• Aucun résultat trouvé

1.2. LA MORT CHEZ LES MALGACHES ET LA CÉLÉBRATION DES FUNÉRAILLES DANS UN VILLAGE

1.2.2. Les différentes sortes de morts selon la pensée malgache

Dans la pensée traditionnelle malgache, il y a principalement deux sortes de mort : la mort naturelle et la mort anormale. Une troisième qui est très rare est celle des prophètes qu’on appelle mpanazary en Tsimihety. Ce type de mort est appelé le grand sommeil.

1.2.2.1. La mort naturelle

Selon le classement de J.-F. Rabedimy, la mort naturelle elle-même se présente en quatre catégories. La première catégorie, ce sont les morts dont on dit en malgache qu’ils sont « mandeha mody », ce qui veut dire « rentrer chez soi ». Cette catégorie est réservée aux personnes âgées. Quand la mort survient à une personne âgée, elle est considérée par les Malgaches comme naturelle et normale. Car cette personne-là va seulement rejoindre les siens dans l’autre vie dans l’au-delà. Dans ce cas, la mort ne surprend personne. Cette sorte de mort

91 Cf. Id. 92

est appréciée. On l’accueille avec soulagement dans la famille, avec joie même dans certaines parties de l’île. Les veillées funèbres se font dans une ambiance de fête. Il arrive même que les parents et amis visiteurs dansent de bon cœur, à l’exception des enfants du défunt. Cette mort n’a rien de dramatique ni d’inquiétant, elle n’est que le passage d’une vie à l’autre car le défunt s’en retourne tout simplement chez ses parents déjà dans l’au-delà93. On dit à ces personnes mortes très âgées, qu’elles sont voky andro, rassasiées de jours, car elles sont arrivées au terme d’une longue existence sur la terre et sont prêtes à recommencer une nouvelle existence dans l’au-delà94. On peut dire, à travers cette mentalité, que pour la pensée traditionnelle malgache, la vraie destination de l’homme et sa destination finale c’est l’au- delà. Là, l’homme se trouve chez lui.

La deuxième catégorie de mort naturelle concerne les personnes dont on dit en malgache qu’elles sont « tokony ho maty », c’est-à-dire, « il est nécessaire qu’il meure » ou « elles doivent mourir ». C’est le cas d’un individu qui a engagé une dure résistance contre la mort au cours d’une longue maladie. Il doit mourir malgré toute tentative faite pour l’empêcher car il ne peut plus résister. Dans ce cas, l’âge n’est pas pris en considération. Jeune ou vieux, si la maladie persiste trop longtemps et qu’on n’a plus de chance de sauver le malade, la mort est souhaitée pour l’individu. Elle le libèrera. Les gens de son entourage se disent « Aleo izy maty toy izay mijaly », c’est-à-dire « il vaut mieux pour lui mourir que de souffrir ». La mort est alors acceptée par la famille et l’attitude du malade va dans le même sens. Le malade aussi se dit en lui-même « aleo maty », « mieux vaut mourir ». On regrette bien sûr la disparition d’un ami ou d’un parent mais dans cette condition la mort est un remède95.

En Occident, on pourrait peut-être parler de l’euthanasie. Un Ombiasy ou Mpimoasy, devin et guérisseur, tsimihety du nom de Finomana décédé en 1960, disait qu’autrefois on pratiquait l’euthanasie dans le milieu tsimihety quand on rencontrait cette catégorie de mort. Pour la pratiquer, on tire le falafa96 sur lequel est couché le moribond. Les membres de la famille se réunissent. Après délibération, l’assemblée décide de provoquer la mort pour abréger la souffrance du malade. A cette époque les gens utilisaient le « fo vy »97, qui signifie littéralement « cœur en fer ». C’est une sorte de talisman qu’on porte secrètement sur soi ou qu’on garde à la maison. On cache l’événement et seuls les parents sont au courant. Actuellement, cette pratique a disparu car elle était de plus en plus contestée. On ne possède plus ce talisman. Dans cette catégorie de mort, la mort est souhaitée tout en éprouvant un certain regret98. Ceci montre aussi que toute mort par maladie, quelle que soit la maladie à l’origine, est classée comme mort naturelle, y compris les morts accidentelles.

