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 3 Repères et approches méthodologiques

Chapitre 1  Introduction élémentaire aux films sanitaires

19.  Vers un mode de vie sportif, entre risque et santé

Les périodes précédentes, que l’on envisage ici sous l’angle de la mécanisation croissante des modes de vie urbains280, ont été signalées précédemment comme propice à une forme de sédentarité face à laquelle les populations n’ont pas su s’organiser pour conserver une part d’activité physique suffisante. C’est dans cette logique que les films expliquent l’avènement progressif de l’inactivité chronique, avancée comme responsable en partie de l’augmentation de nombreux états pathologiques récents (maladies cardio-vasculaires, cancers…). Les années 1980 mettent en évidence un positionnement différent, laissant davantage la place à une promotion d’un mode de vie « actif ». L’effort physique se détache de sa conception initiale, celle d’une forme d’orthopédie biomécanique, pour se rapprocher davantage de problématiques autour des sensations d’épanouissement, de bien-être, d’évacuation du stress de la vie citadine, voire même dans une certaine mesure d’une vision écologique valorisant le retour à la nature. Le recours aux activités physiques mais aussi désormais au sport en général s’impose comme une voie de salut face aux angoisses de la société moderne. Ce contraste implique logiquement de promouvoir une activité de plein air, loin des méfaits de la ville et de ses nombreuses formes de pollutions. La métaphore du souffle par l’effort physique, que l’on retrouve par exemple dans le film « Bonnes

respirations » (1976-1978), oppose la suffocation due à la pollution atmosphérique citadine et

l’oxygénation salutaire d’une pratique de loisir réalisée dans un cadre champêtre.

Le concept de sport de plein air, dans la continuité de la libération des corps et de la problématique des « vertiges de l’intime »281, valorise la prolifération des pratiques de pleine nature qui se développent de manière massive au tournant des années 1980. Une triple dimension fait donc intervenir le corps, l’esprit et l’environnement dans une conception renouvelée de la pratique physique. Les nouvelles modalités d’attention au corps passent par        

280

L’invention et la généralisation de mécanismes (ascenseurs, escaliers mécaniques...) particulièrement pour les populations urbaines, ont eu pour incidence de réduire les temps de dépense physique au quotidien. Dans cette mesure, nous évoquons la mécanisation des modes de vie ou des milieux urbains.

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alors par une réflexivité plus importante, caractéristique d’un mouvement global de psychologisation des corps déjà identifié, issu des années 1960. L’hédonisme, la liberté de mouvement, l’affranchissement des cadres étroits d’une société omniprésente voire normalisatrice sont autant de valeurs qui s’imposent progressivement comme fondement de ces types d’activités à travers lesquelles se poursuit le processus de psychologisation282. L’avènement d’une forme de « contre-culture », issue des mouvements libertaires successifs à la période de mai 1968, favorise des réactions écologiques autour des bienfaits de la nature, dans laquelle la vision productiviste perd de l’importance283.

On retrouve cet attrait pour les pratiques de plein air dans les films sanitaires de la période des années 1976-1988, dont les titres recensés dans le tableau ci-dessous traduisent ces idées.

TITRE ANNEE

A l’aise dans l’eau. 1976-1978

Course à pied individuelle ou jogging Post 1979

L’approche de la montagne 1982 La bicyclette 1977 La planche à voile 1981-1984 La plongée 1982 La voile 1978 Les baignades 1977

Les baignades en rivière 1977

Les bains de mer 1977

Les loisirs sportifs 1978-1980

Skier à moindre risque 1987

 

Tableau 13 : Productions de la catégorie activité physiques relatives aux pratiques de plein air (1976‐1988)

Les productions, toutes séries confondues, sont donc l’objet de plusieurs scénarios abordant les pratiques physiques de plein air, et d’autres, qui se centrent davantage sur l’émergence de la notion de risque accompagnant la massification des activités. Le développement désordonné et peu contrôlé des sports de plein air dans cette période voit émerger l’apparition de certaines pratiques jugées « ordaliques » 284 car insolites,

       

282

Jean Baudrillard, La société de consommation, ses mythes, ses structures, Paris, Gallimard, 1970. 283

Jean-Pierre Durand, et François-Xavier Merrien, Sortie de siècle, La France en mutation, Paris, Vigot, 1991. 284

spectaculaires, porteuses de sens individuel285. Ce courant culturel valorise la recherche du sensationnel, de l’inédit, où la multiplication des « risques », est alors perçue comme fondatrice d’éléments identitaires et de représentations collectives spécifiques.

