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INTRODUCTION DE LA DEUXIÈME PARTIE

2. LES CRITIQUES À LA LUMIÈRE DU DIEU DES VIVANTS

2.1. LES « PROBLÈMES » DES FUNÉRAILLES

2.1.3. La mort et le lieu de l’enterrement de David

Avant d’aborder la mort et l’enterrement de David, nous disons quelques mots sur lui. Le roi David est une grande figure dans la Bible et l’histoire d’Israël ancien. Il est le deuxième roi messie d’Israël après Saül. Il est surtout l’ancêtre du Messie Fils de Dieu, Jésus- Christ (cf. Mt 1, 1). Roi exemplaire malgré sa faiblesse, il a délivré Israël des Philistins. Son histoire et ses actions se trouvent surtout dans 1S 16-1R 2.

Comme les autres grandes personnalités de la Bible, David fait des recommandations avant sa mort. Sa particularité, c’est qu’il ne le fait qu’à son fils Salomon qui lui a succédé sur le trône. David commence par encourager Salomon à être fort pour prendre sa succession. Il lui recommande de rester fidèle à Dieu en marchant selon ses voies et en gardant ses lois. Tout cela assurera la bonne marche du royaume et la pérennité de la royauté pour ses descendants (cf. 1R 2, 1-4). David demande à Salomon d’être bon et loyal envers ceux qui étaient fidèles à son père, et très prudent envers ses ennemis et les hommes sanguinaires qui ont fait couler le sang des innocents (cf. 1R 2, 5-9).

Après toutes ces recommandations, David peut mourir : « Et David se coucha avec ses pères et on l’ensevelit dans la Cité de David » (1R 2, 10). L’expression « se coucher avec ses pères »est une autre expression pour dire « mourir », « mourir en paix ou paisiblement » 587. Selon ce verset biblique, on peut dire que le roi David est enterré chez lui. Mais le lieu exact de la Cité de David peut poser quelques doutes. Il est vrai que selon les contextes et les

586 Jacques CAZEAUX, La guerre sainte n’aura pas lieu, (Lectio Divina, 185), Cerf, Paris, 2001, p. 451. 587

circonstances de sa mort, la ville la plus probable pour son enterrement est Jérusalem (cf. 2S 5, 7 ; 1R 9, 15), mais la ville qui est la Cité de David est d’abord Bethléem. Les versets bibliques 2S 5, 7. 9 ; 1R 9, 15 montrent que la Cité de David est Jérusalem car c’est David lui- même qui l’a appelée ainsi après l’avoir conquise. Tandis que 1S 20, 6 indique Bethléem comme la Cité de David.

Le fait que David « se coucha avec ses pères » (1R 2, 10) montre plutôt qu’il est enterré à Bethléem dans le tombeau familial de Jessé et de ses ancêtres car ces derniers sont certainement inhumés à Bethléem. Cette dernière remarque pourrait accorder à Bethléem le lieu d’enterrement du roi David sauf qu’à l’époque l’expression « se coucher avec ses pères » est une formule générale qui ne désigne pas obligatoirement une sépulture dans le lieu précis où les ancêtres reposent ; mais quand on dit que Salomon se coucha avec ses pères et on l’enterra dans la Cité de David, son père, il s’agit là bel et bien de la ville de Jérusalem588.

M. Cogan présente que les tombes royales de la dynastie de David étaient en usage pendant près de trois siècles, jusqu’aux jours du roi Manassé589. Selon Ne 3, 16, le tombeau de David est situé dans la partie sud-est de la Cité de David. L’auteur mentionné ci-dessus signale que Josèphe rapporte que ces tombes ont été dépouillées de leurs biens par Hyrcan et Hérode. Malgré ces indices, l’exploration moderne sur la colline à l’est au sud de l’Ophel n’a pas réussi à localiser le tombeau de David et de sa dynastie, probablement en raison de l’implantation urbaine intensive et continue dans ce quartier de Jérusalem. Le site actuel sur le mont Sion à Jérusalem qui porte le nom de « Tombeau de David » est un édifice médiéval construit sur les ruines d’une synagogue byzantine ; elle est très éloignée de la Cité de David, la colline au sud du mont du Temple qui descend de la vallée du Cédron590.

