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L’influence des religions monothéistes sur l’organisation spirituelle dans l ’Afrique animiste

Les mutations profondes de l’Afrique : un processus de déconstruction des identités

8. L’influence des religions monothéistes sur l’organisation spirituelle dans l ’Afrique animiste

Au niveau religieux, l’Africain vit aujourd’hui une double expérience de valeurs religieuses endogènes et exogènes qui est, sans conteste. Cette expérience est le signe d’une identité écartelée de sa population à la recherche de son enracinement culturel et de son unité ontologique dans un brassage de civilisations devenu presque incontournable. Redisons que la population africaine se caractérise par sa grande diversité ethnique. Au sein de cette diversité, se dégage un point commun à toutes les populations : « lanimisme », qui est d’après Le Petit Robert (2013), une attitude à attribuer aux choses, une âme analogue à l’âme humaine ; autrement dit, il s’agit d’une conception des rapports, entre le monde des humains et celui du sacré, des esprits ancestraux, des divinités et des génies. Ainsi posé, il apparaît logique de dire que la spiritualité africaine est tout sauf monothéiste. Une telle conception de la religion a été remplacée. En effet, le contact avec l’Occident dans une perspective interculturelle a eu pour effet d’imposer sur terre africaine le christianisme. Le contact avec le monde arabe a, en ce qui le concerne, imposé l’Islam.

Les religions traditionnelles africaines s’appuyaient autrefois sur un ensemble de croyances, faisant notamment appel à la théogonie (ensemble des dieux dans une religion polythéiste) et à la cosmogonie (ensemble de théories sur la création du monde et de l’univers, prenant en compte les légendes et les mythes). Il s’agissait en réalité d’une combinaison de croyances formant un ensemble doté de sa propre cohérence. À l’inverse, le christianisme et

4 Le juge et le principe de la légalité des délits et des peines - univ ...

univ-jurisocial.over-blog.com/article-le-juge-et-le-principe-de-la-legalite-des-delits-et-.Par Sayon COULIBALY et Collègues. Publié le 27 juillet 2011. Consulté le 20 mai 2017.

l’Islam s’appuient sur des fondements doctrinaux clairement identifiés. La formation religieuse traditionnelle, dispensée à travers diverses initiations, servait de socle fondamental pour apprendre à survivre et à respecter la hiérarchie générationnelle en Afrique. La religion servait donc de ciment à la société africaine. Cette culture religieuse est aujourd’hui bouleversée.

L’arrivée des missions catholiques en Afrique s’est traduite par une lutte assez virulente contre tous les symboles religieux représentant la tradition. On peut notamment évoquer l’incitation à la destruction d’objets religieux typiques, comme par exemple les masques traditionnels taxés de satanisme. Cette situation a créé un trou, un vide historique et religieux dans l’identité africaine. Les jeunes d’aujourd’hui se cherchent dans leur spiritualité. C’est peut- être ce qui justifie leur engouement pour les nouvelles églises évangélistes d’origine américaine et récente. En effet, ce mouvement évangélique s’appuie non seulement sur la musique et des rythmes bien connus en Afrique, mais également sur des danses d’origines africaines. Cette nouvelle allégeance semble libérer les jeunes Africains des lourdeurs sociologiques de leur société. Elle est d’autant mieux acceptée qu’elle est véhiculée par des Noirs américains. Pour Freud (1913) la religion n’est autre chose que l’expression d’un sentiment de culpabilité vis-à- vis du Père. Ainsi la cosmogonie qui accompagne l’origine du monde, l’origine du clan ou du peuple pour ne pas dire tout simplement l’origine de la culture est la même qui articule les préceptes religieux.

Dans LAvenir dune illusion, Freud (2011) va analyser la religion comme une forme de régression de l’adulte vers les émotions de l’enfance. La soumission des hommes vis-à-vis de Dieu est comme celle du petit-enfant vis-à-vis de ses parents. Ainsi, en se déracinant, en tournant le dos à sa religion qui était centrée sur un mode de vie en harmonie avec les divinités et en embrassant les religions venues d’ailleurs, les Africains ont renoncé à leur mythologie, à leur symbolisme. En se soumettant avec docilité aux religions venues d’ailleurs, ils se retrouvent aujourd’hui démunis face aux épreuves de la vie et en appellent à une figure paternelle idéalisée censée leur apporter du soutien et de l’affection. C’est alors un appel aux ancêtres et cosmogonies culturelles étrangères qui advient alors même qu’ils se revendiquent comme originaire d’une autre culture. La question religieuse étant complexe, il convient de préciser ici notre pensée. Nous n’affirmons pas qu’il est impossible de s’accomplir dans l’islam ou dans le christianisme. Nous notons juste que ces systèmes religieux ont remplacé en Afrique une spiritualité qui pourtant avait depuis très longtemps prévalu et structuré le rapport de l’être africain à l’altérité. Un tel changement ne va pas sans une forme de déstructuration psychique

suivie d’une restructuration, et il nous semble que ni la déstructuration, ni la restructuration ne sont totalement acquises dans le domaine de la spiritualité en Afrique aujourd’hui. C’est ce que démontrent par exemple les incessants balais de va-et-vient, qu’effectuent les personnes malades entre les lieux de culte moderne, les chamanes, guérisseurs et autres marabouts garants de cette spiritualité qu’il est désormais convenu de nommer traditionnelle. Les Africains ont du mal à partir avec leur identité. Ils ne sont ni totalement encore détachés des spiritualités africaines ni totalement assimilés aux spiritualités héritées du contact avec les autres cultures.

9. Les effets de la mutation sociale comme une cause de l’émergence de la

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