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Le développement de la logique territoriale

Paragraphe 1. L’amélioration du cadre de vie des populations

A. L’accès aux services de base

Depuis plusieurs années, dans les pays en voie de développement, l’accent est mis sur la nécessité de fournir des services de base à la population358. Pour améliorer l'indice de pauvreté communale et réduire ce fléau, il faut agir sur les principaux déterminants de l’amélioration du cadre de vie en générale. Ce sont les efforts consentis au niveau du projet d'électrification des communes, le ratio d'écoles du second cycle sur le premier cycle de l'école fondamentale, les infrastructures sanitaires (centres de santé et pharmacies humaine et vétérinaire) et de loisir, et l'adduction d'eau potable. Toute réalisation au niveau de ces équipements collectifs devrait être accompagnée d'effort national d'électrification des communes concernées au risque de rendre inopérants les investissements consentis. D’où la nécessité d’une complémentarité des actions en vue de la réussite du projet décentralisateur. Ici se trouve le cœur du sujet vu qu’une grande partie des politiques de l’Afrique de l’Ouest agit en privilégiant de mettre la charrue avant les bœufs.

357 P.B. MABOU, Aménagement participatif et amélioration du cadre de vie urbain à Nkolndongo (Yaoundé),

Open Éditions Journal, 2003, p. 9.

358

V. SOUMVILLE, Leçons de l’expérience de la décentralisation en Inde, dans l’État du Kerela, « Décentralisation et Démocratisation en Afrique », Éditions De Boeck, 2006, p. 83.

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1. Le droit à l’électrification

Alors que l'électricité est jugée fondamentale dans les activités de développement parce que constituant un puissant moteur pour la croissance économique l’on est contraint de constater que plusieurs localités en Afrique de l’ouest francophones restent, aujourd’hui encore, coupées du réseau électrique359.

En Côte d’ivoire, malgré les efforts consentis par les différents gouvernements depuis le début des années 2000, seulement 33,4% des localités on accès à ce service de base. En effet, sur 8513 localités existantes, seul 2847 ont droit à ce privilège. Ce qui est un effort considérable dans cette partie du continent qui n’en comptait que le 327 à l’accession à l’indépendance en 1960. Si l’on prend en compte que 59 années se sont écoulées depuis, ce résultat reste médiocre même si en 2017, 65,2% de localité bénéficiait de ce service360. Cependant, le processus d’électrification a réellement débuté lors de la seconde république avec le toilettage de la constitution, rendant les nouvelles lois contemporaines et forcement mieux adaptées aux réalités. De ce fait, en 16 années, 4652 restent encore à bénéficier de ce droit sur 7499 ce qui reste un objectif à atteindre à l’horizon 2025. En 2018, avec l’aide de l’Union européenne, une vaste campagne d’électrification a été amorcée dans le but de permettre à l’ensemble de la population ivoirienne de bénéficier de ce droit. Cependant elle tend à l’amélioration de ce service à travers l’utilisation de l’énergie solaire et aussi à inciter les populations à réduire la consommation dans les bâtiments publics361.

Au Mali en revanche, la situation est tout autre surtout à cause de la montée des islamistes depuis 2012. Dans ce pays, le taux moyen d'électrification des communes n'est que de 1.35% des ménages avec seulement 0.37% en milieu rural pour 7.56% en milieu urbain. Ce taux est en deçà de la moyenne africaine qui est de l'ordre de 10%, taux que le NEPAD (Nouveau

359

Banque mondiale, base de données Sustainable Energy for All (SE4ALL ) dérivée du SE4ALL Global Tracking Framework ( Banque mondiale, Agence internationale de l’énergie et Programme d’assistance à la gestion du secteur énergétique [ESMAP] )

360

Id ibid

361

Ecler Ivoire, Développer l’électrification rurale et améliorer l’efficacité énergétique, Projet d’électrification rurale décentralisée par les énergies renouvelables& efficacité énergétique dans les bâtiments publics en côte d’ivoire, 2018, p. 2.

144 Partenariat pour le Développement de l'Afrique) a proposé d'augmenter à 35% en 2015, nécessitant ainsi des efforts plus importants au Mali362.

Tandis que les pays du monde entier basent leurs recherches sur une transition énergétique efficace et moins polluante, les pays ouest africains se sont engagés dans un processus de mutation de leur production énergétique autrefois à dominance biomasse pour une production plus respectueuse de l’environnement. Il n’est nul doute que L’accès aux services énergétiques plus modernes peut être considéré comme un droit universel pour sortir les pays d’Afrique de leur condition de pauvreté.363 Selon une étude du CACID (Centre Africain pour le Commerce, l’Intégration et le Développement), 237 millions de personnes dans la zone ouest-africaine vivent sans un minimum d’accès à l’électricité. Toujours selon cette étude, le taux d’électrification est seulement de 20 %, ce qui se caractérise par la faiblesse de consommation de services électriques. Par exemple, en Sierra Leone, seulement 24KWh d’électricité sont consommés par habitant (Energy Policy of Sierra Leone, 2009), contre 76 KWh au Benin et 176 KWh en Côte d’Ivoire. Dans le monde en développement, la consommation en électricité est de 1155 KWh et de 10198 kWh dans les pays à revenu élevé364.

