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152 DYNAMIQUES TERRITORIALISÉES DU CHAMP DE L’INTERMÉDIATION / ÉTUDES ET RECHERCHES

DE LA CONCURRENCE, DE LA CONSOMMATION, DU TRAvAIL ET DE L’EMPLOI)

152 DYNAMIQUES TERRITORIALISÉES DU CHAMP DE L’INTERMÉDIATION / ÉTUDES ET RECHERCHES

les résultats consolidés de l’année passée et sur les objectifs pour l’année à venir. Selon lui – et cette appréciation est contestée par les dirigeants des structures suivies – ce suivi ne constitue pas un moment charnière pour la survie d’une structure et il confesse même participer à ces dialogues de gestion sans enthousiasme laissant entendre que

l’investissement temporel serait démesuré.

« Les structures de l’Insertion par l’Activité Économique,

on en a 80. Là maintenant jusqu’à présent on en faisait un par an, mais faut voir, hein ! Un dialogue de gestion sur l’IAE... Parce qu’un dialogue de gestion, c’est deux à trois heures. Mais c’est des dossiers à compulser avant, nous on n’a pas que ça à faire non plus. Nous, quand on rentre dans les dialogues de gestion, on pourrait s’arrêter et ne faire que ça pendant trois mois. Donc on essaye un peu de les épurer et, notamment sur l’IAE, de faire du dialogue de gestion papier et de faire un dialogue de gestion en face à face tous les deux ou trois ans. Mais c’est lourd. Et pareil, il y a un dialogue de gestion au niveau régional avec Cap emploi, qui est aussi un opérateur. » (Chargé d’animation territoriale Direccte).

Le jugement des dirigeants des structures

d’intermédiation est largement différent tant le travail administratif préparatoire est important.

« Oh ben, forcément, c’est assez contraignant au départ,

enfin, c’est-à-dire qu’on doit rentrer, il y a quatre phases, sur lesquelles, on doit montrer tout ce qu’on est en capacité de faire, les résultats obtenus, les… effectivement, les… les… marges de progression. C’est lourd, mais en même temps c’est bien, qu’on soit contraints, parce qu’autrement on ne le ferait pas, de se poser, au moins une fois par an, pour dire : « Mais, qu’est-ce qu’on fait ? » […] Et puis il y a des structures à… à équilibrer financièrement, de toute façon, donc c’est… de sacrés enjeux. » (Directrice IAE Groupe).

La participation à ces dialogues de gestion témoigne d’un ensemble de contraintes et de ressources qui déterminent le contenu de l’activité d’une structure, de sa viabilité économique, de ses contraintes budgétaires et de ses ressources.

Sur le territoire 2, un dialogue de gestion structurant pour faire passer des messages

Le dialogue de gestion constitue incontestablement un moment fort sur ce territoire. Du reste, la plupart des acteurs rencontrés mentionne l’existence de la Direccte à l’occasion de l’exercice de ces dialogues de gestion. Les objectifs fixés par l’échelon régional font l’objet d’un aménagement au niveau de l’UT départementale pour

les adapter au contexte de l’environnement local. Cette souplesse dans l’appréciation des indicateurs de suivi est fortement appréciée par les acteurs du territoire qui disent pouvoir entrer en dialogue avec la Direccte pour négocier des objectifs réalistes. Pour la Direccte, ce dialogue de gestion est également l’occasion de faire passer des messages, notamment sur l’orientation « emploi » qu’elle entend donner à l’usage qui est fait des dispositifs publics. Elle insiste ainsi sur la nécessité de sensibiliser les missions locales et les acteurs de l’IAE à l’importance de favoriser l’accès à l’emploi dans les parcours des demandeurs d’emploi. Elle profite également de ces moments d’échange pour préciser les cibles à privilégier par certains acteurs de l’emploi. Elle estime qu’il faut orienter les jeunes vers les contrats d’alternance et l’apprentissage en les rapprochant des missions locales et en évitant de les faire transiter par le secteur de l’IAE qui, lui, devrait plutôt se spécialiser dans l’accompagnement des publics seniors.

Comment animer un territoire ? Comment faire travailler ensemble différents acteurs ?

Sur le territoire 1, le chargé d’animation territorial juge les jeux d’acteurs « pas trop compliqués » notamment en l’absence de MDE et de Plie. Les principaux acteurs du SPE avec qui il est en contact sont les quatre agences locales de Pôle emploi, la mission locale, Cap emploi, les ETT, les relais emploi des communes, et les accompagnateurs locaux d’insertion du Conseil départemental. Il intègre également deux relais de service public dont une part de l’activité concerne l’emploi et les développeurs de l’apprentissage qu’il associe à certaines réunions.

Coordonner des acteurs publics

En complément aux activités de contrôle de gestion, sur le territoire 1, le chargé d’animation territorial organise différentes activités pour coordonner les acteurs publics. Ces activités concernent des actions ponctuelles sur des dispositifs particuliers ou des réunions qu’il organise régulièrement pour rassembler les acteurs publics.

