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130 DYNAMIQUES TERRITORIALISÉES DU CHAMP DE L’INTERMÉDIATION / ÉTUDES ET RECHERCHES

LES ACTEURS MUNICIPAU

130 DYNAMIQUES TERRITORIALISÉES DU CHAMP DE L’INTERMÉDIATION / ÉTUDES ET RECHERCHES

à canaliser et à dire : bon, stop, vous arrêtez d'aller taper à toutes les portes, vous suivez... Et dans ce cas-là, ces coordinations permettent de rencontrer les partenaires, donc c'est plus facile d'appeler un partenaire et de lui dire : dis donc, madame machin ou monsieur truc, toi aussi tu l'as eu ? Écoutes, viens, on va s'assoir autour de la table, on va travailler pour savoir qui le prend en charge. »

Si placement il y a, cela semble être principalement sur le dispositif particulier des clauses d’insertion qui est géré au sein des mêmes structures ou dans des

structures proches puisque le facilitateur de clauses est souvent hébergé au sein d’une MDE ou d’un Plie. Cette proximité favorise le public accompagné par les structures d’emploi municipales qui semblent bénéficier prioritairement du dispositif. C’est le cas sur le territoire 2 où l’accompagnatrice des clauses d’insertion présente comme un atout le fait d’avoir un pôle insertion et une mission locale au sein de la MDE car cela lui permet de trouver facilement des candidats à placer sur les marchés clausés. Elle s’inquiète de ce qui se passera lorsque le pôle insertion fermera et que la mission locale sera relocalisée à l’extérieur de la maison de l'emploi. L’autre type de placement possible est un emploi en mairie, sur contrat aidé souvent. C’est d’ailleurs une difficulté à gérer pour les acteurs des structures municipales, beaucoup de demandeurs d'emploi se présentant là dans l’objectif d’être embauché par la mairie.

Le modèle d’accompagnement des structures municipales et leur possibilité même d’accueillir du public sont donc fortement contestés. Ces orientations changeantes sont difficiles à gérer pour les acteurs de ces structures, elles désorganisent fortement leur travail. Par exemple des orientations contradictoires ont été données à la MDE du territoire 2 à qui on avait demandé un temps d’intégrer les services de la mission locale, pour lui demander, plus tard, de s’en séparer. En outre, ce progressif abandon des fonctions d’accueil du public et d’accompagnement est regretté par les acteurs rencontrés car il exclut des demandeurs d'emploi qui semblent ne pas pouvoir être pris en charge ailleurs. Certains acteurs soulignent que les objectifs des services de l’emploi locaux ne sont pas les mêmes que ceux d’autres structures et de fait ne peuvent être remplis par d’autres acteurs du SPE : « le service de l’emploi local, porté par des collectivités,

n’ont pas du tout le même objectif. Eux, ce qu’ils veulent, c’est rendre service à la population […] on est sur

accompagner et essayer de trouver des solutions

et ils préfèrent qu’on trouve 25 solutions et qu’on ne reçoive pas 300 personnes. » (Responsable du

Développement économique, territoire 2). Un élu ajoute : « M. X de Pôle emploi, il ne s’adresse pas à la population,

enfin il ne fait pas de publicité directe […] Nous on a un rôle de vitrine ».

Modèle économique : la Direccte et les élus pèsent fortement sur l’orientation des missions

Les ressources dont dispose la MDE du territoire 2 découlent des évolutions de l’environnement institutionnel et de la stratégie qu’elle a adoptée en réponse à cela. La MDE dispose d’une subvention de l’État (versée par la Direccte) de l’ordre de 300 000 euros ce qui n’est pas négligeable mais loin des 1,6 millions qui étaient auparavant versés (division par 5 des montants). Et une partie des financements de la Direccte est passée d’une subvention à un appel à projets (pour les projets traitant de la GPECT). Le budget global de la MDE est passé de 9 à 3 millions (divisé par trois), avec une grosse part de l’enveloppe qui est attribuée par la commune (50 % - 1,4 millions). Le reste se répartit entre région (sur appels à projet), Europe (FSE) et conseil départemental. Du fait de cette réduction budgétaire, le nombre de salariés est passé de 90 à 40. On le voit, la MDE du territoire 2 est une structure en transition, qui a quitté un modèle et se dirige vers un autre.

Sur le territoire 1, les structures municipales (SEM) sont financées par les mairies, sans ressources supplémentaires la plupart du temps ou alors dans le cadre d’appels d’offres ponctuels. Cela joue sur l’ampleur de l’offre de service. Une SEM a par exemple dû supprimer un atelier informatique suite à la fin d’un financement du ministère de la ville. Pour autant, la structure de rémunération semble peu influencer le contenu de l’activité à en croire un des responsables « il y a des objectifs quand même de… voilà… de… il y

a quand même la satisfaction quand les gens trouvent du boulot, enfin, ça fait quand même plaisir, ça donne un sens à mon travail. Mais le fait de ne pas avoir cette pression de placement des gens, ce qui fait que je suis vrai… je pense que je suis vraiment à l’écoute des personnes, de ce qu’elles veulent, de ce qu’elles ne veulent pas, etc., ça peut me permettre aussi parfois de recadrer sur des choses, voilà, différemment, enfin… ce n’est pas la même relation d’accompagnement et vraiment je pense que j’ai un luxe par rapport à ça. Franchement, c’est vraiment le luxe actuellement de ne pas avoir d’objectif chiffré à atteindre mais plus, voilà,

