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La géographie des réseaux que nous ne pouvons qu’esquisser, du fait de leur caractère fragmentaire394, nous semble toutefois suffisamment riche pour être présentée395. Le moyen utilisé pour mesurer l’évolution des réseaux s’appuie sur l’ensemble connu de la correspondance échangée par le Français. Bien qu’elle ne soit pas exhaustive, elle permet d’en retracer fidèlement l’évolution. Le graphique n° 2, représentant les fluctuations des échanges épistolaires entretenus de 1831 à 1858, résume assez exactement l’évolution géographique et l’intensité de ces liens.

Graphique n° 2

Correspondances d'Aimé Bonpland

(1831-1858) 0 20 40 60 80 100 120 140 160 180 200 0 20 40 60 80 100 120 140 160 180 200 1831-33 1834-36 1837-39 1840-42 1843-45 1846-48 1849-51 1852-54 1855-58 C o rr e s p o n d a n c e s é c h a n g é e s Années Corrientes Brésil

Pays limitrophes Europe

Sources : AMFBJAD, CAIC, AGPC, MNHN, AGNBA, AGNM.

Deux phases peuvent dors et déjà être distinguées. La première allant de 1831 à 1842, la seconde depuis cette date jusqu’en 1858. Au cours de la première phase, on constate une immersion croissante vis-à-vis du Río de la Plata, et particulièrement dans la province de Corrientes. Les relations avec l’Europe

394 A ce propos, cf. ESPAGNE Michel, op. cit., p. 195.

395 Les correspondances recensées entre 1831 et 1858 représentent un total de 2 277 entrées, soit

demeurent stables, mais elles deviennent négligeables à la fin de cette période qui culmine entre 1840 et 1842, du fait de l’engagement politique de Bonpland vis-à- vis des conflits rioplatenses.

De par son statut de médecin d’abord, il développe une correspondance qui, très rapidement, prend un caractère politique et militaire, suite aux demandes des autorités locales, principalement correntinas. A partir de 1834, il se lie avec les notables et les militaires de la province. En s’impliquant directement dans les actes, il acquiert une vision plus fine des enjeux politiques rioplatenses. Il convient en 1834 avec le gouverneur Atienza396 qui succède à Ferré en 1833 et qui figure parmi le patriciat de Corrientes, de l’informer des événements frontaliers par l’intermédiaire du commandant de La Cruz397. Les courriers échangés prouvent qu’il devient rapidement un observateur privilégié398. Les autorités lui demandent en 1834 et 1835 d’envoyer de l’armement à la frontière paraguayenne, en plus des renseignements qu’il obtient depuis sa chacra de São Borja des négociants brésiliens, les seuls légalement autorisés à commercer avec Francia399. Le successeur de Ferré, bien que rosista, partage encore les idées de son prédécesseur notamment en matière de valeurs politiques libérales. A travers la dénomination d’Argentin réservée aux habitants de Buenos Aires puis revendiquée à partir des années 1830 par les provinciaux, surtout les

Correntinos400, Bonpland retrouve l’unité qu’il espère.

Mais le dogme fédéraliste, répercuté au cours des années 1832 et 1833 par Pedro de Angelis dans son journal El Lucero, insiste sur le principe selon lequel les provinces « sont libres et indépendantes, et que personne n’a le droit de les traîner de force à une assemblée nationale ». En outre, chaque province dispose

396 Rafael de Atienza (1803-1837) dont le père arrive d’Espagne vers 1780, participe aux

campagnes contre Artigas et contre les Misioneros. Elu gouverneur en 1833 à la suite de Pedro Ferré, il parvient à maintenir de bonnes relations avec Buenos Aires.

397AMFBJAD n° 11, R. Atienza à Bonpland, Corrientes, 20 mai 1836.

398 Pedro Moreno et Manuel Antonio Ledesma se réjouissent de la victoire de Lavalle sur

Lavallejas et Bento Manuel Ribeiro. Ledesma lui affirme que Lavallejas s’enfuit en direction du Paraguay, poursuivi par Rivera, et que Lavalle lui coupe la retraite ; AMFBJAD n° 724, P. Moreno à Bonpland, Saladas, 30 août 1834 ; AMFBJAD n° 1162, M. A. Ledesma à Bonpland, Curuzú Cuatiá, 20 septembre 1834. Le gouverneur Atienza écrit que les informations de Bonpland « me serviran de guia para establecer mis medidas », AMFBJAD n° 11, R. Atienza à Bonpland, Corrientes, 20 mai 1836.

