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3. LES DESTINATAIRES ET L’ORIGINALITÉ DU RASAHARIAÑA

3.2. LES RAZANA OU LES ANCÊTRES

3.2.3. L’influence des Ancêtres dans la société malgache

L’importance des Ancêtres chez les Malgaches se manifeste de différentes manières. Les parents et les grands parents sont naturellement plus proches des Ancêtres, et les plus proches pour devenir les prochains Ancêtres. Ils étaient en contact avec ces Ancêtres durant leur vie. Ainsi, ils ont entendu de leurs propres oreilles les instructions de ces Ancêtres. Et ces

349 Cf. Ibid., p. 164. 350 Cf. Id. 351 Cf. Id.

instructions représentent la tradition des Ancêtres qui véhiculent des valeurs, comme le Fihavanana, et des interdits, qui sont chers aux Malgaches.

À cause de tout cela, les parents et les grands parents, surtout ceux qui sont les plus ainés sont vraiment respectés dans la société malgache. Les paroles de certains d’entre eux viennent directement des Ancêtres puisque parmi eux, il y en a qui ont vécu avec ces Ancêtres. Ils représentent alors les Ancêtres, c’est pourquoi ils méritent un grand respect de la part des Malgaches dans la société.

Certains des aînés parents assument la fonction de prêtre ancestral dans les jôro et dans les différents rites et cultes ancestraux. Cette fonction de prêtre ancestral est le rôle que tiennent les mpitanjiny dans le Rasahariaña ; car c’est lui qui fait le jôro de ce rite et il est l’ainé du clan du destinataire du rite du côté paternel. Ce mpitanjiny est à la fois le prêtre ancestral et familial en assurant tous les jôro des différents rites effectués par le clan ou la famille élargie.

Le respect des Malgaches pour ces parents est le reflet de leur respect envers leurs Ancêtres défunts dans la société des vivants. Ce phénomène est attesté dans toute l’île. Cela montre la valeur et l’importance capitale qu’accordent les Malgaches pour leurs Ancêtres. Voilà un aspect de l’influence et de l’importance des Ancêtres dans la vie quotidienne des Malgaches.

Un autre aspect qui montre cette importance des Ancêtres dans le milieu malgache est le respect des interdits ancestraux par les Malgaches. Dans plusieurs cas, ce sont des interdits alimentaires qui existent encore de nos jours. Ces interdits sont strictement observés par les Malgaches car ils viennent de leurs Ancêtres. L’infraction à ces interdits peut provoquer du malheur à celui qui a enfreint à ces interdits. Les Malgaches traditionnels sont persuadés de l’efficacité de ces interdits.

Ces interdits ont souvent des motifs historiques en relation avec l’Ancêtre origine de l’interdit en question. Plusieurs Malgaches côtiers, par exemple, ne mangent pas de porc ou de sanglier. Les raisons pourraient être différentes pour les différentes familles ou clans. Peut- être, l’animal qui fait l’objet des interdits a sauvé l’Ancêtre dans une situation délicate. Après cette situation, l’Ancêtre en question jure que tous ses descendants ne mangeront pas de cet animal. La raison pourrait être une question d’impureté.

Les interdits ancestraux ne se limitent pas seulement aux questions alimentaires, ils peuvent concerner les jours de travail ou les jours de culte. Il s’agit d’une interdiction de travailler, d’organiser des rites et des cultes pendant certains jours comme le mardi par exemple. C’est le cas de Rasahariaña et des autres rites du culte des Ancêtres royaux et non royaux. Le Rasahariaña se tient uniquement le lundi ou le samedi, les autres jours ne sont pas permis. Le Fanompoabe à Mahajanga fait une pose pendant certains jours interdits. Le Famadihana ne se déroule jamais un mardi ou un jeudi352.

Il y a des Malgaches qui ne travaillent pas le mardi, par exemple. Cette interdiction de travailler le mardi est l’origine du proverbe malgache qui dit : « Asa talata dia foana » ; ce qui veut dire que « travailler le mardi est en vain ». Puisqu’il est interdit de travailler le mardi, le travail effectué ce jour-là n’apportera rien. Il y a aussi des jours où on ne doit pas organiser

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des festivités, d’enterrement. Il y a des familles malgaches qui n’enterrent pas leurs morts le dimanche ou d’autres jours comme le vendredi à cause des interdits ancestraux.

Les interdits viennent quelquefois aussi des esprits possesseurs, qui s’étendront aux descendants du possédé. De toute façon, les esprits possesseurs ont tous leurs interdits, que ce soit des questions alimentaires ou que cela concerne le jour de la tenue de la séance de possession. Les possédés doivent évidemment respecter de façon stricte ces interdits.

Les Malgaches traditionnels observent à la lettre tous ces interdits ancestraux dans leur vie quotidienne. Ils ne veulent pas s’opposer en aucun cas à leurs Ancêtres pour pouvoir bénéficier de bénédiction, de faveurs et d’autres genres de protection de la part de ces Ancêtres. Les Malgaches craignent, par exemple, d’être laissés à la merci des esprits maléfiques s’ils ne respectent pas leur tradition dont fait partie les interdits. Le respect de ces interdits exprime l’attachement des Malgaches la tradition des Ancêtres.

Le respect des Malgaches envers leur tradition et ces interdits montre aussi leur peur des esprits maléfiques. Et la fonction des Ancêtres envers les vivants leurs descendants est aussi de les protéger contre ces esprits mauvais. Les Ancêtres eux-mêmes peuvent infliger des sanctions à leurs descendants vivants qui ne respectent pas les traditions ancestrales. Ce respect montre surtout l’amour des Malgaches envers leurs Ancêtres.

Le respect des traditions ancestrales, y compris des interdits, pendant leur vie quotidienne, manifeste l’importance des Ancêtres dans la vie des Malgaches, et surtout leur influence concrète dans la vie quotidienne de leurs descendants vivants. De nos jours, les différentes pratiques ancestrales et le respect des différents interdits ancestraux connaissent une certaine régression à cause de la culture occidentale et la progression du christianisme. Malgré cette régression, les Ancêtres jouissent toujours d’une grande valeur et importance chez les Malgaches.

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