• Aucun résultat trouvé

S'engager envers ses collègues de travail

Chapitre 5 : L'engagement dans le milieu coopératif

5.2. Les différentes cibles d'engagement

5.2.2. S'engager envers ses collègues de travail

Chez tous les répondants, on voit une forme d'engagement envers les collègues de travail. On travaille bien, et en équipe, pour le bien de l'équipe de travail.

Maxime, à la coop Zone, remarque qu'il a perdu un réseau social en quittant l'entreprise, qu'il retourne voir en tant que client de la coopérative : « À la coopérative par contre, c'était du monde que je voyais à tous les jours, puis que, comme, qui m'étaient sympathiques. […] À chaque fois que je retourne, parce que je retourne encore acheter, tu sais, je suis rendu là environ une fois par semaine, puis je fais mon tour, puis je jase avec eux, ça fait que, je pense, la chose que j'ai perdue le plus, c'est justement comme un contact social finalement avec l'équipe qui était là, tu sais. » (Maxime, Zone) Il aimait l'organisation du travail de la coopérative, qui favorise l'entraide entre collègues de travail : « Tout le monde s'entraidait, des affaires de mêmes. Puis, tu sais, quand on avait un rush à la caisse, quelqu'un de l'informatique venait nous aider. On était comme une gang qui faisait marcher le bateau, tu sais. Plus que comme un petit maillon dans la chaîne, puis qu'on avait notre petit poste à nous et qu'on devait pas déroger de ça. » (Maxime, Zone) Frédéric avait aussi le même sentiment dans le magasin sur le campus : « Sur le plancher de vente, on est très, on est très lié là. C'est des personnes avec qui je m'entends très très bien et on est toujours prêts à s'aider les uns les autres quand on a des problèmes. » (Frédéric, Zone) Le même engagement entre les collègues se retrouvait dans les bureaux, comme le mentionne Benoît : « En fait, les gens restent parce qu'ils ont, à quelque part, les mêmes valeurs que toi. Donc, ça fait comme une belle chimie. On sait pour qui on travaille, pour quoi on

travaille. C'est ça. Personne s'enrichit ici dans le fond. On se dit qu'il faut avoir du plaisir. Le plaisir à rencontrer les exigences des membres aussi là. » (Benoît, Zone)

Le partage des valeurs coopératives fait que souvent, les personnes qui travaillent ensemble se ressemblent, ce qui favorise les liens : « Je travaille avec des gens […] qui ont quand même les mêmes valeurs que moi pas mal souvent là. Tu sais, même dans mes loisirs, ça se reflète. Tu sais, c'est vraiment euh, on se ressemble beaucoup, beaucoup. » (Myriam, Barberie) Dans l'embauche du nouveau personnel, il faut d'ailleurs que les nouveaux partagent ces valeurs du reste de l'équipe : « On veut que ça fit, tu sais. Sans qu'on est pas toute pareil là, mais, il faut que ça fit avec l'équipe. On veut que le monde… partage, puis de donner leur opinion puis tout ça. Ça fait que c'est sûr qu'on essaie de prendre du monde qui sont capables de donner leurs opinions, mais qui sont capables d'écouter les autres, même s'ils seront pas nécessairement directeurs du département. » (Myriam, Barberie) Le fait que la Barberie possède un salon de dégustation aide aussi à la cohésion entre collègues : « En plus, on a un salon de dégustation là. On est une coop, puis en plus on a un lien d'après travail sur les lieux du travail là. » (Myriam, Barberie) Simon précisait qu'il aime le fait que l'équipe de travail se gère par elle-même plutôt qu'avec un supérieur : « Si quelqu'un tire de la patte, c'est entre nous autre qu'il faut le dire. On a pas à dire au patron : hey patron, il tire de la patte. Le chialage se passe entre nous autres. Les décisions sont prises entre nous autres, ce qui est vraiment génial. » (Simon, Barberie) Laurence aimait aussi que les problèmes soient réglés entre collègues de travail plutôt que par le supérieur : « Si tu as quelque chose à apprendre, quelque chose que tu fais pas comme il faut admettons, qu'ils ont envie de te dire de faire différemment, bien c'est tes collègues de travail avec qui tu travailles qui vont te le dire, puis ils vont te le dire gentiment. […] Ça passe bien tu sais, versus un boss qui vient te voir, tu sais, à la fin de ton chiffre. » (Laurence, Barberie) C'est d'abord et avant tout la proximité de l'équipe qui fait qu'elle aimait autant son travail : « C'est la cohésion, là, de la gang qui est le fun. Le fait que tout le monde soit proche, puis, euh, super sympathique les uns avec les autres. » (Laurence, Barberie) Simon était aussi de cet avis : « Il y a une complicité que j'ai jamais eue ailleurs. Je veux dire avec tous les autres employés. » (Simon, Barberie) Même si la proximité peut parfois amener des conflits, comme la communication se fait de manière horizontale, les problèmes semblent se régler plus facilement : « J'étais pas à l'aise avec certaines, certains, certaines de mes collègues, donc ça créait un climat de travail qui était un peu difficile. […]