399Ibid. ; AMFBJAD, n° 348, J. B. Pucheta à Bonpland, La Cruz, 28 octobre 1835 ; AMFBJAD

n° 724, P. Moreno à Bonpland, Saladas, 30 août. Dans les faits, São Borja est un lieu de concentration de marchandises provenant aussi bien d’Argentine que d’Uruguay, de nombreux commerçants brésiliens faisant office de « passeurs ».

400 Cf. CHIARAMONTE José Carlos, Ciudades, provincias, Estados : orígenes de la Nación

aux yeux d’Angelis de droits similaires à ceux d’une nation et demeure libre de s’associer comme la France est libre de s’associer à l’Angleterre401. Le statut d’ « Etat-province » énoncé ici explique la logique qui conduit le gouvernement de Corrientes – malgré ses réticences initiales sur ce sujet – à refuser à la province de Buenos Aires la délégation des relations extérieures402 et à développer sa propre politique internationale. L’indépendance et la souveraineté recherchée par la province de Buenos Aires afin de s’assurer le monopole des droits de douane se retourne alors contre elle-même.

Durant cette période, Bonpland fournit des preuves de son désir de pacification de la province, même lorsque la propagande fédéraliste d’Atienza, formulée contre les partisans de Pedro Ferré accusés d’unitarisme, se concrétise dans les actes. En effet Atienza, réélu gouverneur au début de l’année 1837 grâce au soutien de Rosas, entame une politique clairement favorable aux ambitions de celui-ci, entraînant une rupture définitive avec Ferré, Rivera alors président de la république uruguayenne et les républicains brésiliens, les Farrapos403. Bonpland semble alors rompre ses relations avec Ferré, semblant confirmer l’isolement dans lequel celui-ci se dit confiné404.

401 « son libres e independientes, y que nadie tiene el derecho de arrastrarlas por la fuerza a una

asemblea nacional » ; cité in ibid., p. 237.

402 Sur le statut discuté de capitale de Buenos Aires, cf. ALIATA Fernando, « Cultura urbana y

organización del territorio », in GOLDMAN Noemí (dir.), Nueva historia argentina. Tomo III :

Revolución, república, confederación (1806-1852), Buenos Aires, Editorial Sudamericana, 1998,

pp. 229-237.

403 Le terme de farrapo qui signifie « déguenillé », « loque », est attribué par le Brésil aux

séparatistes du Rio Grande do Sul à cause de leur tenue. Bonpland constate leur pauvreté mais surtout leur discipline, leurs intentions pacifiques vis-à-vis des habitants de São Borja, le rétablissement de l’ordre, le respect vis-à-vis des habitants, l’absence de pillage ; les soldats achètent ce dont ils ont besoin. Les incursions des forces légalistes en territoire correntino sont au contraire violentes ; de « multiples persécutions » sont commises et légitimées par les officiers. Les écrits de Bonpland au cours de cette période est d’autant plus louable qu’il est un des rares français à pouvoir témoigner de ces troubles entre 1835 et 1840 ; cf. POTELET Jeanine, op. cit., pp. 48-49.

404 CASTELLO A. Emilio, op. cit., p. 263, remarque que malgré les déclarations virulentes du

gouverneur contre les unitaires argentins – telles que factieux, impies, iniques, hors-la-loi – aucune action coercitive n’est menée contre les opposants, aucune atteinte aux libertés n’est à noter. Il semble néanmoins que des pressions s’exercent contre les opposants les plus notables, pour le moins de manière indirecte. Comment expliquer sinon l’absence de correspondance entre Bonpland et Ferré ? Une longue lettre est adressée à Ferré le 28 novembre 1836 ; intervient ensuite un long silence rompu en juin 1838 ; cf. AMFBJAD n° 27, Bonpland à P. Ferré, Buenos Aires, 28 novembre 1836 ; AMFBJAD n° 106, P. Ferré à Bonpland, à Corrientes, 29 juin 1838. Pedro Ferré relate dans ses mémoires, op. cit., p. 90, qu’il mène, à cette époque, « une vie entièrement retirée […]. Mais ce ne fût pas suffisant pour qu’ils cessent de me persécuter. [Atienza] menaçait ceux qui maintiendraient des relations avec moi, ce que je ressentis fortement lorsque ceux qui se disaient mes amis alors que j’exerçais le gouvernement cessèrent de me rendre visite, pour ne pas déplaire à Atienza, et ceci affectant même les personnes de mon entourage le plus proche, ce qui causa de graves préjudices à mes intérêts ».

