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112 DYNAMIQUES TERRITORIALISÉES DU CHAMP DE L’INTERMÉDIATION / ÉTUDES ET RECHERCHES

ORGANISMES DE FORMATION

112 DYNAMIQUES TERRITORIALISÉES DU CHAMP DE L’INTERMÉDIATION / ÉTUDES ET RECHERCHES

des job dating… Chacun a un portefeuille d’entreprises dédiées, ces dernières ont donc à faire à un

interlocuteur unique. L’organisme semble travailler avec tous types d’entreprises, certaines de taille importante, notamment dans le secteur de la grande distribution. Leur offre de formation (et donc leur espace de prospection) se déploie sur un large champ d’activités (commerce, sécurité, logistique, services à la

personne …) Leur accès aux entreprises est en partie indirect, par l’intermédiaire des OPCA. Mais ils ont également constitué leur propre « vivier entreprise », par la prospection directe, l’appartenance à divers réseaux (organisations patronales, réunions de commerçants au sein de certaines villes …) ou le biais de la participation à des dispositifs comme un Pôle compétence régional qui regroupe les entreprises adhérentes d’une branche.

Une dernière personne du pôle placement de l’OF 2 est chargée du suivi de la base de données « placement » (enregistrement des contacts entre des stagiaires et les entreprises partenaires, décompte des placements réalisés). Bien que l’OF 1 n’ait pas d’activité de prospection d’offres d’emploi et n’ait pas formalisé un service de placement, il mesure néanmoins sa capacité à placer, preuve encore une fois de l’importance de l’articulation formation/placement. La mesure du placement, qui se fait de façon centralisée au siège pour toutes les antennes, s’effectue par enquête téléphonique à trois mois, six mois, un an. Cette information est relayée aux financeurs, notamment à la région. Il existe enfin à OF 2 un pôle développement qui fait du démarchage d’entreprises, de la prospection, mais en amont de la formation (alors que le pôle placement intervient en aval), pour recueillir des besoins, faire la promotion de dispositifs de formation. L’accès des OF à la demande d’emploi semble plus indirect que leur accès à l’offre d’emploi. Ils sont en effet dépendants des organismes qui accompagnent les demandeurs d'emploi qui doivent leur orienter des demandeurs d'emploi candidats à des actions de formation, voire « sourcer » et positionner directement des candidats dans leur planning de formation.

Ainsi quand on pose la question a l’OF 2 de son accès aux demandeurs d’emploi, la directrice répond : « c’est compliqué parce qu'il y a des vrais … y’a des

intermédiaires ».

L’accès aux demandeurs d’emploi apparaît d’autant plus compliqué à gérer que les circuits d’orientation, de prescription, de sélection, les outils (fiche de prescription / de liaison ou échanges plus informels)

varient énormément selon le dispositif mais aussi selon le territoire. Par exemple pour accéder aux dispositifs régionaux auxquels participe l’OF 2, les demandeurs d’emploi n’ont pas nécessairement besoin d’être inscrits à Pôle emploi. Le circuit est donc ici assez « léger » : l’OF informe tous les prescripteurs, sur toute la région (Structures RSA, missions locales, Cap emploi, Pôle emploi, Opérateurs privés de placement …) de l’offre de formation et ces derniers en retour leur prescrivent des demandeurs d’emploi. L’OF sélectionne seul les stagiaires qui vont au final intégrer la formation et fait un simple retour mail aux prescripteurs. Sur d’autres dispositifs, Pôle emploi doit valider la liste des

demandeurs d’emploi sélectionnés (par exemple la POE) voire « sourcer » les candidats. C’est le cas sur l’AFC où un correspondant Pôle emploi est nommé et convoque les demandeurs d’emploi qu’il positionne sur les informations collectives organisées au sein de l’OF. Ce correspondant Pôle emploi est présent à

l’information collective et valide ensuite (ou non) la liste de stagiaires finalement retenus. Ici Pôle emploi a donc « la main sur le sourcing quasiment de A à Z ».

Cet accès indirect aux demandeurs d'emploi est parfois vécu comme une contrainte quand les prescripteurs ne leur envoient pas assez de candidats ou que les

financeurs ne se donnent pas les moyens de faire les vérifications administratives nécessaires dans les temps, au risque de bloquer la mise en place de certaines formations pour lesquelles des entreprises ont pourtant exprimé des besoins et pour lesquelles l’OF a remporté un appel d’offre. C’est le cas par exemple avec des actions de formation financées par le conseil départemental qui n’ont pas pu ouvrir faute de prescription suffisante de candidats par les structures RSA. En effet, dans ce département, les candidats doivent être prescrits (à l’aide d’une fiche de prescription) par les structures RSA, ce qui n’est pas le cas partout. L’OF cite ainsi le cas d’un autre

département de la région où le conseil départemental envoie directement des listes de bénéficiaires à convoquer aux informations collectives.

