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Les représentations primitives des pratiques physiques : montrer une activité utilitaire et mécanique (notion de rendement corporel) 

 3 Repères et approches méthodologiques

Chapitre 1  Introduction élémentaire aux films sanitaires

7.  Les représentations primitives des pratiques physiques : montrer une activité utilitaire et mécanique (notion de rendement corporel) 

Comme nous l’avons déjà évoqué132, cette période est propice à la conception de l’exercice physique régulier et populaire comme un facteur de santé. L’idée, communément répandue, est celle d’une adéquation entre le sport et la santé133. De fait, la promotion de l’exercice physique reste principalement l’affaire des fédérations sportives qui ont reçu la délégation de l’Etat pour promouvoir ces activités134. Parallèlement, la télévision diffuse des reportages sportifs qui participent globalement à la promotion de ce secteur d’activités135. De même, le secteur scolaire est en charge de l’éducation physique et sportive et la finalité de santé est présente dans les instructions officielles qui intègrent davantage, à cette période, le sport comme moyen de développement des individus136.

La question de la propriété d’une préoccupation émergeant dans une arène publique développée par Gusfield nous apporte ici un éclairage sur la manière dont différentes sphères s’approprient la légitimité d’un problème médiatique et interviennent dans le débat scientifique137. Nous émettons ainsi l’hypothèse que la Sécurité Sociale ne se considère pas a

priori comme dépositaire de la promotion des pratiques physiques (en tant que facteur de

       

132

Pascal Chantelat, et Philippe Tétart, art. cit. 133

Thierry Terret (dir.), Sport et santé dans l’histoire, op. cit. 134

Thierry Terret, Le sport contre la santé, art. cit., p. 15. ; Pascal Chantelat, et Philippe Tétart, art. cit., p. 12. 135

Le site Internet de l’Institut National de l’Audiovisuel permet de visionner des reportages produits dans les années 1960 et 1970 sur les bienfaits du sport, en relation avec la santé ou la rééducation physique. [http://www.ina.fr]

136

Yves Travaillot, et Yves Morales, L’intégration des pratiques physiques d’entretien du corps en EPS (1983-

2010) : d’une éducation sportive à une éducation physique et sportive participant à la promotion de la santé,

dans Jean-François Loudcher (dir), Education Physique, sport et mondialisation, Paris, AFRAPS, 2011, pp. 237- 261.

137

Joseph Gusfield, La culture des problèmes publics, op. cit.. « A n’importe quel moment de l’histoire, il y a

reconnaissance que des problèmes publics spécifiques sont le domaine légitime de personnes, de rôles et de fonctions spécifiques qui peuvent commander à l’attention publique, à l’influence publique et à la confiance publique » (extrait p. 11)

santé) et que la responsabilité de la lutte contre la sédentarité revient plus logiquement aux systèmes scolaire et fédéral qui en font déjà l’apologie depuis plusieurs décennies. Dans ce contexte, les films produits par l’action sanitaire ayant pour thème l’utilité de l’exercice physique sont peu nombreux : un peu plus d’une dizaine, soit environ 5% du total des films sur la période 1963-1971. Manifestement, la lutte contre la sédentarité des populations – qui n’est pas encore identifiée comme un véritable problème public – n’est pas une préoccupation primordiale pour les éducateurs sanitaires, qui concentrent leurs efforts et leurs investissements sur les problèmes sociaux ou les catégories vulnérables dont nous avons parlé précédemment. L’approche, relativement hétérogène, qui est accordée aux informations sur la culture physique permet toutefois de repérer quelques grandes lignes sur le traitement médiatique de l’exercice corporel.

TITRE ANNEE

Les bienfaits de la natation 1964

Noyades 1964

Deux roues et une tête138 1964

Le contrôle médical sportif 1964

Sport, santé, harmonie 1966

Savoir Marcher 1967

Les apprentis sorciers ou le dopage 1968

Saines de corps, saines d’esprit – gymnastique féminine (non diffusé) 138 1969

Savoir nager 1970

Education physique et sportive138 1970

Les risques stupides (non diffusé)138 1970

La rééducation motrice des personnes âgées 1971

Tableau 5 : Productions recensées sur le thème des pratiques physiques (1963‐1971) 

TITRE ANNEE

La prévention des accidents de manutention manuelle : comment s’y prendre 1969

A l’automne de la vie 1969

Prévention des maladies cardiovasculaires 1970

La réadaptation des malades cardiaques 1971

L’athérosclérose 1971 Tableau 6 : Productions utilisées dans l'analyse, abordant partiellement la question des activités physiques  (1963‐1971)              138

Ce recensement peut déboucher sur une forme de catégorisation des films. Tout d’abord, un premier ensemble traite d’informations sur les dispositifs en charge de la santé par l’exercice ou de l’éducation du corps. D’autres films envisagent de mettre l’accent sur les risques de la pratique physique : noyade et dopage par exemple. Enfin, plusieurs scénarios témoignent de préoccupations centrées sur la prévention par l’exercice physique et les préconisations qui l’accompagnent.