L’autre catégorie de mort est celle que les Malgaches appellent « faty tadiavina » ou « mitady faty » c’est-à-dire « rechercher la mort ». Les gens qui courent un grand risque de ce qu’ils font sont dits mitady faty, et s’ils sont morts dans ce cas, ils sont classés dans cette

93 Cf. Jean-François RABEDIMY, op. cit., 1979, p. 172. 94

Cf. Raymond DECARY, La mort et les coutumes funéraires à Madagascar, Maisonneuve et Larose, Paris, 1962, p. 8.

95 Cf. Jean-François RABEDIMY, op. cit., 1979, p. 172. 96

Tige d’arbre du voyageur avec laquelle on construit la maison d’habitation de la côte est de Madagascar.

97

Ce nom « fo vy » ou « cœur en fer » de ce talisman montre que dans la pensée traditionnelle malgache, il faut avoir un cœur dur comme une pierre ou un fer pour pouvoir provoquer la mort d’un être humain malade.

98

catégorie de mort. Lors de la traite négrière pratiquée tout au long du 18e siècle, par exemple, les Sakalava et les Betsimisaraka s’aventuraient sur les côtes malgaches et africaines avec pirogues appelées molanga, pirogue monoxyle. Ils bravaient les tempêtes et les pirates mieux équipés qu’eux. Les jeunes qui partaient dans cette aventure étaient dits « mitady faty ». Cette mort n’entre pas dans la catégorie du suicide. Pour les personnes mortes dans une aventure et dont on ne retrouve plus le corps, on érige des poteaux funéraires commémoratifs en bois ou en pierre. Cette sorte de mort survient également lors de vols des bœufs, à l’occasion des pillages et pendant la guerre. Pour ceux qui sont morts au cours d’un vol de bœufs, on ne célèbre pas de deuil. On cache l’événement et seules quelques personnes de la famille sont au courant. Dans la plupart des cas de ces aventures, la mort survient en jeune âge99.

La dernière catégorie de mort que J-F. Rabedimy classe dans la mort naturelle qui ne semble pas du tout naturelle est ce qu’on nomme en malgache « mamono tena », c’est-à-dire « se donner la mort, se suicider » ; c’est naturellement le cas de suicide. Cette catégorie de mort est très rare dans le milieu traditionnel malgache. Le suicide se pratique beaucoup plus dans le milieu urbain, et le plus souvent à la suite d’une déception sentimentale. C’est pour cela que dans la plupart des cas, ce sont des jeunes dont les parents ont refusé le mariage avec un homme jugé indésirable qui se suicident100. L’avis de classer dans la mort naturelle le suicide n’est pas évident car il ne parait pas naturel. Mais pour certains Malgaches, cela pourrait être le cas car ils disent, devant ceux qui se suicident, que c’est un destin d’être mort ainsi.

1.2.2.2. La mort anormale

Une mort est dite anormale quand elle est souvent causée par un ensorcellement, un mauvais sort, dit en malgache mosavy ou voriky ou encore vorike, dans le dialecte du sud101. L’auteur de ce cas de mort est appelé mpamosavy ou mpamoriky, sorcier ou sorcière. Mais personne ne se présente comme mpamosavy ou mpamoriky à Madagascar, sinon il aurait des problèmes avec son village, la société et même avec sa propre famille ; il peut lui arriver même d’être expulsé et rejeté de la société et de la famille car il représente un danger public et une honte. C’est pourquoi, pour ne pas être vu ni connu par quiconque, les sorciers pratiquent leurs ensorcellements pendant la nuit en faisant souffrir ou mourir des personnes qu’ils voient marcher pendant la nuit.

Le mot malgache mosavy semble venir de l’arabe mesavi (mauvaise action) ou du bantou mchavi. Il signifie action de sorcellerie et agent matériel de sorcellerie (aody ratsy ou charme, nourriture empoisonnée) ou immatériel comme imprécation, esprit maléfique ou malveillant avec qui on envoie de mauvais sorts102. Voriky est un autre terme utilisé par les variantes dialectales et il est synonyme du mot mosavy.