Du risque sportif... au risque social

Notons que les priorités données aux films sanitaires, orientés vers la promotion de pratiques individuelles plus raisonnées, mettent d’abord l’accent sur l’idée de la « responsabilité », inhérente à la multiplication des pratiques sportives aventureuses. Cette idée de responsabilité se décline à travers la prévention d’un certain nombre de risques de plus en plus fréquents dans la société des années 1980 : aux risques industriels ou professionnels déjà identifiés, se cumulent des différents risques domestiques, mais aussi des risques plus intimes, dont nous avons développé les grandes lignes précédemment, relatifs aux conduites contraceptives ou sexuelles (ces dernières étant d’ailleurs fréquemment renommées conduites à risques à partir de la médiatisation croissante du SIDA dès le milieu des années 1980). D’une manière plus générale cette période voit se développer, tant sur le plan sociologique que sanitaire ou éthique, un ensemble d’inquiétudes chez les populations, concourant à faire émerger l’idée d’une « société du risque »286. Les travaux de Peretti-Watel nous aident à comprendre comment les dernières décennies voient se métamorphoser cette

« société du risque », dans laquelle les dangers potentiels se multiplient et transforment les

représentations sanitaires des populations (l’auteur utilise la métaphore de « toile des causes » - the web of causation)287. L’émergence de problèmes publics menaçants ou de scandales sanitaires médiatiques, comme l’affaire du sang contaminé ou les doutes exprimés par l’utilisation de l’amiante dans les chantiers de construction, favorise une atmosphère de méfiance justifiant un ensemble de politiques sociales ou de pratiques sanitaires. La prolifération de nombreuses menaces à différents niveaux aboutira au début des années 1990 à développer le concept de « principe de précaution »288, mis en place dans les politiques        

285

François Chobeaux, Sports à risques et pratiques éducatives, VST - Vie sociale et traitements, 2007/1, n° 93, pp. 50-52.

286

David Le Breton, Sociologie du risque, Paris, PUF, Coll. « Que sais-je ? », 2012. 287

Patrick Peretti-Watel, Du recours au paradigme épidémiologique pour l’étude des conduites à risque, Revue française de sociologie, 2004/1, Volume 45, p. 108.

288

Mathilde Boutonnet, et Anne Guégan, Historique du principe de précaution, dans Le principe de précaution, Rapport au Premier ministre, La documentation française, janvier 2000, annexe 1, p. 253.

publiques pour prévenir des risques avérés, mais dont l’ampleur ou les conséquences effectives ne sont pas réellement évaluables. Toujours est-il que les films de prévention jouent clairement un rôle d’information visant à dédramatiser un ensemble de pratiques ou de savoirs sanitaires auprès des groupes de populations.

Cette problématique des facteurs de risque en relation avec les pratiques individuelles transparait dans les films et se développe notamment par l’accroissement des mises en garde autour de la pratique sportive (« Sports à risques » - 1983). Ces comportements jugés dangereux par les responsables de l’Assurance Maladie justifient un ensemble de discours sécuritaires dans le cadre des films de promotion des activités physiques. Le message contribue à mettre le comportement individuel au cœur des préoccupations et à désigner le pratiquant inconscient comme responsable des accidents. Nous ne prenons pas en compte ici les recommandations relatives aux noyades, dont la problématique intemporelle a déjà fait l’objet de mises en garde dans les années 1960-70 (pour rappel : « Noyades » - 1964, « Savoir

