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114 DYNAMIQUES TERRITORIALISÉES DU CHAMP DE L’INTERMÉDIATION / ÉTUDES ET RECHERCHES

ORGANISMES DE FORMATION

114 DYNAMIQUES TERRITORIALISÉES DU CHAMP DE L’INTERMÉDIATION / ÉTUDES ET RECHERCHES

L’OF 1 a fait état de beaucoup moins d’incertitude et de crainte concernant sa viabilité économique. Peut-être parce que le principe des appels d’offre semble

beaucoup plus structurant pour un organisme comme l’OF 2 que pour l’OF 1, peu présent sur les appels d’offre régionaux semble-t-il (« c’est l’AFPA qui a tout raflé ») et qui bénéficie, en plus des appels d’offres, de beaucoup de commandes directes des entreprises. La différence se joue peut-être aussi dans le type de formation ou de métier dans la mesure où les besoins dans le transport et la logistique sont plus récurrents du fait d’un turnover plus important (et de qualifications à recycler régulièrement). En outre, sur le territoire 1, les appels d’offres de Pôle emploi et de la région sont associés. De ce fait, le réseau d’acteurs est moins complexe que sur le territoire 1. Au final, l’OF 1 semble en grande partie être maître de son catalogue de formation annuel qu’il établit bien en amont et propose ensuite à ses clients. Le planning semble être très régulier, à peu près le même toutes les semaines avec quelques ajustements liés aux anticipations de besoins d’embauche saisonniers des entreprises, auxquels sont liées les chances de recrutement des stagiaires (par exemple formation sur les métiers transport-voyageurs avant fin juin pour que les stagiaires puissent être opérationnels pour les remplacements de chauffeurs liés aux congés d’été). Des formations concernant des besoins très récurrents (mises à jour du CACES) ont même lieu en continu (entrée possible en formation pour 5 jours n’importe quel jour de n’importe quelle semaine). La seule incertitude semble liée aux demandes des clients qui demandent parfois

l’organisation d’une formation ad hoc, ce qui n’est pas sans poser problème étant donnée la pénurie de formateurs. L’OF 1 peut néanmoins s’appuyer sur les autres antennes de la région pour lui fournir

ponctuellement des formateurs.

Le territoire d’intervention : très dépendant de la taille globale de la structure et lié à la recherche d’une proximité avec les « gros clients »

Le territoire d’intervention des deux structures semble très large : région Île-de-France essentiellement pour l’un (avec quelques sessions de formation montées récemment dans des grandes métropoles régionales) et moitié de la région pour l’autre. L’implantation territoriale des deux structures semble très liée à leur activité économique et surtout à la recherche d’une proximité avec leurs principaux clients entreprises. Par exemple pour l’OF 1, alors que le positionnement géographique historique les a conduits dans un endroit

reculé (néanmoins pratique pour avoir de la place et faire les exercices en bâtiment travaux public), ils ont été amenés à ouvrir un site de formation sur la

plateforme logistique, 20 kms plus au sud, afin de coller davantage aux besoins des clients qui, pour leur grande majorité, se trouvent là-bas. Non pas sur tous les types de formation mais surtout sur les formations initiales ou remise à niveau des habilitations CACES 1,3,5 qui sont organisées en continu (voir plus haut). Comme le dit le responsable de la section formation continue de l’OF 1, ils cherchent aujourd’hui à « ouvrir des antennes au plus

près des gros « potentiels-clients ». De même, l’OF 2

s’est historiquement créé dans un département voisin, en lien avec l’implantation d’une grosse activité créatrice d’emplois (un parc de loisir), puis a été amené à relocaliser son siège au plus près d’une autre zone d’emploi dynamique – un aéroport – dans laquelle se trouvent beaucoup de ses clients actuels. La localisation des quelques petites antennes régionales qu’il essaie de développer actuellement est également liée à l’identification de besoins locaux ou à la demande d’une entreprise : « les projets formation naissent avec

les associations, avec les partenariats entreprises qu’on développe majoritairement. »

Un autre facteur d’implantation géographique pour l’OF 2 réside dans les appels d’offre publics : son déploiement francilien s’est en effet organisé au fil des appels d’offres remportés et des relations développées avec l’ANPE, au départ au niveau local, avec des directeurs et directrices d’agences particulières. Concernant l’OF 1 en revanche, on ne constate pas d’effet des appels d’offres en matière de positionnement géographique. Il ne nous a pas été mentionné non plus de difficulté à mailler le territoire à travers des alliances avec d’autres organismes de formation. Le caractère national et multi-site de l’OF (au moins 5 sites de formation dans la région) semble le préserver de ces pressions.

L’OF 2 souligne que les relations développées

localement avec les agences ANPE ont laissé la place à des relations plus centralisées : les appels d’offre de Pôle emploi se font désormais à un niveau régional, ce qui est facteur d’une certaine déterritorialisation : si la directrice dit bien connaître les directeurs d’agences, les relations semblent moins directes et donc parfois moins faciles qu’auparavant, ce qu’elle regrette : « quand je parle « au local » c’est que normalement,

on devrait être en capacité de produire des parcours de formation et d’accompagnement vers l’emploi qui correspondent à un besoin sur un territoire.

