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E.2.1 Les associations pour l’assainissement à Bobo-Dioulasso

Dans le document Une anthropologie politique de la fange. (Page 198-200)

l’espace urbain

V. E.2.1 Les associations pour l’assainissement à Bobo-Dioulasso

Depuis le retour à la vie constitutionnelle normale, l’article 21 de la loi fondamentale du Burkina Faso reconnaît la liberté d’association172. Les actions des associations de jeunes et de femmes s’inscrivent dans ce cadre. Parmi elles, quelques-unes s’investissent dans le domaine de l’assainissement et sont appuyées par le PPDU. Le GRADI a organisé un concours pour les associations s’investissant dans le domaine de la salubrité et quelques-unes ont été primées (Cf Annexes).

« Dans le cadre de notre recherche, nous avons visité les associations suivantes: Sya kini173, Saniya174, UJAP, ADES 17…, Sinignassigui des femmes du secteur 10 de Bobo- Dioulasso. L’APCEF-section de Bobo-Dioulasso est une organisation de jeunes qui s’occupe du ramassage des ordures ménagères. D’autres associations essayent de s’organiser à partir de critères de solidarité divers (voisinage, genre, âge, ethnie) pour s’entraider lors d’événements sociaux : mariages, baptêmes funérailles ; mais aussi pour des activités d’intérêt public : curage des caniveaux, nettoyage d’espaces publics (écoles). Ces associations de femmes ou de jeunes se sont impliquées dans différents programmes comme l’opération Saniya, DPASF, Faso Baara, CFD, etc. » Millogo, 2002 : 100.

« Les femmes se sentent très concernées par leur environnement et sont très sensibles aux questions liées à l’hygiène et à la propreté. Des associations féminines s’investissent dans le domaine de l’amélioration de leur environnement et s’organisent dans les services publics tel l’exemple du nettoyage de l’enceinte de la Mairie de Dafra à titre bénévole une fois par mois. » Millogo, 2002 : 100

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Le Burkina Faso reconnaît trois types d’associations : les ONG, les associations d’utilité politique, et les associations « simples ». On distingue dans la commune de Bobo-Dioulasso les associations suivantes : des Associations de femmes à caractère émancipateur et formateur ; des Associations mixtes pour le développement économique en général (visent l’amélioration des conditions d’existence : parents d’élèves (clôture, salles de classe, latrines); des Associations mixtes à caractère politique ; des Associations à caractère commercial (élevage, confection et vente de savon); des Associations à caractère socio-professionnel (amélioration des conditions de travail) ; des Associations de résidents (maintien des liens socio-culturels) ; des Associations à caractère religieux (promotion du Coran ou de l’Evangile) ; des Associations à caractère syndical ; des Associations à caractère social (soutien aux veuves et orphelins) ; des Associations de retraités.

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Propreté de Sya en langue bobo

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Il ressort qu’elles interviennent toutes dans le ramassage des ordures ménagères, le nettoyage des espaces publics, des actions de reboisement ou d’embellissement, l’entretien des espaces verts, le curage des caniveaux. Le plus souvent, ce sont des actions ponctuelles dans le cadre de marchés confiés par les services techniques municipaux, l’ONEA, l’agence d’exécution des travaux d’intérêt public (Faso Baara) et autres. Auprès des ménages, les services sont payés mensuellement. Le nombre d’abonnés varie selon les secteurs ; il en est de même du taux de recouvrement des frais qui varient entre 750 et 1000 FCFA pour un passage d’une fois par semaine. Les abonnés sont principalement de nouveaux résidants. Le réflexe de méfiance des habitants est toujours le même :

« dès qu’un étranger lettré pénètre dans une cour, les gens se méfient, ils ont peur d’être imposé ou d’être exploité d’une manière ou d’une autre. Pour les gens, la rue, le service de voirie, c’est la mairie. Pour convaincre, les gens de l’association assènent l’argument hygiéniste : « si vous attendez que la mairie s’occupe de l’assainissement alors, c’est 50 000 FCFA que vous irez payer à l’hôpital ! ». Les gens ont des petits moyens (60 % des habitants sont des retraités) et l’association effectue la desserte même quand le ménage n’a pas réglé son abonnement depuis plusieurs mois (Les cotisations antérieures à 350 FCFA n’ont abouti à rien) » O.M. (guérisseur) secteur 17, Sarfalao, arrondissement de Dafra, Bobo-Dioulasso (enquête 2001).