Et puis éventuellement j'ai réussi à régler ce problème-là à travers la communication qui se serait peut-être pas passée dans un autre environnement. » (Simon, Barberie) Cette communication fait que la gestion de l'horaire de travail à la Barberie est plus simple qu'ailleurs selon lui : « Tu sais, on se lance à aider. Les remplacements sont souvent faits super facilement. » (Simon, Barberie)

Au MEC, les répondants étaient attachés à leurs collègues en raison de la passion qu'ils partageaient pour le plein air. Annie, par exemple, aimait être entourée de personnes qui partagent sa passion pour le plein air. Pour Étienne, : « C'est quelque chose qui me passionne d'être avec des gens qui me ressemblent un peu. » (Étienne, MEC) Étienne précisait aussi que l'ouverture de l'équipe faisait qu'il se sentait plus attaché à ses collègues qu'ailleurs : « Les gens sont toujours en train d'offrir, genre si tu as des questions, hésites pas, je suis là pour t'aider […] et souvent quand tu cherches quelque chose, il y a quelqu'un qui arrive et qui vient t'aider. Tandis que j'ai travaillé à d'autres endroits, puis euh, quand tu leur poses une question, tu te fais répondre, bien, va checker toi-même. » (Étienne, MEC) Cette plus grande souplesse serait possible, selon lui, parce que les employés seraient moins stressés au travail : « Quand je suis arrivé, ça m'a surpris à quel point les gens euh ils semblaient pas pressés, en train de courir partout, à avoir, tu sais, des gens stressés, c'est un peu moins agréable à côtoyer. Bien, vraiment, ça m'a surpris à quel point les gens étaient relaxes. […] Je pense qu'il y a peut-être plus d'employés qu'ailleurs pour faire la même job, donc les gens ont pas besoin de courir partout et de se sentir débordés. » (Étienne, MEC) À la librairie, le sentiment d'appartenance envers les collègues semble s'être accentué depuis le changement organisationnel :

Je sens qu'il y a un sentiment d'appartenance dans le milieu de la librairie, de la part des employés qui en font partie parce qu'ils ont vraiment l'impression d'appartenir à une famille. Et ça se sent, juste dans les initiatives qui sont prises, de par les employés qui ont envie de faire des heures supplémentaires par exemple juste pour pouvoir faire une vitrine. C'est quelque chose que j'ai l'impression que c'était beaucoup moins avant que ça devienne une coopérative là. (Marc, Pantoute)

Il mentionnait sa proximité avec ses collègues de travail : « Beaucoup de collègues sont devenus plus que des collègues, des amis. Euh, qu'on se voit en dehors du… S'il y a un collègue qui fait de la danse puis il monte un spectacle, c'est sûr qu'on va essayer d'y aller tout le monde. » (Marc, Pantoute) Selon Denis, c'est ce lien fort entre collègues de travail

qui a permis la création de la coopérative : « Je te dirais que depuis 10 ans, le noyau de libraires à temps plein, de libraires qui sont là, a été stable. Donc il s'est créé un lien entre les libraires, et ce lien-là a fini par définir un peu le travail qu'on faisait. » (Denis, Pantoute) Avec le changement au modèle coopératif, ce sentiment d'appartenance qui a été possible grâce à la stabilité du personnel s'est accentué : « Cette appartenance-là à la librairie, c'est sûr que ça a doublé là. Quand on a des idées et tout, tout se met en branle plus rapidement. Les idées vont plus vite, se réalisent plus vite. Euh… et je pense que la communication se fait beaucoup mieux. Je ne dis pas qu'elle se faisait mal avant, mais le noyau de… des coopérants ont vraiment fait sentir le fait que la librairie leur appartenait. » (Denis, Pantoute) L'engagement envers les collègues vient cependant, en premier lieu, de la passion pour la culture qui est partagée par les employés : « Le premier lien, c'est de promouvoir la culture, et ça, ce lien-là est fort pour tout le monde. […] Je pense que ce que ça a fait, ça a solidifié ces liens-là et cette confiance-là entre les employés qui ont des spécialités ou des intérêts qui sont différents des nôtres, à plus échanger. » (Denis, Pantoute)