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 3 Repères et approches méthodologiques

Prévention 20 1979-1984 12 min Post-

3.2.  De la disparité des méthodes de conservation 

La culture de la mémoire sanitaire apparaît comme peu développée, voire parfois négligée. Nous souhaitons rapidement témoigner ici du relatif désordre qui caractérise la plupart des centres d’archivage de santé publique, souvent indépendant de la bonne volonté des responsables ou documentalistes rencontrés. Les inventaires fréquemment incomplets sont rarement actualisés et la notice des versements ne correspond pas toujours aux contenus effectifs. De multiples raisons peuvent expliquer cet état de fait. Les instances de santé en France ont beaucoup évolué en cinquante ans, ce qui a multiplié les lieux et les techniques de stockage. Aussi, la consultation des documents nécessaires à cette étude a été partagée entre différentes sources que nous détaillons ci-dessous. L’éducation sanitaire n’étant pas l’apanage exclusif d’un ministère, mais plutôt de structures variées, associatives, privées ou publiques, la collecte des archives reflète le caractère complexe de son institutionnalisation. Ainsi, les centres d’archivage, les techniques de conservation, ainsi que les possibilités de consultation varient considérablement d’une structure à une autre. De plus, malgré le caractère public de la plupart des institutions approchées, les difficultés d’accès ont été nombreuses et les obstacles importants, notamment par le refus de communiquer certains documents. Le jeune chercheur ne fait pas l’enseignant-chercheur, et le statut instable du thésard en STAPS ne justifie que difficilement le droit d’accéder aux matériaux espérés. Ces mésaventures invitent aussi à questionner le droit d’accès aux informations publiques et aux données institutionnelles d’Etat pour chaque citoyen.

Centres consultés

Ces obstacles impliquent nécessairement une multiplication des lieux et des structures fréquentés. Aux institutions nationales, doivent s’ajouter les établissements plus locaux, disposant la plupart du temps d’un service d’archivage spécifique. Instinctivement, nos réflexions initiales nous ont amené à considérer l’importance de quatre structures dans la conservation des archives de santé publique. Les deux pôles initiaux engagés dans la production des films sanitaires, le CFES et la CNAMTS, ont été un point d’ancrage prolifique pour la collecte des données relatives aux actions de prévention des années 1970-1990.

La Caisse Nationale de l’Assurance Maladie des Travailleurs Salariés gère son propre système d’archivage ainsi que son centre de documentation. Les nombreux ouvrages relatifs à l’histoire et la gestion du système de sécurité sociale, dont certains s’inscrivent dans une

perspective historique ancienne, se combinent aux dossiers propres aux campagnes auxquelles a participé la CNAMTS.

D’un autre côté, les possibilités de collecter des traces sur l’histoire du CFES se sont avérées complexes. Transformé en 2002, l’ancien Comité Français n’a laissé que peu d’indices sur les campagnes étudiées, même si les éléments collectés ont été relativement utiles à l’analyse. Qui plus est, de nombreux déménagements, combinés à tout un ensemble d’imprudences116, ont considérablement réduit le volume de documents relatif aux années

1970-90. Cependant, l’INPES propose des conditions de travail intéressantes, et une collection d’ouvrages spécifiques à l’éducation pour la santé et la prévention, dont certains travaux de recherche totalement inédits et non publiés. D’une manière générale, l’INPES effectue des versements réguliers aux Archives Nationales de France (Fontainebleau) et ne conserve que certains types de documents épars (par exemple des copies de rapports d’activités). Les archives restantes de l’ancienne structure (CFES) ont été pour la plupart déposées en plusieurs versements en 2001 aux Archives Nationales. Navigant entre ces deux centres, les premières journées d’étude nous ont permis de collecter une manne importante de documents annexes, utiles pour reconstituer à la fois les relations entre les deux institutions mais aussi leur fonctionnement autonome. Ces trajectoires ont pu être affinées à partir des informations collectées aux Archives Nationales et à la Bibliothèque Nationale de France. Le Centre d’Accueil et de Recherche des Archives Nationales détient la plupart des documents les plus anciens (post 1958) relatifs à l’éducation sanitaire. Ces archives sont versées par les différentes structures évoquées ici, mais comprennent également des documents émanant d’associations prophylactiques ou institutions diverses. C’est lors de nos recherches à Fontainebleau que nous avons trouvé la majorité de notre fonds documentaire, notamment une somme importante de documents relatifs à la préparation des films sanitaires entre 1963 et 1988. Enfin, c’est à la Bibliothèque Nationale de France que nous avons pu compléter nos recherches et trouver certains documents presque inédits, sur les questions de l’éducation sanitaire dans la première moitié du siècle, mais également des renseignements sur les films diffusés par l’ORTF (Office de Radiodiffusion Télévision Française). Les conditions de consultation de cette institution d’Etat, en décalage avec les possibilités de recherche, ralentissent considérablement le rythme du travail. La reproduction des documents

