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L’impulsion des économies locales

Paragraphe 1. La réalisation des infrastructures publiques

B. L’urbanisation des zones rurales

Contrairement à l’apparente homogénéité des collectivités territoriales, celles-ci s’avèrent ne pas toute souffrir des mêmes maux, avec la même intensité et les mêmes effets sur la population. Cependant de façon universelle, le désenclavement des zones rurales, apparaît comme le seul moyen d’arriver à maîtriser l’expansion des villes, et à les rendre plus productives.

Tandis que les chiffres concernant l’urbanisation en l’Afrique sont en forte croissance310, il n’est pas rare de constater que leur « taux est souvent fortement différencié du fait de la

305

M. LALEYE, op.cit., p. 65.

306

B. TRAORE, Processus de décentralisation en Côte d’Ivoire : quelles stratégies de planification des activités

des Conseils Généraux pour un développement local participatif réussi ? Mémoire de Master, Université

d’Auvergne, 2010, p. 43.

307

Id.ibid.

308

Discours d’E. MACRON sur la politique de la ville, Tourcoing, 14/11/ 2017.

309

Idem.

310

120 démographie globalement faible (et que) les villes côtières ont partout tendance à prendre des dimensions excessives et presque toujours non maîtrisées »311. Avec l’urbanisme, les pays pourraient réfléchir aux voies et moyens de « réglementer l’affectation des sols et leur aménagement, en conciliant les intérêts des personnes privées, avec la nécessité de préserver certains espaces, tels que les zones agricoles ou les espaces naturels »312. Le développement du réseau routier s’inscrit dans cette optique de développement qui doit quand même respecter des objectifs écologiques, (1). Cependant, il faut également considérer l’apport des équipements marchands (2).

1. Le développement rural

La facilité d’accès aux zones rurales fait partie des innovations nécessaires pour prétendre à une amélioration de la qualité de vie de tous les citoyens et pour lutter efficacement contre leur désocialisation. Dans les zones urbaines et périurbaines, elle aurait pour action de faciliter l’ouverture vers les quartiers pauvres. Les territoires urbains et ruraux d’Afrique de l’Ouest, notamment ceux du Nord pour la Côte d’Ivoire (Korhogo) ou de l’Est pour le Sénégal (Nayé) comptent parmi les zones visées par ces initiatives. Selon le programme d’urgence, développé par l’INDH313, il est opportun de penser à développer le réseau routier pour réussir une mise à niveau des territoires sous-équipés, l’insertion des populations défavorisées et l’animation sociale. Devant la profonde inégalité entre les collectivités territoriales, l’ouverture vers l’extérieur par le développement des transports restent le meilleur moyen de faire connaître les zones, les plus lointaines. Un réseau routier accessible s’avère être la solution contre l’enclavement et la fermeture d’une partie des citoyens à la vie politique. Ce projet encouragerait le renforcement et la remise à niveau des communes les plus pauvres des zones rurales. Cette approche a été examinée lors des travaux des maires de l’Afrique de l’ouest314. Selon eux, dans les grandes villes, ce sont les « flux de transports et de circulation qui irriguent

311

A. N. SENE, La place du développement local dans les alternatives à la crise, CGLU (Cités et Gouvernement locaux Unis), Sénégal, Africacité 2012, p. 7.

312

V. DONIER, op.cit., p. 165.

313

L’INDH, l’initiative National pour le Développement Humain est un projet marocain qui vise l’élévation intellectuelle de la société. Quand bien même ce programme a été développé au Maroc, il en ressort que les problèmes indexés sont les mêmes dans les pays ouest africaines. Il est le lieu de s’en inspirer pour prétendre à une réelle décentralisation.

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121 les différents échanges et qui deviennent souvent un des déterminants majeurs du fonctionnement urbain. Le système des équipements étant étroitement lié à celui des gares routières et au réseau de voirie »315.

Encore, les réseaux de distribution des produits vivriers ou des produits importés impliquent la mise en valeur de ces infrastructures routières. Dans cette appréhension contextuelle, un bon réseau routier constitue un moyen de dynamiser des flux d’échange entre les produits vivriers et industriels. Elle est une solution pour maintenir les populations et pour lutter contre l’appauvrissement démographique de ces zones rurales, dont la population est de plus en plus vieillissante. Quand bien même cet aspect infra-structurel est important, il devrait néanmoins respecter les règles du développement vert. De la sorte, tous les projets de développement de réseaux routier devraient se faire dans un souci de réglementation de construction et de respect de l’espace naturel, caractéristique du développement durable. Il s’agirait donc de réussir à développer les collectivités sans dénaturer la flore et la faune, sans porter atteinte à ces éléments capitaux à l’amélioration de l’écosystème, et aussi à la vie.