nager » - 1970). Un autre ensemble de productions aborde la question des risques relatifs aux

nouvelles formes de pratiques, notamment californiennes289 ou de glisse (« La planche à

voile » - 1981/84, « Sports à risques » - 1981/84 à propos de l’escalade, « Skier à moindre risque » - 1987). Plus les risques sont élevés, plus la responsabilité de chacun est de se

prémunir contre les accidents et dangers pouvant intervenir dans ces milieux imprévisibles ou instables. C’est donc logiquement que la plupart de ces films sont destinés aux amateurs occasionnels et se rapportent à des activités encore peu réglementées, ne nécessitant pas de recommandations particulières de pratique. Sans chercher à dramatiser ces occupations, les messages s’efforcent en revanche à mettre en garde contre les dangers inhérents à certaines activités banalisées (« La bicyclette» 1977, « Baignades dangereuses » 1980-1982).

Dans ces films, l’environnement est présenté comme hostile, mais c’est principalement le comportement inadapté des pratiquants qui est souligné comme première cause d’accidents. Par exemple dans le cadre des sports d’hiver, le film « Skier à moindre risque » (1987) montre les progrès réguliers du matériel, des balisages, de l’encadrement ou consignes de sécurités. La fréquence élevée des accidents s’expliquerait donc par les attitudes inadaptées des pratiquants : méconnaissance des sensations corporelles (fatigue musculaire par exemple), mauvaise utilisation du matériel (notamment des fixations), mais aussi prolifération des comportements irresponsables, comme une vitesse trop élevée ou le ski hors-piste, qui « entraîne des accidents typiques que l’on peut comparer aux graves accidents de la        

289

circulation ». Après avoir alerté les téléspectateurs, le film présente – par l’intermédiaire d’un

moniteur de ski – quelques exercices de préparation physique typique à cette pratique, destinés à se prémunir contre les carences énergétiques, réduisant ainsi les risques de traumatismes. Le discours se recentre donc sur l’individu et son éducation à la pratique.

L’exemple de la pratique sous-marine, permet de relever des discours similaires : « En

dehors des accidents dus au fait que l’individu se mesure avec des éléments naturels parfois imprévisibles, quel que soit le type de plongée – apnée ou bouteilles – les autres accidents résultent de causes bien déterminées : non respect de contre-indication d’ordre médical, condition physique inadaptée, mauvais matériel ou manque de technique, méconnaissance de l’environnement, non-respect des signes physiologiques interdisant la plongée » 290 . L’individu est donc considéré en priorité comme responsable des accidents et il lui est conseillé la plus grande prudence (« Sport et sécurité » - 1981/1984). Il est fortement encouragé à respecter les conseils qui lui sont donnés, souvent sur un ton grave : « L’aisance,

la facilité avec laquelle semble évoluer un plongeur sous l’eau, sont fascinantes. Le monde découvert est merveilleux. L’aventure est là, à portée de tous. Mais ne nous y trompons pas : l’eau est un milieu dangereux pour l’homme, et chaque année de nombreux accidents graves viennent le rappeler. La plus grande part de ces accidents pourrait être évitée si les débutants abordaient ce sport en pleine connaissance de cause »291. Le discours se veut moins culpabilisant qu’incitatif ou pédagogique et laisse entrevoir l’idée d’une forme de réflexivité et de responsabilité à développer à travers l’éducation du pratiquant. Cependant, ces discours restent à un niveau relativement superficiel de généralités et se cantonnent à une fonction informative, comme si la CNAMTS voulait s’affranchir de ce type d’accidents, incitant implicitement chacun à se rapprocher des structures fédérales agréées pour encadrer la pratique. Néanmoins, en parallèle, les films produits révèlent également tout un ensemble de discours en faveur de la pratique physique comme facteur de santé ou de prévention de la maladie, prolongeant la dynamique initiée dans les décennies précédentes. D’une manière générale, le contexte des années 1980 est propice au développement des loisirs sportifs292. A ce sujet, de nombreux partenaires se coordonnent et des échanges prolifiques s’installent entre les grands acteurs de la santé et du sport en France. Ainsi, en janvier 1983, la Fédération Nationale de la Mutualité Française et la Confédération Générale du Temps Libre organisent

