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 3 Repères et approches méthodologiques

Chapitre 1  Introduction élémentaire aux films sanitaires

4.  La sous­commission de réalisation des émissions télévisées : mutualiser les compétences pour cibler les choix prioritaires 

4.1.  Les institutions partenaires 

Comme le montre le schéma reconstitué ci-dessus, deux partenaires institutionnels sont dès l’origine (décembre 1962) impliqués dans la production des émissions « Je voudrais

savoir » et collaborent de manière collégiale à la bonne marche de ce projet : Le Centre

National d’Education Sanitaire et Sociale (CNESS) et la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS).

La Caisse Nationale de Sécurité Sociale, organisme administratif d’Etat, profite d’une certaine stabilité institutionnelle depuis la libération77. L'ordonnance du 4 octobre 1945        

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La Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS) devient la Caisse Nationale de l’Assurance Maladie des

Travailleurs Salariés (CNAMTS) avec l’ordonnance du 21 août 1967.

1962 Centre

National d’Education

Sanitaire

Centre National d’Education Sanitaire Démographique et Sociale Centre National d’Education Sanitaire et Sociale 1948  1945 

Comité Français d’Education Sanitaire et Sociale

Comité Français d’Education pour

la Santé

1967 1972

Comité National d’Education Sanitaire et Sociale

Commission chargée de suivre la préparation des émissions télévisées « Je voudrais savoir »

Caisse Nationale de Sécurité Sociale Caisse Nationale d’Assurance Maladie

des Travailleurs Salariés

1959 1960 1963 1952  1966 « Je voudrais savoir » 1 : Mieux vaut prévenir (1959‐1960) Figure 7 : reconstitution chronologique des structures impliquées dans l'éducation sanitaire et sociale (1945‐1975).

prévoit ainsi la création d’un ensemble administratif déconcentré, unifié par une Caisse Nationale, destiné à garantir les droits sociaux et l’assurance sociale des populations. L’article 14 de cette même ordonnance précise que « La caisse nationale de Sécurité Sociale a pour

rôle […] De gérer les fonds destinés à promouvoir, sur le plan national, une politique générale de la Sécurité Sociale et notamment : Un fonds d'action sanitaire et sociale ».

D’autre part, cette institution est soumise au même régime de contrôle que le CNESS, financièrement autonome, sous l’autorité entre autres du ministre du travail et de la Sécurité Sociale.

Le Centre National d’Education Sanitaire et Sociale, institué par le décret du 9 août 1962 au sein de l’Institut National d’Hygiène (INH), prend la suite des structures créées au lendemain de la seconde guerre mondiale, le Centre National d’Education Sanitaire78 puis le Centre National d’Education Sanitaire Démographique et Sociale79. Cette institution à vocation sanitaire jouit d’un statut public sous l’autorité du ministre de la santé publique et de la population, et relève d’objectifs permettant une action large orientée vers la popularisation et l’organisation nationale de l’action sanitaire. Elle est chargée à ce titre « d’assurer la

diffusion dans le public des notions essentielles en matière d’hygiène, de prévention et de soins ; d’élaborer et de mettre en œuvre, à cet effet, des programmes éducatifs »80. Ce qui fait la particularité de ce nouvel organisme au début des années 1960 est son autonomie financière81. Le budget du CNESS constitue une « section spéciale du budget de l’INH »82. Cette marge de manœuvre bien que relative a notamment permis d’apporter à l’éducation sanitaire une nouvelle dynamique et de nouvelles techniques d’information telles que les films de prévention. Les attributions du CNESS seront confiées dès sa dissolution en 1966, au Comité Français d’Education Sanitaire et Sociale (COFRESS), structure d’initiative privée créée au début des années 1950, chargée de centraliser les actions des différentes associations sanitaires du pays83. Cette institution rassemble un collège de spécialistes (médecins,

        78 Arrêté du 17 octobre 1945. 79 Arrêté du 11 mars 1948. 80 Décret n°62-956 du 9 aout 1962. 81

Laurence Tondeur, Contribution pour une efficience de l'éducation pour la santé : le cas du comité français

d'éducation pour la santé, Mémoire de DESS de Communication politique et sociale, 1994, p. 9.

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Décret n°62-956 du 9 aout 1962. 83

conseillers techniques, éducateurs sanitaires), assistés d’un ensemble de personnels administratifs, constituant un groupe effectif de 23 salariés84.

