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institutionnelle : une approche critique du contrôle de gestion

Section 1 Epistémologie de la recherche

2 La collecte des données

2.3 L’immersion et l’observation participante

En cohérence avec l’approche ethnographique, nous avons choisi l’immersion dans le contexte d’étude. Nous en présentons la démarche (2.3.1.) et ses limites (2.3.2).

2.3.1 Description de la méthode

Dans les deux organisations, NWSC (Ouganda) et PPWSA (Cambodge), le chercheur a été présenté comme un fonctionnaire de l’Etat français, ingénieure de l’eau, qui se formait à la recherche en management public. La mission explicite était d’étudier les clés du succès de la performance de ces opérateurs publics. Cette immersion nous a permis de partager le quotidien des agents travaillant dans ces deux organisations. Partager le quotidien consistait à avoir les mêmes horaires de travail, partager le lieu de travail et les déjeuners. Elle nous a également permis de conduire une observation participante, structurée autour d’échanges avec les agents dans le cadre d’entretiens semi-structurés ou de conversations informelles, de la visite des infrastructures et de l’observation des pratiques opérationnelles (voir Tableau 6 ci-après).

Ouganda Cambodge Cérémonies

25/06/10 Workshop on Every Drop Counts Operation, Kampala Water, Kampala

12/07/10 Réunion des directeurs d’agence, Kampala 04-

06/08/10

Réunion annuelle d’évaluation et de négociations des contrats internes de performance, Tororo

30/03/11 Conférence du Directeur Général, AgroParisTech, Montpellier

13-

15/12/11 Leaders Summit, International Ressources Center, NWSC, Kampala

28/04/11 Conférence du Directeur Général, AgroParisTech, Montpellier Interactions personnelles 21/06 –

03/08/10 Entretiens Pauses café

Déjeuners à la cantine Soirées festives (2)

30/03/11 Réunion de travail avec le Directeur Général à l’AgroParisTech, Montpellier

13-

20/12/11 Entretiens, Kampala

16/12/11 Sessions de brainstorming avec les directeurs d’agences, Kampala 08/08– 09/09/11 Entretiens Déjeuners à la cantine Lieux ou objets 14- 18/06/10

International Ressources Center du NWSC, Kampala

21/06- 03/08/10

Bureau du service de contrôle de gestion et bureaux du Siège, Kampala

05- 16/07/10

Agence de Kampala : Agences de secteur :

08/07 : Kansanga, Tournée avec l’équipe de recherche et réparation de fuite

14/07 : Ntinda

15/07 : Mukono, Visite du réservoir, Tournée avec le commercial officer et un releveur de compteurs 16/07 : City Center, Tournée avec l’équipe de recherche et réparation de fuite et de réalisation de nouveaux branchements

09/07 : Tournée avec l’équipe de réalisation des coupures d’eau

13/07 : Visite de la station de traitement de Gaba 23/07 : Tournée recherche et réparation de fuite avec l’équipe d’intervention centrale de Kampala Water 20-

21/07/10

Agence de Entebbe :

Visite de la station d’épuration d’Entebbe

Tournée avec l’équipe de recherche et réparation de fuite

Tournée avec un releveur de compteurs

08/08/2011 – 09/09/11 Bureau du service de la formation Bureaux du Siège 24/08 : Tournée avec un releveur de compteur 26/08 : Visite d’un quartier périphérique récemment raccordé 30/08 : Tournée de chantier avec le chef de l’équipe chargée des nouveaux branchements 31/08 : Tournée avec l’équipe chargée de lu contrôle des fuites d’eau Visite de la station de traitement de Chrouy Changvar 05/09 : Visite du chantier de la future station de traitement de Niroth 09/09 : Tournée avec l’équipe de pose de canalisation