       

290

Film « La plongée », série Objectif santé, 1982. 291

Ibid. 292

un colloque autour du thème « Sport Hygiène Santé. La prévention en question »293, dont il ressort la conclusion suivante :

« Cette dimension médico-sociale que prend le sport se manifeste, bien sûr, dans le domaine thérapeutique, mais aussi dans celui de la prévention. C’est le thème même du colloque. « Le sport peut être une prévention à la fois organique, psychologique et sociale ». Ces paroles sont de madame Avice, qui a insisté lors de son intervention sur le fait que le sport est un moyen de prévention contre les maladies cardio-vasculaires, les maladies du vieillissement et le vieillissement lui-même »294.

Les films de prévention traduisent cette démocratisation du sport et la valorisation du sportif en général. Le « sport » ou les comportements « sportifs » font partie des thèmes abordés et apparaissent explicitement dans les titres utilisés : 44,7% dans cette période, contre 27,3% (1972-1976) et 16,6% (1963-1972) auparavant. On assiste à une certaine volonté de généraliser ces pratiques et d’encourager les adeptes occasionnels à se rapprocher des structures organisées et notamment des fédérations. Ceci est encore plus flagrant à partir des années 1980, comme le montre le tableau reproduit ici, qui liste les titres faisant apparaître le terme « sport » dans cette période :

TITRE ANNEE TITRE ANNEE

Aptitude au sport 1979-1984 Sport d’équipe 1978

Asthme et sport 1985 Sport et prévention 1982

Des sports pour l’enfant 1987-1988 Sport et santé 1982-1984

La médecine et le sport 1978 Sport et sécurité 1978-1980

Le sport, passeport pour la santé 1985 Sport et sécurité 1981-1984

Le sportif et son alimentation 1979-1984 Sport et tabac 1979-1984

Les activités physiques et sportives des personnes âgées

1980 Sport ou tabac 1980-1982

Les loisirs sportifs 1978-1980 Sports et accidents dentaires 1979-1984

Motivés pour le sport 1979-1984 Sports et dents 1979-1984

Sport travail perception action 1979-1984 Vos enfants et le sport 1986

Sport à risques 1981-1984

Tableau 14 : Productions dont le titre comporte le terme sport (1976‐1988)

       

293

Sport Hygiène Santé. La prévention en question. Colloque national (15 et 16 janvier 1983) [BNF Cote 4 T 10502]

294

Par cette massification, se construit une forme plus élaborée de représentation culturelle du sportif. Le sportif est sommé, comme nous venons de le voir dans le cadre des pratiques de pleine nature, de renforcer ses connaissances et de faire preuve de prudence, affirmant ainsi une première forme de responsabilité, vis-à-vis de son corps et des autres pratiquants. Un deuxième aspect, relatif au thème « sport-santé », fait du pratiquant régulier un individu qui tente d’acquérir ou conserver la santé par l’effort quotidien. Les discours valorisent alors l’idée d’un sportif responsable et conscient des enjeux voire des conséquences de sa pratique. Ces nouvelles représentations émergent à travers de nombreuses productions où le pratiquant est désormais identifié comme un individu qui tente de reprendre la main sur son destin sanitaire, dans une société où le progrès pousse à la sédentarité : « ils courent parce

qu’ils en ressentent le besoin et parce qu’ils sont soucieux de leur santé »295. Il y a donc une double signification de cette notion de responsabilité : responsabilité face aux risques encourus et responsabilité sanitaire.

