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Rappel de l’évolution des recherches sur l’invocation et le culte des morts dans la Bible

INTRODUCTION DE LA DEUXIÈME PARTIE

1. APERÇUS DE RITES ET DE PRATIQUES CONCERNANT LES DÉFUNTS

1.4. LIENS ENTRE LES VIVANTS ET LES MORTS

1.4.2. Rappel de l’évolution des recherches sur l’invocation et le culte des morts dans la Bible

On peut distinguer trois étapes dans l’évolution de ces études. D’abord, nous montrerons les considérations jusqu’aux années 1970 ; ensuite, nous aborderons celles à partir des années 1980 jusqu’au milieu des années 1990 ; et enfin nous exposerons l’état de ces études depuis le milieu des années 1990.

490

Cf. Jacob MILGROM, op. cit., 2000, p. 1775.

491 Cf. Roland de VAUX, op. cit., 1976, p. 100. 492

Cf. Jacob MILGROM, op. cit., 2000, p. 1775.

493

Cf. Ibid., 1777.

494 Cf. Id. 495

1.4.2.1. Les recherches avant et pendant les années 1970

La pratique de la divination et de la nécromancie, en particulier celle du culte des ancêtres est souvent envisagée sur un mode critique et polémique dans la Bible. Jusque dans les années 1970, une majorité de chercheurs considère que « le culte des ancêtres n’était pas un élément central de la culture de l’Israël ancien ; il s’agissait d’un phénomène exogène, qui reflétait l’influence des groupes sociaux voisins », en particulier les sociétés cananéennes, et qu’il n’aurait jamais été pleinement intégré. La présence dans la Bible de différents interdits contre ces pratiques étrangères et représentations visait à combattre ces influences étrangères jugées négatives496.

Dans cette ligne, certains auteurs mettent en cause l’existence d’un véritable culte des ancêtres dans l’Israël ancien au Ier

millénaire. R. de Vaux est l’un de ces auteurs, il montre que les morts dans l’Israël ancien ne bénéficient pas de culte mais d’honneurs497. Cet honneur rendu aux morts, en particulier aux parents ou ancêtres, est manifesté par des rites comme les offrandes alimentaires qui expriment la croyance en une survie au-delà de la mort. Ces cérémonies sont considérées comme un devoir qu’il faut rendre aux morts, comme un acte de piété (cf. 1S 31, 12 ; 2S 21, 13-14 ; Tb 1, 17-19 ; Si 7, 33 ; 22, 11-12). Pour les enfants, ces rites font partie des devoirs envers les parents d’après R. de Vaux498. C’est pourquoi cet auteur, après avoir évoqué l’origine cananéenne de ces offrandes alimentaires pour les morts en Israël ancien, affirme : « Ce ne sont pas des actes d’un culte des morts, qui n’a jamais existé en Israël. La prière et le sacrifice expiatoire pour les morts – ce qui est également incompatible avec le culte des morts – apparaissent tout à la fin de l’Ancien Testament, dans 2M 12, 38-46. »499 Dans un autre passage, il ajoute : « On honore donc les morts dans un esprit religieux, mais on ne leur rendait pas un culte. »500 Selon R. de Vaux, il n’y a pas de culte des ancêtres ou des morts dans l’Israël ancien, il s’agit seulement d’un respect et d’un honneur qu’on leur accorde et qu’on leur doit.

Les auteurs spécialisés en Bible ne sont pas les seuls qui abordent les cultes des ancêtres et la nécromancie dans l’Israël ancien. M. Weber est l’un des auteurs qui sont d’une autre discipline et qui se penchent aussi sur cette question. Il est un allemand, né en Thuringe en 1864 et mort en 1920. Il est un économiste et l’un des fondateurs de la sociologie moderne. Après avoir montré l’existence d’un culte domestique en Israël ancien, comme celui par le téraphim501, M. Weber écrit : « De la même façon, on s’engage sur un terrain tout à fait

496

Cf. Christophe NIHAN, op. cit., 2012, p. 139.