Le président de cette association d’assainissement est aussi président d’un parti politique, il dispose de deux charettes à traction asine qui effectuent la pré-collecte des ordures ménagères (750FCFA/mois/ménage). Ils desservent 300 clients (soit 50 % de la population locale, 3 sous-secteurs sur 6).

Mais les associations de quartier qui œuvrent pour l’assainissement local insistent sur le fait qu’elles n’agissent qu’à cause de l’urgence et du danger potentiel et pour pallier aux défaillances des pouvoirs publics. Le sentiment qui prévaut chez les membres des associations c’est que « normalement, ce n’est pas notre affaire ! ».

« Il y a des associations dans ce quartier, mais nous sommes membres d’une association dans un autre quartier ; comme Souroukoukin et Diaradougou sont du secteur 2, nous faisons près du petit commissariat dans le secteur 2. Là où nous faisons nos réunions, leurs eaux de toilette sortaient et arrivaient jusqu’au lieu de la réunion donc à cause de ça ils se sont efforcés d’arranger le lieu. » Mme Z. Zouré, secteur 2 (Farakan), Bobo- Dioulasso, enquête 2001).

E.2.1.1 Les associations de riverains du canal « Brakina »

« En 2001, nous avons assisté à plus de sept réunions à la mairie de Konsa pour le problème du débouchage du canal d’évacuation des eaux usées industrielles. Lors des deux premières réunions, les industriels se sont rejetés la responsabilité de la pollution de la ville les uns sur les autres (chamailleries). C’est ainsi, qu’on a appris que le bassin d’épuration mis en place à grands frais par la CITEC ne fonctionnait pas vraiment. Cependant, il fut établi que les effluents de la CITEC avaient un Ph de 7, alors que les effluents de la SOFIB sont à Ph 14 ! Mais son propriétaire et patron se croit au-dessus de toutes les lois ! Ensuite, les effluents de la Brakina polluent surtout par les odeurs : ils sentent très mauvais mais leur pollution chimique est négligeable ! Ils ont voulu savoir le coût qu’ils auraient à supporter. Les élus communaux se sont réunis et ont estimé le coût des réalisations à 32 Millions FCFA. À la deuxième réunion, les industriels ont dit que c’était trop cher. A la troisième réunion, les riverains ont menacé de bétonner la sortie des effluents des usines si rien n’était fait. « On a failli se bastonner dans le bureau du maire : les riverains ont dit que la commune préfèrait tuer les hommes plutôt que les poissons bobo ! ». À la dernière réunion, le service technique a proposé un devis de 11 millions CFA pour le curage et la démoustication du canal, nous ne savons pas où en est le dossier actuellement. Avant l’ONEA reversait l’argent de l’assainissement au trésor, ce n’est qu’en 2000 que l’ONEA a commencé à garder l’argent pour l’assainissement. » T.K., Conseiller municipal, CDP, porte-parole des riverains du canal, secteur 9 (Konsa) Bobo-Dioulasso.

Ouagadougou et à Bobo-Dioulasso (Burkina Faso)

T.K. a été formé par le 3ème PDU en assainissement individuel et domestique et en développement participatif. Il a été membre du comité sectoriel de salubrité mis en place par le 3ème PDU, qui a procédé au curage des caniveaux. Il est aujourd’hui engagé dans la formation d’une association de riverains qui a été retardée pour des raisons de rivalité politique locale.

Dans le document Une anthropologie politique de la fange. (Page 198-200)

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