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proposer de l’accompagnement en essayant d’être le plus dans… voilà, plus près du besoin des personnes. »

Concernant la MDE du territoire 2, celle-ci doit rendre compte de ses différentes missions à ses différents financeurs (Élus, Direccte, FSE) avec toute une batterie d’indicateurs. Mais seuls ceux qu’elle doit faire remonter à la Direccte (correspondant aux missions labellisées qui, on l’a vu, sont de plus en plus restreintes) semblent avoir un véritable poids. Ce sont donc davantage les missions de développement économique - les seules financées dans le cadre du label - qui semblent être évaluées, plutôt que les missions d’insertion et d’accompagnement, financées et évaluées exclusivement par la Ville, sur un mode moins contraignant.

Ainsi, ce que l'on retrouve sur les deux terrains c'est la volonté de la Direccte de vouloir « mettre de l'ordre » dans le SPE en évitant les doublons et en

redimensionnant les différentes structures. Les MDE subissent une autre influence forte, celle des élus locaux qui siègent au conseil d’administration de ces structures. Témoigne du poids des élus les remous que subissent les MDE en période électorale. Comme l’explique un employé de la MDE du territoire 2 : « Nous ne sommes

pas ici des fonctionnaires, on est vraiment une

association loi 1901, mais nous sommes très dépendants de la municipalité, puisque c'est elle qui nous

subventionne ». Ce sont les élus notamment qui

décident de poursuivre ou non les missions que la Direccte ne finance plus dans le cadre du label.

Quelle relation aux deux versants du marché du travail ?

Côté offre de travail : favoriser le développement économique local

Pour les acteurs municipaux, la relation aux entreprises ne se joue pas sous la forme d’une prospection

(entreprise par entreprise). C’est sur le front du développement économique territorial (ou plutôt de l’accompagnement des transformations du tissu économique) que l’accès à des offres d’emploi va se jouer. Il ne s’agit même plus d’accéder à des offres existantes mais de susciter la création d’activités et par là de besoins de main d’œuvre. On rencontre là une forme d’intermédiation bien spécifique - opposée à la collecte traditionnelle du SPE - qui consiste à structurer et solidifier le tissu économique dans l’espoir de

retombées positives sur l’emploi local. Sur le territoire 2, pour s’assurer de la conformité entre les besoins de main d’œuvre et les compétences disponibles, cette

action est articulée à de la GPECT et à des programmes de sécurisation des parcours professionnels (en

partenariat avec le Fongecif), afin de faire converger offres et demandes d’emploi. L’intermédiation se joue donc ici sur le long terme et les retombées de l’action ne sont pas évaluables facilement. Cette action de développement de l’emploi local s’appuie également sur la gestion des clauses d’insertion, seul véritable outil pour placer le public accompagné par les structures municipales, hormis les grosses opérations de recrutement liées à l’implantation d’une entreprise ou à l’ouverture d’un centre commercial. Néanmoins, même cette action de long terme envers les entreprises a été restreinte puisque le label ne finance plus le soutien à la création d’entreprise et la veille statistique (observatoire). Le directeur de la MDE souhaite

maintenir ces deux activités mais il ne sait pas pour l’instant comment les financer.

On a également rencontré ces fonctions relatives au développement économique sur le territoire 1 mais en l'absence de MDE, elles étaient assumées par d'autres : le sous-préfet, en binôme avec le chargé d'animation territorial de la Direccte, sont particulièrement moteur sur ce sujet. Du point de vue des autres acteurs rencontrés, ils impulsent une vraie dynamique autour de cet enjeu, en réunissant autour de la table les personnes susceptibles d’accompagner les entreprises qui souhaitent s'implanter. En retour, l’animateur local de la Direccte dit s’appuyer sur la « loyauté » des différentes structures du territoire comme argument pour convaincre les entreprises de s'implanter. Son action ne concerne pas seulement le développement économique local, il prend également part à des groupes de travail sur la GPECT, etc.

Côté demande de travail : un accès restreint et indirect

Comme on l’a déjà souligné, les MDE ont

progressivement vu leur accès aux demandeurs d'emploi se restreindre. Au moment de notre enquête où la mission locale et le pôle insertion étaient encore présents au sein de la MDE, on constatait un faible accès direct des demandeurs d'emploi à la maison de l'emploi. La ML avait notamment du mal à attirer les jeunes à elle, notamment ceux issus des quartiers plus favorisés. Le mode essentiel d’accès des demandeurs d’emploi à la MDE semblait donc être indirect, après orientation par un des partenaires ceux-ci étant davantage des associations ou d’autres structures municipales (CCAS) que les acteurs de l’emploi du SPE.

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