497 Cf. Roland de VAUX, op. cit., 1976, p. 100. 498 Cf. Id. 499 Ibid., p. 98. 500 Ibid., p. 100.

501 Le mot hébreu myprth hatteraphim « les teraphim », ce sont des objets de divination dans l’Israël ancien. En

Gn 31, 19 : ils sont traduits par les idoles domestiques (BJ). Le terme grec employé dans la Septante dans ce verset à la place de ce myprt « teraphim » est eídolon qui signifie « image », « reflet », « faux semblant ». Il est bien attesté ici au sens de « représentations d’une divinité », « statuettes d’un dieu » et « idoles ». En 1S 19, 13 : La Septante emploie le grec kenotáphia à la place de l’hébreu myprt terephim que certains

traduisent par « sarcophages vides ». Une autre lecture, proposée et défendue par Van der Toorn et suggéré par des chercheurs, présente myprt « téraphim » comme une représentation probable des statuettes d’ancêtres ou des figurines. Ces myprt teraphim étaient probablement des représentations symboliques des hommes décédés ou des ancêtres qui peuvent prendre lieu de statut quasi-divin ou divin selon la façon dont ils ont été

problématique lorsqu’on se pose l’importante question de savoir s’il existait, dans l’ancien Israël, un culte des morts, quelle forme il pouvait revêtir et dans quelle mesure l’absence totale d’un tel culte par la suite fut liée au recul de l’importance sociale et cultuelle des clans. »502 Cette explication semble montrer que M. Weber doute de l’existence du culte des morts mais reconnaît l’existence d’autres cultes et pratiques divinatoires dans l’ancien Israël.

M. Weber poursuit son affirmation comme suit : « Les constructions tout à fait ingénieuses d’un Stade et d’un Schwally, qui ont formulé l’hypothèse qu’un culte des ancêtres avait primitivement existé en Israël, n’ont pu résister aux critiques pénétrantes de Grüneisen, notamment. L’âme des morts semble cependant avoir été, à un certain moment, dans la magie de l’ancienne Palestine, un pouvoir très respecté. »503

Cette affirmation attribue un pouvoir aux âmes des morts. Cela suppose l’existence de l’évocation des morts, car si l’âme des morts a un certain pouvoir, il pourrait y avoir des gens qui les consultent. Mais si la nécromancie ne fait pas partie de culte des morts, pour M. Weber, il n’y a pas de culte des morts dans l’ancien Israël. Dans ce cas, la nécromancie n’implique forcement pas de culte des morts.

1.4.2.2. Les recherches dans les années 1980 au milieu des années 1990

À partir des années 1980, le modèle de recherche antérieure à cette question s’est progressivement effondré. Le motif est d’abord que le modèle de rupture socioculturelle entre l’Israël ancien et ses voisins n’est pas pertinent. Le deuxième motif est que les différentes traditions dans la Bible hébraïque étaient une littérature d’élite, qui ne refléterait pas des pratiques quotidiennes de l’Israël ancien mais qui devraient être toujours soumises à des disciplines telles que l’archéologie, l’épigraphie et l’iconographie. À partir des années 1980- 1990, des travaux montrent le rôle central du culte des ancêtres défunts dans l’Israël ancien surtout dans la sphère domestique504.

Par exemple, T. Lewis dans son ouvrage intitulé Cults of the Dead in Ancient Israel and Ugarit, déjà cité plus haut, et E. Bloch-Smith dans son livre Judahite Burial Practices and Beliefs about the Dead, en 1992505, ont montré que la pratique du culte des ancêtres ou des morts est un phénomène bien réel dans l’ancien Israël et s’inscrit dans la religion dite populaire, et qu’elle est incompatible avec le culte rendu à Yahvé. Cela montre un écart entre la religion yahviste prescrite par les textes bibliques et la religion populaire dans laquelle s’inscrivent les pratiques du culte des ancêtres et des morts506.

Les textes juridiques de la tradition deutéronomiste traités par T. Lewis reflètent des restrictions claires concernant la consultation des morts et les rites d’auto-lacération qui étaient typiques des pratiques cananéennes du culte des morts. L’existence de lois similaires

approchés par les descendants qui les vénéraient, mais qui, néanmoins, ne sont pas considérés comme des divinités. Pour ce teraphim, cf. Bernard GRILLET et Michel LESTIENNE, La Bible d’Alexandrie t. 9 : Premier livre

des Règnes, Cerf, Paris, 1997, p. 320.

502

Max WEBER, Le judaïsme antique, traduit de l’allemand par Isabelle Kalinowski, Flammarion, Paris, 2010, p. 275.

503 Id. 504

Cf. Christophe NIHAN, op. cit., 2012, p. 139-140.

