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Des panels citoyens délibératifs sur l’avenir du fédéralisme

B. Les trois outils de collecte de données

1. Deux questionnaires

Le recours au questionnaire constitue le premier pilier de cette triangulation. Avec ses questions fermées, assorties de plusieurs propositions, cet outil permet de cerner les thématiques étudiées selon les mêmes indicateurs pour tous les participants. Ce faisant, il offre un complément essentiel aux discussions en focus groupes. Concrètement, chaque panel a débuté par la passation d’un questionnaire – le pré-questionnaire (T1) – et s’est conclu avec la passation d’un questionnaire quasi-identique321 – le post-questionnaire (T2). Souvent utilisé dans une approche quantitative, dans le cadre de cette recherche, le questionnaire n’a pas vocation à générer des résultats généralisables statistiquement à l’ensemble de la population. Plutôt, il vise à recueillir des informations d’une manière uniforme pour l’ensemble des participants du panel, facilitant ainsi la comparaison au sein d’un même terrain et entre les différents terrains – puisque nombre de questions sont identiques ou à tout le moins similaires, dans les quatre terrains. Compte tenu de la difficulté inhérente à la réalisation d’un questionnaire pertinent et valide322, une attention

particulière a été consacrée à la confection de celui-ci pour chaque terrain.

Tout d’abord, avec Roger MUCCHIELLI, il faut se rappeler qu’un « questionnaire ne doit pas être considéré comme une liste de questions »323. Un questionnaire doit donc

320 Lorraine Savoie-Zajc, « Triangulation (technique de validation par) », in Dictionnaire des méthodes qualitatives en

sciences humaines, Alex Mucchielli (dir.) (Paris : Armand Colin, 2004), 319.

321 Il y a deux grands types de différences entre les deux questionnaires. D’une part, comme nous

l’expliquerons ci-dessous, la modalité « je ne sais pas » a été retirée en T2 pour les questions d’opinions – mais pas pour celles de connaissance. D’autre part, certaines catégories de questions telles que les indicateurs sociodémographiques ou les questions d’auto-évaluation de la participation n’ont logiquement été posés qu’une seule fois. Dans les annexes fournies sur le DVD, on pourra consulter tous les questionnaires utilisés.

322 Claude Javeau, L’enquête par questionnaire. Manuel à l’usage du praticien, 4ème éd. (Bruxelles : Editions de

l’Université de Bruxelles, 1990).

323 Roger Mucchielli, Le questionnaire dans l’enquête psycho-sociale (Paris : Librairies Techniques/Editions Sociales

former un tout cohérent, ni trop court – pour ne pas aborder que trop superficiellement les thématiques étudiées – ni trop long – pour éviter que la fatigue ou la lassitude ne gagne les répondants. C’est pourquoi, le questionnaire proposé aux participants compte une soixantaine de questions presque toutes fermées et proposant des modalités de réponses324. Celui-ci aborde les différentes dimensions de la recherche – l’information et la connaissance politique, la perception politique, les identités et les sentiments d’appartenance, la perception de l’autre et, enfin, les préférences – ainsi que des indicateurs politiques tels que l’intérêt pour la politique et l’identification partisane et les indicateurs sociodémographiques classiques325.

Ensuite, deux précisions méthodologiques doivent être apportées. D’une part, certaines recherches ayant montré un effet possible de l’ordre de questions326, celles-ci ont

été ordonnées en présentant d’abord les questions de connaissance politique avant d’interroger les répondants à propos de leur intérêt politique et surtout leurs perceptions et préférences politiques. D’autre part, une modalité « Je ne sais pas » est proposée pour toutes les questions de connaissance mais également d’opinions dans le questionnaire T1 afin de correspondre au mieux à la perspective de la recherche qui est de permettre aux citoyens de s’informer en participant au panel. En T2, cette modalité a été retirée du questionnaire pour les questions d’opinions – à propos des perceptions et des préférences – afin d’inviter les répondants à se positionner, même si la possibilité implicite de ne pas répondre était toujours possible. Ce choix qui pourrait paraître a priori surprenant est, cependant, communément admis dans la pratique des questionnaires327. Par contre, afin

d’éviter un phénomène de guessing bien connu, quoique controversé, des chercheurs depuis les années 1950328, la modalité « Je ne sais pas » a été conservée en T2 pour toutes les questions de connaissance politique.

324 Les questionnaires T1et T2 pour les quatre terrains de la recherche sont présentés en annexes.

325 Le sexe, l’âge, le lieu de vie, si le répondant a vécu ailleurs dans le pays, la connaissance de l’autre langue

nationale, l’occupation et le niveau d’études.

326 George F. Bishop et al., « Political Information Processing : Question Order and Context Effects », Political

Behavior 4, n°2 (1982) ; George F. Bishop et al., « Interest in Political Campaigns : The Influence of Question Order and Electoral Context », Political Behavior 6, n°2 (1984) ; Mirta Galesic et al., « Eye-Tracking Data : New Insights on Response Order Effects and Other Cognitive Shortcuts in Survey Responding », Public Opinion Quarterly 72, n°5 (2009) ; Neil Malhotra, « Order Effects in Complex and Simple Tasks », Public Opinion Quarterly 73, n°1 (2009).

327 Javeau, L’enquête par questionnaire. Manuel à l’usage du praticien, 73.

328 Alex C. Sherriffs et Donald S. Boomer, « Who’s Penalized by the Penalty for Guessing? », Journal of

Educational Psychology 45, n°2 (1954) ; Malcolm J. Slakter, « The Effect of Guessing Strategy on Objective Test Scores », Journal of Educational Measurement 5, n°3 (1968) ; William H. Angoff, « Does Guessing Really Help? », Journal of Educational Measurement 26, n°4 (1989) ; Arno M. M. Muijtjens et al., « The effect of a ‘don’t know’ option on test scores : number-right and formula scoring compared », Medical Education 33, n°4 (1999) ;

Enfin, il était rappelé aux répondants dans l’en-tête du questionnaire qu’il n’y avait pas de bonne ou mauvaise réponse, que seule leur opinion nous intéressait, que les réponses étaient anonymes et uniquement utilisées pour la recherche. En outre, il leur était demandé de ne sélectionner qu’une seule réponse par question – les réponses doubles ont été exclues de l’analyse. À la fin du questionnaire T2, un espace était prévu pour permettre aux participants d’y inscrire leurs éventuels commentaires sur le questionnaire et sur l’ensemble de la rencontre. Signalons, pour conclure, qu’aucun participant n’a refusé de compléter le questionnaire, ni en T1, ni en T2.

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