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100 DYNAMIQUES TERRITORIALISÉES DU CHAMP DE L’INTERMÉDIATION / ÉTUDES ET RECHERCHES

MISSIONS LOCALES

100 DYNAMIQUES TERRITORIALISÉES DU CHAMP DE L’INTERMÉDIATION / ÉTUDES ET RECHERCHES

à capter des publics moins en difficulté. L’objectif vise à attirer des jeunes issus des quartiers sud de la ville. Pour y parvenir, la mission locale s’appuie sur l’existence de points relais dans diverses structures : les BIJ (bureau information jeunesse), les RIJ ((les relais Information jeunesse). Un salarié de la mission locale y assure périodiquement des permanences, de façon « à rabattre des jeunes vers la mission locale » sans pour autant la décentraliser davantage.

Le territoire d’intervention

Sur le territoire 1, la délimitation du territoire de la mission locale n’est pas très précise et son homogénéité interne pose question aux acteurs. Le directeur de la mission locale confie par exemple que d’un point de vue économique la cohérence de son territoire

d’intervention est faible. De son point de vue les 5 sites de la mission locale correspondent à 5 mini-bassins d’emploi qui sont peu liés entre eux. A l’issu de l’enquête nous ne partageons pas tout à fait ce point de vue. En effet, le territoire étudié dans le cadre de nos investigations ne concerne pas l’ensemble du territoire de la mission locale (5 sites pour rappel) mais seulement deux sites qui se trouvent au sein d’une même

communauté de communes. A ce titre, il existe une relative porosité entre les deux mini-bassins étudiés avec une attraction très forte de la plateforme logistique. Du point de vue de la demande d’abord, les demandeurs d’emploi de l’ensemble des deux sites qui ont la chance d’être véhiculés sont susceptibles de bénéficier des emplois peu qualifiés en logistique. Du point de vue de l’offre ensuite, on constate qu’il n’est pas rare que des entreprises industrielles ferment leur site dans le mini bassin industriel pour rouvrir au sein de la plateforme logistique afin de bénéficier des infrastructures dont elle dispose (Voirie, sous-traitant transport et logistique, bureau de douane, crèche d’entreprise, etc.). Ainsi, pour aller contre le discours de notre enquêté nous pensons qu’il existe une relative structuration du territoire d’intervention de la mission locale, du moins en ce qui concerne les deux sites urbains que nous avons enquêtés (il en va autrement des trois sites ruraux que nous avons sortis du champ de l’étude).

Sur le territoire 2 il n'y a aucune ambiguïté. Pour autant cela n'est pas sans créer de difficultés. La mission locale est, en effet, emblématique des tensions qui sont au cœur de son action sur la question territoriale. Son projet, large, d’accompagner les jeunes sur l’ensemble

des problématiques relatives à leur insertion s’opère sur un ressort géographique étroit, celui de la commune, un espace qui correspond à l’aire de mobilité réduite de ces jeunes. Située dans un quartier difficile de la commune, la mission locale a joué la carte de la proximité en privilégiant les jeunes qui y résident, souvent en déshérence, dans l’accès aux services de la mission locale. Se faisant, elle s’est peu à peu coupée du reste de la commune dont elle ressort. En outre, le profil des salariés recrutés, qui longtemps résidaient à proximité de la mission locale, a participé de son processus d’enclavement ; elle est devenue peu à peu la mission locale du quartier, associée à son public avec tous les effets stigmatisants qui peuvent en découler pour les jeunes accueillis. C’est pour rompre avec ce

localisme jugé excessif et contreproductif que la mission locale a décidé d’étendre son périmètre d’intervention au quartier sud de la ville tout en diversifiant le profil géographique des salariés embauchés.

Ces errements dans le positionnement de la mission locale quant à son territoire d’intervention illustre la sensibilité forte de cette structure à la question du niveau de maillage pertinent qu’il convient de privilégier. Reste que cet attachement à la territorialité de l’action de la mission locale est parfois mis en difficulté par la nature et le volume des objectifs que lui fixe la Direccte dans le cadre de la CPO. Il nous a ainsi été mentionné le caractère arbitraire qui préside à la fixation du nombre d’emplois d’avenir à réaliser par la mission locale et le regret que ces objectifs ne soient jamais déterminés en fonction d’une analyse du territoire.

La résolution de la tension entre le « local » et le « global » dépend en définitive souvent du rapport de force politique qui parvient à s’instaurer entre les représentants de l'État et ceux du territoire.

Des partenariats plus institutionnels qu’opérationnels

Pôle emploi, un grand frère ?