Dans cette analyse, M. Cogan semble s’inspirer du livre des Actes des Apôtres. Il est écrit en ce qui concerne le tombeau de David dans ce livre comme suit : « Frères, il est permis de vous le dire en toute assurance : le patriarche David est mort et a été enseveli, et son tombeau est encore aujourd’hui parmi nous. » (Ac 2, 29). Selon la note de la BJ sur ce verset, cet emplacement est sur l’ancienne colline de Sion, en contrebas du Temple. Une interprétation abusive de ce verset est à l’origine de la légende du tombeau de David que l’on vénère à l’emplacement traditionnel du Cénacle, sur la colline occidentale qui a reçu le nom de Sion dès les premiers chrétiens.

En Lc 2, 11, les anges annoncent même aux bergers qu’un Sauveur est né dans la cité de David. À cette annonce les bergers réagissent en disant : « Allons à Bethléem » (Lc 2, 15), et ils y ont trouvé le Sauveur, nouveau-né591. Cela montre que comme Jérusalem, Bethléem est elle aussi appelée de plein droit la Cité de David. À sa mort, David arrive encore à faire planer le doute sur le lieu de son enterrement.

Le doute sur la Cité de David en tant que son lieu d’inhumation montre que Dieu ne veut pas mettre l’accent sur la mort de ce roi. Ce cas montre que le corps du messie nous échappe. Après sa mort, David reste une grande figure de la royauté d’Israël, de qui vient le Messie en la personne de Jésus-Christ, le Fils de Dieu venu sauver l’humanité. La mort de David renforce les idées selon lesquelles la mort nous échappe et que la Bible apporte une

588

Cf. Philippe LEFEBVRE, op. cit., mars 2004, p. 66.

589

Cf. Mordechai COGAN, op. cit., 2001, p. 175.

590 Cf. Id. 591

nouveauté dans notre conception de la mort, notre relation avec elle et son monde, et ses sujets. Ce cas de David est l’un des passages qui expriment la mise en question des pratiques courantes sur les défunts comme le fait d’être enterré chez lui ou d’être bien localisé.

Le rôle que jouera David dans la restauration du peuple de Dieu et dans le messianisme peut nous permettre de penser qu’il mène une autre vie dans l’au-delà. Plusieurs textes des livres prophétiques montrent le rôle de ce roi dans l’histoire du salut ou dans le messianisme. Dans le livre de Jérémie, David est le roi attendu qui règnera avec intelligence et fera régner la justice et le droit592, le peuple sera sauvé et vivra en toute sécurité (cf. Jr 23, 5-6 ; 30, 8-9 ; 33, 15-16 ; cf. aussi Za 3, 8 ; 6, 12 ; Is 11, 1). Dans ce verset de Jérémie, il est écrit : « Israël et Judas serviront Yahyé leur Dieu et David leur roi que je vais leur susciter. » (Jr 30, 9).

Dans le livre d’Ezéchiel593 aussi, David est toujours le roi attendu et au cœur du messianisme (cf. Ez 34, 23-24 ; 37, 15-22. 24-25). Un de ces passages d’Ezéchiel dit : « Mon serviteur David régnera sur eux ; il n’y aura qu’un seul pasteur pour eux tous (…) David mon serviteur sera leur prince à jamais. » (Ez 37, 24-25).

Osée594 parle du roi David comme Ezéchiel (cf. Os 3, 5). Dans ce passage d’Osée, Dieu dit : « Ensuite les enfants d’Israël reviendront ; ils chercheront Yahvé leur Dieu, et David leur roi » (Os 3, 5). Ces quelques passages montrent que David va venir. Dans le cas de ces passages, on peut dire aussi que David vit à travers ses générations ; ces dernières donnent en quelque sorte la vie à David et elles se souviennent toujours de lui.

Ce cas de David est aussi le cas dans les pratiques du culte des Ancêtres à Madagascar, les générations vivifient leurs Ancêtres dans leur mémoire par les rites des cultes des Ancêtres. Car ces rites permettent aux descendants de se souvenir toujours de leurs Ancêtres, d’actualiser leur vie. Cela est l’une des manières d’exister pour ces Ancêtres. Dans le cas de la continuité de vie dans l’au-delà, il y a une ressemblance entre la tradition biblique et la tradition malgache. Car dans cette tradition malgache, la mort n’est qu’un passage obligatoire de tout être humain vers l’autre vie dans l’au-delà. Et les Malgaches ne sont pas les seuls dans cette tradition de l’existence ou de la continuité de vie après la mort dans l’au-delà.

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