99 Cf. Id. 100 Cf. Id. 101 Cf. Id. 102

Cf. Claude ENGEL, Les derniers zafintany et les nouveaux moasy. Changements socioculturels à Madagascar, L’Harmattan, Paris, 2008, p. 181 ; cf. Malanjaona RAKOTOMALALA, « La sorcellerie en Imerina », dans Sophie BLANCHY, Jean-Aimée RAKOTOARISOA, Philippe BEAUJARD, Chantal RADIMILAHY (dir.), op. cit., 2006, p. 230, 235.

Les mots français « sorcellerie » et « ensorcellement » ne correspondent pas toujours au mosavy ou voriky malagasy. L’anthropologie britannique a fait une distinction entre les concepts witchcraft et sorcery que le français englobe par le terme unique « sorcellerie »103. Le witch agit par le biais de pouvoirs surnaturels. Il bénéficie d’un pouvoir transcendant, d’un don, hérité, inné ou acquis involontairement dès la jeune enfance. C’est cette forme de pouvoir qu’on peut associer au moasy, guérisseur, et au mpisikidy, devin, qui sont soumis à un pouvoir de divination et de guérison transmis par Dieu104. Quant au sorcerer, il a recours à la magie pour accomplir des méfaits. Il agit de façon volontaire, poussé par des motifs presque toujours répréhensibles. La connaissance des substances nécessaires ou des incantations suffisent à la mission du sorcerer. Cette forme de sorcellerie rejoint les mpamosavy malagasy105.

Le mosavy existe sous deux formes : le mosavy amin-kanina ou ensorcellement par absorption d’aliments, c’est-à-dire par l’empoisonnement, et le tolaka ou l’ensorcellement à distance106. L’objet qui sert à ensorceler est pris chez les devins car ceux-ci savent à la fois commettre le mal et faire le bien pour les hommes. Et à Madagascar, les gens qui deviennent sorciers le sont souvent à cause des ody ou aody, charmes, médications, remèdes, qu’ils ont pris chez ces devins. On dit même qu’il y a des personnes qui deviennent sorcières contre leur propre volonté.

L’ensorcellement se passe souvent à l’intérieur de la famille, au sein du groupe et dans le village. Il suppose un ensemble de connaissances, en premier lieu celle des liens de parenté. Car la règle générale est qu’un inconnu ne peut pas être ensorcelé. Pour ensorceler quelqu’un, le sorcier tient compte des habitudes de la cible, de ses manières d’être. Le mpamoriky ou le mpamosavy, le sorcier, guette sa victime pendant des mois. Au moment opportun, il offre à sa cible des aliments ou des boissons contenant du poison ou des ody ou aody, charme ou talisman. Les moments propices pour l’ensorcellement sont : les cérémonies traditionnelles, les fêtes et les réunions. C’est pourquoi, il y a quelquefois des gens qui tombent malades ou morts pendant les veillées funèbres, à l’occasion des fêtes et des réunions pendant lesquelles il y a des moments de repas. Et le (a)ody, charmes, ou poizina, poison, est mis dans le repas de la cible. C’est l’ensorcellement par absorption d’aliments ou par empoisonnement. La sorcellerie est parfois exercée par une personne intermédiaire, hors de tout soupçon. Ce sont les enfants qui en sont les plus souvent victimes107. C’est pour éviter cet ensorcellement que la viande cuite du Sorontsoroño du Rasahariaña est réservée aux seuls enfants108.

La deuxième forme d’ensorcellement est le tolaka ou ensorcellement par distance. Ce type d’ensorcellement est très fréquent dans le milieu paysan malgache. Il se produit souvent lors des conflits dont celui de terre, ou issu d’un partage de terre. Les deux antagonistes ou l’un d’eux ont recours à un mpimoasy, devin, qui pratique le tolaka, ou donne un ody au requérant pour que celui-ci puisse infliger le tolaka à son adversaire. Le malfaiteur invoque

103

Cf. Hélène GIGUÈRE, Des morts, des vivants et des choses, Presses de l’Université Laval/L’Harmattan, Saint- Nicolas (Quebec)/Paris, 2006, p. 96.

104 Cf. Ibid., p. 97. 105

Cf. Ibid., p. 96-97.

