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132 DYNAMIQUES TERRITORIALISÉES DU CHAMP DE L’INTERMÉDIATION / ÉTUDES ET RECHERCHES

LES ACTEURS MUNICIPAU

132 DYNAMIQUES TERRITORIALISÉES DU CHAMP DE L’INTERMÉDIATION / ÉTUDES ET RECHERCHES

La commune : un territoire d’intervention pertinent ?

Les structures municipales sont des acteurs

pour lesquels la réponse à la question « quel territoire d’intervention ? » est a priori simple : il s’agit du territoire de la commune, unité électorale envers laquelle les élus sont responsables. Néanmoins les choses ne sont pas si simples, car les missions de développement économique qui sont celles de ces structures ne sont pas uniquement portées par l’échelle communale mais également à des échelles territoriales plus larges : « on doit réfléchir à l’échelle X [nom de la

commune Territoire 2] car on est élu de X [Territoire 2], mais en même temps on est dans d’autres structures. Il y a un syndicat intercommunal. » (Élu territoire 2).

Ces changements d’échelle peuvent être en partie imposés : ainsi l’élu mentionne la problématique du Grand Paris qui impose de constituer des territoires de 300 000 habitants ou plus pour ne pas perdre les compétences en termes de développement économique (qui sinon iront à la métropole). Mais pour beaucoup d’acteurs, c’est de toute façon une nécessité de concevoir les choses à une échelle plus large que celle de la commune : « à l’échelle d’une ville, moi j’ai un

regard critique, c’est-à-dire qu’à l’échelle d’une ville ça n’a pas de sens » (responsable du développement

économique, territoire 2). Il argumente aussi qu’en termes de relations avec les élus les choses sont plus compliquées quand on est au niveau communal plutôt qu’intercommunal et que les structures municipales fonctionnent trop souvent en vase clos et sont moins professionnalisées que des structures plus larges. Pour autant, il semble parfois que le fonctionnement de ces structures municipales fasse descendre à une échelle encore plus restreinte que la commune : à titre d’exemple, l’implantation de la MDE du territoire 2 dans un quartier politique de la ville semble avoir eu un effet d’éviction des habitants du reste de la commune – beaucoup d’usagers et mêmes de salariés de cette structure sont issus de ces quartiers au point que pour le directeur, la MDE n’est plus au service de toute la ville. De même la gestion des clauses d’insertion, qui est on l’a dit une des grandes activités de ces structures, impose souvent de descendre à un niveau infra- communal, notamment pour les clauses relatives aux rénovations urbaines (Anru) qui imposent d’embaucher des résidents de certains quartiers.

Enfin, notons que le territoire est pensé par les structures municipales en termes de problématique d’attractivité et en lien direct avec les questions d’emploi : « si on n’a pas la capacité à mobiliser, à rendre

le territoire attractif […], si on n’a pas de capacité à soutenir l’activité, et bien il n’y a pas d’emploi, et donc s’il n’y a pas d’emploi, vous pouvez toujours essayer de faire ce que vous voulez, il ne se passera rien pour les publics. » (Élu territoire 2).

Partenariats : des partenariats diversifiés mais peu formalisés

La maison de l’emploi du territoire 2 a développé un certain nombre de partenariats. Le principal est avec Pôle emploi, avec qui la MDE entretient de bonnes relations. Ils développent ensemble des actions communes – co-organisation du forum emploi de la Ville, collaboration sur de grosses opérations de recrutement, animations d’ateliers collectifs, etc. Mais ces bonnes relations ne masquent pas une sorte de concurrence entre les deux structures : « on sent quand

même une forme de concurrence - je vais prononcer le mot. On ne peut pas dire qu’il n’y en n’a pas ».

Concernant sa mission relative au développement économique du territoire, la MDE a noué aussi tout un ensemble de relations partenariales, avec des acteurs qui sont peu liés aux autres acteurs de l’emploi du territoire comme ceux de la création d’entreprises, les OPCA, les chambres consulaires, etc.

Ces partenariats sont assez peu formalisés, ils ne donnent pas lieu à la signature de conventions, sauf avec le FAF-TT qui vient tenir une permanence une fois par mois dans les locaux de la maison de l'emploi. Pour le reste il s’agit surtout de l’organisation et de la participation à des événements en commun comme un salon sur la création d’entreprise, de diffusion d’information aux autres intermédiaires de la commune (CCAS, structure RSA, SIAE) et de l’organisation de réunions, notamment sur le volet GPECT, réunissant l’ensemble des acteurs intéressés de la commune. Pour conclure, il semble que les acteurs municipaux de l’emploi soient au cœur de deux tensions :

Les ambiguïtés de la politique territoriale de l’emploi avec ses mouvements de territorialisation/

recentralisation

La difficile articulation entre accompagnement des publics vers l’emploi et développement économique local.

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ÉTUDES ET RECHERCHES / DYNAMIQUES TERRITORIALISÉES DU CHAMP DE L’INTERMÉDIATION

L’observation du mode de fonctionnement de ces structures soulève ainsi plusieurs questions :

Quelle est la bonne échelle pour traiter de ces problématiques d’emploi et de développement économique ? Le niveau communal est-il pertinent ou est-il dépassé ?

Peut-on faire du développement économique

indépendamment de la connaissance, du suivi et de la formation des publics ? Et de l’accompagnement vers l’emploi sans développement économique ? La plupart des acteurs rencontrés s’accordent pour répondre par

la négative à ces deux questions et pour défendre la nécessaire articulation des deux. Mais le modèle de coordination pour y parvenir semble encore largement à construire au vu de ce que nous avons observé. On peut se demander si les Plie ne sont peut-être pas les structures les mieux à même de dépasser ces

contradictions, car elles combinent les différentes missions que sont l’accueil de publics, l’ingénierie de projet, l’animation territoriale et la distribution de ressources (FSE)87.

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