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L’impulsion des économies locales

Paragraphe 1. La réalisation des infrastructures publiques

A. La création de centre de valorisation des ressources locales

Devant l’importance qu’ont les acteurs de proximité dans le développement des dynamiques d’émancipation des collectivités et dans l’accompagnement dans les initiatives y afférant, il s’est avéré indispensable de démultiplier les centres et services administratifs. Tandis que les pays développés, tel que la France, avaient orienté leurs projets locaux vers la nécessité d’améliorer ces services298, les pays en voie de développement ont évolué dans une optique de construction, en vue de combler les lacunes liées à l’inexistence de ces services publics. Il convient donc de déployer des ressources humaines, financières et des locaux publics permettant d’exercer l’activité décentralisatrice, nécessaire à la création des collectivités territoriales (1). Par ailleurs, le renforcement des capacités d’appui aux collectivités, en allouant un cadre idéal d’émancipation pourrait encourager le développement de projets y afférant (2).

297Gouvernement du Québec, Ministère de la Santé et des Services sociaux, Programme national de santé publique, 2003-2012, Mise à jour 2008, gouvernement du Québec, 2008, ISBN 9782550528197, p.63.

298

F. CORNUT-GENTILLE, Modernisation de l’État, qualités des services publics et indicateurs, Rapport du département de la Haute-Marne, Mars 2010, p.28.

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1. La création des collectivités territoriales pour le développement de l’économie locale

Si un enseignement est à tirer, c’est celui de l’importance du lien de confiance qui doit se créer entre administrations et administrés. L’existence et le maintien de lieux d’échanges constituent de ce fait, un soutien aux dynamiques locales299

et sert de base à la décentralisation.

L’espace régional « offrant l’avantage d’une incontestable visibilité dans les actions concourant à l’émancipation socio-économique, politique et culturelle des territoire »300, elle n’a pas été ignorée en Afrique de l’Ouest. Ces espaces sont les communes, et autres collectivités territoriales ou s’exercent l’activité décentralisatrice.

En Côte d’Ivoire, l’introduction de la commune dans le paysage administratif a été instruite par l’administration coloniale dès 1914, avec la création de Grand-Bassam et en 1915 d’Abidjan. Le système communal colonial comportait alors trois différents régimes dont le premier concernait les communes mixtes dont les organes étaient nommés. Le second comprenait les communes de moyen exercice qui disposaient d’un conseil municipal élu et dont le maire était lui aussi nommé. Les communes de moyen exercice étaient considérées comme des « stagiaires qui attendaient de faire leurs preuves de bonne gestion administrative et financière sous la direction de l’administration coloniale »301. Malgré son indépendance, la Côte d’Ivoire, à l’instar de nombreux pays africains, a reconduit la gestion administrative de la période coloniale. Vincent HUGUEUX qualifiait, à juste titre, cette organisation de « politique de centralisation à la française »302. Puis une décennie plus tard, la loi n° 78-07 du 9 janvier 1978, portant création de plusieurs communes a été promulguée, et fut le moteur essentiel pour la réforme de l’État et de l’administration territoriale.

Dans l’optique de répondre au mieux aux exigences de la population, l’État ivoirien a concrètement amorcé son processus de décentralisation dans les années 90, avec le choix de la démocratie comme « modèle de réponse à la complexité anthropologique des sociétés »303

. Dès

299Communiqué de presse,« Tisser la confiance dans les quartiers populaires. Un engagement ignoré, un défi politique », 3ème rapport biennal « Paroles et parcours d’habitants », oriv, Aout 2009, p. 3.

300

M. LALEYE, op.cit., p. 13.

301

R. DEGNI-SEGUI, Droit administratif général, L’organisation administrative, Éditions CEDA, Abidjan, 2002, p.223.

302

V. HUGUEUX, op. cit. p. 24.

303

118 lors, la participation de la population dans les prises de décisions et le rapprochement entre administration et administrés a été institué. Encore, la Constitution de 2000, est venue confirmer le statut constitutionnel de la commune et de la région. La décentralisation et la bonne gouvernance de ce fait ont éclos pour aider à la recherche des voies de réalisation de ce projet, théoriquement, plein de complexité. Techniquement, non seulement des nouvelles communes ont été créées, mais également des infrastructures (des locaux administratifs des collectivités, des crèches, des centres de loisirs, et autres centres artistiques ou culturels) ont été construits pour maintenir les populations et les intéresser à la vie locale. Plusieurs centres urbains, au regard de l’article 1 de 1978304, et à partir de leurs capacités à réussir un développement important et suffisant ont été promus au rang de commune de plein exercice. Ce qui leur garantissait la plénitude des compétences. Mais cette situation a engendré une concentration des infrastructures dans ces zones à très fortes capacité et partant, la migration vers elles des populations des zones défavorisées.

De cette approche est né le besoin de mettre en exergue de nouvelles dynamiques positives en vue de créer plusieurs autres collectivités territoriales et de redynamiser les zones défavorisées ; Et ainsi, multiplier les différents centres de développement du projet décentralisateur.

2. La nécessaire multiplication des centres de développement

Dans les années 2000, la décentralisation a connu un véritable essor en Côte d’Ivoire, avec l’avènement de la nouvelle constitution chargée de bonnes résolutions. Ces résolutions étaient pour la plupart porteuses de progrès surtout en rapport avec le retrait de l’organisation centrale des affaires des collectivités. En vue de réussir l’équipement des localités en infrastructures de base, une véritable politique de création de nouvelles entités décentralisées a été initiée. Plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest, notamment le Sénégal s’inscrivait, à ce moment-là, dans une idéologie parallèle à celle des États décentralisés comme la France, désireux d’améliorer les prestations rendues à la population, en prônant la valorisation des services publics. Quant à la Côte d’Ivoire et au Bénin, ils avaient orienté leur développement vers la création d’infrastructures diverses. Ceux-ci relevaient du domaine éducatif, hôtelier, de l’aménagement

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119 des espaces verts, de la salubrité des villes, de la création d’espace commun d’échange et du commerce tel que les marchés municipaux, pour une harmonisation du développement dans l’ensemble des collectivités décentralisées 305. Dans ces pays jeunes et en pleine évolution, la démarche des organismes au pouvoir visant à se rapprocher des populations, et à tenir compte de leurs aspirations, a permis aux populations locales de se rendre compte de l’importance de leur apport. Car ils pouvaient à travers les élections des conseils municipaux 306, exiger une présence perpétuelle et plus variée de l’administration, en dehors de leur fonction première d’établir localement les actes d'état civil, de mariages, de décès307.

L’État français, quant à lui, à travers le discours du président Macron308, reconnaissait les lacunes relatives à la politique de proximité antérieure dans les quartiers. Pour lui, il est important de proposer le retour à certains services publics de bases « tel que la poste et les maisons de santé »309 et à une efficacité de la police au quotidien.

Tels sont les services qui peuvent être maîtrisés par des États en quête d’émancipation et d’urbanisation.

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