Toujours dans le but d’améliorer les capacités des C. T, il faudrait à côté du développement rural, penser au développement des équipements marchands.

2. Le développement des équipements marchands

Les équipements marchands se présentent comme des lieux de développement de l’activité commerciale. En Afrique subsaharienne, ils obéissent à la logique du genre de vie des population 316. En effet, à travers le type de quartier, ces équipements revêtent une dimension plus ou plus populaire ou plus organisée. Représentés par les marchés et les centres commerciaux, ils sont un moyen de dynamisation des échanges entre zone urbaine et rurale. Dans une fonction première, ces équipements marchands assurent le ravitaillement entre la ville et la campagne. Dans la plupart des grandes et moyennes villes de l’Afrique subsaharienne, les réseaux de marchés sont essentiels dans les circuits de distribution des

315

T. PAULAIS, Les équipements marchands, Africacité 2012, Dakar, p. 1.

316

S. KAMARA, Croissance urbaine et gestion des infrastructures et équipements marchands à Dakar : Cas des

122 produits de première nécessité (huile, riz, farine, etc.) et des produits manufacturés (tissus, outils, électronique etc.), largement issus du secteur moderne et de l’importation317.

Une seconde fonction est leur capacité à se constituer en zone de développement d’artisanat et de services. En effet, il n’est pas rare que les quartiers bordant les marchés centraux soient devenus progressivement les plus grandes zones d’artisanat et de services de la ville 318 . Le grand marché en Afrique subsaharienne est vraisemblablement l’endroit où l’on peut tout acheter et en n’importe quelle quantité. Il est le lieu où l’on peut également obtenir certains services distincts de l’activité initiale d’échange de produits. L’on peut s’y coiffer, se soigner, se restaurer… Par leur faculté à susciter les dynamiques d’échanges, une bonne gestion des marchés participerait ainsi à l’animation et à la viabilité des territoires.

Malgré les insuffisances que comporte l’accroissement des marchés, liées à la problématique de la gestion des déchets, à son extensibilité toujours difficile à contrôler, ils demeurent un atout considérable pour la valorisation des collectivités territoriales.

Mais à côté de ces marchés se sont multipliés ces dernières années, les centres commerciaux. Caractérisés par une activité commerciale plus moderne, ces centres sont, de plus en plus, valorisés dans les grandes villes. Car contrairement aux marchés, ils permettent de délimiter l’espace de réalisation de l’activité commerciale. Encore cette activité est plus respectueuse des règles d’hygiène à la vue de la qualité des infrastructures utilisés. Elle est moderne et pratique pour les agents de collecte d’impôts. En effet, la collecte d’impôt en Afrique de l’ouest, surtout dans les marchés, se fait au « porte à porte ». Les commerçants ne disposant pas d’adresse fixe et fiable, il n’existe pas de centre de paiement d’impôt où les commerçants sont personnellement identifiés. Cette tâche incombe aux agents municipaux et peut, dans bien des cas, s’avérer dangereuse. Au contraire, les centres commerciaux centralisent l’essentiel des activités économiques. Cependant, quand bien même les centres commerciaux conditionnent un certain équilibre entre les différents équipements marchands, ils ne pourraient pas à eux seuls constituer une vraie source d’émancipation de la ville. Il faudrait l’assimiler aux marchés et ainsi prendre en compte tous les niveaux de vie de la population. Parce qu’elle constitue une source de revenu pour les collectivités, une bonne organisation du domaine marchand

317

T. PAULAIS, op.cit., p. 2.

318

123 permettrait de mieux appréhender cette activité et d’équilibrer les inégalités entre les collectivités territoriales. Elle apporterait ainsi un élément de réponse à la problématique de valorisation des zones rurales, et constituerait de ce fait un excellent moyen d’accroissement des finances des collectivités. Elle permettrait également de développer des politiques urbaines plus cohérentes en vue d’améliorer les prestations publiques.

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