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L’interculturel et son influence dans la construction identitaire

5. Les pathologies de l’interculturel

5.2. Catégorisation de la pathologie interculturelle

Les souffrances susceptibles d’apparaître chez le sujet soumis au phénomène interculturel sont de plusieurs ordres. Sur le plan psychologique, c’est en tenant compte du fait que les normes culturelles soient en ruptures progressives que la pathologie psychique va émerger, la référence n’étant plus faite aux esprits, à l’ancêtre fondateur. Un tel revirement peut avoir une résonance pathologique pour le psychisme du sujet, car il vient troubler l’unité somatopsychique qui garantissait la stabilité du sujet. Ainsi, la difficulté à s’adapter pourrait déboucher sur des comportements psychosociaux anormaux dont voici quelques-uns, recensés à partir de notre corpus composé d’adolescents camerounais. Nous les classons en deux catégories : les pathologies en lien avec la détresse psychologique et celles en lien avec les troubles de la personnalité :

5.2.1. La détresse psychologique

Le délire de persécution : malgré les changements importants apportés par

l’interculturalisme, la maladie est toujours envisagée comme l’action malveillante d’un esprit, d’un homme ou la punition d’un ancêtre. La pathologie résultant d’une faute, d’une transgression qui coupe le sujet du lien de vie avec la communauté ou avec les esprits, il appartient alors au guérisseur ou sorcier de restaurer ce lien en soustrayant le patient de l’isolement dans lequel il s’est retrouvé plongé. De plus en plus, certains de ces mécanismes peuvent s’avérer impuissants à apaiser le sujet, du fait de la rupture avec ses croyances, sa culture pour penser sa détresse. L’inefficacité de ces thérapies traditionnelle et la non-adhésion à celles modernes constituent un réel problème de prise en charge pour le sujet africain.

La phobie : on note chez certains adolescents vivant dans la ville de Yaoundé,

l’existence d’une phobie de tout ce qui relève de la culture traditionnelle ou le refus anxieux du traditionnel qui recouvre de nombreuses manifestations telles que la crainte d’aller au village, ou d’éviter tous contacts avec des personnes ressortissantes du même clan. La culture d’origine est vécue comme persécutive en raison de l’échec de la transmission. Elle devient étrangère au sujet.

La dépression : à la nucléarisation de la famille, il surgit le libre choix individuel qui

correspond à la dépression qui sera elle-même soutenue par la solitude du sujet dans sa réalisation, qu’il ne peut assumer.

L’angoisse : l’exigence de l’efficacité et de la performance entraîne l’angoisse de

l’échec. Le sujet devant désormais se battre tout seul dans une compétition de la vie devenue permanente. L’angoisse, l’anxiété et la dépression sont également les trois pathologies les plus fréquentes chez les élèves issus de l’immigration (Scandariato, 1993). Ces pathologies sont l’aspect visible d’un dérèglement qui atteint l’individu psychologiquement. Que l’on parle de migration ou d’autochtonie, il faut dire que le passage d’une culture à autre se couple aux impératifs psychiques du vécu transculturel, il est alors possible que l’individu se trouve incapable de réussir à s’adapter, parce que les parents sont dépressifs et qu’ils n’ont pas le deuil du pays d’origine.

5.2.2. Les troubles de la personnalité

Les troubles de l’image du corps : influencés par les médias et autres stars de la

musique, les jeunes, par un effet de mimétisme se transforment et cette transformation commence par les attaques du corps scarification, piercing ; des attaques non-ritualisées.

L’agressivité : il y a dans le monde interculturel la mise en avant de l’acte comme

preuve d’existence ; ce qui provoque des violences de l’agir et les passages à l’acte

Les addictions : le libéralisme économique que prône aujourd’hui la société où la consommation passe pour être le mode unique de recherche du bonheur ce qui entraîne des toxicomanies et addictions diverses, un rapport (consommation d’alcool)

Les pathologies narcissiques : il existe deux catégories de pathologies narcissiques,

superficialité dans les sentiments pour autrui et l’insuffisance de narcissisme, issue de blessures dans l’estime de soi, de manques affectifs jamais comblés. Les deux proviennent du même manque de constance et de solidité dans la mise en place de l’amour de soi. La perte de l’estime de soi, face à une incapacité à pouvoir dépasser un conflit de valeurs, face à des stéréotypes qui mettent en cause un sentiment d’appartenance ou d’une manière plus générale, face à une incapacité de réussir sa socialisation, la situation d’échec qui en résulte, conduit inévitablement à une négativité de l’estime de soi (Tap et Malewska-Peyre, 1993).

Les troubles de l’identité : la construction identitaire est un processus complexe

impliquant plusieurs facteurs dont la personnalité de l’individu, son environnement socioculturel ainsi que la qualité de ses liens d’attaches. Lorsqu’ il se pose un problème à un de ces niveaux, c’est l’identificatoire elle-même qui se trouve menacée. Dans le cadre d’une rencontre interculturelle, on sait que c’est dans les interactions avec autrui que se construit, s’actualise, se confirme ou s’infirme l’identité. Dans une recherche sur la marginalité et les troubles de socialisation, Tap et Malewska-Peyre (1993) ont montré une corrélation particulièrement négative entre les stigmatisations et l’image négative de soi. C’est qui pourrait conduire à un trouve d’identité chez une personne migrante qui se voit refuser le droit d’appartenir à une communauté majoritaire.

Nous n’avions pas pour objectif de présenter toutes les formes de pathologies susceptibles d’être rencontrées en milieu interculturel, mais de ressortir celles qui ont pu émerger de notre corpus. Il convient de se questionner sur l’état de la clinique interculturelle.

6. De la clinique ethnopsychanalytique de Devereux à une anthropologie

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