Quel était notre point d’observation sur l’organisation ? En Ouganda, l’immersion a duré huit semaines au cours de l’été 2010. Nous avons d’abord occupé un bureau pendant trois semaines au sein du service Monitoring and Evaluation, en charge de la conception et de la mise en œuvre des contrats internes de performance. Puis nous avons passé une semaine dans l’agence de Kampala, partagée entre quatre agences de quartier, le siège de l’agence et la visite des principales infrastructures. Nous avons ensuite passé deux jours dans l’agence d’Entebbe. Nous avons pu assisté à deux réunions rassemblant tous les managers du NWSC. La première réunissait les agences de quartier de l’agence de Kampala pour lancer un programme de lutte contre les pertes financières. La deuxième était la réunion mensuelle des directeurs d’agence organisée par la direction de l’ingénierie. J’ai enfin participé aux trois journées d’évaluation et de négociation des contrats internes de performance. Au Cambodge, l’immersion a duré six semaines au cours de l’été 2011, depuis un bureau du service de la formation continue, au rez-de- chaussée du bâtiment hébergeant les bureaux du PPWSA.

Qu’ai-je observé ? Qu’est ce qui est observable ? Béaud et Weber (2010, p. 130) distinguent trois catégories d’événements ou d’objets observables : des « cérémonies » qui sont des événements auxquels participent des groupes d’individus, et auxquels le chercheur peut participer ; des « interactions personnelles ou anonymes » dans lesquelles le chercheur joue nécessairement un rôle ; et « des lieux ou des objets observables » hors cérémonie et hors interactions. Les cérémonies étaient, dans nos cas, des réunions et des conférences auxquelles participaient les acteurs du champ. Les interactions étaient les entretiens, discussions informelles et les réunions que nous avons animés en tant que chercheur. Les lieux ou objets observables étaient les visites des infrastructures, bureaux, lieux de productions et les pratiques opérationnelles. Ces lieux objets et pratiques étaient autant d’occasions de comprendre le lien entre le discours organisationnel sur la performance et ce qui fait l’action quotidienne du service d’eau, au plus près du matériel et des hommes : la production d’eau potable, l’entretien du réseau, la réalisation des nouveaux branchements, les coupures d’eau (uniquement au NWSC), la relève des compteurs, le recouvrement des factures, les relations avec les usagers du service, la recherche de fuites et la pose de tuyaux (uniquement au PPWSA). L’observation participante a été un moyen de comprendre le contexte institutionnel, mais aussi physique (le climat, le rapport à l’eau), organisationnel et les pratiques. En Ouganda, notre accès aux cérémonies, la possibilité d’interagir de manière informelle avec les acteurs de l’organisation (par l’intermédiaire de la langue anglaise) nous a permis de reconstituer le paysage organisationnel et les pratiques, et de constamment discuter de manière approfondie cette reconstitution avec les acteurs.

2.3.2 Limites de la collecte de données par l’immersion

L’observation est nécessairement contrainte, d’abord par ce que le chercheur perçoit, mais aussi par les limites fixées par les acteurs de l’organisation. Le cas cambodgien est devenu secondaire dans ce travail, car la période d’immersion ne nous a pas permis d’entrer suffisamment en relation avec les acteurs de l’organisation, et ce pour trois raisons principales. La barrière de la langue a été le principal frein. Ne pas partager la même langue empêche de développer des relations interpersonnelles, d’avoir accès à la sémantique indispensable pour comprendre les représentations. Seul le Directeur Général et quelques rares managers parlaient couramment une autre langue que le khmer. En second lieu, aucun échange avec les acteurs de l’organisaiton n’ont pu se faire sans surveillance. Si ce fait est en soi intéressant, il a néanmoins fortement pénalisé l’intensité des échanges entre le chercheur et les acteurs de l’organisation. Un dernier frein était notre point d’observation. En dehors des moments où nous avons conduit les entretiens ou visité des infrastructures, le bureau que nous occupions n’offrait aucun point de vue sur les autres bureaux, et était situé dans une aile du bâtiment isolée des activités opérationnelles de l’organisation.

Toutefois, ce cas cambodgien était intéressant pour relativiser certaines caractéristiques du cas ougandais. C’est pourquoi nous l’avons conservé, mais traité différemment. Le cas cambodgien est mobilisé en contrepoint.

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