Déjà engagé politiquement vis-à-vis d’Atienza, la position de Bonpland est désormais délicate. Il choisit pourtant de confirmer cet engagement malgré des doutes concernant la poursuite de son expérience américaine qui culminent justement entre 1836 et 1838 alors qu’éclate une guerre civile au sein du territoire dans lequel il possède une propriété et que le parti unique de Corrientes, fédéral, se scinde en deux groupes rivaux – celui de Ferré et celui d’Atienza. Bonpland évoque très sérieusement un prochain retour en Europe, en même temps qu’il parle tout aussi sérieusement de former un nouvel établissement agricole en Amérique405. Au fur et à mesure que l’on découvre dans ses notes une vision plus fine de l’état des provinces qu’il parcourt, on découvre aussi une incertitude croissante quant aux orientations à prendre. Le naturaliste choisit de confirmer son engagement auprès de Rafael Atienza, pour lequel il fait office d’informateur406. Cela peut aussi sembler une décision partisane, car Bonpland adhère au discours pacificateur et fédéraliste d’Atienza407.

Ainsi, de 1834 à 1837 Bonpland informe régulièrement le gouvernement de Corrientes des principaux événements aux frontières depuis son poste d’observation privilégié de São Borja, fenêtre sur le Brésil et le Paraguay408. Mais

en même temps qu’il acquiert le statut de conseiller – Atienza lui confie les dispositions militaires prises lors du soulèvement de Rivera409 – et d’intermédiaire

du gouverneur, Bonpland se familiarise avec les enjeux politiques locaux et s’informe de ses pratiques410 ; il s’agit pour lui d’une éducation politique

405 AMFBJAD n° 323, Bonpland à Humboldt, São Borja, 14 juillet 1836 ; AMFBJAD n° 1623,

Bonpland à E. Geoffroy Saint-Hilaire, Buenos Aires, 25 février 1837 ; cf. aussi la correspondance citée in HAMY Théodore Jules Ernest, op. cit., pp. 99-102, 122-123, 127. Après cette date, le thème du retour devient une constante du discours de Bonpland.

406 AMFBJAD n° 347, E. M. Perichón à Bonpland, Batel, 1er janvier 1835 ; AMFBJAD n° 349, E.

M. Perichón à Bonpland, Goya, 16 décembre 1835 ; AMFBJAD n° 362, P. Perichon à Bonpland, à Buenos Aires, Corrientes, 5 novembre 1836 ; AMFBJAD n° 614, J. Ingres à Bonpland, Salto, 10 juillet 1836.

407 En mai 1837, Atienza est décidé à se mettre en campagne contre Rivera, mais il en est empêché

par sa maladie ; AMFBJAD n° 10, R. Atienza à Bonpland, Corrientes, 10 mai 1837.

408 AMFBJAD n° 12, 18, 347, 348, 349, 362, 376, 614.

409 Les mesures consistent à renforcer le régiment de grenadiers stationné à Curuzú Cuatiá par un

autre de tirailleurs, puis de former avec ces forces un cordon frontalier défensif et destiné à filtrer les soldats d’Oribe en cas de défaite de celui-ci. En outre, les forces de la province sont regroupées et renforcées ; AMFBJAD n° 12, R. Atienza à Bonpland, Corrientes, 5 août 1836.