505

Elisabeth BLOCH-SMITH, Judahite Burial Practices and Beliefs About the Dead, (JSOTSup 123), Sheffied Academic Press, Sheffied, 1992.

506

contre la magie noire dans le Code de l’Alliance (cf. Ex 22, 17) pourrait renvoyer à ces pratiques. À partir de ces lois, on peut en déduire que les cultes des morts existaient et étaient prospères dans l’ancien Israël, et étaient considérés comme une menace pour la religion officielle, le culte au Dieu unique, Yahvé507.

Cette pratique du culte des ancêtres ou des morts et de la nécromancie est aussi connue dans les livres prophétiques. Plusieurs passages de ces livres dont certains font l’objet de notre étude montrent son existence et dénoncent cette pratique. La tradition sacerdotale contre ces mêmes pratiques est encore plus négative508. C’est pourquoi T. Lewis soutient l’existence de culte des morts ou des ancêtres et de la nécromancie dans l’Israël ancien.

De son côté, E. Bloch-Smith a développé l’existence du culte des morts dans l’Israël ancien, et l’opposition de la religion yahviste à cette pratique surtout au milieu du 8e

et du 7e siècles par les prophètes et ensuite par la tradition deutéronomiste et la Loi de la sainteté509. S. Ackerman montre qu’avant la réforme de Josias, qui marque un tournant majeur pour la foi en Dieu Yahvé, la religion israélite était dominée par une lutte entre la pratique de la foi en Yahvé et divers éléments des rites païens qui mènent à un syncrétisme. Après cette réforme, des éléments de ces rites païens étrangers, en particulier cananéens, comme le culte des תומב bamot, les rituels de fertilité, et les sacrifices d’enfants ont été aboli et radicalement supprimé, et ils ont vite disparu510. Tout ceci montre bien l’existence de la religion populaire dans l’Israël ancien car ces éléments font partie de cette religion populaire de l’époque.

La condamnation du culte des morts ou des ancêtres ou plutôt des autres divinités que l’on retrouve en Jr 7 et 44 et Ez 8 révèle que, pour une bonne part, ces éléments de la religion populaire continuent à exister et à prospérer en Juda à la fin du 7e siècle et dans la première moitié du 6e siècle. Is 57 et 65 montrent aussi que ces cultes populaires continuent à se développer à la période postexilique511.

Certains phénomènes de la religion populaire dans l’Israël ancien sont marqués de syncrétisme, d’origine étrangère, païen et surtout cananéen. Mais cela n’est pas toujours le cas d’après S. Ackerman, qui soutient que la plupart des manifestations de la religion populaire qu’elle a décrites dans son livre sont originaires de la sphère ouest sémitique, et que ces pratiques avaient même leur place dans la religion yahviste. Elle ajoute que les fidèles qui massacraient leurs enfants à Tophet les sacrifiaient pour Yahvé. Les gens qui offraient des parfums sur les תומב bamot offraient de l’encens à Yahvé. Ceux qui passaient la nuit dans des lieux secrets dans l’espoir d’un rêve d’incubation cherchaient l’inspiration de Yahvé. Toujours d’après S. Ackerman, l’incubation pouvait conduire à la nécromancie, qui était un culte des morts pratiqué dans le yahvisme. Selon toute probabilité, une forme du culte des morts qui était encore populaire consistait à faire des sacrifices aux esprits défunts. Ce culte, comme les autres cultes, était pratiqué par les partisans de la religion officielle yahviste512.

507

Cf. Theodore Joseph LEWIS, op. cit., 1989, p. 172-173.

508

Cf. Ibid., p. 174-176.

509 Cf. Elisabeth BLOCH-SMITH, op. cit., 1992, p. 132. 510

Cf. Susan ACKERMAN, Under Every Green Treen. Popular Religion in Sexth-Century Judah, (Harvard Semitic Monographs, 46), Scholars Press, Atlanta, 1992, p. 213.

511 Cf. Ibid., p. 213-214. 512

Nous ne sommes entièrement pas convaincus de cette position de S. Ackerman. L’existence de cultes des ancêtres et de la nécromancie dans l’Israël ancien est attesté par des textes biblique qui l’interdisent, le critiquent et le montrent. Mais dire qu’au sein de la religion qui a Yahvé comme Dieu, le culte des ancêtres et la nécromancie étaient officiellement pratiqués est difficile à prouver car les textes bibliques qui concernent ces pratiques les voient avec un œil péjoratif. Mais il est tout à fait possible qu’avant l’officialisation de cette religion de Yahvé, ces pratiques existaient, étaient légitimes, et que les membres de la religion yahviste étaient des pratiquants officiels de ce culte des ancêtres et de cette nécromancie.

