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INTRODUCTION DE LA DEUXIÈME PARTIE

1. APERÇUS DE RITES ET DE PRATIQUES CONCERNANT LES DÉFUNTS

1.1. LES RITES DE DEUIL ET LES CÉLÉBRATIONS DES FUNÉRAILLES

1.1.3. Les célébrations des funérailles

Nous parlons ici, dans un premier temps, de l’emplacement des célébrations de funérailles, des cortèges funèbres et des objets sur lesquels on porte les corps ; et dans un second temps nous mentionnons brièvement la lamentation, les pleureuses, la musique et les élégies dans les contextes funéraires.

1.1.3.1. L’emplacement et les cortèges des célébrations de funérailles

Des passages bibliques donnent quelques informations sur les célébrations des funérailles sur des aires et les terrasses des maisons. Ce qui suppose que ces deux endroits sont des lieux où on célèbre les funérailles. Gorèn « aire » est un endroit ou un emplacement destiné à réunir ceux qui assistent à des célébrations de funérailles et tout village est pourvu de cet emplacement425. Le terme exprime l’aire sur laquelle le grain est battu et vanné, et symbolise les produits de la moisson (cf. Dt 15, 14 ; Nb 15, 20) et de la récolte (cf. Nb 18, 27 ; Os 9, 2). Cet emplacement peut désigner aussi la place publique (cf. Gn 50, 10 ; 1S 14,

422

Ibid., p. 43-44.

423

Cf. Ibid., p. 44-47; cf. Jacques BRIEND et Michel QUESNEL, op. cit., 2001, p. 114 ; Daniel FAIVRE, op. cit., 1998, p. 187-189 ; Roland de VAUX, op. cit., 1976, p. 98, 100.

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Cf. Hélène NUTKOWICZ, op. cit., 2006, p. 45-46.

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2 ; 2S 6, 6 ; Is 10, 28). Cette place pourrait être à la porte de la ville (cf. Jb 29, 7) dans laquelle les Anciens siègent pour régler des affaires de la communauté (cf. Dt 21, 19 ; Am 5, 10).

Avec le cortège funèbre qui l’accompagne depuis l’Égypte, Joseph célèbre les funérailles de son père Jacob à Gorèn-ha-Atad qui est une aire appelée « aire de l’Epine » (cf. Gn 50, 10). Amos montre que les aires ne sont pas les seuls emplacements des célébrations de funérailles car il dit que sur toutes les places et toutes les rues, il y aura des lamentations (cf. Am 5, 16). Ce qui laisse penser que ces aires ne sont pas réservées uniquement à des funérailles (cf. 2S 6, 6-8 ; 1R 22, 10 ; Rt 3, 2 ; Is 21, 10 ; Os 9, 2 ; Jl 2, 24).

F. F. Hvidberg, cité par H. Nutkowicz, a proposé d’associer aires, lamentations et deuil cultuel pour une divinité. En prenant l’exemple de la place des pleurants près de Guilgal et de Béthel, cet auteur dit que l’appellation de « place des pleurants » vient du fait que les morts y sont pleurés ; cette aire est un lieu de lamentations. Le Chêne des pleurs (cf. Gn 35, 8) se tiendrait sur la tombe d’une divinité de l’époque cananéenne et serait en relation avec le deuil cultuel. Bien qu’il n’y ait aucun indice dans les passages bibliques, il est possible que les aires aient été les lieux de l’expression du deuil pour des divinités mourantes et renaissantes selon la coutume cananéenne426.

La Bible montre d’autres emplacements des célébrations des funérailles en Israël ancien. Les terrasses des maisons de Moab sont employées pour célébrer des funérailles (cf. Jr 48, 38). Is 15, 3 rapporte aussi que les rues, les toits et les places de Moab sont des lieux de célébrations des funérailles. Ces mêmes toits pourraient aussi être des lieux de cultes idolâtriques (cf. Jr 19, 13).

À propos du cortège funèbre, tout le peuple participe aux funérailles d’Abner en l’accompagnant jusqu’à son inhumation (cf. 2S 3, 31-32). Le nombre impressionnant de personnes pour assister aux funérailles d’un patriarche (cf. Gn 50, 7-9) ou d’un haut personnage du royaume en Israël ancien indique la participation de l’ensemble de la population à cet événement. Par contre, on ne sait pas trop le cas d’un défunt qui n’a pas le statut d’un roi, de prince et de dignitaire ou de patriarche427.

Les corps des défunts sont portés sur un הטמ mittah « une civière » ; c’est le cas pour le corps d’Abner (cf. 2S 3, 31). Cité par H. Nutkowicz, Flavius Josèphe montre que Salomon fait inhumer David avec la splendeur coutumière à des funérailles royales, et Hérode est porté sur une bière d’or constellée de pierres précieuses. Les funérailles sont alors des cérémonies grandioses avant l’inhumation à laquelle participent de nombreuses personnes428.

