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Les stratégies d’adaptation propre au psychisme en milieu interculturel

L’interculturel et son influence dans la construction identitaire

4. Les stratégies d’adaptation propre au psychisme en milieu interculturel

On peut définir la notion d’adaptation par le fait pour un organisme de résister au changement par l’élaboration de stratégies lui permettant de faire face aux défis externes en répondant par des mesures qui visent à maintenir l’équilibre. Un tel réajustement se produit souvent à plusieurs niveaux. En biologie, la cellule se recroqueville dans l’attente des conditions de vie meilleures ; le système immunitaire va par exemple maintenir l’homéostasie ; au niveau des organes, les systèmes endocrinien et limbiques y participent ; sur le plan social, les normes et les sanctions sociales maintiennent l’ordre ; tandis qu’aux niveaux psychologiques et

comportementaux, différents processus d’adaptation entrent en jeu. L’interculturel étant comme nous l’avons déjà relevé, un changement important, les processus d’adaptation psychiques sont eux aussi importants.

Dans le cadre qui nous intéresse et qui est celui de la psychologie, l’adaptation psychologique ou émotionnelle est l’ensemble des phénomènes internes qui permettent la mise en accord et l’interaction harmonieuse d’un individu avec de nouvelles conditions d’environnement, en particulier des circonstances éprouvantes. C’est dans ce cadre que point de vue comportemental, les maladies mentales sont souvent perçues comme des troubles de l’adaptation. Loin d’être un mécanisme fixe, l’adaptation est au contraire une capacité dynamique d’application d’un ensemble de techniques visant à maîtriser, à éviter ou à prévenir la détresse. L’adaptation fait ainsi référence à la gestion des réponses, et non à la maîtrise des stimuli. Il s’agit aussi d’un processus qui comprend une évaluation et une réaction : nous n’utilisons pas toutes les mêmes réponses dans toutes les situations. Dans le cadre très particulier l’interculturalisme et l’adaptation psychique ont pour but de permettre à l’individu de faire face à des pathologies engendrées par les phénomènes d’acculturation telles que l’angoisse, le stress, la dévalorisation psychologique, la souffrance morale, etc. deux types de stratégies sont alors mobilisés : les stratégies du coping, de la résilience et celles qualifiées de Réactions psychologiques transitoires (RPT).

- Les stratégies du coping : ce terme anglais, qui veut dire « faire face », désigne l’ensemble des efforts cognitifs et comportementaux destinés à maîtriser, réduire ou tolérer des demandes spécifiques internes et/ou externes, vécues par le sujet comme menaçantes, épuisantes et dépassants ses ressources. Souvent utilisé comme technique de thérapie comportementale, d’inspiration et d’application essentiellement américaine, le coping vise à renforcer la capacité de gestion de l’anxiété et de contrôle des peurs. Dans le cadre du traitement de l’état de stress posttraumatique, il s’associe aux chimiothérapies et aux thérapies de groupe. Contrairement aux stratégies d’adaptation sociale qui sont mises en place a priori et qui permettent de s’adapter à une situation, le coping est pour sa part un ensemble de stratégies qui intervient a posteriori d’un évènement, d’une situation stressante avec pour but de négocier, de gérer des situations repérées comme des épreuves (Manço, 2006). Le coping exprime donc le besoin de la personne de trouver des moyens pour éliminer ou modifier la teneur stressante d’une situation ou sinon, d’en maîtriser les répercussions émotionnelles. L’utilisation du coping comme stratégie d’adaptation psychologique en milieu interculturel, est basée sur deux niveaux

d’intervention, ces niveaux sont à la fois le problème à résoudre que la personne qui le subit. Lorsqu’ un problème d’ordre psychologique survient chez l’individu migrant ou simplement en situation interculturelle, le sujet mobilise donc des efforts à la fois cognitifs et comportementaux pour le résoudre. Dans ce cas, on parle de Coping actif, d’engagement orienté vers la tâche. Il s’agit très souvent ici de réactions d’évitement, sur le plan émotionnel pour faire face à une situation stressante. Ces réactions d’évitement peuvent conduire à des comportements de renfermement (isolement, drogues de toutes sortes, etc.). Malgré la pertinence de cette technique devenue une méthode qui donne des résultats en thérapie comportementale, notamment dans le monde Anglo-saxon, elle reste difficile d’application sur les enfants. Il est, en effet, difficile pour un enfant, d’envisager en avance, des solutions alternatives pour dépasser une difficulté elle-même à venir. Nawej Muteb (2017) dira dans ce sens que les stratégies du coping font appel « à des processus cognitifs complexes qu’un jeune de moins de 18 ans aurait du mal à mobiliser » (2017, p. 55).

4.1. La résilience

Elle renvoie en général à l’aptitude d’un individu à résister aux pressions et à reprendre sa structure initiale. Et plus particulièrement en psychologie, la résilience est la capacité à vivre, à réussir, à se développer en dépit de l’adversité. C’est la capacité qu’auraient certaines personnes à triompher des différents traumatismes qu’ils ont subis : deuil, abandon, maltraitance, violence sexuelle, guerre, etc. Les recherches en ce domaine ont débuté dans les années 90, sous l’influence de psychiatres américains spécialistes de la petite enfance, tels Warner (1989) ou John Bowlby (1978). En France, Boris Cyrulnik (1999) a été le premier à s’y atteler. Dans son essai Un merveilleux malheur, il s’interrogeait sur les processus de réparation de soi inventés par les rescapés de l’horreur. En 2001 dans Les Vilains Petits Canards, il montre comment ces processus se mettent en place dès les premiers jours de la vie et permettent de se reconstruire après la blessure. Manço (2006) partira de ces conclusions, qu’il appliquera à la situation interculturelle, il envisage ainsi la résilience, non pas comme capacité à résister, mais comme la manière d’un sujet de s’adapter : la résilience, d’après lui serait cette capacité qui permet la mise en place de compétences permettant de s’adapter et de se développer alors que l’environnement est devenu menaçant, traumatisant, pathogène. Il faut cependant éviter de poser la résilience comme étant une capacité innée. Elle se construit au fur et à mesure des expériences. Elle diffère donc d’une personne à une autre et d’une situation à une autre, en fonction de ses bases narcissiques.

4.2. Les réactions psychologiques transitoires (RPT)

Les RTP peuvent se définir sous trois axes qui sont : d’abord comme outils intrapsychiques qui permettent de faire face à la difficulté d’unification des significations rencontrées lors des moments de tensions identitaires ; ensuite comme des processus psychiques conscients et inconscients qui prennent place dès lors que le sujet éprouve un vécu subjectif de césure, au contact avec l’hétérogénéité de l’environnement socioculturel et enfin comme un processus qui permet d’effectuer le passage subjectif de la rupture à l’harmonie, tout en préservant la fiction de l’unité du moi (Teyssier et Denoux, 2013).

Ainsi, le sujet confronté à l’interculturalisme, son psychisme mobilise de façon inconsciente, des mécanismes nécessaires visant à préserver l’unité interne ce qui permet normalement de faire face aléas de la rupture du processus de construction psychique, de la construction identitaire.

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