S. Ackerman ajoute que les différents interdits bibliques à l’encontre de ces pratiques montrent une bataille menée par les milieux prophétiques, deutéronomistes et sacerdotaux contre les pratiques de la religion populaire. Et le résultat de cette lutte est la victoire des milieux prophétiques, deutéronomistes et sacerdotaux d’une part, et de l’autre part, la défaite de la majorité qui a vu la plupart des éléments de leurs pratiques supprimées513.

Le développement du culte des ancêtres défunts dans l’Israël ancien va de pair avec une prise en compte des traditions qui indiquent qu’à l’origine le monde des morts, le shéol, formait un domaine distinct de celui soumis à l’autorité de la divinité principale de l’Israël ancien, Yahvé. Et progressivement, la représentation d’une divinité unique ayant le contrôle sur le monde des vivants et des morts va s’imposer514. E. Bloch-Smith montre bien l’existence du culte des ancêtres et des morts dans l’organisation et la structure sociale des Judéens515.

Face à l’analyse de T. Lewis et E. Bloch-Smith, Chr. Nihan montre que l’œuvre de B. Schmidt intitulée Israel’s Beneficient Dead. Ancestor Cult and Necromancy in Ancient Israelite Religion and Tradition516 peut se comprendre en partie comme une réaction à l’égard de la recherche de ces deux auteurs concernant le culte des ancêtres517.

« L’émergence d’un discours critique à l’égard du culte des ancêtres ne peut être considérée comme le reflet d’une norme culturelle majoritaire dans l’Israël au Ier millénaire avant notre ère », mais soulève un problème qui devrait être traité avec le « contexte de production de cette littérature et de sa fonction dans la société de l’Israël ancien ». Dans une première série d’études, le discours critique à l’égard du culte des ancêtres dans les traditions bibliques est considéré comme une opposition entre religion officielle et religion populaire. Les interdits bibliques constitueraient une forme de yahvisme officiel qui serait imposé à partir du 7e ou 6e siècle. Pour ces auteurs, le culte des ancêtres, qui tourne vers une forme de divinisation des défunts, était incompatible avec la vénération exclusive de Yahvé que les élites Israélites chercheraient à promouvoir, et qui est reflétée dans des passages bibliques518.

1.4.2.3. Les études à partir des années 1990

Depuis le milieu des années 1990, le modèle ci-dessus a été approfondi par une explication socio-économique qui met en rapport l’existence d’une lutte contre les pratiques

513

Cf. Ibid., p. 217.

514 Cf. Christophe NIHAN, op. cit., 2012, p. 139-140. 515

Cf. Elisabeth BLOCH-SMITH, op. cit., 1992, p. 130-132.

516

Brian B. SCHMIDT, op. cit., Tübingen, 1994.

517 Cf. Christophe NIHAN, op. cit., 2012, p. 140. 518

liées au culte des ancêtres avec le développement d’une centralisation de l’administration et du culte en Judée entre le 7e et le 5e siècles. Dans ce cas, les interdits contre le culte des ancêtres servent les intérêts des élites de la Judée favorables à cette centralisation pour affaiblir les structures familiales traditionnelles dans lesquelles le culte des ancêtres avait un rôle central519.

En 1995, cité par Chr. Nihan, J. Blenkinsopp a expliqué que les interdits contre le culte des ancêtres étaient une lutte menée à la fin du 7e siècle contre une religion familiale dans la politique de centralisation du roi Josias sous sa réforme religieuse520. Il montre en 2000 que les pratiques de la nécromancie et des cultes des ancêtres dénoncées par les deutéronomistes et les sacerdotaux sont pratiquées à tout moment pendant la période biblique521. En 2003, H. Nier soutient que les interdits contre le culte des ancêtres refléteraient les intérêts des deux écoles des scribes au retour d’exil vers la fin du 6e

et 5e siècles, à savoir l’école deutéronomiste et l’école sacerdotale522.

