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D.1.2 Les dysfonctions du service de nettoyage

Dans le document Une anthropologie politique de la fange. (Page 106-108)

conceptions, représentations et usages de la ville à Bobo-Dioulasso

III. D.1.2 Les dysfonctions du service de nettoyage

L’hôpital produit en moyenne 125 m3 d’ordures par mois contenant des germes pathogènes. Les déchets solides (y inclus ceux des salles d’opération et des cabinets de pansement (en sacs plastiques) sont collectés dans un coin du terrain de l’hôpital et entreposés par terre, en plein air. Chaque semaine, ils sont chargés à la pelle dans un camion et transportés dans une décharge où ils « devraient » être incinéré en présence du personnel de l’hôpital. Les 25 centres médicaux de la ville produisent des déchets hospitaliers contaminés dont une partie est incinérée et l’autre partie mélangée aux ordures ménagères :

« Il y a une société de nettoyage au sein de l’hôpital, c’est EGECOF, ils travaillent pour l’hôpital, je ne sais pas où ils sont situés en ville. Le problème, c’est les heures de nettoyage. La société doit nettoyer le service à partir de 4 h 30 du matin et à 6 h ça doit être terminé pour que les agents de santé commencent leur boulot. Mais ils ne respectent pas les horaires, la preuve ils sont encore là à 9 h. Si les malades sont là pendant qu’ils nettoient, il n’y a plus de propreté ! C’est une désorganisation, c’est un résultat négatif. C’est mal fait, ce n’est pas propre. Moi quand que je vois que ce n’est pas bien fait, j’appelle la société pour leur dire. À 7 h je suis là (ce qui n’est pas du tout le cas en réalité !), je surveille, je corrige, mais ce n’est pas facile. Mais je crois qu’on va remercier cette société, je répète la même chose, les clauses du contrat ne sont pas respectées, on paye quand même des millions pour ça ! » Madame Kambou, infirmière responsable du service d’hygiène de l’hôpital de Bobo, 6 septembre 2001

D.1.2.1 Le relais associatif

« Nous avons une association au sein de l’hôpital, c’est Association Contact Hors-limite, elle s’occupe des malades qui sont sans accompagnant. Il y a une prise en charge. Le président, c’est Khietega Joseph, c’est un infirmier psychiatre. Moi, je suis membre de l’association. J’ai demandé à l’association de s’occuper des toilettes, elle prend 25 F CFA et avec cet argent, on entretient les toilettes. Mais pour la vidange, c’est l’hôpital qui s’en occupe, pour un voyage, il faut 10 000 F CFA. Pour une fosse, il faut compter 4 à 5 voyages. Il y a des choses que je voyais avant que je sois là, mais comme ça ne relevait pas de moi, je n’en faisais pas un problème personnel. Mais déjà dans mon service, je sensibilisais les malades. Je suis vraiment sensible à ces choses-là. J’ai d’abord travaillé à l’hôpital Yalgado de Ouagadougou avant de venir ici. J’ai suivi mon mari (militaire) qui a été affecté ici. J’ai travaillé aussi à Zorgho, à Moctedo aussi. Le fait qu’il y ait déjà un service d’hygiène à l’hôpital de Bobo veut dire qu’il y a une prise de conscience quelque part. Il y a un problème. Il y a des problèmes d’hygiène partout. Je me bats pour que les autres hôpitaux aient un service d’hygiène. Le fait d’étaler des habits (lavés à même le sol) devant même le service d’hygiène est un problème. Il y a des jours, je suis tellement énervée que je ramasse tout. Le problème est qu’on répète les mêmes choses parce que les malades partent, d’autres viennent, il faut dire la même chose. » Madame Kambou, infirmière responsable du service d’hygiène de l’hôpital de Bobo, 6 septembre 2001

