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158 DYNAMIQUES TERRITORIALISÉES DU CHAMP DE L’INTERMÉDIATION / ÉTUDES ET RECHERCHES

SOLIDARITÉS NOUvELLES FACE AU CHÔMAGE

158 DYNAMIQUES TERRITORIALISÉES DU CHAMP DE L’INTERMÉDIATION / ÉTUDES ET RECHERCHES

SNC et l’une des associations ou organisation sans but lucratif partenaire de l’opération (une centaine).

Un modèle économique essentiellement fondé sur le bénévolat

SNC s’appuie avant tout sur un réseau de bénévoles. L’association compte en particulier parmi ses membres une proportion importante de retraités, qui lui

consacrent souvent une grande partie de leur temps. Elle ne reçoit pas de subvention publique,

conformément à la philosophie de son fondateur, Jean-Baptiste de Foucauld, qui ne souhaitait pas être dépendant de l’État. Le financement de son

fonctionnement passe donc exclusivement par des dons (l’association déclare un peu moins de 4 000 donateurs) et des opérations caritatives. L’association ne compte que 10 permanents, tous employés au secrétariat national, et les sommes reçues servent essentiellement à financer les « emplois solidaires ».

Ces « emplois solidaires » sont rémunérés à hauteur de 115% du SMIC et peuvent soit être entièrement pris en charge par SNC, soit être adossés à un contrat aidé. Dans ce dernier cas, SNC complète la rémunération du bénéficiaire pour atteindre ce niveau (un engagement de subvention est signé par SNC au profit de

l'employeur).

Une intervention qui relève a priori plus du coaching que du placement

SNC ne fait en théorie pas de l’intermédiation au sens strict, dans la mesure où, nous l’avons vu, elle ne collecte pas d’offres d’emploi, exception faite des « emplois solidaires ». Dans ce dernier cas, des accompagnés SNC sont directement mis en relation avec des associations partenaires, et il y a donc bien intermédiation au sens strict ; mais ceci ne concerne qu'une toute petite partie du public SNC.

Le modèle d'intervention mis en avant par l'association est tourné vers les demandeurs d'emploi. Il s’agit d’intermédiation au sens large dans la mesure où ce travail d’accompagnement est fondé sur une

représentation du marché du travail et des pratiques de recrutement des entreprises. Pour autant,

l’association est vraiment centrée sur l’écoute des accompagnés et, si les accompagnants ont la possibilité de suivre des formations aux techniques de recherche d’emploi, il n’y a semble-t-il pas de volonté de mettre en avant une représentation faisant référence.

De fait, c’est l’expérience antérieure des accompagnants et les échanges qu’ils ont entre eux au sein des groupes

locaux qui apparaissent comme les plus structurants des représentations du marché du travail qu’ils mobilisent dans leur activité d’accompagnement. Dans l’accompagnement SNC, la dimension soutien psychologique est très importante. « L’objectif, moi je

le formule comme cela : remédier à la sollicitude du chercheur d’emploi » nous dit le responsable de groupe

rencontré. « Créer la confiance » tel semble être la philosophie de l’association, qui met en avant un « soutien humain personnalisé » dans sa

communication. « Ils [les accompagnés] ont besoin

d’être aidés par des gens qui sont bienveillants et qui ne jugent pas » ajoute le responsable de groupe.

L’accompagnement est systématiquement fait par un binôme de bénévoles SNC. L’objectif est de « faire

l’accompagnement à deux pour avoir deux regards, pour ne pas créer une relation de dépendance entre

l’accompagné et ses accompagnateurs puisqu’ils sont deux et qu’ils ont des regards et des points de vue différents » (responsable de groupe). Les groupes locaux

sont également un élément important de la « méthode SNC » : ils se réunissent tous les mois et permettent aux accompagnants d’échanger sur leurs difficultés, de se conseiller mutuellement et mettre en commun leurs réseaux. L’attribution des personnes à accompagner et la constitution des binômes (qui tournent) se fait également lors de ces réunions. Les binômes

rencontrent individuellement chacune des personnes qu’ils accompagnent, et ce dans un lieu « neutre ». Il y a de ce point de vue deux écoles : certains

rencontrent les accompagnés dans des structures type maison de associations, d’autres préfèrent les cafés. Pour ce qui est de régularité des rendez-vous, il n’y a pas de règle : ils peuvent être fréquents en début de

parcours (toutes les semaines par exemple), puis s’espacer une fois un programme d’action défini. Quant à la durée, là encore pas de règle : l’accompagnement peut a priori continuer jusqu’à la personne soit stabilisée dans un emploi et/ou juge que cela n’est plus pertinent. Le réseau est une dimension essentielle de

l’accompagnement. D’abord, parce que les bénévoles SNC forment eux-mêmes un vaste réseau, au-delà des groupes locaux, et se mobilisent mutuellement dans le cadre de leur accompagnement. Ensuite, et surtout, parce que la sociologie des membres de l’association fait que les bénévoles sont en moyenne dotés d’un capital social important et qu’ils n’hésitent pas à mobiliser leurs relations en faveur les personnes qu’ils accompagnent. La mobilisation des réseaux peut avoir

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pour finalité d’aider à l’orientation professionnelle, mais elle a aussi souvent - de fait - une dimension

placement. En effet, même si l’objectif affiché de

l’intervention des bénévoles de SNC n’est pas placer les personnes, mais de les accompagner dans une démarche personnelle, la mobilisation de leurs réseaux aboutit fréquemment à leur trouver, directement ou indirectement, un emploi.