Certains films de cette première période (1963-1971), et notamment « Sport, santé,

harmonie » ou « L’éducation physique et sportive », s’inquiètent de l’inactivité physique, de

ses conséquences et la présentent comme un état de « paresse physique et morale »139. Ici le manque d’exercice est comparé à une forme d’oisiveté, de fainéantise, et s’accompagne d’une dimension idéologique manifeste. Le non-pratiquant est symboliquement associé à un individu faible : l’immobilité « symbolise la démission progressive et l’isolement »140. A propos des non-pratiquantes, un médecin déclare que l’exercice « est beaucoup plus une

question de volonté que de temps »141. Il y a donc un amalgame entre l’engagement physique et le comportement social, qui stigmatise dans un certain sens les non-pratiquants. Il y a une double conséquence à ces attitudes jugées « anti-sociales », qui desservent la collectivité. D’une part, elles provoquent un déficit du rendement professionnel, comptées en journées de travail manquées. On retrouve ici l’association entre le corps humain et le corps productif considéré à travers son rendement. D’autre part, cela se conjugue à une augmentation incessante des coûts médicaux engagés par l’Etat pour soigner des pathologies aggravées par l’inactivité. Cela implique alors, pour les organismes dépendants de la Sécurité Sociale, de divulguer la bonne manière de « Savoir marcher » (1967) ou de « Savoir nager » (1970). Notons par exemple l’extrait du scénario sur « La prévention des accidents de manutention

manuelle : comment s’y prendre »142 écrit en 1969 par la société Filmex. On peut y lire, dans la cinquième séquence, à propos du déplacement de lourdes charges dans le cadre professionnel, la présentation d’un « aperçu de la bonne méthode »143, illustré par des

« images prises dans un gymnase où viennent s’entraîner des haltérophiles »144. Le modèle

       

139

Scénario du film « L’Education Physique et Sportive » (1970) [A.N. 19850587 Art 2]. 140

Scénario du film « Rééducation des personnes âgées » (1971) [A.N. 19850587 Art 3]. 141

Scénario du film « Saines de corps, saines d’esprit – gymnastique féminine » (1969) [A.N. 19850587 Art 3]. 142

Scénario du film « La prévention des accidents de manutention manuelle : comment s’y prendre » (1969) [A.N. 19850587 Art 3]

143 Ibid. 144

sportif est donc valorisé dans la lutte contre d’autres pathologies fréquentes, l’entretien physique y est montré comme élément de préservation de la santé.

Ainsi, très tôt, l’activité physique s’impose comme susceptible d’apporter des réponses à certains problèmes issus de la société moderne et de la croissance urbaine. La mécanisation de la ville est considérée comme un véritable fléau pour l’activité de l’homme. La ville elle-même est assimilée à une sorte de catastrophisme, de fatalité, comme on peut le voir dans cet extrait : « avant l’existence de la grande ville tentaculaire, l’enfant faisait de la

culture physique sans le savoir »145 ; ou en s’appuyant parfois sur des métaphores plus littéraires : « Plus l’homme a recours aux machines, plus il doit puiser sur son corps – C’est