Dans le cadre de la promotion d’un mode de vie plus « actif », les films diffusent des représentations normatives qui opposent véritablement le « sportif » et le « sédentaire », au risque de stigmatiser explicitement ce dernier. Les images symbolisent ainsi le « sportif » comme un individu épanoui, en pleine forme, plein de vie, motivé. A l’inverse, le « sédentaire » est montré comme un être mal dans sa peau, socialement isolé, inadapté à la nouvelle société et courant à sa perte. Ce dernier est parfois associé à un fumeur obèse et peu soucieux de son état physique et des conséquences de ses actes, comme le montre l’image reproduite ici. Il y a donc une distinction morale mettant en jeu des valeurs sociales et de dignité. Le contraste transparait ici à travers les images extraites du film « Sport et

prévention » (1982).

Cette construction symbolique conditionne les représentations culturelles de l’effort physique et de l’inactivité, renforçant le contraste entre les deux attitudes. Les discours valorisent largement l’activité physique sans s’attarder de manière excessive sur la catégorie        

295

des sédentaires, réduisant alors le phénomène de stigmatisation. Ils mettent en exergue la nécessité d’une pratique régulière, pour vivre avec son temps et ne pas céder aux nuisances modernes. Les scénaristes cherchent à amener les populations à lutter contre certaines de leurs pratiques sédentaires jugées malsaines. Ce travail s’échafaude en jouant sur la motivation des individus, d’une part en dédramatisant l’effort demandé par l’activité physique et d’autre part en encourageant au passage à l’acte « sportif ». Ces conseils incitent à une première forme de « discipline de soi »296, une forme de construction identitaire passant par une attention plus importante portée à ses signaux corporels, une connaissance de soi plus approfondie. La quête du bien-être semble donc passer par une pratique régulière et durable du sport, dont les conseils de mise en œuvre sont absents des films de la CNAMTS mais dont les principales activités représentées sont la natation, la marche, ou encore le cyclisme, identifiées comme des activités de base. La dépense physique s’impose comme une capacité « permettant

d’améliorer son existence »297, comme un véritable « passeport pour la santé » : « le sport,

c’est pas seulement venir taper dans un ballon une fois par semaine, c’est toute une façon de vivre, une hygiène de vie »298. Les conceptions d’un modèle physiologique basé sur des sports d’endurance, apportant des effets positifs à long terme, semblent témoigner d’une influence médicale persistante parmi les experts consultés dans la construction du discours.

Face à une société oppressante, aggravant la pollution et les formes de sédentarisme, une forme de mieux-être semble pouvoir être (re)trouvée grâce aux pratiques d’entretien du corps promues dans les années 1980. Ces formes d’activités physiques permettent une réappropriation de son corps et de sa santé, à travers le ressenti des besoins et des signaux physiologiques. Les discours véhiculés indiquent que les sensations provoquées par ces pratiques, favorisent la connaissance, la gestion de son corps et la conservation d’un état physique satisfaisant. Ils traduisent manifestement une conception davantage « psychosociale » de la santé publique, qui se détache peu à peu de la vision médicale traditionnelle, trop centrée sur les aspects mécaniques de l’individu, oubliant du fait les propriétés sociales et environnementales qui affectent aussi l’état psychologique des groupes sociaux.

En suggérant une discipline du corps au quotidien, par l’intégration de l’autocontrôle de ses agissements, les messages sanitaires incitant à un mode de vie plus actif traduisent        

296

Bernard Andrieu, La fin de la biopolitique chez Michel Foucault, Le Portique [En ligne], n°13-14, 2004, mis en ligne le 15 juin 2007.

297

Film « Le sport, passeport pour la santé », série Objectif santé, 1985. 298

« l’entreprise morale »299 que représente la santé publique moderne. Cette nouvelle morale de l’effort en action, diffusée de manière durable par les relais médiatiques, tente d’uniformiser les usages collectifs du corps et de transformer les représentations culturelles, en faveur d’un style de vie physiquement plus actif. L’engagement moral qui accompagne une pratique physique régulière implique une responsabilisation individuelle de chacun dans un processus croissant d’autocontrôle et d’incorporation des messages diffusés. Ce nouveau mode de vie actif véhiculé par les campagnes jalonne la diffusion de nouvelles conceptions normatives de la corporéité.

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