D.1.2.2 Le dépotage sauvage des déchets au secteur 17

« Par rapport aux problèmes d’hygiène dans les blocs, il faut un incinérateur pour détruire les déchets solides ici ; c’est un gros problème. L’hôpital fait du mal à toute la population de Bobo, on jette les aiguilles contaminées, des poches de sang contaminées, je suis allée voire là où ils déversent, c’est dégueulasse. Les enfants sont pieds nus, la nappe souterraine est polluée ! Vous imaginez les effets, quand j’ai vu ça, j’ai eu les larmes aux yeux. Ça veut dire que tout l’argent qu’on met dans la sensibilisation, c’est zéro ! Un hôpital national où il n’y a pas d’incinérateur, il n’y en a même pas à Yalgado (Ouagadougou). J’ai rédigé un plan d’action pour le soumettre à mes supérieurs, cela me permettra de réaliser quelque chose. Mais l’incinérateur coûte cher. » Madame Kambou, infirmière responsable du service d’hygiène de l’hôpital de Bobo, 6 septembre 2001

D.1.2.3 L’évacuation des eaux usées

Plus de 100 m3 / jour d’eaux usées fortement contaminées micro biologiquement, sont conduites dans des puits perdus et des fosses septiques, dont les trop-pleins sont emmenés dans un canal qui se jette dans le marigot Houet où les silures sacrés continuent, tant bien que mal, à vivre ! Au point de rejet des eaux usées de l’hôpital, on constate une forte contamination bactériologique des eaux : des analyses effectuées par la GTZ pour l’ONEA en 1994, et par le projet RESO en 1998, montrent que le Houet se caractérise par une forte pollution organique (DCO, DBO5), en azote ammoniacal et par la charge en matières en suspension très polluées (hydrocarbures et métaux lourds). Néanmoins, cette eau polluée est ensuite pompée pour irriguer la production maraîchère le long des berges !

« Il y a le problème des eaux usées. Les eaux ne sont pas traitées à l’hôpital et c’est déversé directement dans le barrage du Houet et l’eau est récupérée pour le maraîchage, je vous laisse imaginer la suite. C’est un gros problème. On a des problèmes avec le service d’hygiène parce qu’ils disent que nous déversons notre eau sale qui passe devant leur service ! L’hôpital devient pollueur comme les industries, ou même pire. Je n’ose pas vous dire ce qu’on déverse ici comme déchets liquide. On ne mangerait plus. La population ne sait pas. Le problème, c’est que l’hôpital n’est pas subventionné (c’est un hôpital militaire), c’est l’État seulement qui finance l’hôpital. La commune est subventionnée, la direction régionale de la santé est subventionnée. Je ne dis pas qu’ils en ont pas besoin, mais l’hôpital aussi a des choses à faire. L’ONEA aussi est là, il ne fait rien ; en fait il n’y a pas de travail en équipe, chacun reste dans son petit coin. J’ai

Ouagadougou et à Bobo-Dioulasso (Burkina Faso)

soulevé le problème avec la voirie la semaine dernière, ils étaient là la bouche ouverte, ils n’étaient pas au courant de toutes ces choses. Je dis « maintenant que vous êtes au courant, qu’est-ce que vous allez faire ? » ils disent « on va réfléchir » et là comme on n’a jamais fini de réfléchir, le problème va rester là. Je suis allé les voir de moi-même pour leur poser le problème de l’hôpital qui touche tout le monde. Du coup, je suis devenue une vraie emmerdeuse, je suis très seule. J’ai l’impression que je suis seule à être concerné par ces problèmes, j’ai l’impression que les autres s’en moquent. Parfois, j’ai envie de tout abandonner. Ce qui freine notre développement, c’est que nous voulons l’argent facile et rapide. Mais ça ne va pas loin ; tu jettes des ordures dans la nature, tu vas tomber malade après. L’eau des usines qui passe à Accart-Ville, tout le monde voit et personne ne dit rien. On en parle pendant la campagne et après rien. » Madame Kambou, infirmière responsable du service d’hygiène de l’hôpital de Bobo, 6 septembre 2001.

III.E. L’hôpital Yalgado Ouédraogo (Ouagadougou)

III.E.1 Prescription protocolaire des codes de l’hygiène et

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