Les deux structures (CNSS et CNESS) témoignent donc d’un intérêt commun, d’une volonté d’étendre les connaissances sanitaires des différents publics, de faire de la propagande sociale et hygiénique à l’aube des années 1960. Leur partenariat est d’ailleurs antérieur à la création de « Je voudrais savoir », puisque la CNSS a pour vocation, par l’intermédiaire du

fonds d’action sanitaire et sociale, de participer au financement de l’éducation sanitaire, en

accordant des subventions annuelles à divers organismes de prévention. Le CNESS est donc très lié et même dépendant de la CNSS, qui finance en majeure partie son budget par des aides financières accordées annuellement. Par exemple, elle participe largement au budget du CNESS dès 1962, par une subvention à hauteur de 80% des dépenses d’actions éducatives (600.000 francs)85. Logiquement, le tiers des représentants du comité de direction du CNESS est constitué de personnels de la CNSS (trois sièges sur neuf), ce qui doit permettre d’engager une collaboration efficace et des intérêts communs à développer le système de Sécurité Sociale. Cette position de force permet également à la CNSS d’exercer un contrôle sur les activités et le choix des dépenses effectuées par le Centre National. Si elle dispose de fonds importants, la Caisse Nationale est limitée en termes d’expertise ou de compétences scientifiques, ce qui restreint ses possibilités d’information et de communication. Elle doit par conséquent s’appuyer sur des prestataires ou des partenaires pour diffuser la pensée sanitaire.

Comme nous l’avons vu dans la période précédente, dès les années 1950 la Sécurité Sociale comprend l’intérêt d’une information grand public par différents biais et notamment la diffusion cinématographique, en investissant particulièrement dans la réalisation de courts- métrages et de programmes d’actualités. Par exemple, pour l’exercice 1960, « un crédit de

1.700.000 NF avait été prévu pour la réalisation d’un programme comportant des films de court métrage, des émissions télévisées et des actualités filmées »86. Soucieux de soigner l’image de la Sécurité Sociale et de valoriser les actions entreprises, les responsables de la CNSS investissent donc massivement dans cette entreprise d’information médiatique. A ce titre, la structure à caractère administratif l’oblige à se prémunir contre toute forme d’endoctrinement : « l’aspect psychologique et politique étant beaucoup plus aigu en ce qui        

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Comité Français d’Education Sanitaire et Sociale, Deux années de réalisations. Bilan d’une expérience (1966

à 1968), p. 5 ter.

85

Rapport d’activité CNSS 1962, pp. 19-20. 86

concerne la Sécurité Sociale entendue au sens large qu’en ce qui concerne les grandes Administrations ou organismes commerciaux, il faut absolument éviter que l’organisme de coordination quel qu’il soit devienne un instrument de propagande entre les mains de quelques personnes »87. Le rôle attribué à chacune des deux parties se doit donc d’être clairement délimité.

La collaboration apparaît rapidement comme prolifique, en témoignent les nombreuses productions élaborées durant les premières années (plus d’une cinquantaine par an). Chaque partie en présence possède des représentants au sein de la commission de travail responsable de la création des films. A l’origine de la série « Je voudrais savoir », en 1963, la Caisse Nationale de Sécurité Sociale, était seule chargée de la réalisation des émissions, le CNESS ayant un rôle plus « consultatif ». Cependant, le constat d’importantes carences sanitaires et le manque d’experts en éducation dans ce domaine ont conduit la CNSS à conserver la gestion financière des productions et à délaisser au CNESS la partie essentiellement technique et stratégique. Le partenariat évolue donc vers une spécialisation définie des rôles. Ainsi, dès les premiers mois de fonctionnement, « les producteurs (et les réalisateurs) ont pris l’habitude de

s’adresser directement, dans un certain nombre de cas, au Centre National d’Education Sanitaire et Sociale »88. Cette évolution marque donc une inversion dans les rôles attribués aux deux institutions : d’une part un rôle essentiellement financier pour la Caisse Nationale de Sécurité Sociale, et de l’autre un rôle essentiellement éducatif et sanitaire (rôle de conception des contenus) pour le Centre National d’Education Sanitaire et Social (puis le Comité Français d’Education Sanitaire et Sociale à partir de 1966). Ce partage des tâches perdure avant d’être définitivement validé en 1969 : « Le Comité Français apporte son concours

technique à la Caisse Nationale de Sécurité Sociale pour l’élaboration de séquences télévisées présentées chaque semaine sous le titre : Je voudrais savoir […] Ces émissions se poursuivent à un rythme très satisfaisant et les commentaires que nous recevons en soulignent l’intérêt croissant et les progrès. »89.

Nous voyons bien dans cette partie que la Sécurité Sociale impulse la diffusion de films et qu’elle engage un partenariat avec les structures successives chargées de l’éducation sanitaire et disposant des connaissances nécessaires à cette entreprise. Il convient désormais de se pencher plus précisément sur le rôle de chaque intervenant de cette alliance et de        

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Commission supérieure des allocations familiales, Procès-verbal du 21 mars 1958. [A.N. 19930592 Art 6] 88

Rapport de 1964 sur la réalisation des émissions télévisées « je voudrais savoir », p. 3. [A.N. 19780555 Art 10]

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Comité Français d’Education Sanitaire et Sociale, Deux années de réalisations. Bilan d’une expérience (1966

montrer la place des experts et leurs apports au sein de ce dispositif particulier, afin d’en faire ressortir les dimensions cognitives et stratégiques. La compréhension des choix des sujets et des contenus des messages passe inévitablement par ce travail.

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