son assurance sur la vie de l’humanité – Là où passe le sport, fut-ce au milieu des houillères et des usines, pousse le gazon le plus dru de la nation »146. Ici, réside une mise en perspective entre le rendement ouvrier et la pratique sportive, en partant du principe que l’activité physique est favorable à la représentation d’un homme robuste, mécaniquement solide, productif. La diffusion d’une représentation biomécanique de l’effort physique fait donc jouer les représentations culturelles des classes populaires en faveur de formes canoniques ou de normes de comportement proches du monde ouvrier, représentant des hommes forts, capable d’un rendement important, sachant s’entretenir physiquement. La rationalisation de la gestuelle, décomposée de manière presque ritualisée, caractérise pleinement l’organisation de la production mécanisée et marque la disciplinarisation des corps par la combinaison des forces de travail147. Cette conception « managériale » rejoint les théories du Taylorisme148, développées un demi-siècle plus tôt, visant une continuité aussi performante que possible du processus de production, par une standardisation et une combinaison des gestes et des attitudes de chacun. L’individu est donc réinscrit dans l’appareil de production économique : il acquiert une certaine valeur marchande au regard du travail qu’il peut fournir. Il s’avère donc nécessaire de l’amener à se prémunir, par l’entretien corporel, contre les maladies – par exemple ostéo-articulaires – dont il peut être l’objet.

D’autre part, la conception moderne de l’activité physique repose sur le fait que la mécanisation et le progrès sont responsables des grands maux de la société et apportent une forme nouvelle de sédentarisme, sans que cette question de l’inactivité soit pour autant        

145

Scénario du film « L’Education Physique et Sportive » (1970) [A.N. 19850587 Art 2]. 146

Citation de Jean Giraudoux (préambule du film « L’Education Physique et Sportive ») 147

Michel Foucault, Surveiller et punir. Naissance de la prison, Paris, Gallimard, 1975. 148

Frederick Winslow Taylor, The principles of scientific management, New York, London, Harper & Brothers, 1911

identifiée comme un véritable problème public prioritaire. Elle est tout au plus soulignée. Le comportement de l’homme n’est pas entièrement remis en cause mais c’est lui qui détient la clé : « dix kilomètres à pied par jour, voilà le régime. Il est difficile à suivre dans une société

où l’on sort de son lit pour s’asseoir dans sa voiture puis derrière son bureau, puis dans une salle de spectacle ou devant la télévision, pour retourner enfin dans son lit »149. Le sport s’impose donc communément comme une voie de salut physique150.

Un autre ensemble de productions dans cette première période permet de mettre en contraste les bienfaits et méfaits de l’exercice physique. Par exemple, le thème « Savoir

nager » (1970) ou « Bienfaits de la natation » (1964) s’oppose aux dangers des « Noyades »

(1964). L’extrait que nous avons choisi de reproduire ici traduit cette idée du risque, en partant de l’exemple de la pratique sportive de haut niveau pour l’étendre aux activités humaines (sociales, scolaires, professionnelles) en général. De plus, on retrouve ici la métaphore de l’homme assimilé à une machine évoquée précédemment et que le film « Les

apprentis sorciers ou le dopage » (1968) met en avant pour illustrer cette attitude pathologique présentée comme une « mode » risquée : « Simplifions si vous le voulez bien.

Chez le rat comme chez l’homme, l’organisme est une sorte de moteur. Au tableau de bord, des voyants d’alarme qui s’appellent la fatigue et le besoin de sommeil. Dès qu’on arrache les fils, le moteur continue à tourner, certes… mais on risque de couler brutalement une bielle ou, au mieux, d’abréger la vie de sa voiture ». Dans ce discours à la fois caricatural et

alarmiste, la position prescriptive du médecin expose avec moralité et gravité les méfaits du dopage : « confier sa santé à ce faux-ami, c’est jouer sa vie avec un partenaire qui triche ». Telle est la conclusion de cette production qui place le médecin comme pleinement détenteur du savoir, la figure de l’autorité qui dicte les bonnes et mauvaises attitudes. Le discours sur les méfaits du sport est d’ailleurs largement relayé par le corps médical qui met parfois en avant les limites physiologiques du corps lors de la pratique. Les professionnels de la santé ont donc un regard prudent sur les bienfaits de l’activité physique et mesurent les effets néfastes dont elle peut faire l’objet, en cas de mauvaise pratique (films « Les risques

stupides » - 1970, « Savoir nager » - 1970), ou de recherche de la performance à tout prix

(film « Les apprentis sorciers ou le dopage » - 1968). Ils proposent donc un discours en partie contradictoire avec les messages diffusés par les autres institutions, en faisant apparaitre les        

149

Scénario du film « Prévention des maladies cardio-vasculaires » (1970) [A.N. 19850587 Art 2]. 150