1.1.3.2. La lamentation, les pleureuses, la musique et les élégies

Les pleureuses sont rarement citées dans la Bible (cf. Jr 9, 16-17) ; elles sont cependant assurées. En Jr 9, 19, il y a des femmes qui jouent ce rôle de pleureuses et qui sont chargées d’enseigner cet art à d’autres femmes. Mais ce rôle ne relève pas d’un privilège féminin ; il y a aussi des hommes qui peuvent bien chanter les poèmes ou les chants funèbres et se lamenter (cf. Jr 7, 29 ; Ez 27, 32 ; 5, 16). Les pleureuses escortent les vivants dans le chagrin et les

426 Cf. Id. 427 Cf. Ibid., p. 63. 428 Cf. Id.

morts vers leur nouveau monde. Elles manifestent la désolation, accompagnent la souffrance et la séparation mais ne sont pas obligées de les partager. Elles n’expriment pas de sentiments personnels, mais se contentent de participer à la douleur individuelle des endeuillés pour la canaliser et l’atténuer. Ces pleureuses (ou pleureurs) sont aussi attestées dans d’autres parties du Proche-Orient ancien comme en Mésopotamie, en Ougarit et en Egypte429.

La musique est présente aussi pendant les funérailles. Jb 30, 31 évoque la harpe, la lyre et la flûte comme des instruments de musique pour accompagner les chants de deuil à la voix des pleureurs pendant le deuil. Jr 48 évoque l’existence de flûtes funèbres en ces termes : « Aussi mon cœur hulule sur Moab à la lumière des flûtes ; mon cœur hulule sur les gens de Qir-Hérès à la manière des flûtes ; parce qu’il est perdu, le trésor amassé ! » (Jr 48, 36). Jérémie compose une lamentation pour Josias, que les chanteurs et les chanteuses récitent dans leurs lamentations sur ce même Josias (cf. 2Ch 35, 25).

La lamentation (ou misped exprimée par le verbe דפס sapad) pour le défunt est la manifestation principale des cérémonies funéraires dans l’Israël ancien430. Elle exprime le chagrin pendant les funérailles par des gestes comme se frapper la poitrine, pousser des gémissements et pleurer. Elle est une expression orale de deuil. L’interjection de désespoir hôy qui signifie « hélas » est associée à ces lamentations funèbres431. Dans Mi 1, 8, cette exclamation s’exprime comme suit : « Pour cela, je vais gémir et me lamenter, je vais aller déchaussé et nu, je pousserai des gémissements comme les chacals, des plaintes comme les autruches. » (cf. Mi 1, 8).

H. Nutkowicz note concernant la lamentation : « Le misped, expression spontanée et ancienne de la douleur, hurlement poussé par tous les assistants lors des funérailles, forme de plainte et de lamentation au sens strict, se situe aux confins du chant funèbre dont la forme révèle une recherche plus raffinée. Bien que ces pleurs n’aient pas fait partie des élégies, il n’est pas impossible qu’ils les aient accompagnées. »432

Concernant les élégies (הנק qînah) destinées à accompagner les funérailles, leur usage est répandu dans tout le Proche-Orient433. Le verbe ההנ nahah « gémir » exprime l’interprétation des émotions comme pousser des plaintes, gémir (cf. 1S 7, 2), chanter des chants funéraires (cf. Mi 2, 4), comme l’élégie de David pour Abner devant le peuple (cf. 2S 3, 30-34) ; celle pour Saül et son fils Jonathan (cf. 2S 1, 17-27) est un peu tardive par rapport à l’événement de la mort de Saül et de Jonathan, David se trouvait en Philistie (cf. 2S 1, 1-2) pendant les funérailles de ces deux personnages.

David a souhaité que l’élégie pour Saül et Jonathan soit enseignée aux fils de Juda (cf. 2S 1, 17). Cette élégie, une fois connue, pourrait, peut-être, être employée dans d’autres occasions de funérailles. En dehors des grandes personnalités, on ne sait pas si les gens simples bénéficient aussi des élégies à leur mort (cf. Jr 16, 6).

Adressées aux défunts, les lamentations s’interrogent sur la cause de leur mort en faisant leur éloge. La complainte de David pour Saül et Jonathan (cf. 2S 1, 17-27) exprime le sentiment de David en leur faveur. En s’adressant à Abner et en déplorant sa mort par

429 Cf. Ibid., p. 48-49. 430

Cf. Roland de VAUX, op. cit., 1976, p. 99.

431

Cf. Hélène NUTKOWICZ, op. cit., 2006, p. 49-50.

432 Ibid., p. 50-51. 433

traitrise, le thrène dédié à lui provoque l’émotion et les larmes de la part du peuple (cf. 2S 3, 33-34). À la mort de Judas Macchabée, le peuple prononce une élégie semblable (cf. 1M 9, 20-21). A. Lods voit des chants funèbres dans les chants des filles d’Israël pour la fille de Jephté (cf. Jg 11, 39-40). Ces chants seraient donc liés au deuil cultuel semblable à celui dédié à Tamuz (cf. Ez 8, 14) et Hadad Rimon à Megiddo (cf. Za 12, 11)434.

1.2. LES PRATIQUES D’INHUMATION, LES OFFRANDES ALIMENTAIRES, LE

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