       

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Les d’entretiens avec des salariés actuels de l’INPES ont révélé que de nombreux documents ont été perdus ou détruits par inadvertance, notamment en raison de ces conditions précaires de stockage (inondation d’une pièce de stockage, documents égarés).

étant proscrite, notre sens de la prise de note et notre acharnement se sont avérés être des armes efficaces dans la progression de notre corpus initial.

C’est lors de recherches approfondies dans ces quatre principales structures que nous avons collecté plus de 90% des documents utiles à l’analyse (hors films sanitaires). D’autres organismes viennent s’ajouter dans la liste des recherches, au sein desquels nous avons pu compléter notre littérature et élargir notre éventail d’archives. Ce sont des établissements régionaux ou de proximité, dans lesquels nous avons parfois fait la découverte de documents inédits. Des discussions informelles avec des documentalistes et responsables des Comités Régionaux d’Education pour la Santé (Midi-Pyrénées, Ile de France) ont accéléré la compréhension et la reconstitution historique de ce champ spécifique, permettant de mieux appréhender plusieurs aspects de l’institutionnalisation de l’éducation sanitaire depuis la seconde guerre mondiale, notamment les relations de fonctionnement entre les centres nationaux successifs et les comités locaux (régionaux et départementaux).

Enfin, d’autres institutions doivent être signalées, du fait qu’elles aient été utiles à notre imprégnation du champ de la santé publique et de l’assurance maladie. Nous avons affiné notre compréhension de l’espace politique de la santé par des échanges et les documents consultés à l’ORSMIP et la CRAM-MP. L’Observatoire Régional de la Santé Midi-Pyrénées ne dispose pas d’archives à proprement parler, relatives aux dispositifs engagés localement ou nationalement. Cependant, nous avons pu y trouver la collection complète (au regard de notre périodisation) du magazine La santé de l’homme, édité par le centre national chargé de l’éducation sanitaire depuis 1942. Quelques articles se sont montrés intéressants notamment dans la façon de traduire les directives nationales sur le papier. A l’origine du versement des films sanitaires à la Cinémathèque de Balma, la CRAM de Toulouse ne dispose plus d’aucune trace de cette expérience désormais ancienne. Nous avons quand même recueilli quelques renseignements utiles lors d’entretien informels avec des employés (notamment au service communication) et en étudiant la collection (1967-2010) de la revue d’éducation sanitaire locale éditée par le Centre Régional d’Information.

Les films sanitaires produits entre 1963 et 1988 sous la responsabilité de l’éducation sanitaire et de l’Assurance Maladie ont été recueillis par la Cinémathèque de Toulouse. C’est par l’intermédiaire d’une convention signée avec le centre de recherches et de conservation de la Cinémathèque de Toulouse (site de Balma) que nous avons pu accéder aux films d’éducation sanitaire déposés par la CRAM Midi-Pyrénées. Ce corpus constitue les données de toute la première partie de l’analyse.

En parallèle, certaines institutions ont été contactées afin d’obtenir des renseignements et documents supplémentaires, voire obtenir des contacts pour d’éventuels entretiens. Ainsi, nous tenons à inscrire ici les documents collectés auprès de l’Institut National de la Jeunesse et de l’Education Populaire (INJEP), ainsi que l’Institut National de la Santé Et de la Recherche Médicale (INSERM) et notamment les documents antérieurs à 1964, relatifs à L’Institut National d’Hygiène (INH). Enfin, quelques archives fortes intéressantes ainsi que des contacts privés d’anciens acteurs impliqués dans l’éducation sanitaire par l’exercice physique nous ont été délivrées par la Fédération Française de Cardiologie.

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