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Le développement de la logique territoriale

Paragraphe 2. La lutte contre les inégalités

Du fait de ses objectifs de développement ponctués par la valorisation de l’initiative privée, la décentralisation concoure ainsi la production des biens et de ressources du niveau local, régional et partant au niveau central. En principe, à la suite des différentes lois de la décentralisation renforçant les capacités des collectivités locales concernées et le développement des initiatives de proximité l’on s’est vu espérer une amélioration du cadre de vie actuel des populations. Les enjeux de la décentralisation demeurant multiples et notamment plus orientée vers l’ordre politique, et Socio-économique. Le rétablissement d’un équilibre sociétal est concomitant à l’accès à l’emploi pour tous (A). Cependant, l’espérance en cet idéal sociétal oblige forcement à un rehaussement des ressources locales, utiles pour l’aboutissement de la décentralisation (B).

A. La promotion de l’emploi

La question de l’emploi, dans le cadre de la décentralisation a souvent été placée au cœur des politiques de développement local. Par sa proportion à garantir au plus pauvres, la possibilité de « bénéficier d’un travail et de revenus permettant d’assurer leur propre existence »375, elle est souvent au centre des programmes d’aides au développement. Dans plusieurs États d’Afrique de l’Ouest tel que la Côte d’Ivoire, le Sénégal et le Mali, le

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R. EPSTEIN, Gouverner à distance : quand l’État se retire de ses territoires, Publié dans la revue Esprit -dossier « des sociétés ingouvernables ? », n°11, 2005, p. 96.

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149 programme (I.P.E.), Initiative pour la Promotion de l’Emploi, s’inscrit à l’échelle nationale, dans le cadre de la volonté de parvenir au développement humain.

En milieu rural, l’adoption de ce programme a permis le recrutement de plusieurs agents municipaux sérieusement formés à l’exercice de leurs fonctions administratives à travers le pays. Cependant, de façon générale, « l’appui à l’emploi des plus démunis et les mécanismes d’aide censés favoriser l’insertion par l’économique sont encore peu nombreux »376. Pour le reste de la population, n’exerçant pas de fonctions administratives, le rôle des I.P.E. consiste en un accompagnement dans leurs activités, à partir d’outils tels que les microcrédits et d’autres mécanismes y afférant, comme la formation professionnelle pour les individus, et l’accompagnement techniques pour les entreprises.

À l’échelle internationale, il se déploie dans un contexte marqué par la volonté des États à promouvoir le développement humain durable et à lutter contre la pauvreté, conformément aux recommandations et plans d’action des grandes conférences internationales. Ce sont notamment le Sommet Mondial pour le Développement Social et le plan d’action du Sommet du millénaire. Le programme vise principalement à l’amélioration du niveau de développement humain des populations, au moyen de l’élargissement des opportunités de choix qui leur sont offerts en matière de source de revenu. Et ce à travers la mise en œuvre, dans le cadre d’un processus global et intégré, d’outils opérationnels visant l’appui et la promotion de trois volets stratégiques que sont les activités génératrices de revenus et d’emploi, l’initiative privée, et le renforcement des capacités locales. Il sera concrétisé à travers la mise en place de la maison de l’initiative, qui est une plate-forme locale, au service du développement humain durable.

Cependant, « la croissance économique inégalitaire est peu inclusive et insuffisante pour répondre aux défis des jeunes en termes d’activités rémunérées »377. Selon Philippe HUGON, les indicateurs internationaux comportent des limites et ne servent qu’à entretenir un mythe de développement. Ceux-ci ne prennent pas en compte que très partiellement la réalité des états africains dans lesquels la démographie galopante fait chuter le PIB par habitant.

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Id.Ibid.

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B. L’apport des coopérations décentralisées

Les insuffisances les plus notables ont été enregistrées en matière de coopération décentralisée et concernent à la fois les acteurs et les activités requises en la matière.

En effet, le diagnostic fait de la coopération décentralisée met en relief le manque d’implication des collectivités territoriales dans les projets, l’absence de responsabilisation des acteurs locaux dans la maîtrise d’œuvre, la négligence des expertises nationales et locales, la faible implication de la diaspora ivoirienne et l’absence d’une harmonisation des procédures des partenaires. En outre, de nombreuses missions sont effectuées par les élus locaux dans le cadre de la coopération décentralisée à l’insu de leur tutelle et des représentations diplomatiques. Ainsi, il est souvent difficile au Ministre en charge des entités décentralisées d’être au fait des partenariats conclus par les collectivités territoriales ivoiriennes avec celles des pays hôtes.

Par ailleurs, les résultats des missions des élus locaux sont souvent mitigés du fait de leur manque de connaissance des réalités des pays qu’ils visitent, et les dons issus de la coopération décentralisée sont souvent inadaptés et ne permettent pas aux populations destinataires d’en tirer profit. Ainsi, par exemple, pour un pays tropical comme la Côte d’Ivoire, des dons de matériels de chauffage a été enregistrés de la part de certains donateurs.

Enfin, non seulement les difficultés financières que connaissent la plupart des collectivités territoriales ne leur permettent pas d’effectuer des missions à l’étranger, mais, également la faible appropriation du concept de coopération décentralisée, doublée d’une connaissance approximative des procédures dans la pratique, pénalise bon nombre d’élus locaux aussi bien dans leur quête de partenaires techniques et financiers que dans le montage de projets éligibles auprès des partenaires au développement.

Face à ces insuffisances ainsi examinées, qui contribuent à annihiler les efforts déployés pour atteindre les objectifs de la décentralisation dans ce domaine, il y a lieu d’envisager, au titre des perspectives, l’élaboration d’un guide de la coopération décentralisée.

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Section 2 : Le manque de ressource nécessaire au processus de

décentralisation

« Une meilleure gestion locale ne requiert pas moins d’État mais « mieux d’État »378. La décentralisation de ce point de vue implique une forte mobilisation des acteurs politiques africains, généralement, réticents aux changements que nécessite l’adoption d’une telle mesure. Ainsi, le Mali qui dans les années 2000 avait entamé un vaste processus de décentralisation a « finalement maintenu la vieille circonscription administrative de l’arrondissement (chapeautant maintenant une à quatre communes) dirigée par un sous-préfet »379.

La décentralisation en Afrique est souvent menée à contrecœur par les dirigeants africains, ce qui se traduit par un sérieux manque d’accompagnement, un déficit de stratégique, et des conditions concrètement difficiles pour l’émancipation des collectivités territoriales. « Si l’enjeu final de la décentralisation est la ré-légitimation de l'État, dans bien des pays, l’État semble avoir du mal à y trouver sa place »380 parfois à cause du sous-développement qui ne permet pas un véritable transfert des ressources (A).

Cependant, dans la mesure où le processus de décentralisation est maintenant plus une réalité nécessaire, les pouvoirs publics n’hésitent pas à se tourner vers certaines alternatives (B).

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