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Dans cette seconde focale portant sur la comparaison de films de périodes différentes, notre analyse parallèle se porte sur deux productions relatives à la thématique « sport-santé ». La multiplication des films valorisant les activités physiques dès la fin des années 1970 montre la généralisation de cette problématique, notamment en réponse aux désagréments de la vie urbaine. Les deux réalisations choisies traitent globalement des rapports entre l’exercice physique, la sédentarité, la prévention et la santé. Elles ont été réalisées à environ dix ans d’intervalle. « Garder la forme » (collection Je voudrais savoir) a été diffusée entre 1973 et 1975, tandis que la seconde, « Sport et prévention » (Collection Objectif santé) date de 1982. Notons que ce dernier document a été choisi parmi un ensemble plus large de films traitant de ce même sujet à la même période : « Le sport et la santé » (1982-1984), « Pleine forme ou

sportez-vous bien » (1983), « Le sport, passeport pour la santé » (1985). Une analyse rapide

nous montre des contenus proches et des arguments scientifiques à priori comparables.

Film 3 Film4

Titre Garder la forme Sport et prévention

Année 1973-1975 1982

Série Je voudrais savoir Objectif santé

Durée 9min 50s 10min 16s

Producteurs CNAMTS/CFES CNAMTS

 

Cette fois encore, ces deux bandes sont sensiblement construites de la même manière et proposent une durée de dix minutes avec des structures analogues, organisées en trois parties distinctes. Elles comprennent, dans un premier temps de présentation, la mise en lumière des causes de la sédentarité et du manque d’activité physique chez les populations urbaines, puis les risques encourus par ce manque d’exercice corporel. Enfin les éventuelles solutions à adopter pour y remédier et réduire l’apparition de pathologies associées. Malgré l’intervalle de temps, les contenus sont fort semblables, ce qui permet à première vue de constater une relative permanence des connaissances utilisées sur le sujet.

Le constat de départ est unanime et simpliste : « la vie moderne ne favorise guère

l’exercice physique » (film 4), « l’homme ne marche plus : il roule, il vole, il monte en ascenseur » (film 3). Les arguments développés d’emblée montrent que l’évolution des

sociétés modernes, notamment les progrès de la mécanisation ont un effet pervers qui affaiblit les dispositions physiques des populations. Le corps humain qui, nous dit-on, a gardé la même constitution qu’autrefois, connait désormais un déficit de dépenses énergétiques. Ceci contraste avec l’apport calorique d’une alimentation trop riche ou la multiplication d’affections corporelles dues au tabac ou à l’alcool. Ainsi, dans « Garder la forme », la question de l’alimentation, voire de la suralimentation, est rapidement abordée en interpellant directement le téléspectateur : « Et puis nous mangeons trop ! Alors nous devenons un peu

trop gros, un peu trop gras » (film 3). La problématique de la balance énergétique se

concrétise d’ores et déjà dans les contenus de ce film. Dans le film 4, il est davantage question d’une analogie entre le corps humain et un moteur mécanique, qu’il s’agit d’entretenir correctement et de ne pas laisser « s’encrasser », en pratiquant régulièrement un effort physique. Les contenus usent donc de nombreux schémas physiologiques, destinés à comparer le fonctionnement au repos et à l’effort des grandes fonctions vitales (respiratoire, musculaire et circulatoire).

Les deux films insistent avant tout sur l’aspect préventif des pratiques corporelles et sur les liens entre la sédentarité et les risques d’apparition de pathologies. Les principales craintes concernent la multiplication de troubles cardio-vasculaires, plus fréquents chez les sujets sédentaires. Cependant, aucun argument scientifique ou statistique médicale ne vient corroborer ces affirmations. Les affections cardio-vasculaires sont le mal de la fin du XXème siècle et la lutte contre la sédentarité émerge sensiblement durant cette même période, mettant en avant le lien de cause à effet qui les réunit. Le film 4 va même plus loin en abordant

rapidement la question de la rémission de certains malades grâce aux pratiques physiques, ainsi que les effets bénéfiques de la pratique pour les personnes âgées.

Ces remarques rapides soulèvent néanmoins une différence significative entre les films 3 et 4, qui fait écho à la comparaison précédente sur les films du troisième âge et nuance l’appréciation initiale. La finalité de la pratique diffère quelque peu. Dans « Garder la

forme », ce sont les maladies ostéo-articulaires qui priment, notamment avec les

préoccupations relatives aux affections de la colonne vertébrale. L’aspect utilitaire de l’entretien physique est donc ici premier, et la pratique semble s’imposer comme une nécessité pour préserver des positions de manutention correctes selon des critères biomécaniques. A l’inverse, dans « Sport et prévention », l’aspect psychologique est davantage mis en avant et fait une plus grande place au sport « plaisir », un « besoin » pour ceux qui sont « soucieux de leur santé ». L’attention sur le corps émerge donc davantage dans cette dimension de bien-être physique : « ils courent pour le plaisir, parce qu’ils en ressentent

le besoin » (Film 4). Cette logique argumentaire s’oriente donc vers la pratique régulière d’un

exercice corporel comme un élément déterminant, associé à une « hygiène de vie » globale, en compensant les effets des loisirs passifs modernes (télévision par exemple). Ce « code de conduite » met désormais à l’épreuve le comportement global de l’individu, en précisant toutefois qu’une activité physique « ne compensera pas les erreurs que vous pourrez

commettre par ailleurs ». Le film « Sport et prévention » tend donc davantage à motiver les

téléspectateurs à s’engager d’eux-mêmes dans une pratique physique et à s’autocontrôler dans les autres pratiques quotidiennes.

Quels conseils de pratique ?

Les modes d’exercice présentés évoluent de manière significative, en restant cependant attachés aux pratiques « traditionnelles ». Dans les deux films, les activités dites « de base » sont privilégiées et présentées comme apportant une constitution physique complète et durable, tant sur le plan musculaire que sur le système, par exemple, cardiovasculaire ou circulatoire : marche, jogging, cyclisme… mais aussi natation et parcours de santé. A partir des années 1980, et corollairement à l’engouement pour le sport à tout âge, d’autres pratiques sont mises en avant : aviron, sports d’équipes, ski… (Film 4).

Les deux scénarios insistent sur la régularité, mais les conseils de pratique montrent des discordances. En 1975, il est recommandé de pratiquer un peu chaque jour et d’ajouter

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