Un déploiement territorial dépendant de la sociologie de l’association

SNC est actuellement présente dans 70 départements. Cela a été précisé plus haut, au moment de l’enquête, le département où le territoire 2 était situé était le seul en Île-de-France où n’existait aucun groupe SNC. Cela peut a priori paraître étonnant compte tenu du niveau très élevé de chômage dans ce département. Mais cela reflète simplement la sociologie particulière des accompagnants SNC, qui appartiennent en moyenne à des catégories socio-professionnelles élevées et résident dans des zones plus favorisée en termes d’emploi. Pour autant, des personnes du département en question sont régulièrement

accompagnées par l’association, mais par des groupes de départements voisins, et notamment parisiens. Cette disjonction spatiale entre accompagnants et accompagnés réduit de fait le public potentiel de SNC et engendre des contraintes de mobilité pour les personnes qui se tournent vers des groupes éloignés de leur domicile. Mais elle permet également à ces personnes d’accéder à des territoires plus favorables à l’emploi.

Une manière de pénétrer ce département est pour l’association de susciter la création de groupes particuliers, internes aux entreprises. Comme

mentionné plus haut, c’est un groupe de cette nature qui nous a conduits à enquêter sur l’association, le directeur de l’agence locale Pôle emploi s’en étant fait l’écho auprès de nous. La création de ce groupe s’est appuyée sur un événement citoyen annuel organisé au sein de cette grande entreprise française à l’envergure internationale. Comme dans les autres groupes de même type, l’idée est de mobiliser des salariés

volontaires de l’entreprise pour l’accompagnement, qui a dès lors lieu, pour des raisons de commodité, dans les locaux de l’entreprise. Au moment de l’enquête, le groupe en question était trop jeune pour que l’on puisse déterminer le caractère fructueux ou non de cette greffe territoriale.

Pour autant, le déroulement de l’opération nous apparaît tout à fait intéressant du point de vue des relations que SNC peut entretenir avec le SPE. L’agence locale Pôle emploi a été mobilisée pour sélectionner des demandeurs d’emploi et tous les acteurs impliqués semblent satisfaits de cette coopération. Mais c’est semble-t-il seulement à cette occasion que le directeur de l’agence Pôle emploi a découvert SNC. Si, du fait de la personnalité de son fondateur et du nombre

important de personnes gravitant ou ayant gravité dans le champ des politiques d’emploi parmi ses membres, SNC bénéficie d’une certaine notoriété auprès des pouvoirs publics, elle apparaît au niveau local encore mal connue par les acteurs de l’emploi et de la formation.

Des liens en construction avec les acteurs locaux et Pôle emploi

Pour autant, le constat est ici en partie dépendant des spécificités des territoires étudiés, où SNC n’est pas, ou peu, implanté. Une enquête interne menée en 2015 indique en effet que, là où l’association est présente, 70 % des groupes locaux déclarent avoir des relations avec des institutions du SPE, particulièrement avec les missions locales et les maisons de l’emploi, relations qui sont parfois formalisées par une convention de partenariat. La mise à disposition de locaux, l’animation d’ateliers par SNC et la participation à des

manifestations communes semblent les motifs les plus courants de coopération. Les relations avec les

municipalités semblent, elles aussi, fréquentes : dans l’enquête, les trois quarts des groupes déclarent avoir des contacts avec le maire de la commune, ses adjoints ou les chargés de l’emploi ou des affaires sociales. Mais l’enquête indique également que « les villes ayant mis en place des cellules emploi peuvent voir chez SNC une forme de concurrence » et que « d’autres se

méfient de la volonté d’indépendance de l’association qui ne demande pas de subventions ».

Les relations avec Pôle emploi existent mais elles sont largement informelles et dépendent beaucoup du directeur de l’agence locale. Une convention de partenariat a été signée en juillet 2014 au niveau national et vise notamment à développer la coopération au niveau local. Pôle emploi s’y engage à « faciliter les

contacts entres les représentants locaux de Solidarités Nouvelles face au Chômage, et les directeurs et agents de Pôle emploi », en organisant des rencontres « en vue de nouer des partenariats de terrain ». Pôle emploi s’y

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