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Obtenir un emploi dans une coopérative

Chapitre 4 : Travailler dans une coopérative, de l'embauche à la démission

4.1. Obtenir un emploi dans une coopérative

Pour la plupart des répondants à l'étude, le fait que l'entreprise soit une coopérative n'avait pas beaucoup d'importance au moment de postuler à un poste.

Dans le cas des répondants du MEC, les participants à l’enquête souhaitaient y travailler en raison de sa notoriété et des conditions de travail des employés. Le fait que ce soit une coopérative est un élément important, mais ce n'est pas l'élément majeur. Charles, par exemple, était client du MEC et considérait y avoir toujours reçu de bons services. Il avait des amis qui y travaillaient et avait entendu parler des avantages offerts aux employés, ce qui l'a poussé à poser sa candidature pour cette entreprise au moment où il se cherchait un emploi. Annie y a postulé d'abord pour son intérêt pour le plein air. Comme Charles, elle trouvait que l'équipe de travail avait l'air géniale lors de ses achats en tant que membre. Elle souhaitait travailler dans un magasin de plein air, et MEC l'intéressait plus qu'un autre magasin en raison de la relation avec les employés et du fait que ce soit une coopérative. Étienne, pour sa part, dit lui aussi avoir postulé en raison de son intérêt pour le plein air, et des valeurs de MEC qu'on lui avait déjà présentées.

À la Barberie, les répondants souhaitaient y travailler aussi en raison de la notoriété du commerce. Le fait que l'entreprise était une coopérative n'était cependant pas la raison principale. Simon, par exemple, était client de la Barberie et a décidé de postuler à un poste lorsqu'il cherchait à changer d'emploi en raison des valeurs du commerce qu'il aimait. Il dit adorer la clientèle de la Barberie, contrairement à celles d'autres milieux de la restauration. Il n'était cependant pas au courant que la Barberie était une coopérative avant de soumettre sa candidature. Pour Laurence, elle était cliente régulière du salon de dégustation et connaissait plusieurs employés et clients réguliers. Elle souhaitait y travailler en raison de sa proximité avec ce milieu, le fait qu'elle savait que ce serait un emploi payant et qu'elle voulait relever le défi de travailler à la Barberie, même si cela est exigeant en raison du roulement de clientèle. Elle souhaitait aussi voir le fonctionnement d'une coopérative de l'intérieur. Dans le cas de Myriam, elle venait tout juste d'arriver à Québec et avait été deux fois à la Barberie en tant que cliente. En se cherchant un emploi, elle a vu l'appel d'offres d'un poste à la Barberie qui convenait à ses études et a soumis sa candidature. C'est son intérêt pour la bière de micro-brasserie qui l'a poussé à postuler pour ce poste.

C'est à la coop Zone que les répondants semblent le plus accorder une importance au fait que l'entreprise soit une coopérative au moment de l'embauche. Benoît, par exemple, dit ne pas être intéressé par un travail de gestion dans une entreprise privée. Il est venu travailler à la coopérative Zone parce qu'il cherchait de nouveaux défis, et que la coopérative avait des difficultés financières à ce moment. Maxime a quant à lui appliqué par intérêt pour le modèle et pour le magasin Zone sur le boulevard Charest. Il souhaitait retravailler dans une coopérative étudiante, ce qu'il avait déjà fait pendant ses études collégiales. En même temps, le fait que ce soit un magasin d'art l'intéressait. Pour Frédéric, par contre, le modèle coopératif avait peu d'intérêt à ce moment. Il se cherchait un emploi et a utilisé un tuyau d'une connaissance y travaillant pour être embauché.

À la librairie Pantoute, comme les répondants ont commencé à y travailler avant le changement au modèle coopératif, il va de soi que le modèle coopératif n'avait pas d'intérêt pour eux à ce moment. Les trois répondants souhaitaient y travailler parce que le milieu du livre les intéressait, et qu'ils ne souhaitaient pas travailler dans une librairie à bannière. Les répondants ont choisi cette librairie en particulier en raison de la place qu'elle occupe dans le milieu culturel et des librairies indépendantes.

4.1.1. Postuler à l'emploi

La manière de postuler à un emploi est différente selon la coopérative. De plus, la procédure peut différer selon le poste à combler dans l'entreprise. Ce qui ressort de la manière de postuler sera présenté par coopérative, avec les disparités selon le poste occupé. Au MEC, il est nécessaire de postuler en ligne. La personne voulant obtenir un emploi doit remplir un formulaire directement sur le Site Internet de MEC, en précisant les postes qu'elle aimerait y occuper ainsi que les villes où elle souhaite travailler. Le postulant doit joindre son CV et une lettre de motivation expliquant son intérêt à travailler au MEC. Lorsqu'un magasin cherche des employés, cette liste est consultée pour convoquer en entrevue les personnes qui semblent correspondre aux critères. Obtenir un emploi chez MEC peut donc prendre un certain temps, puisqu'il est toujours possible de soumettre sa candidature, mais qu'il n'y a pas toujours de vague d'embauche. Les trois répondants du MEC ont attendu entre un et quatre mois avant d'obtenir un appel du MEC de Québec. MEC procède ensuite à une courte entrevue téléphonique, et finalement une entrevue en personne. Cette dernière entrevue, selon les répondants, cherche surtout à voir l'intérêt de la personne pour le plein air. On demande quel sport la personne pratique, ce qu'elle aimerait pratiquer, un endroit où elle voudrait voyager, etc. L'entrevue comprend aussi quelques mises en situation sur le travail.