Antoine Radel, « Sport et Santé » : l’évolution des campagnes d’incitation à la pratique physique et de lutte

contre la sédentarité (1960-2010) ». Communication au 6ème Congrès Société de Sociologie du Sport 3Slf- Université de Paris Ouest Nanterre – 2011 (Thème 4 – Le sport comme voie de salut physique)

pratiques sportives comme potentiellement négatives. Dans cette idée, la production « Sport

santé harmonie » (1966) prône une utilisation saine et raisonnée de la dépense énergétique

tandis que « Le dopage » (1968) nous rappelle à quel point le goût de la performance peut altérer la santé physique et psychique. Le contenu s’oriente favorablement vers les activités physiques voire sportives, en prenant garde à ses méfaits. L’incitation à la pratique quotidienne ne concerne que des activités « de base » comme la marche ou le cyclisme, largement répandues. Dans le cadre d’autres activités physiques, les scénaristes conseillent et insistent toujours sur la nécessité préalable de consulter le médecin de famille et de respecter l’encadrement d’un professionnel (kinésithérapeute, moniteur…). Le discours reste donc dans l’ensemble prudent vis-à-vis des mauvaises manières de pratiquer ou des comportements excessifs conduisant à malmener son corps. Les éducateurs sanitaires se déchargent d’une quelconque responsabilité en incitant à engager un suivi médical.

Les producteurs de la série s’en remettent donc dans un premier temps à l’approbation des professionnels, et surtout des médecins, qui seuls peuvent juger des conditions de pratique et des règles de sécurité. Ces médecins, qui d’ailleurs apparaissent régulièrement (huit fois sur douze) dans les scénarios pour exposer les avantages et inconvénients de l’activité corporelle, sont présentés comme les détenteurs légitimes des savoirs physiologiques. Cela confirme l’idée que le corps médical s’impose ostensiblement à l’écran comme propriétaire de ce problème de l’inactivité, au détriment des éducateurs sanitaires, qui s’en délaissent volontairement. Leur statut induit donc le développement d’une vision mécanique de l’éducation physique, davantage centrée sur le développement du corps dans une optique de rendement énergétique, étayée par des savoirs physiologiques, délaissant ainsi l’aspect psychologique ou environnemental.

De ce fait, certains films prennent la forme de gestes à reproduire dans son quotidien, ou à l’inverse d’attitudes à proscrire. Par exemple, dans le scénario d’un film sur la

« Prévention des maladies cardiovasculaires », le manque d’exercice physique est souligné

comme facteur aggravant l’obésité et les risques de développer une pathologie grave. L’image met en scène deux frères jumeaux, aux attitudes inverses : l’un suit les principales recommandations en matière d’alimentation, de tabac, d’exercice physique, et l’autre les ignore. L’extrait du film permet de montrer le contraste entre ces deux attitudes diamétralement et volontairement opposées : « le frère n°2 propose au frère n°1 une place

prend l’ascenseur, le n°1 monte allègrement par l’escalier »151. Nous sommes ici dans une opposition binaire et symbolique entre le sain et le malsain152 qui renforce la stigmatisation latente des comportements inactifs, de plus en plus représentés comme irresponsables.

Les scénarios consultés évoquent l’idée que le corps humain doit être physiquement éduqué, par la diffusion de ce qui est considéré comme le geste « normal », en opposition aux postures dangereuses. Ils confirment l’influence du courant de médicalisation qui caractérise l’hygiène et la sanitarisation depuis le milieu du siècle, portée par les membres actifs de la commission de travail, largement issus du champ de la santé publique. La transmission du « bon » geste relève d’une diffusion normative de l’entretien du corps (ou de l’apprentissage d’une technique du corps153), orientée vers des finalités de rendement, d’utilitarisme. C’est la métaphore du corps humain comme une machine biomécanique154 qui est la plus souvent mobilisée dans les consignes données, dans la mesure où les gestes normés doivent permettre l’efficience du corps155. Il s’agit de diffuser des techniques développant le rendement corporel et permettant aux individus d’accroître leurs potentialités sans risque pour le fonctionnement anatomique du corps, par exemple, en apprenant à soulever une charge dans une position adéquate156. Dans cette perspective, l’aspect psychologique ou psychique, le ressenti de son propre corps ou sur les mouvements produits n’a guère de place, contrairement aux films présentant de façon générique les bienfaits du sport, qui commencent à évoquer le mieux-être apporté par l’effort physique. D’une manière générale, les formes d’engagement dans l’exercice physique sont peu développées dans l’argumentaire des médecins. Si les        

151

Scénario du film « Prévention des maladies cardio-vasculaires » (1970) [A.N. 19850587 Art 2]. 152

Georges Vigarello, Histoire des pratiques de santé, op. cit. 153

Sur la genèse de ce concept, voir Marcel Mauss, Sociologie et anthropologie, Paris, PUF, 1950. 154

Georges Vigarello, Le corps redressé. Histoire d’un pouvoir pédagogique, Paris, Armand Colin, 2004. Voir aussi Jacques Gleyse, L’instrumentalisation du corps. Une archéologie de la rationalisation instrumentale du

corps de l'âge classique à l'époque hypermoderne, Paris, l’Harmattan, 1997.

