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La connaissance politique au travers des 15 indicateurs du questionnaire

Les citoyens belges francophones et le fédéralisme en Belgique

C. L’organisation et le déroulement

II. Les perceptions fédérales des citoyens belges francophones

1. La connaissance politique au travers des 15 indicateurs du questionnaire

Tout d’abord, rappelons que les questions posées ne visent pas à tester purement et simplement les connaissances des participants – il n’y donc aucun jugement de valeur – mais plutôt à essayer de capturer la compréhension du système fédéral par les citoyens en posant des questions sur des éléments importants – certains plus que d’autres – de ce système. Le Tableau 3.3 reprend l’ensemble des 15 indicateurs de connaissance politique du questionnaire402.

Tableau 3.3 Connaissance politique : 15 indicateurs (en nombres réels) Indicateur Réponses correctes en T1 Réponses correctes en T2 Différence entre T2 et T1

PBF_Q11 "Date Belgique État fédéral" 20 36 16

PBF_Q12 "Premier ministre fédéral" 61 61 0

PBF_Q13 "Ministre-président wallon" 41 43 2

PBF_Q14 "Ministre-président flamand" 34 40 6

PBF_Q18 "Gouvernement compétent pour l’éducation"

56 59 3

PBF_Q19 "Gouvernement compétent pour la défense"

60 60 0

PBF_Q20 "Gouvernement compétent pour l’agriculture"

44 49 5

PBF_Q21 "Gouvernement compétent pour la justice"

58 60 2

PBF_Q26 "Gouvernement fédéral dépense plus pour pensions ou aide étrangère"

28 30 2

PBF_Q27 "Gouvernement fédéral dépense plus que RW et CF"

20 21 1

PBF_Q28 "Gouvernement finance sécurité sociale"

51 57 6

PBF_Q31 "Parti plus de voix en Flandre" 60 59 -1

402 Pour connaître le libellé exact de chaque question ainsi que les modalités de réponse, le questionnaire T1 et

PBF_Q32 "Parti francophones plus de sièges"

57 58 1

PBF_Q33 "Ordre de succession au trône" 62 62 0

PBF_Q34 "Proportion néerlandophones francophones"

56 63 7

Nombre de répondants = 64.

La lecture du Tableau 3.3 révèle que le niveau de connaissance politique, tel que mesuré par ces 15 indicateurs, est élevé parmi les participants au panel – cela n’est guère surprenant puisque nombre d’entre eux, comme nous l’avons souligné, s’intéressent à la politique. Ensuite, certaines questions semblent toutefois plus difficiles et recueillent en T1 la moitié ou moins de la moitié de bonnes réponses. Il s’agit de la date de la Belgique fédérale, le nom du Ministre-président flamand, si le gouvernement fédéral dépense plus pour les pensions ou pour l’aide étrangère et, enfin, si le gouvernement fédéral dépense plus que la Région wallonne et la Communauté française réunies.

Ainsi, la moitié des participants ne sait pas, au début du panel, que la Belgique est officiellement devenue un État fédéral en 1993 et, plus important, que le gouvernement fédéral dépense plus pour les pensions que pour l’aide étrangère et que ce même gouvernement dépense plus que la Région wallonne et la Communauté française réunies, en grande partie en raison du financement des soins de santé. Enfin, seule une courte majorité peut donner le nom du Ministre-président flamand – Kris PEETERS – alors que presque tous connaissent le nom du Premier ministre mais seulement sept de plus (41 contre 34) le Ministre-président wallon. On peut probablement déceler ici l’indice d’une meilleure connaissance – et donc d’une meilleure perception ? – du niveau fédéral par rapport au niveau fédéré. Il sera dès lors utile de vérifier cette hypothèse en analysant les discussions ainsi que les autres dimensions des perceptions.

D’une manière générale, on remarquera l’augmentation de la connaissance politique au sein du panel entre le début et la fin de la journée. Parmi les indicateurs de connaissance politique, l’évolution de neuf d’entre eux s’explique largement par la « simple » augmentation de connaissance suite à la participation – ce sont d’ailleurs les mêmes participants qui sont concernés. Néanmoins, certains indicateurs nécessitent une attention plus particulière comme celui à propos de la date officielle de la Belgique fédérale. Ce dernier ne manque pas de soulever certaines questions. En effet, si le processus de fédéralisation a commencé au début des années 1970, la Belgique est officiellement un État fédéral depuis 1993 seulement. Cette confusion possible entre les deux dates ressort clairement dans les réponses présentées au Tableau 3.4.