106

Cf. Jean-François RABEDIMY, op. cit., 1979, p. 172.

107 Cf. Ibid., p. 172-173 ; cf. aussi Claude ENGEL, op. cit., 2008, p. 173-175. 108

les divers esprits, les génies kalanoro ou les esprits de la nature, tsiñy, qui pourront faire du mal et rendre malade son protagoniste. Les ingrédients utilisés sont placés parfois sur un croisement de chemins, ou dans la rizière, ou encore près de la maison de la cible. Ils peuvent causer des maladies, une mort subite et violente. Le sorcier peut également faire appel au varatra, tonnerre, au crocodile, au lolo rano ou esprit de l’eau109.

Les mpamosavy ou les mpamoriky qui sont les auteurs de mosavy ou de voriky constituent une catégorie plutôt floue et le droit pénal malgache prévoit des mesures spéciales contre eux. Les véritables mpamosavy ou de mpamoriky sont difficiles à connaître ou à reconnaître, ils sont nuisibles à la société et foncièrement maléfiques110.

Les mpamosavy se réjouissent de la maladie et de la mort de leur cible et même des autres. Ils terrorisent les gens claquemurés dans leurs cases en jetant des cailloux sur les toits, les volets et les portes, en déposant des saletés devant la porte et en griffonnant sur les murs. Ils viennent près des maisons où il y a un moribond et ils répètent en écho ses plaintes et gémissements. Ils se promènent la nuit souvent nus et oints d’huile pour échapper à la prise de ceux qui voudraient les capturer, et ils se saisissent des passants isolés qu’ils font marcher à quatre pattes, en se mettant à califourchon sur leur dos111.

Les mpamosavy vont danser la nuit sur les tombeaux surtout ceux dans lesquels on vient d’introduire récemment un mort car ils se réjouissent du décès. Ils sont censés être capables de donner la mort à une personne de différente manière. Les Sakalava pensent que les sorciers sont en relation étroite avec les esprits maléfiques, et quand ils mourront, leurs mânes n’iront pas demeurer avec les Ancêtres mais viennent errer dans la nature112.

La mort causée par le mosavy ou par le tolaka est dite anormale parce que cela ne vient pas de Zanahary, Dieu créateur, source de vie et principe de toute chose. En aucun cas, la volonté de Zanahary ou de Ndriananahary n’est intervenue. Les Malgaches estiment que ce n’est pas Zanahary-Dieu qui enlève la vie des victimes de la sorcellerie. Mais on peut imaginer que leurs âmes peuvent toujours retourner à Zanahary s’ils se comportent bien pendant leur vie terrestre en suivant la volonté de Celui-ci. Les esprits manipulés par les devins et par les sorciers en vue de cet ensorcellement interviennent largement dans la vie d’un individu. À cause de sa force, l’esprit maléfique prétend être l’égal de Zanahary ou de Ndriananahary quand il donne la mort. La mort survenue de cette façon est brutale et violente car elle provoque un choc. L’esprit de celui qui est mort brutalement, c’est-à-dire par ensorcellement ou mort par la volonté des esprits et non par Zanahary a plus de chance de se manifester auprès des vivants, car « Zanahary n’est pas intervenu » : « mbola tsy nalaka Zanahary ». Son esprit erre sur la terre113. Il ne monte pas, du moins pas tout de suite, au « ciel », dans la demeure des Ancêtres divinisés, et après on ignore encore son futur destin.

109

Cf. Jean-François RABEDIMY, op. cit., 1979, p. 173 ; pour le tolaka, cf. Claude ENGEL, op. cit., 2008, p. 173- 177 ; cf. Malanjaona RAKOTOMALALA, « La sorcellerie en Imerina », dans Sophie BLANCHY, Jean-Aimée RAKOTOARISOA, Philippe BEAUJARD, Chantal RADIMILAHY (dirs.), op. cit., 2006, p. 238-240 ; pour le mauvais sort, cf. Hélène GIGUÈRE, op. cit., 2006, p. 97.