Les potentialités de cette nouvelle trajectoire de production seraient multiples qu’ils s’agissent de l’hydroélectrique, du solaire ou du photovoltaïque, ou encore des énergies éoliennes. Tout démontre que les régions ouest africaines ont des prédispositions naturelles pour la concrétisation de ces projets. Encore faudrait-il que les politiques démontrent de leur volonté à concrétiser ce projet. Aussi, il serait nécessaire qu’un véritable élan de solidarité internationale se mette en place pour répondre aux préoccupations de développement que sont la lutte contre la pauvreté en général et le droit aux services vitaux en particulier.

362 D. M. KONATE, Mali : les énergies renouvelables pour électrifier le monde rural, Le 360 Afrique, du

27/07/2017.

363

Rapport de l’OXFAM, Des énergies renouvelables pour lutter contre la pauvreté : le rôle de la France dans

la transition énergétique en Afrique subsaharienne, 21 Novembre 2017, p. 4.

364

S. SARR, L’Afrique de l’ouest face aux enjeux de la transition énergétique, CACID, Integr’Action, n° 4, Mars 2018, p. 2.

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2. Le droit aux autres services vitaux

En dépit des différentes initiatives de développement amorcée depuis le lancement de la décentralisation, de nombreux territoires, urbains, périurbains, et ruraux, souffrent encore de l’insuffisance des accès aux équipements et services sociaux de base. Comme moyen efficace de désenclavement et d’essor des localités, la décentralisation est pensée dans un premier temps pour lutter contre la faiblesse des opportunités d’emploi et d’activités rémunératrices. Ainsi, elle aboutit à une réduction des terreaux propices à l’aggravation des problèmes d’analphabétisme, de scolarisation, de chômage, d’exclusion et d’extrémisme365.

L’élargissement de l’accès aux équipements de base, tels que la santé, l'eau, l'habitat salubre, l'assainissement, le réseau routier, les maisons de jeunes et les infrastructures cultuelles, et sportives devrait permettre un certain épanouissement pour cette partie du monde dont la population est de plus en plus jeune et nécessiteuse de moyens adaptés366. Les lignes directrices

internationales sur l’accès aux services de base pour tous représentent un progrès important dans le programme international. Elles sont conçues pour aborder ces problèmes tout en restant suffisamment souples pour s’adapter aux pays intéresses et à leurs particularités367. Elles

constituent un large cadre d’orientation des réformes politiques nationales dans le cadre notamment de l’habitat qui se veut efficace et durable.

Tels qu’ils sont définis par l’ONU, l’habitat, les services de base contribuent à promouvoir la dignité humaine, la qualité de vie et la durabilité des moyens d’existence, mais il convient de noter qu’ils sont à la fois diversifiés et étroitement liés368. Par exemple, la gestion des déchets, l’approvisionnement en eau et l’assainissement, l’énergie, les transports et les communications requièrent une infrastructure lourde, alors que l’éducation, la santé et la sécurité publique entraînent des coûts opérationnels élevés. Dans l’ensemble, les services de base sont des exigences préalables pour la prestation d’autres services et pour l’amélioration de la capacité de chaque individu de s’engager dans une activité économique.

365

Rapport de l’OXFAM, op.cit., p. 10.

366

Banque Africaine de Développement, Éclairer l’Afrique et l’alimenter en énergie, Chapitre 1, 2016, p.5

367

Id ibid

368

Rapport d’ONU Habitat, Le Programme des Nations Unies pour un meilleur avenir urbain, Paragraphe 84, p. 217.

146 Dans toutes les régions du monde, ces services dits essentiels sont inégalement disponibles et accessibles369. Nombre d’individus, de familles et de collectivités, voire des municipalités et des régions entières, continuent de subir les difficultés d’accès aux services de base. Quelles qu’en soient les causes, cela signifie que les pauvres sont privés de la possibilité de vivre dans des conditions convenables et qu’ils se heurtent à des difficultés lorsqu’ils veulent améliorer leur sort. L’amélioration de l’accès aux services de base pour tous apparaît ainsi comme un moyen de réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement. Elle contribue en outre à honorer les engagements souscrits successivement lors du Sommet planète Terre, du Sommet mondial pour le développement social et du Sommet mondial pour le développement durable. Cela représente un objectif ambitieux qui ne peut se réaliser que progressivement, au prix d’un effort soutenu à long terme. Il faut par ailleurs penser à venir en aide aux personnes en grande vulnérabilité, ou aux besoins spécifiques.

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