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Parce que d’un territoire à un autre, on voit bien une très grosse différence : en termes de public, en termes de problématique d’accessibilité à l’emploi, via peut-être les transports, aussi […] tout est porté par la direction Île-de-France, avec des plateformes de gestion des inscrits […] les seules fois où on va travailler avec un correspondant [local] Pôle emploi, c’est quand il est nommé dans le cadre d’un dispositif bien tracé, comme la POEC par exemple.

Mais ce sera un conseiller et on ne sera pas dans une notion de projet […] on est dans une action. Il est là avec une mission très précise. Il sait qu’il doit être là le jour de l’ouverture, le jour de la fermeture ». Or nos

interlocuteurs soulignent que c’est important de garder plusieurs pôles de formation, au plus près des besoins identifiés du territoire. Ils opposent ce fonctionnement actuel en Île-de-France où « tout remonte à la région » à ce qui se passait avant, du temps de l’ANPE, et à ce qui selon eux se passe encore en Province où ils peuvent monter des projets sur un territoire donné directement avec l’OPCA, l’agence Pôle emploi et une entreprise : « en Île-de-France, ça remonterait en régional, ça

passerait en appels d’offre. Ça entrerait dans la grosse machine de la région ou ça nous passerait sous le nez. »

N’y-a-il pas là une certaine contradiction entre les liens très locaux noués par les OF avec les entreprises pour identifier les besoins de formation au plus près du territoire et cette déterritorialisation des relations avec les financeurs et les prescripteurs de formation ?

Partenariats

Les deux organismes de formation nouent d’abord des liens avec les autres acteurs de l’emploi et de l’insertion, notamment lorsqu’ils sont financeurs des formations (comme Pôle emploi, les OPCA, les conseils régionaux et départementaux) ou orienteurs de publics (Pôle emploi, missions locales, Cap emploi, structures RSA ou chargés d’insertion du département, OPP, maisons de l’emploi, Plie, etc.). A noter : les deux organismes rencontrés ne nouent aucun lien avec les structures IAE. L’OF 2 fait part au sujet des liens aux prescripteurs d’une difficulté pour eux à se faire reconnaître comme un acteur à part entière du champ de l’intermédiation : « Malheureusement, le fait d’être organisme de

formation, quand on va voir une Mission locale, ou quand on va voir un acteur de l’insertion, on peut nous prendre vraiment pour des vendeurs de formation, des

marchands de formation. On va vendre de la formation. Notre business, c’est la formation […] mais au bout du bout, c’est surtout avoir une vraie cohérence sur le marché de l’emploi, le besoin des entreprises, qui sont les

publics qu’on a, quel est le parcours à faire. Et il y a une vraie casquette insertion derrière tout ça ! ».

Les liens noués avec les acteurs de l’emploi peuvent être de différente nature, plus ou moins forts et formalisés, et s’établir à différents niveaux. Ainsi l’OF 2 semble avoir des liens directs avec les responsables ou opérationnels de structures locales sur toute la région – structures d’accompagnement des bénéficiaires RSA, missions locales, Cap Emploi, MDE, Plie, espaces emploi, etc. – mais principalement semble-t-il pour diffuser de l’information sur les formations ouvertes pour s’assurer que ces structures lui orientent en retour du public, ce qui lui permet de lisser le flux de candidats. En revanche, tout ce qui est financement ou montage de formations est géré au niveau régional (voir ci- dessus). Dans le cas de l’OF 1, ce sont davantage les donneurs d’ordre du secteur qui sont mentionnés plus que les opérationnels. L’organisme est très lié à la direction régionale de Pôle emploi, avec le conseil régional (lien géré par le directeur régional) ou avec les OPCA, tels que le FAF-TT. La grande notoriété, centralité de cet acteur historique de la formation dans ce secteur d’activité semble le dispenser d’entretenir des liens très étroits avec les structures locales qui lui envoient de toute façon des stagiaires. Il existe néanmoins des liens plus locaux avec l’intérim lorsque ce sont des agences elles-mêmes qui s’occupent du financement des habilitations de leurs caristes (pour les CACES) ou avec des conseillers Pôle emploi pour le suivi de certains dossiers en particulier.

Les deux organismes nouent ensuite des liens forts avec les entreprises, directs ou indirects (via les OPCA, les groupements d’employeurs, l’adhésion à des organisations professionnelles – CGPME, MEDEF – ou la participation à des réunions de commerçants) à un niveau souvent local. Ces liens leur permettent d’avoir une information sur les besoins de recrutement des entreprises, de démarcher des clients financeurs de formation ou de prospecter des offres d’emploi pour le placement des stagiaires (dans le cas d’OF 2).

Enfin, ce qui est très structurant pour les activités de l’OF 2 et pour ses relations avec les autres acteurs de l’emploi est indéniablement la réponse aux divers appels d’offre sur la formation et l’accompagnement. Ce sont eux qui régulent les rapports aux financeurs (conseils départementaux, conseil régional, OPCA, Pôle emploi dont ils sont sous-traitant) mais la réponse à ces appels peut aussi concourir à structurer les partenariats avec d’autres organismes de formation : c’est le cas de certains appels régionaux (Pôle compétence) où il faut être associé à d’autres organismes de formation mais

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