Tableau 3.4 La Belgique est officiellement un État fédéral depuis… (en nombres réels) Modalité de réponse T1 T2 Différence entre T2 et T1 1830 12 4 -8 1970 23 22 -1 1993 20 36 16 2001 3 1 -2 Je ne sais pas 6 1 -5 Nombre de répondants = 64.

La différence entre le T1 et le T2 est remarquable à deux égards. D’une part, alors qu’un plus grand nombre de répondants – une majorité relative – opte pour 1970 au T1, une majorité – absolue cette fois – répond correctement au T2 ; signalant ainsi un phénomène d’apprentissage au cours de la journée qui concerne 16 des 64 participants. D’autre part, les personnes qui ont choisi 1970 au T1 n’ont pas, à une exception près, changé d’avis à la fin de la journée. Ce dernier élément montre que même après une journée entière, ponctuée par un double processus d’information et d’interaction via des discussions, certains participants conservent leur opinion antérieure. Cependant, ce choix pour 1970 n’est pas tout à fait incorrect et répond à une certaine logique puisque cette date marque le début de la transformation du pays d’un État unitaire à un État fédéral. De cette évolution, deux enseignements peuvent être tirés : premièrement, les personnes qui n’avaient pas une connaissance précise sur la question seront les plus enclines à apprendre403 ; deuxièmement, les personnes qui par contre ont une connaissance précise

mais erronée ne changeront pas nécessairement d’avis même après un processus d’apprentissage.

Les résultats de deux autres indicateurs (Q26 et Q27) permettent d’éclairer, d’une autre façon, les conséquences du processus d’information sur les participants. Parmi les 15 questions de connaissance politique posées, seuls deux indicateurs n’ont pas reçu une majorité de réponses correctes. Ces deux questions concernent les dépenses publiques. Ce sujet n’a pas été directement traité par les intervenants que cela soit les experts ou les hommes politiques. On ne sera dès lors guère surpris que le niveau de réponses correctes n’ait pas augmenté significativement, comme l’indique le Tableau 3.3 ci-dessus. Plusieurs réflexions naissent de la lecture de ces résultats. Face à un sujet qu’ils maîtrisent mal, les

403 Cet enseignement correspond aux résultats obtenus dans le cadre d’autres expériences délibératives ; voyez

notamment Neijens et de Vreese, « Helping Citizens Decide in Referendums : The Moderating Effect of Political Sophistication on the Use of the Information and Choice Questionnaire as a Decision Aid ».

participants n’ont pas hésité à avouer qu’ils ne savaient pas – alors que la littérature sur l’opinion publique, mentionnée ci-dessus, nous apprend que le phénomène du guessing est fréquent. En outre, au terme de la journée, ils sont un peu plus nombreux à avoir opté pour la modalité « Je ne sais pas » qu’en début de journée. La participation au panel a probablement permis aux participants de prendre conscience de la complexité de certaines questions. Ainsi, devant une question dont le sujet n’a pas été directement traité pendant la rencontre, ils ont préféré ne pas y répondre. Néanmoins, on peut également remarquer que le nombre de personnes optant pour une mauvaise réponse a sensiblement diminué entre le T1 et le T2. Indirectement donc, il y a eu un processus d’apprentissage chez certains participants. Au final, on peut donc avancer que le panel a permis à certains citoyens de se forger une meilleure appréciation de leur propre connaissance.

Partant de ces données, à des fins de synthèse, les participants ont été répartis en trois positions selon leur index de connaissance politique. Pour ce faire, un index individuel des réponses correctes a été généré, à la fois pour le T1 et pour le T2. Les résultats présentés au Tableau 3.5 confirment le niveau élevé de connaissance politique pour nombre de participants mais ils montrent également que certains d’entre eux ont une moins bonne connaissance du système fédéral.

Tableau 3.5 Index de connaissance politique (en nombres réels)

Index de connaissance politique T1 T2

Différence entre T2 et

T1 Index de connaissance politique faible

(0 à 5 réponses correctes)

4 1 -3

Index de connaissance politique moyen (6 à 10 réponses correctes)

17 14 -3

Index de connaissance politique élevé (11 à 15 réponses correctes)

43 49 6

Nombre de répondants = 64.

Dans notre étude des perceptions des citoyens, cette caractérisation plus fine de la dimension connaissance politique est importante car elle constitue une première étape du cheminement analytique. Poursuivant celui-ci, un aspect intrinsèquement lié à la connaissance politique doit être étudié : le niveau d’information.

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