410 En 1834, le Français Nascinbene de retour de Buenos Aires lui confie l’aide de cette province à

Corrientes contre le Paraguay ; AMFBJAD n° 167, P. Nascinbene à Bonpland, Paraná, 17 février 1834. Au début de l’année 1835, il relève les propos de Crespon Velasques, commandant de frontière, et Pedro Regalado qui « annoncent qu’en Xbre 1835 le Gouvernement du Parana sera

changé et que le nouveau Gouverneur sera Ortiz quoique ce ne soit pas la volonté generale. Les deux hommes affirment que par la force ils peuvent tout faire parce qu’ils ont des hommes a leur

importante. Les informations sont peu à peu recueillies avec scepticisme411, puis avec une profondeur d’analyse des acteurs et des contextes nouvelle412. Cela explique son refus des offres de Vilardebó, car les renseignements qu’il recueille afin d’envisager un déplacement à Montevideo le poussent à refuser ; il est conforté dans son séjour à Corrientes413 alors que les premiers gouvernements indépendants uruguayens doivent traiter la répartition des terres en prenant en compte les héritages compliqués de la période coloniale, artiguista, et de l’occupation portugaise414.

C’est aussi un choix de raison, puisque Bonpland attend des autorités de cette province la concession d’un terrain, espérant profiter d’une conjecture économique favorable415. Bonpland constate un contrôle économique gouvernemental sévère, initié par le décret d’octobre 1829 visant à contrôler les activités des courtiers et éviter la contrebande416 et y participe au nom du bon

disposition. », AMFBJAD n° 1707, voyage, juin 1835. En septembre 1836, il discute avec Serapio Mantilla de l’attitude politique de Corrientes vis-à-vis de Rosas et des unitaires ; AMFBJAD n° 1711, voyage de São Borja à Corrientes, 23 septembre 1836. En mars 1837, il apprend qu’à Paysandú les partisans de Rivera et particulièrement Lima viennent régulièrement et ont chassé Paredes, partisan de Lavalleja qui déjà harcelait la ville en 1832. A Concordia, il apprend que Salto vient d’être attaquée par les partisans de Rivera et se trouve sous les armes ; AMFBJAD n° 1718, voyage de Buenos Aires à Concordia, 15 et 21 mars 1837. Puis il apprend par B. Soares que Bento Manuel Ribereiro emprisonne le président de la province, Antonio José Ferreira, et le livre à Rivera avec la complicité de Neto et « Calderao » (Bonifácio Calderón ?) ; AMFBJAD n° 1090, B. Soares à Bonpland, São Borja, 18 avril 1837 ; AMFBJAD n° 615, J. Ingres à Bonpland, São Borja, 19 avril 1837.

411 En mai 1837, le colonel Olazábal venant de La Cruz fait part de l’intention de « Frutos » Rivera

de « revolutioner » la province de Corrientes avec 500 Entrerrianos, et des propositions faites à Olazábal par le sergent-major Mendoza, parent de Frutos. Bonpland met en doute la véracité du récit ; AMFBJAD n° 1719, voyage de Concordia à Curuzú Cuatiá, 11-15 mai 1837.

412 C’est le cas lorsqu’il recueille le témoignage de Juan Altamirano concernant la personnalité de

Rivera et ses rapports avec Artigas en déroute ; AMFBJAD n° 1719, voyage de Concordia à Curuzú Cuatiá, 17 mai 1837. Ingres comprend lui aussi parfaitement la situation ; AMFBJAD n° 615, J. Ingres à Bonpland, São Borja, 19 avril 1837.

413 Sur ces offres, cf. chapitre VI, pp. 535-536 et chapitre VIII, pp. 708-711 ; AMFBJAD n° 401,

Ramallo à Bonpland, Santa Ana, 27 juin 1834. Alors que Vilardebó lui fait ces offres, Noguera lui écrit qu’il n’y a ni stabilité ni sécurité à Montevideo, et que le lieu n’est pas propice au bonheur des savants. Le même écrit : « No dudo se habra V. divertido algo con el cambio de cosas occurido recientamente. Yo creo que el Sor Veron [Berón de Astrada] marcha bien. Y sobre todo, veo que quiere ser Govor Constitucional que para mi es la mayor de las virtudes que el año 38 pueden

adornar à un Magistrado. », AMFBJAD n° 734, B. Noguera à Bonpland, Corrientes, 15 février 1835 ; AMFBJAD n° 735, B. Noguera à Bonpland, Curuzú Cuatiá, 25 mars 1838.

