• Aucun résultat trouvé

Deuxième partie : Cadre de la recherche

I. Contexte et objectifs de l’étude

5. Présentation de la méthodologie de recherche

5.1. La recherche exploratoire

L’étude exploratoire a été la première étape de cette recherche. Il était question de collecter les informations permettant à la fois d’affiner les hypothèses de recherche et de définir les techniques, outils et méthodes d’investigation les plus adéquats pour répondre à la problématique posée. Cette première articulation dans la recherche s’est faite auprès de deux familles camerounaises. Une qui réside en zone rurale sur l’embranchement Yaoundé-Okola à 22 kilomètres de Yaoundé et l’autre dans une famille vivant au cœur de la ville de Yaoundé. La rencontre avec ces familles a permis de voir s’il y avait des réalités psychiques, au niveau des parents qui ferait défaut à la transmission. Cette première articulation dans la démarche a par ailleurs permis de mieux saisir l’environnement familial dans lequel évolue l’adolescent camerounais aussi bien en zone rurale qu’en zone urbaine. L’outil méthodologique utilisé dans cette phase exploratoire était celui du récit de vie de recherche.

En tant que méthode de recherche, le récit de vie s’appuie sur la narration comme forme d’élaboration du temps vécu et de l’histoire qui, en produisant une certaine figuration de soi, devient aussi une forme d’élaboration de soi, dans ses liens d’appartenance aux autres, mais l’acte de raconter ne suffit pas. Dans la recherche, le récit fait l’objet de questionnement et d’analyse visant à comprendre le sens de la narration et des élaborations de celle-ci. Il s’agissait, concernant notre recherche et pour chacun des membres de la famille concernée, de se questionner sur son vécu de la situation des mélanges des cultures et pour chacun de reconstruire le sens de ce qui a changé dans le fonctionnement des familles au Cameroun et de sa famille en particulier ; mieux encore, il était question pour ces familles de se situer dans une histoire dont elles pouvaient comprendre certaines entraves et parfois s’en dégager, une histoire qu’elles pouvaient davantage faire sienne. Le récit de vie est, en effet, mis en œuvre comme support permettant d’interroger plusieurs figures du sujet : la figure sociale, celle familiale et celle inscrite dans la généalogie. On peut ainsi observer les contradictions et les conflits qui peuvent s’en dégager. Une autre possibilité est celle dans laquelle le sujet un narrateur se déploie dans son récit entre réalité et fiction.

Dans cette phase de la recherche, nous avons jugé utile de nous replonger dans le monde traditionnel. Il a ainsi fallu faire une immersion de quatre semaines dans un village, immersion idoine pour un travail de recherche solidement ancré au terrain. Il nous a en effet semblé

important de nous replonger dans la culture camerounaise, non seulement parce que cela nous permettait de mieux décoder le sens attribué aux choses, aux mots, aux gestes, et aux comportements, mais être au contact avec les villageois tout comme le fait d’appartenir à la même culture et parler la même langue (locale) sont des éléments qui ont facilité l’instauration d’un climat de confiance qui n’était pas acquis d’avance. Il nous a fallu, pour que s’installent la confiance et la fluidité dans le discours, vivre à l’intérieur de la communauté à laquelle appartient la famille vivant en zone rurale et partager les mêmes activités (aller au champ, aller puiser de l’eau à boire à la borne-fontaine du village, aller se baigner à la rivière, participer aux activités sportives…). Pour cette famille vivant en zone rurale, il a en outre été utile de prendre en compte un rituel africain de la palabre autour d’un repas. C’est un rituel qui permet de prendre en compte le principe connu ailleurs comme celui de l’échange de cadeau. Un repas a donc été apprêté, puis partagé en toute convivialité. Le déroulement d’un tel rituel implique que les convives en partageant le repas, discutent de toute sorte de chose. Il faut attendre que le chef de famille vous donne la parole. Il vous questionne alors au sujet des raisons de votre visite et c’est seulement à ce moment que peut débuter l’échange. Cette technique produit des résultats spectaculaires. La bonne humeur et la décontraction permettent aux uns et aux autres de se détendre ; ce qui favorise la libération de la parole. Le chercheur est dès lors assimilé à un membre de la famille.

Tout récit recouvre deux registres de données : des événements et des significations. Le récit de vie participe à deux réalités, l’une objective et l’autre subjective. La première renvoie comme nous venons de le dire, à une réalité historique, à travers les événements de l’histoire vécue, la seconde à l’expression du vécu de cette histoire. Ces deux dimensions du discours constituent une base particulièrement féconde de la recherche en sciences humaines et sociales. Une solide base qui laisse transparaître à la fois un univers de sens et un univers de vie, un point de vue sur le monde et des formes concrètes d’appartenance au monde. En tant que mise en mots du monde social et du monde personnel de celui qui se raconte, l’intérêt du récit de vie réside précisément dans la capacité, à travers lui, de saisir les univers social, culturel et notamment l’univers interculturel qui façonnent les identités au Cameroun, la manière dont ces identités se sont construites, se construisent et le sens que leur attribuent les narrateurs. Le récit de vie est donc une approche qui nous a permis permet de relier et d’associer des éléments de vie des individus concernés, de prendre en compte l’interaction de la vie privée, religieuse, scolaire et leur évolution. Ce qui nous a alors permis de comprendre comment les différents aspects de la vie interagissent les uns avec les autres. La consigne qui était donnée aux familles

était la suivante : je souhaiterais avoir avec vous une causerie sur des évènements qui permettraient de retracer l’histoire de vie de votre famille au sujet des modifications que la modernité apporte à la vie traditionnelle.

Outline

Documents relatifs