement se contenant de demander à la Marine de ravitailler la poche de 3 000 tonnes de munitions et d’approvisionnement par jour. Certes, il y eut une unité de commandement entre les troupes terrestres et la flotte française, à l’instigation de Weygand qui avait nommé le 21 mai le contre-amiral Charles Platon gouverneur de la ville, puis le 23 mai l’amiral Abrial commandant de la défense du camp retranché de Dunkerque. Mais cette unité ne se faisait qu’à une échelle relativement petite et n’était que conjoncturelle. Même au niveau supérieur – celui qui mettait en liaison la Marine avec le groupe d’armées n°1, les ordres de Weygand pour le général Blanchard était de constituer, puis d’évacuer la tête de pont, « en accord avec [l’] amiral Nord [amiral Abrial] »182, ce qui ne plaçait ni l’un ni l’autre

sous le commandement de l’un ou de l’autre. Après Dunkerque, Weygand est resté de fait sur une telle position. Dans les retraites successives faisant suite à la rupture du front de la Somme, il se contenta de demander aux généraux qui se retrouvaient acculés à la mer, de former des têtes de pont et, pour se faire, de « s’entendre directement » avec les autorités maritimes les plus proches183. Mais surtout, il laissa l’amiral Darlan seul face aux problèmes que posèrent à la Royale l’avancée allemande, que celui-ci régla par l’évacuation des ports de la façade ouest, puis au moment de l’armistice, en prescrivant le sabordage au cas où les Allemands tenteraient de s’emparer de la flotte française.

De son arrivée à la tête des armées jusqu’à la fin des opérations, Weygand ne parla jamais aux responsables politiques et militaires de réformer le haut-commandement de l’armée française en faveur de la création d’un véritable poste de généralissime ou d’un organe collégial équivalent. À sa décharge, concernant la Marine, sa marge de manœuvre était singulièrement limitée184. De manière plus générale, certainement que, comme pour l’organisation de la

181 Philippe Masson, Histoire de l’armée française, Paris, Perrin, 2002 (1ère éd. 1999), p. 231.

182 Pierre Rocolle, La Guerre de 1940, tome II, La Défaite, 10 mai - 25 juin 1940, Paris, Armand Colin, 1990, p.

214.

183 SHD, 27N 79, Ordre particulier du général Weygand au général Altmayer, n°1500 3/FT, 10 juin 1940. 184 Par exemple, le gouvernement décida par un décret du 8 juin de placer les « ports maritimes et fluviaux situés

de l’embouchure de la Somme à la Bidassoa (…) sous l’autorité de l’amiral de la Flotte » (cité in Philippe Lasterle, « Autopsie d’un exode maritime : l’évacuation des ports par la marine, in Christine Levisse-Touzé (dir.), La

Campagne de 1940, Paris, Tallandier, 2001, p. 262), ce qui revenait par ricochet à réaffirmer l’absence de pouvoirs

102

direction de l’armée de Terre, il estima impossible une telle réforme en pleine crise. Cependant, on pouvait s’attendre à ce que justement la gravité de la situation l’incline à agir pour améliorer l’unité du commandement à la tête de l’institution militaire. Force est de constater que son action n’a pas compensé son absence de prise de parole sur le sujet. D’une part, il n’essaya d’intégrer la Marine et l’armée de l’Air ni dans ses plans, ni dans l’exécution de ceux-ci, hormis localement ou en des termes assez vagues. D’autre part, il ne décida jamais de réunir autour de lui le général Vuillemin et l’amiral Darlan pour dresser collégialement les moyens, les possibilités et la stratégie des forces françaises. Autrement dit, alors que l’urgence de la situation lui aurait certainement permis, sur le terrain, d’étendre ses prérogatives de CEMGDN – a minima en coordonnant plus directement les trois armées, il n’utilisa même pas toute l’étendue de celles-ci185. Si ce n’est à la marge, Weygand est donc resté dans le cadre et la

pratique définis par son prédécesseur. Bien que le titre ait été supprimé lors de sa nomination, il est demeuré en ce sens presqu’exclusivement le commandant en chef des forces terrestres.

• L’ensemble des théâtres d’opérations : un unique changement, mais d’importance ? Les théâtres d’opérations extérieurs à l’Europe bénéficiaient par rapport au haut- commandement métropolitain d’une autonomie qui pouvait aller jusqu’à l’indépendance relative ne souffrant que de potentielles directives données par le CEMGDN dans le cadre de sa mission de coordination. Comme le souligne Pierre Rocolle, le général Gamelin n’avait qu’une autorité amoindrie sur les théâtres d’opérations de l’Afrique du Nord et de la Méditerranée orientale186. Or, aux termes du deuxième décret du 20 mai 1940, Weygand était nommé commandant en chef de l’ensemble des théâtres d’opérations (CECETO). Par conséquent, il en venait à coiffer toutes les forces terrestres françaises à travers le globe, non plus de par son pouvoir de coordination, mais hiérarchiquement. Autrement dit, non seulement ce pouvoir était étendu géographiquement sans qu’il n’eût besoin d’une délégation spéciale du Comité de guerre, mais il changeait de nature, lui donnant une autorité pleine et entière sur tous les théâtres d’opérations extérieurs.

au Conseil des ministres du 13 juin que la question de la livraison de la flotte était de son ressort (cf. Weygand,

Op. cit., p. 216), l’amiral Darlan donnait la preuve que les décrets de nomination de Weygand ne lui octroyaient

aucune prérogative supplémentaire sur la Marine par rapport au général Gamelin.