110

Cf. Robert JAOVELO-DZAO, Mythes, rites et transes à Madagascar. Angano, joro et tromba sakalava, Ambozontany Analamahitsy/Karthala, Antananarivo/Paris, 1996, p. 301 ; Louis MOLET, op. cit., t. 1, 1979, p. 337.

111

Cf. Id. ; cf. Louis MOLET, op. cit., t. 1, 1979, p. 337-338.

112 Cf. Id. ; cf. Louis MOLET, op. cit., t. 1, 1979, p. 337. 113

Le partage de pouvoir entre Zanahary et les esprits maléfiques qui sont capables de provoquer la mort subite, prouve la large part d’interventions possibles qu’ont ces esprits dans la vie des hommes. En fait, entre Zanahary et les esprits, il ne s’agit pas de partage de pouvoir, mais d’un champ libre laissé aux actions des esprits. Ceux-ci ne peuvent nuire aux vivants que si les sorciers, et les devins aussi, recourent à leurs pratiques. C’est l’homme sorcier, et quelquefois les devins, qui utilisent un pouvoir dont Zanahary n’a pas pris la responsabilité. Et ainsi, il s’élève au-dessus de tout et prétend être plus fort que tout, sauf Zanahary114. Un autre type de mort considéré comme anormale est le toromaso lehibe, le grand sommeil.

1.2.2.3. Le toromaso lehibe, le grand sommeil

En plus de toutes ces catégories de mort, il y a un autre type de mort qui existe dans quelques parties de l’île et qui s’appelle en malgache « Toromaso lehibe », c’est-à-dire « le grand sommeil ». Cette mort est réservée à une catégorie de personnages hors du commun. Ces personnages possèdent une connaissance particulière, supérieure à celle des mpimoasy, ombiasy ou mpisikidy, devins et guérisseurs. On dit et on pense que ces personnages ont des dons spéciaux qu’ils ont reçus du Zanahary car ils arrivent sur terre pour accomplir une mission bien précise. Ils sont les messagers de Zanahary, Dieu. Chez les Tsimihety, on cite six personnages qui ont acquis cette connaissance privilégiée. Ils portent le nom de Mpanazary, c’est-à-dire prophète. Rona était le plus illustre parmi ces mpanazary tsimihety, et il est considéré même comme le fondateur de l’ethnie Tsimihety. Il habitait à Mananara nord, une ville dans le nord-est de Madagascar, dans la province de Tamatave. Ratolaza et Njarilaza lui succédèrent. Ils étaient les auteurs des osin-drazana, chants des Ancêtres. Ces chants sont des sortes de cantiques qu’on chante pendant les cérémonies traditionnelles. Le dernier des mpanazary s’appelle Jao, le plus fort. Il est mort à Befandriana-Avaratra, une ville du nord- centre de la région de la Sofia, dans la province de Mahajanga, vers 1860. Il était le contemporain du roi Radama Ier115.

Ces mpanazary déterminent à l’avance le jour et l’heure de leur mort. Pour désigner la mort, ils utilisent l’euphémisme « toromaso lehibe », grand sommeil. Pour ces mpanazary mourir c’est se reposer, demeurer dans un profond sommeil. La mort des mpanazary signifie la fin d’une mission. Ils retournent chez eux après avoir accompli le rôle que leur a assigné Zanahary, le Dieu Créateur, car les mpanazary ont des relations directes avec ce Zanahary116. Ce type de mort des mpanazary confirme la position des Malgaches concernant la survie ou la vie après la mort. Pour les Malgaches, la vie dans l’au-delà devrait se passer auprès de Zanahary. Un trépassé se dit efa an-trañon-dRanahary, c’est-à-dire déjà dans la maison de Dieu. On peut dire ici aussi que ce type de mort s’inscrit dans le registre de la mort anormale.

Ces types de mort qui viennent d’être cités caractérisent la pensée malgache sur la mort. Le corps se décompose, se détériore et reste sur la terre. Le trépassé poursuit sa vie et entre dans le domaine des esprits. Ceux-ci peuvent s’incarner dans des animaux comme les

114 Cf. Id. 115 Cf. Id. 116 Cf. Id.

crocodiles, les serpents appelés do et fanano qui est un serpent mythique. Dans ce cas, on peut

Outline

Documents relatifs