155

L’analyse menée ici rejoint les travaux de Michel Foucault déjà évoqués. 156

Cela rejoint également les préoccupations dont le système scolaire se veut dépositaire à partir des années 1960, au travers des politiques d’EPUP (Education Physique Utilitaire et Professionnelle). La programmation des Activités Physiques et Sportives des Instructions Officielles du Second degré en 1967 précisent à cet effet :

« Les nécessités de la vie quotidienne résultant du progrès technique demandent à l'homme actuel de moins en moins d'efforts utilitaires, notamment en milieu urbain, et à l'exception des gestes propres à certaines professions. Cependant, dans certains cas, il se trouve dans l'obligation d’employer soudainement et avec à- propos certains gestes utilitaires présentant un maximum d’efficacité et un minimum de risques. Il est donc nécessaire de prévoir, dans tous les ordres d’enseignement, une éducation physique à caractère utilitaire qui prépare les jeunes à ces éventualités. Largement associée à l'idée de secourisme et d'entraide pratique, elle comprend : 1° Les déplacements en situation élevée, et en équilibre, les franchissements utilitaires, les chutes, les réchappes ; 2° Les grimpers, les appuis, les suspensions, etc. envisagés sous l’angle du sauvetage ; 3° Les levers d’engins lourds, les transports de charge, la MANUTENTION MANUELLE, en utilisant les techniques propres à éviter les accidents articulaires et musculaires ; 4° Les porters d’entraide avec ou sans matériel ; 5° Les exercices élémentaires de self défense ; 6° Les premiers soins aux blessés, asphyxiés, noyés. »

conséquences de l’inactivité sont perçues comme des facteurs à risque pour la santé, le sport et l’activité physique apparaissent à l’inverse comme salutaires, de façon parfois idéalisée, et intègrent un ensemble de prescriptions, comme en témoignent ces différents extraits de scénarios :

« Un seul remède, l’exercice physique à l’extérieur. Lui seul peut amener sainement une réduction de poids et une diminution du taux de cholestérol. L’exercice possède un autre avantage de la plus haute importance : il offre 4 fois plus de chance de se tirer d’une crise »157 « Sport complet, sport de base, la natation est le sport de développement par excellence. Sport d’élongation, la natation assure le développement harmonieux de tous les muscles sans hypertrophie disgracieuse, elle développe la capacité de la cage thoracique et fortifie le cœur […] Rien d’étonnant à ce que les enfants qui pratiquent ce sport se portent mieux : bon sommeil, bon équilibre, bon appétit »158.

« L’exercice physique est bénéfique à plusieurs points de vue. Il préserve la régularité du système cardiaque et de l’appareil respiratoire. Il tonifie la musculature, compense, pour la colonne vertébrale, les inconvénients d’une longue station assise. Il régularise le sommeil. Il abaisse la tension artérielle. Il dissout les graisses et développe le sens de l’équilibre, l’adresse, la vitesse, la résistance. Il facilite la digestion. Il favorise la transpiration qui élimine nombre de produits toxiques »159.

Les apports physiologiques de l’exercice physique sont juste évoqués dans les films. Des limites apparaissent donc du point de vue des effets réels engendrés et de leur étayage théorique. Les discours se présentent sans justifications développées s’appuyant en quelque sorte sur la force de l’évidence. Néanmoins, tout effort physique n’est pas comparable aux        

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Scénario du film « Prévention des maladies cardio-vasculaires » (1970) [A.N. 19850587 Art 2]. 158

Scénario du film « Savoir nager » (1970) [A.N. 19850587 Art 2]. 159

efforts sportifs. En catégorisant les pratiques à partir de leurs formes culturelle et sociale, les discours prescriptifs diffusés tendent à classer les bonnes ou mauvaises manières de faire de l’exercice, comme en atteste cette remarque soulignant, que « les activités ménagères ne sont

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