« Nous on a les quatre directeurs de Pôle emploi,

parce que là dans les autres instances, je n’ai qu’un représentant de Pôle emploi. Donc moi je veux régulièrement avoir les quatre en face pour qu’on définisse comment on travaille sur ce territoire. J’ai la Mission Locale, j’ai Cap Emploi, les techniciens de la Région, donc les CTEF et les directeurs de la formation continue, j’ai les délégués du préfet pour la politique

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de la Ville, parce qu’autant qu’ils participent aux réunions, et j’ai les collègues du Conseil départemental, donc des trois territoires, les trois responsables

d’insertion. Donc du coup c’est un groupe technique orientation-emploi-formation, où l’on essaye, une fois par trimestre, de donner des éléments d’actualité sur les dispositifs, parce que les techniciens, notamment du département, de la Mission Locale, n’ont pas

nécessairement les informations sur tout ce qui passe, l’évolution, les lois professionnelles, donc... On a un temps d’information, et ensuite on échange sur les projets du territoire et quels sont les projets sur lesquels on y va ensemble. » (Chargé d’animation territoriale

Direccte).

Les acteurs (publics mais aussi parapublics) nous le présentent comme ayant un rôle structurant sur le territoire. Si le rôle de coordination est inhérent à la fonction, il semble occuper celle-ci d’une manière spécifique en ayant une implication très forte en

matière de développement économique. Son ancienneté à ce poste (supérieure à 20 ans) n’y est pas étrangère ainsi que la proximité de son bureau avec celui du sous-préfet, ce qui le conduit parfois à assurer la fonction de chargé de mission emploi de la sous- préfecture – une fonction qui n’est pas dans ses attributions.

« Je trouve que c’est intéressant, c’est pour ça que je

le revendiquais, de rester en sous-préfecture, bon après si je dois aller [dans les locaux réunifiés de la Direccte], je garderai le [contact] bon parce que moi le sous-préfet, je le vois toutes les semaines, et je veux garder ça, parce qu’à la fois... C’est plein d’ambiguïtés aussi, parce que du côté de ma hiérarchie, on dit : je ne suis pas un agent du sous-préfet. Hors, le sous-préfet me sollicite et très sincèrement, ça augmente ma charge de travail. C’est-à-dire qu’il me sollicite euh, voilà. Dès qu’il va quelque part, il a besoin que je lui fasse une note, et ça fait partie de mon boulot. Quelque part, je serais dans mon bureau à la Direccte, je ne serais pas sollicité, je n’aurais pas ça à faire. Mais d’un autre côté, je n’aurais pas les informations en amont. Quand il me donne les informations sur les permis de construire, enfin, les négociations, en amont, moi du coup j’ai accroché la collectivité et je dis maintenant, avec Pôle emploi, on va voir l’entreprise. Donc c’est un rôle un peu particulier. »

(Chargé d’animation territoriale Direccte).

Quelles possibilités pour travailler avec les acteurs privés ?

Une des caractéristiques du territoire 1 est l’implantation de nombreuses agences d’emploi,

considérées depuis 2005 comme membres du service public de l’emploi. En raison de leur important volume d’activité, notamment concernant les emplois non ou peu qualifiés, tenter de travailler avec ces acteurs est un objectif important pour l’agent de la Direccte. Cependant, en raison du caractère privé de ces structures et de l’absence du levier financier, ce sont d’autres modalités de travail en commun qu’il faut mettre en œuvre, ce qui n’est pas sans poser de difficultés.

« On n’a pas encore trouvé, à mon avis, le bon mode

de collaboration... Enfin, collaboration... équilibrée et organisée avec l’intérim. À la fois, on a un territoire où on a, notamment dans la logistique, un fort recours à l’intérim. À la fois les entreprises ont peu de visibilité, je pense aussi que on a des structures logistiques peu équipées en RH, donc parfois on externalise la gestion, on gère les cartons comme on gère les hommes hein ? »

Ces modes de collaboration sont d’autant plus difficiles à trouver qu’il existe des formes de concurrence entre ETT mais également entre ETT et Pôle emploi (ou ses co-traitants).

« Mais il faut qu’on l’explique encore que l’intérim et Pôle

emploi peuvent être complémentaires, sans forcément les opposer. Alors je pense que là, il y a

encore un travail à faire. Les modes de collaboration fonctionnent, après euh... Moi je trouve que la difficulté, c’est que l’intérim – mais c’est logique aussi – est

intéressée sur les modes de collaboration avec le SPE, soit quand ils ont des difficultés de sourcing, soit quand le marché commence à se tendre – ce qui n’est pas le cas actuellement. Ils sont aussi dans des périodes de très grosse concurrence, parce que les coefficients ont quand même sacrément baissé […]. Mais sinon pour nous l’intérim, le seul interlocuteur qu’on peut avoir, c’est FAF. TT. Parce qu’en dehors de ça, je ne me vois pas, moi agent public, dire : ben Manpower, je travaille avec eux, Adecco je travaille pas avec eux, je veux dire... C’est un marché concurrentiel et dès qu’on les met autour de la table, eh bien il ne se dit plus rien. Parce qu’ils vont pas non plus se dévoiler... »

Certaines agences d’intérim mentionnent toutefois l’importance de la Direccte dans l’animation

économique du territoire, sans que leurs propos soient contradictoires avec le constat dressé par l’animateur territorial.

Prendre part ou impulser des projets structurants

Au regard de la légitimité de la Direccte, sa présence au sein d’un projet mêlant plusieurs acteurs au sein d’un territoire est un gage de crédibilité. Il existe sur ce

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