Sur le territoire 1, il existe une convention de co- traitance avec Pôle emploi qui s’apparente à une forme de sous-traitance de capacité. Les demandeurs de moins de 26 ans qui sont orientés vers la mission locale par Pôle emploi ne bénéficient pas d’un accompagnement simultané par Pôle emploi et par la mission locale. Leur accompagnement est entièrement délégué à la mission locale. Cette délégation ne concerne pas tous les demandeurs d’emploi de moins de 26 ans. Les responsables de la mission locale rappellent régulièrement aux conseillers Pôle emploi (au cours

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d’intervention au sein de l’agence Pôle emploi) quel est le public cible de la mission locale : des moins de 26 ans peu qualifiés et qui sont dans une démarche de projet. Cette situation de sous-traitance ne concerne pas la majorité des inscrits de la mission locale étudiée puisque seuls 10 % sont en suivi délégué par Pôle emploi. 90 % des bénéficiaires de la structure ne sont accompagnés par aucun autre acteur du SPE. La gestion de cette sous-traitance est effectuée de manière assez mécanique, avec un souci de rester à proximité du quota fixé : 420 demandeurs en suivi délégué. Pôle emploi ici est considéré comme un partenaire « naturel » dont la mission « première » est la collecte d’offres d'emplois. La relation de pouvoir est très marquée entre Pôle emploi et la mission locale auprès de laquelle des agents sont mis à disposition. Les missions locales tentent de faire de ce partenariat opérationnel une ressource et s’appuient beaucoup sur les agents délégués. L’enjeu pour la mission locale est d’accéder aux outils informatiques de Pôle emploi et partant aux dispositifs de la politiques de l’emploi dédiés aux moins de 26 ans. Ces outils facilitent en effet l'accès aux dispositifs de la politique de l'emploi qui sont dédiés aux jeunes.

Sur le territoire 2, peu de relations avec Pôle emploi ont été mentionnées spontanément par notre

interlocutrice. Du reste, le profil des jeunes fréquentant la mission locale doit sans doute s’éloigner sensiblement de ceux accompagnés par Pôle emploi73. Du fait de

l’absence de partenariat institutionnalisé entre ces deux structures (pas d’accord de co-traitance pour des raisons signalées plus haut), peu de partenariats fonctionnels ont été envisagés pour rapprocher l’offre de services de ces deux structures.

Deux inscriptions institutionnelles diamétralement opposées

Sur le territoire 1, on note une inscription très forte de la mission locale dans le paysage institutionnel local. Cela se concrétise d’abord par des liens avec les services déconcentrés de l’État. Ainsi, la mission locale participe aux dialogues de gestion qui se tiennent entre la Direccte et les SIAE (avec un représentant de Pôle emploi et du conseil général). Cela se concrétise ensuite par des sollicitations du tissu associatif local, puisque la mission locale est démarchée par des structures d’insertion qui présentent leur offre de service. Ces dernières souhaitent par-là sécuriser la gestion quantitative des places dont elles disposent (places d’accompagnement ou contrats de travail d’insertion)

mais aussi sécuriser la gestion qualitative des profils qui pourraient leur être transmis (communiquer sur les critères d’éligibilité aux dispositifs pour lesquels elles sont subventionnées). L’inscription partenariale de la mission locale se concrétise enfin par une participation récurrente aux différentes commissions de régulation du secteur de l’insertion. Un représentant de la mission locale identifié comme référent formation au sein de la structure dialogue ainsi avec la région (principal financeur de formation) et avec les organismes de formation pour coordonner l’attribution des places de formations aux différents acteurs de l'emploi. Au même titre, on note l’existence d’une instance de sélection des dossiers RSA à laquelle participe la mission locale pour s’affecter le suivi des jeunes déjà inscrit et dont la demande de RSA a été acceptée. Par ailleurs, la mission locale a monté un partenariat avec une association de cadres en retraites qui viennent

bénévolement apporter leurs conseils aux demandeurs d’emploi de moins de 26 ans et organisent même des simulations d’entretiens d’embauche.

En dehors du champ des intermédiaires de l’emploi, le partenariat consiste in fine à déléguer les tâches d’accompagnement global que la mission locale ne peut plus assumer (social, santé, mobilité).

A l’inverse, sur le territoire 2, on constate un relatif isolement de la mission locale vis à vis des autres institutions du SPE, du monde associatif et des services déconcentrés de l'État. Du fait du positionnement de cette mission locale sur le segment demandeurs d’emploi, à travers un modèle d’intermédiation centré sur l’orientation professionnelle et sociale des jeunes, les acteurs avec lesquels travaille cette mission locale sont essentiellement publics et tournés vers l’insertion. L’intervention de la mission locale présente une dimension à caractère social et semble relativement isolé dans le paysage institutionnel. Cet isolément fait en quelque sorte écho à l’isolement de son public sur le marché du travail. Cela ne signifie pas pour autant que la mission locale ne tisse pas quelques liens vis-à-vis de l’extérieur. Sont ainsi privilégiés des partenaires œuvrant dans cette problématique globale et disposant d’une bonne assise locale. Les échelons locaux du CIDJ sont par exemple fortement mobilisés par la mission locale du territoire 2 via le détachement d’un salarié qui y assure plusieurs permanences dans la semaine. L’objectif pour la mission locale vise à élargir son « sourcing » à l’ensemble des jeunes présents sur la commune. Ce rapprochement avec le réseau des BIJ (bureau

73. D’après le rapport de l’IGF le nombre de jeunes suivis par les missions locales en 2009 représenterait en moyenne nationale 175 % des DEFM ABC, ce qui confirmerait d’après le rapport que le public des missions locales dépasserait largement la thématique de la recherche d’emploi.

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