185 Rappelons que le CEMGDN pouvait « réuni[r] quand il le jugea[ait] utile les chefs d’état-major général ».

Journal Officiel, Décret du 21 janvier 1938…, article 2, aliéna 1.

103

Ces nouvelles prérogatives eurent-elles des conséquences dans le débat entre Reynaud et Weygand sur un possible repli en Afrique du Nord, comme l’écrit Thibaut Tellier187 ?

Théoriquement, elles donnaient un avantage au généralissime sur le président du Conseil, laissant la haute-main au premier sur les décisions des chefs militaires de l’Empire colonial. Mais, en définitive, alors que Reynaud était encore à sa tête, le gouvernement ne débattit jamais en termes concrets de l’évacuation de l’armée et des pouvoirs publics hors de France. Qui plus est, ce ne fut qu’à partir du discours de Pétain annonçant la volonté du gouvernement français de cesser les hostilités que le général Noguès et les proconsuls de l’Empire réclamèrent la poursuite de la guerre188. Ainsi, l’autorité hiérarchique que possédait Weygand sur l’ensemble des théâtres d’opérations n’a pas pu porter à conséquences dans ce débat au moment où Reynaud était président du Conseil, car il n’eut pas à s’en servir. Cette thèse semble d’autant plus vérifiée que, même lorsqu’il aurait pu s’en prévaloir, il ne le fit pas. De la demande française d’armistice du 17 juin jusqu’à l’entrée en vigueur de la suspension des hostilités 8 jours après, plusieurs télégrammes et messagers en France prônant la poursuite des hostilités furent envoyés par le général Noguès à Weygand, mais également directement au maréchal Pétain, c’est-à-dire en court-circuitant la chaîne hiérarchique théorique établi par le second décret du 20 mai 1940. Le 24 juin, dans une proclamation, Noguès indiqua qu’une remise en cause de la part des Italiens de l’intégrité de l’Afrique française du nord pourrait l’amener à rejeter l’armistice. Cette prise publique de position n’était d’ailleurs pas isolée, puisque la veille le général Mittelhauser, commandant en chef au Levant, avait lui aussi publiquement déclaré sa volonté de continuer la lutte. A priori, ces différents actes frôlaient l’insubordination, voire couvait une rébellion. Or, à aucun moment Weygand ne rappela formellement à l’ordre ceux qui étaient devenus ses subordonnés directs. S’il dépensa beaucoup d’énergie pour empêcher toute dissidence dans l’Empire, il le fit avant tout en s’efforçant de démontrer à ces généraux la vanité de la résistance outre-mer et en parlant de la nécessité de maintenir l’unité de toutes les forces françaises face à l’adversaire189.

• La confusion entre le gouvernement et le haut-commandement

187 Thibaut Tellier, Op. cit., pp. 584-585

188 Christiane Rimbaud, L’Affaire du Massilia, Paris, Le Seuil, 1984, pp. 42-43 et suivantes.

189 Christiane Rimbaud, Op. cit., passim. Ainsi, d’une part, le 22 juin Weygand proposa au général Noguès de lui

envoyer le général Koeltz pour lui exposer clairement la situation en Métropole. D’autre part, alors que son idée était faite dans le débat sur la poursuite de la guerre et que, par conséquent, il aurait pu l’imposer au nom de toute l’Armée, il tint à ce que le gouvernement ait connaissance de l’opinion et des arguments de Noguès sur la question.

104

L’absence légale d’un généralissime interarmées conduisait à ce que « la coordination de l’ensemble des forces armées françaises [échappât] au Haut-commandement et [relevât] du Comité de guerre qui [assurait] la direction militaire de la guerre et, plus particulièrement, du ministre de la défense nationale »190. Alors que le décret du 7 septembre 1938 en définissant, à la suite de la loi du 11 juillet de 1938, trois niveaux dans la conduite de la guerre – conduite générale de la guerre, direction militaire de la guerre, conduite supérieure des opérations – entendait rattacher clairement ceux-ci à une entité – gouvernement, Comité de guerre, haut- commandement respectivement – sans qu’il y ait d’empiètement de l’une sur l’autre, il avait abouti à ce que le deuxième et le troisième niveau soit confondu au sein du Comité de guerre. À vrai dire, il était expressément spécifié dans le texte que ce dernier organe avait « pour

Outline

Documents relatifs