À la librairie Pantoute, les trois répondants ont appliqués directement en magasin. Ils ont ensuite été appelés pour une entrevue et ils ont dû répondre à un questionnaire, dans le but d'évaluer leurs connaissances littéraires et du milieu libraire. Ce questionnaire permet à l'entreprise de cibler la personne qui est la plus apte à occuper l'emploi, et de voir les formations qui seront nécessaires au nouvel employé.

À la Barberie, l'embauche varie un peu selon le poste. Pour presque tous les postes, il est demandé de postuler par courriel, et la personne est ensuite appelée pour une entrevue si elle est sélectionnée. Pour le service par contre, les intéressés doivent se présenter au salon de dégustation, pour avoir une première rencontre avec la direction. Pour être embauché, Simon a déposé son CV. Il a ensuite répondu à un questionnaire par courriel, suivi d'un questionnaire au téléphone, et finalement il a eu une entrevue. Par la suite, on lui a fait passer un test pratique pour voir ses aptitudes en tant que barman. Simon relate que l'entrevue avait plusieurs questions sur le modèle coopératif et des mises en situation.

Simon et Laurence sont d'accord qu'il faut déjà avoir une bonne expérience en service avant de travailler à la Barberie.

Chez la coop Zone, l'embauche se fait sur le Site Internet ou en magasin, lorsque des postes sont disponibles. Dans le cas de Benoît, il a postulé directement à un poste de direction qui devait être pourvu. Frédéric, lui, a postulé par courriel, à la suite d'une référence qu'il avait obtenue pour l'emploi par quelqu'un qui y travaillait déjà. Étant donné le besoin de personnel, il a été embauché sur-le-champ. Maxime a quant à lui posé sa candidature par le formulaire qui se trouve en ligne, sur le Site Internet. Il a ensuite été convoqué pour une entrevue, qui était, selon lui, « exactement comme dans n'importe lequel autre magasin là finalement » (Maxime, Zone). La seule question concernant le modèle coopératif lors de cette entrevue aurait été de se faire demander s'il était membre de la coopérative.

4.1.2. La formation

Une fois le nouvel employé choisi, ce dernier est formé pour apprendre le métier. Cette formation de base à l'emploi varie d'une coopérative à l'autre.

Chez Zone, les employés de plancher commencent le travail sans réellement être formés. C'est au fil de leur travail qu'ils développent des aptitudes leur permettant de travailler à de nouveaux postes plus complexes. Frédéric, par exemple, a commencé par s'occuper de préparer les commandes Internet dans l'entrepôt. Au fil de son travail, il a acquis des connaissances lui ayant permis de changer de poste à plusieurs reprises, sans jamais avoir vraiment été formé : « Dès la première année, ils m'ont mis à la facturation en arrière. Et quand ils ont vu que je faisais bien les choses, bien j'ai commencé à répondre au téléphone, puis à régler les problèmes de comptes, puis de facturations. » (Frédéric, Zone) Il précise cependant que le processus d'embauche est plus rigoureux pour les personnes qui souhaitent y travailler toute l'année. Dans son cas, il a été embauché pour une période déterminée, mais la coopérative a décidé de le garder puisqu'il travaillait bien. Maxime, lui, dit qu'il a suivi une petite formation pour apprendre à faire la caisse, ainsi que quelques formations en informatique qu'Apple oblige les vendeurs à suivre.

À la librairie Pantoute, les nouveaux employés commencent par apprendre comment fonctionne la caisse et le système informatique. Ils sont à l'essai pour l'entreprise pendant

une période de trois mois, le temps de voir s'ils ont ce qu'il faut pour être libraire. Durant cette période, ils apprennent les rudiments du métier, au fil de leurs quarts de travail. Selon les trois répondants, le processus d'embauche n'a pas changé depuis que la librairie est devenue une coopérative de travailleurs actionnaires.

Dans le cas de la Barberie, comme les employés choisis sont déjà expérimentés, les nouveaux employés ont au départ très peu de formation. Il s'agit d'une petite formation pour apprendre le fonctionnement de la caisse et les différentes sortes de bière. Laurence a trouvé cette façon de faire assez difficile : « Tu es un peu garrochée. En fait, je pense que mon premier, premier chiffre, c'était un 5 à 7 un jeudi. Ça, c'est le plus gros chiffre de la semaine genre. Et ils m'avaient garroché un peu sur la terrasse là. "OK go, montre-nous ce que tu es capable de faire". » (Laurence, Barberie) Après ce premier quart de travail, elle est entrée sur l'horaire régulier. Pour les postes autres que le service, il y a certaines formations obligatoires pour assurer la sécurité des employés. Myriam précise par exemple que la personne à la production doit suivre une formation sur l'utilisation du chariot élévateur. Chez MEC, les nouveaux employés, qui entrent par vague d'embauche lors des saisons de grand achalandage, ont une fin de semaine de formation avant leur premier quart de travail. Lors de cette fin de semaine, ils apprennent plusieurs choses. Il y a un volet sur la coopérative : l'histoire de MEC, ses fondements, les causes qu'elle soutient, etc. Il y a ensuite un volet santé et sécurité au travail, ainsi que le fonctionnement du magasin. Par la suite, au fil de leur emploi, les employés ont accès à plusieurs activités de formation, que ce soit pour vendre dans un différent département ou en technique de plein air. Charles donnait l'exemple d'une sortie de trois jours en camping. Ces activités ne sont pas payées, mais tout le matériel est fourni. L'employé qui participe n'a qu'à apporter sa nourriture.