Pour ne pas subir ces contraintes, l’organisme rencontré développe différentes stratégies : développer et

entretenir de bonnes relations avec les prescripteurs, au plus près du terrain, en leur faisant systématiquement des retours sur les orientations, en les informant sur certains métiers qui recrutent et sont mal connus ; se constituer un petit vivier de candidatures directes en passant des annonces sur des sites Internet généralistes d’annonces (du type Leboncoin) et en aidant ensuite

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les candidats intéressés à remplir des dossiers pour se faire financer leur formation. On peut se demander si le nouveau Compte personnel de formation (CPF) va ou non permettre un accès plus direct des candidats aux formations. En tous cas c’est un enjeu déjà intégré par les OF rencontrés : « notre gros travail en tant

qu’organisme de formation, c’est d’avoir une offre de formation suffisamment claire pour que le demandeur d’emploi puisse les trouver facilement et utilise son CPF ».

Concernant enfin la composition de la demande d’emploi à laquelle les OF font face : Du côté de l’OF 2, leur champ large d’activité et leur participation à de multiples dispositifs font qu’ils sont en contact avec des demandeurs d'emploi de profils également variés – inscrits à Pôle emploi, bénéficiaires RSA, jeunes ou moins jeunes, métiers divers… l’OF 1 semble lui ne s’occuper que des personnes qui ont déjà un financement et on a l’impression que le public qu’il forme est moins éloigné de l’emploi (pas de bénéficiaires du RSA, demandeurs d’emploi ayant déjà un projet professionnel très défini), voire comprend peut-être une part aussi importante, sinon plus, de salariés que de demandeurs d'emploi, salariés qui doivent par exemple recycler un titre professionnel. Encore une fois, on peut avancer quelques

hypothèses quant aux raisons de ces différences de positionnement : différences sectorielles, du contexte socio-économique local et/ou positionnement différent des structures. L’OF 2 semble avoir toujours eu une sensibilité pour les questions d’insertion – une de ses fondatrices était d’ailleurs à l’origine dans le secteur de l’insertion des jeunes (au fondement des premières missions locales) et a une double activité de formation et d’accompagnement des demandeurs d'emploi en tant qu’OPP.

Comme on l’a déjà dit plus haut, dans les deux

organismes, les candidats à une formation, demandeurs d’emploi ou non, sont sélectionnés au préalable par des tests généraux (notamment de positionnement dans l’espace et de calcul pour l’OF 1, par des tests écrits et un entretien individuel pour l’OF 2). Ces tests servent en partie au sein d’OF 2 à orienter les candidats vers le type de formation ou l’organisme partenaire adapté, mais surtout à sélectionner : selon les chiffres communiqués, 100 candidats sont convoqués aux informations collectives chaque semaine, 30 sont présents et 15 sélectionnés, sans que l’on sache ce qu’il advient des non sélectionnés. Cette sélection dès l’entrée en formation pose deux questions. D’une part le rôle de la formation pour les demandeurs d’emploi

les plus éloignés de l’emploi, puisque même envoyés en prestation ils ne sont pas sûrs d’être retenus car ils ne sont pas jugés aptes à suivre la formation à l’issue des tests, alors même, qu’en théorie, la formation devrait justement leur permettre de combler ces lacunes. D’autre part : le rôle des financeurs ou des prescripteurs voire des entreprises vis-à-vis de cette sélection, c'est-à-dire le fait qu’ils effectuent eux- mêmes une sélection préalable pour maximiser le nombre d’admis ou bien le fait qu’ils ne sélectionnent pas, faisant confiance aux critères de sélection préalable de l’OF. Selon l’OF 1, dans le cadre des POE, les

entreprises qui ouvrent les postes proposés à la fin du parcours procèdent à une première sélection des personnes avant la formation, notamment pour voir comment les candidats « présentent ».

Modèle économique : lutter contre les aléas des appels d’offre

Même si l’un des organismes a un statut d’association (pour des raisons historiques) et pas l’autre, le modèle économique des deux structures semble assez proche : réponse à des appels d’offre auprès de financeurs publics ; catalogue de formation établi en fonction des besoins identifiés des entreprises et achat de formations par les financeurs publics ou les entreprises clientes ; organisation de formations ad hoc à la demande d’un des clients (OPCA, entreprise, Pôle emploi ...).

Cependant nos deux interlocuteurs ont développé un discours très différent sur ce modèle économique. La directrice de l’OF 2 insiste dans l’entretien sur le caractère très cyclique et très incertain de l’activité d’un organisme de formation : beaucoup d’activité

concentrée en fin d’année civile, quand les financeurs se « réveillent », très peu de visibilité au-delà de 6 mois, sauf avec les appels d’offre régionaux qui sont sur plus long terme. Elle souligne pourtant que leur maîtrise de l’environnement formation est plus importante que celle de l’accompagnement, activité très incertaine et en mutation. En effet selon elle, sur le volet sous- traitance de l’accompagnement, tout peut être remis en cause du jour au lendemain quand les appels d’offre sont renouvelés, cette activité ne dégage pas de marge et une nouvelle fois est soulignée la complexité des financements FSE. Un aspect intéressant est qu’elle lie cette meilleure maîtrise de l’environnement formation à des contacts plus directs, notamment avec le volet offre d’emploi (entreprises, OPCA), et bientôt avec les

demandeurs d’emploi qui voudraient financer une formation via leur CPF (compte personnel de formation).

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