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L’appréhension juridique du concept d’adolescent au Cameroun

Le Cameroun : un pays caractérisé par sa diversité culturelle

2. L’appréhension juridique du concept d’adolescent au Cameroun

La Convention sur les droits de l’enfant adoptée le 28 novembre 1989 par l’Assemblée Générale des Nations Unies stipule pour sa part en son article premier : qu’« un enfant est un

être humain âgé de moins de 18 ans, sauf si la majorité est atteinte plus tôt en vertu de la législation qui est applicable. Cette définition repose sur la dimension juridique du concept.

Il ressort du droit en vigueur au Cameroun que l’adolescence est une période de la vie comprise entre 1

5 et 20 ans. Si les dispositions juridiques ne parlent pas spécifiquement de l’adolescence, elles permettent de distinguer trois types de majorité ; ce qui laisse entrevoir une catégorie d’âge précise dans laquelle il est alors possible de ranger l’adolescence. On peut donc y distinguer : la majorité pénale (18 ans) qui correspond à l’âge à partir duquel une personne peut être tenue pour entièrement responsable de ses actes devant un tribunal ; la majorité politique (20 ans) qui correspond, selon l’article 2 de la constitution camerounaise du 18 janvier 1996, à l’âge à partir duquel un citoyen camerounais dispose du droit de vote ; la majorité civile, qui pour sa part est fixée à 21 ans. Elle porte sur tout ce qui est acte administratif tel que les contrats par exemple, à l’exception du contrat de travail et du mariage. Le travail des enfants étant légal dès 14 ans et l’âge minimum pour contracter un mariage étant de 18 ans pour les hommes et 15 ans pour les femmes sont donc, suivant l’ordonnance du 29 juin 1981 portant organisation de l’état-civil et de diverses dispositions relatives à l’état des personnes physiques, des exceptions à la majorité civile. Du point de vue juridique, le passage de l’enfance à l’âge adulte dépend donc au Cameroun de l’aspect considéré : le travail, le mariage pour les femmes ou les hommes, la responsabilité pénale, le droit de vote et ou la responsabilité civile.

Pour déterminer ce que c’est qu’un adolescent au Cameroun aujourd’hui, il conviendrait, en plus de l’aspect juridique, de s’intéresser aussi à la réalité sociale et culturelle et aux actes posés par les personnes plutôt qu’aux limites d’âge et autres prescriptions du Droit. C’est ainsi que le sens commun considère des critères positifs pour définir l’adolescent. Dans un tel contexte, travaille celui qui est capable de travailler, peu importe son âge. Sera mariée la fille qui aura, par elle-même ou par l’intermédiaire de son père, trouvé un mari, quoi qu’en dise le juge. Les critères définissant les adultes ne sont dès lors pas liés à l’âge. Un homme même âgé de plus de 31 ans ne sera jamais pleinement un adulte s’il n’est pas marié et père. Quant aux femmes, elles ne sont considérées comme telles que par le mariage et la maternité. Pour les hommes, l’accession au mariage étant souvent conditionnée par la possibilité financière d’assumer la charge d’une famille, l’exercice d’une activité rémunératrice procure de la maturité indépendamment de l’âge tout en instaurant une autre classification entre personnes

immatures, économiquement dépendantes et les personnes matures, économiquement indépendantes. Dans ce sens, la hiérarchie socioculturelle implique que la distinction entre jeunes et adultes s’inscrive dans une continuité liée à l’autonomie et au pouvoir des individus. Ainsi, l’autonomie et le pouvoir sont tributaires de la reconnaissance sociale des actes posés par une personne dans la mesure où ces actes attestent de sa capacité à les assumer. Le statut d’adulte n’est pas atteint à un âge spécifique, mais il s’acquiert par un comportement adulte reconnu comme tel par des pairs. Qu’ils soient juridiques, socioculturels ou autres, les critères de passage de l’enfance à l’âge adulte ne sont pas clairs au Cameroun. Ils obéissent à de multiples critères différents les uns des autres. Une observation particulière va cependant nous contraindre à distinguer deux types d’adolescences au Cameroun : l’adolescence traditionnelle vivant en campagne et l’adolescence occidentalisée vivant généralement dans les villes. Qu’il soit occidentalisé ou traditionnel, l’enfant camerounais est aux prises avec la construction de son identité.

2.1. Situation socioéconomique de l’adolescent camerounais

Les chiffres communiqués en 2011 par l’Institut National de la Statistique10 (INS),

révèlent un taux de chômage au Cameroun situé entre 4,5 % et 5 %, soit un million de chômeurs dans une population estimée à près de 20 millions d’individus. À côté de ces chiffres officiels, pullulent des nombreuses autres sources qui indiquent un taux de chômage de près 20 %. On note par ailleurs un chiffre de 70 % de sous-emploi11. En 2016, le Cameroun était classé 115e

pays dans le domaine de la promotion de l’entrepreneuriat par Le Global Entrepreneurship Index. Il s’agit d’un classement du GEDI Institute et le Global Entrepreneurship Network qui classe par ordre de mérite 132 pays dans le monde. Ce classement porte sur le domaine de la promotion de l’entrepreneuriat12. Voilà la réalité à laquelle fait face la jeunesse camerounaise ;

une jeunesse qui se considère comme oublier par les ainés qui ne semblent pas décidé à mettre en œuvre tous les moyens nécessaires utiles pour un véritable déploiement économique de la jeunesse. S’agissant du taux de scolarisation de cette jeunesse, l’INS présente les résultats d’après lesquels, près de 7 adolescents sur 10 de 15 ans ou plus soit (71,2 %) seraient

10 Les statistiques qui sont diffusées par L’INS sont classés en deux groupes : les statistiques structurelles généralement disponibles sur une base annuelle et les statistiques conjoncturelles disponibles sur une période inférieure à l'année.

11 https://www.la-zep.fr/.../au-cameroun-les-moto-taxis-en-roue-de-secours-contre-chom.

12 Ce classement a encore vu arrivé en tête les États Unis, suivis du Canada, puis de l'Australie, le Danemark en 4e position,

alphabétisés, une proportion supérieure de 4,5 points à celle observée en 2005. Le taux d’alphabétisation est cependant nettement plus élevé chez les hommes (78,2 %) que chez les femmes (64,7 %). Ce taux se situe à 89,9 % en milieu urbain et à 57,2 % en milieu rural. Ces chiffres diffèrent d’une région du pays à l’autre. Ainsi, plus de 9 personnes sur 10 sont alphabétisées à Douala (96,5 %), à Yaoundé (94,4 %), au Sud (94,0 %) ainsi qu’au Littoral hormis Douala (91,4 %). À contrario, moins de 3 personnes sur 10 le sont dans les régions de l’Extrême-nord (26,1 %) et du Nord (35,2 %). (INS, 2011, p. 19).

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