414 Cf. MILLOT Julio, BERTINO Magadalena, Historia económica del Uruguay, tome I,

Montevideo, Fundación de Cultura Universitaria, 1991, pp. 131-139.

415 AMFBJAD n° 10, R. de Atienza à Bonpland, Corrientes, 10 mai 1837 ; AMFBJAD n° 12, R.

de Atienza à Bonpland, Corrientes, 5 août 1836 ; ESPINOZA Nemecio Carlos, Amado Bonpland.

« Una historia olvidada », Santa Fe, Colmegna, 1997, pp. 176-177. L’industrie et le commerce

sont en plein essor, le Trésor Public de Corrientes enregistrant un excédent budgétaire durant le mandat de Rafael de Atienza.

416 Cf. CHIARAMONTE Juan Carlos, Mercaderes del Litoral. Economía y sociedad en la

gouvernement et de ses propres intérêts417. L’état de santé d’Atienza peut aussi expliquer la conduite de Bonpland. Gravement malade, le gouverneur délègue une première fois sa charge à Juan Felipe Gramajo de mai à juillet 1837. Sa mort survenue à la fin de l’année 1837 permet à Bonpland de se ranger aux côtés de Genaro Berón de Astrada, avec lequel il entame une correspondance dès avant son accession au poste de gouverneur. Cette intimité perdure jusqu’au 31 mars 1839, jour de la défaite et de la mort du correntino face aux troupes rosistas418. Durant ce laps de temps, l’imaginaire patriotique, la vision d’un ensemble américain cohérent, les repères du passé cèdent la place aux doutes.

Le discours paraît ambigu, changeant selon les interlocuteurs : aux uns il décrit une situation chaotique, aux autres il offre des gages de stabilité. Ce double discours est le reflet des informations contradictoires qu’il reçoit : d’une part alarmistes, fondées sur les menaces de guerre, d’embrasement ; d’autre part optimistes lorsqu’à la fin de l’année 1838 on lui propose à la fois une rente et un terrain en Uruguay ainsi que le poste de directeur du Jardin botanique de Rio de Janeiro. Cependant Bonpland est trop impliqué économiquement pour s’investir dans une nouvelle entreprise, même scientifique. Il connaît suffisamment la valeur de la terre et celle de ses appuis à Corrientes pour renoncer à tant d’avantages.

2. L’immersion rioplatense

En choisissant de demeurer sur le sol américain, Bonpland entreprend la construction d’un réseau de sociabilités impliquant des aspects économiques et politiques provinciaux mais aussi transfrontaliers. A ce titre il développe un rôle

417 En franchissant le fleuve-frontière, Bonpland aperçoit l’exploitation bovine de l’ancien

commandant de La Cruz, Chamorro, « qui a établi là ce puesto pour faire plus facilement la contrebande avec les Portugais mais cet artifice ne lui a pas réussi parce qu’il a été apelé à Corrientes et probablement il perdra son emploi et la confiance du gouvernement ». Celui-ci forme au même moment un potrero où se trouvent enfermés des chevaux, et exerce encore ses fonctions en 1839 ; AMFBJAD n° 1695, voyage de São Borja à Corrientes, Corrientes, 23-26 décembre 1831. AMFBJAD n° 619, J. Ingres à Bonpland, Santa Ana, 28 décembre 1839. Il informe Atienza de la contrebande argentino-brésilienne ; AMFBJAD n° 19, Bonpland à R. Atienza, São Borja, 22 juin 1837 ; AMFBJAD n° 1720, journal, São Borja, juillet 1837. Sa propriété est envahie par les chevaux en attente de passer en contrebande l’Uruguay, par des individus qui « tous s’occupent seulement de jeu et de contrebande », AMFBJAD n° 1723, journal, voyage de Corrientes à Santa ana, 28-31 juillet 1838.

418 AMFBJAD n° 6, G. Berón de Astrada à Bonpland, à Santa Ana, Quartier Général à Pago

de médiateur et par là devient véritablement un acteur d’une société frontalière en construction, à la fois barrière et pont. Il s’agit pour lui comme pour tous les autres acteurs de trouver sa place parmi la construction qui s’effectue entre 1831 et 1839.