Comme on le voit, H. Niehr reprend l’explication de Blenkinsopp, mais la situe à l’époque perse. Les membres de l’école deutéronomiste auraient cherché à imposer une nouvelle forme d’allégeance centrée sur le temple et Dieu, plutôt que sur les structures traditionnelles de la famille et du clan. La position de l’école sacerdotale concentre son souci sur le Temple de Jérusalem et ses environs immédiats comme espace sacré, et rituellement pur. Et dans cet espace sacré et pur, seuls les prêtres sont autorisés à pénétrer523.

Bien que les intérêts de ces deux traditions, sacerdotale et deutéronomiste, soient divergents, ils convergent dans la conception générale d’une société judéenne, ou israélite dans son ensemble, dont l’organisation serait centrée sur le Temple de Jérusalem et ses rites après la disparition de la royauté locale, issue de la dynastie de David524.

Ces différentes formes de critique du culte des ancêtres dans la Bible ont un point commun. Il s’agit de la rupture radicale à l’égard du monde des morts. Chr. Nihan indique qu’en 2009 Gertz parle encore de la césure du lien traditionnel entre les vivants et leurs morts. Pourtant, ce postulat commun est problématique car durant le premier millénaire avant notre ère, la famille agnatique est la structure de base de l’organisation sociale dans l’Israël ancien. La coexistence de ces familles agnatiques au sein de structures plus larges s’opère par un système de références inter et transgénérationnel complexe. Dans ce système, le rapport aux ancêtres défunts tient un rôle central, surtout concernant la possession du sol525. La famille ou la parenté de type agnatique est un système de parenté exclusivement par les hommes. C’est un système de parenté de lignée patrilinéaire526.

Concernant le rapport des ancêtres défunts et la possession du sol par leurs descendants, E. Bloch-Smith dit que l’enterrement des membres d’une famille ou d’un clan dans le

519

Cf. Ibid., p. 141.

520

Cf. Id.

521 Cf. Joseph BLENKINSOPP, Isaiah 1-39, The Anchor Bible, 19, Doubleday, New York, 2000, p. 371. 522

Cf. Herbert NIER « The Changed Status of the Dead in Yehud», in R Albert et Bob BECKING (éd.), Yahwism

After the Exile. Perspectives on Israelite Religion in the Persian Era. Papers Read at the First Meeting of the Eurepean Association for Biblical Studies, Utrecht, 6-9 August 2000 (STAR 5), Assen, 2003, p. 136-155.

523

Cf. Ibid., p. 147-149, 150-151.

524

Cf. Christophe NIHAN, op. cit., 2012, p. 141.

525 Cf. Ibid., p. 142. 526

tombeau ancestral faisait partie intégrante de l’organisation sociale et économique des Judéens. L’inhumation dans le caveau familial garantit une demande continue pour le patrimoine, et assurent les soins post-mortem pour les ancêtres, avec les avantages qui en découlent pour les vivants527.

Gn 23 éclaircit bien ce point. Ce chapitre explique que le terrain acquis par Abraham à Hébron pour enterrer Sarah, et par suite Abraham lui-même et les autres patriarches, est décrit comme un הזחא ’houzzah, c’est-à-dire une propriété foncière dont on jouit de l’usufruit. Ce terme est employé par les traditions sacerdotales du Pentateuque « pour désigner le territoire qui aurait été donné » aux ancêtres par la divinité tutélaire du groupe. L’importance du culte des ancêtres dans une structure tribale comme celle de l’Israël ancien concernant la possession du territoire avait déjà été perçue par certains des auteurs dans les années 1980-1990 qui ont mis l’accent sur l’importance de ce culte dans ce qu’ils appellent la religion populaire528.

Cette relation entre les vivants et les ancêtres défunts se retrouve à Madagascar, encore de nos jours. Le rapport entre les vivants et les Ancêtres joue un rôle important, surtout concernant la possession du sol. C’est pour cela qu’on parle des terres des Ancêtres, et aussi de l’enterrement au pays des Ancêtres. Cette importance donnée aux Ancêtres est la raison principale du culte des Ancêtres à Madagascar.

Dans le contexte de la famille agnatique comme structure de base de l’organisation dans l’Israël ancien, l’hypothèse selon laquelle le développement d’une organisation centralisée en Judée, entre la fin de l’époque néo-assyrienne (7e

siècle) et l’époque perse (fin 6e - fin 4e siècles), qui implique un conflit avec les structures traditionnelles du clan, semble correcte.

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