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S'engager envers la profession

Chapitre 5 : L'engagement dans le milieu coopératif

5.2. Les différentes cibles d'engagement

5.2.1. S'engager envers la profession

Les répondants de la librairie Pantoute, comparativement à ceux des autres coopératives, accordent une importance à leur profession. Ils semblent très engagés envers le métier de libraire : « C'est vraiment un métier où on est là pour la passion. Tu peux pas être libraire pendant des années si tu manges pas des livres. » (Guillaume, Pantoute) C'est pour continuer ce métier que Denis souhaitait que Pantoute devienne une coopérative : « C'était la solution pour moi de continuer à faire ce que je faisais de mieux avec euh le métier que j'aime. » (Denis, Pantoute) Guillaume dit aimer cet emploi parce qu'il lui permet d'entretenir sa passion : « Il y a l'aspect de défi, oui, de dépassement, qui est, je pense, important dans tous les emplois, mais il y avait, et c'était bien important pour moi aussi, l'idée d'être capable d'entretenir cette passion-là. » (Guillaume, Pantoute) L'entreprise lui offre d'ailleurs la possibilité d'entretenir sa passion par le métier de libraire, mais aussi par les autres tâches qui peuvent accompagner ce métier : « Depuis Pantoute, on rédige des articles pour des journaux, pour des magazines, on participe à des émissions de radio, à des émissions de télé, donc ça nous ouvre aussi cette, ce portail-là pour diffuser notre passion, notre métier. » (Guillaume, Pantoute) Marc évoque aussi cet élément : « Je découvre des choses à tous les jours. J'ai la chance de rencontrer des gens passionnants, que ce soit des auteurs ou des gens qui sont avides de découvrir. Ça fait que tu sais, oui, pour le salaire, ce serait facile de trouver mieux, mais pour tout ce qui est à côté, pour tous les avantages, pour moi ça me convient vraiment beaucoup. » (Marc, Pantoute) Après avoir passé plusieurs années dans la librairie, Guillaume a de la difficulté à se voir faire autre chose comme métier :

Des nouveautés, c'est pas à chaque semaine, c'est à chaque jour. J'aurais l'impression, disons, de retomber un peu des nues. De voir, bon là, il rentre plus de nouveautés de livres. Je me sentirais un peu comme un orphelin […] Et avec le milieu, avec tout ce que ça suppose aussi de pouvoir bon, discuter de, je sais pas, de Cicéron à brûle-pourpoint avec un client qui tripe sur le monde romain à 9h30 le soir. C'est pas tous les milieux où on peut avoir aussi cet aspect là, stimulant, puis culturel toujours, tu sais. (Guillaume, Pantoute)

Le métier de libraire, par sa nature, amène aussi certaines tâches que les répondants font avec plaisir : « Être un libraire, tu sais, c'est assez aimer son métier pour être justement, dire, bien là, il faut poser des roues sur un meuble, bien on va poser des roues sur un meuble. Il faut changer des ampoules, bien on va changer des ampoules. […] Il n'y a pas personne qui nous force à le faire, c'est de notre propre chef parce qu'on aime l'entreprise. »

(Guillaume, Pantoute) Marc mentionne aussi certaines tâches devant être faites par un libraire : « Il n'y a pas quelqu'un qui est à la caisse, quelqu'un qui… Il y a une rotation et tout le monde fait de tout. Tout le monde va laver le plancher éventuellement, tout le monde va placer un livre éventuellement, tout le monde va faire de la caisse » (Marc, Pantoute). Il mentionne que c'est l'un des éléments importants du métier de libraire : « On essaie toujours de faire en sorte que tout le monde soit un peu sur le même pied d'égalité au niveau des tâches à faire, au niveau que personne ne soit obligé de faire le travail ingrat toute la journée, puis qu'on en fasse deux heures, puis qu'ensuite ce soit quelqu'un d'autre, peu importe la hiérarchie. » (Marc, Pantoute)

À la Barberie, Myriam accorde une grande importance à la profession qu'elle occupe : « Un meilleur emploi pour bien du monde, ça veut dire un poste admettons […] à temps plein dans une plus grosse place, ou avec des fonctions plus précises dans une plus grosse place avec un plus gros salaire, mais moi il me manquerait beaucoup trop le côté service. Pour moi, le mix de mes deux postes ensemble, c'est comme vraiment parfait. » (Myriam, Barberie) Elle accorde aussi une importance à cet emploi parce qu'il lui permet de mettre en pratique ce qu'elle a appris pendant ses études : « Jusqu'à avant ça, j'ai gardé un emploi quand même assez longtemps […], mais que… j'aurais pu avoir juste mon DEC en sciences humaines puis ça aurait été suffisant pour le faire là. J'avais hâte de mettre en application ce que, mes études dans le fond. » (Myriam, Barberie) Le modèle lui permet aussi, en un sens, d'être propriétaire d'une entreprise, ce qu'elle ne se voit pas faire à son propre compte : « À la base, je suis pas quelqu'un qui me partirait en affaire. [...] Moi, ça me permet d'avoir une entreprise, si je peux dire, sans, sans être à mon compte. […] Ça fait que je possède une Ahahah! Une coop avec d'autres mondes super fins que j'estime et que j'apprécie, alors que je pensais pas du tout, jamais, avoir mis de l'argent, mettre de l'argent dans une entreprise. » (Myriam, Barberie) Elle qualifie son emploi à la Barberie comme étant son emploi de rêve. Laurence, pour sa part, voulait y travailler en raison du défi que ça représentait pour elle : « J'avais envie d'avoir ce défi-là parce que c'est très exigent et c'est un gros challenge quand même travailler dans un bar quand ça roule autant et qu'il y a une grosse terrasse là. J'avais le goût de me donner ce défi-là, je pense. » (Laurence, Barberie) Dans le cas de Simon, son attachement à son travail est né de son implication : « J'ai réalisé que l'implication, comme ça, au travail, ça donne un attachement que j'avais pas dans mes autres emplois. J'ai tout le temps travaillé pour euh vivre, tu sais, pas jamais vécu pour travailler. […] Ça veut dire que

n'importe quel job ferait l'affaire. Là, j'ai plus envie de travailler ailleurs depuis que je suis à la coop. » (Simon, Barberie)

Dans le cas de Zone, Maxime n'accordait pas une importance particulière à ses tâches, mais bien à la clientèle : « La clientèle qu'on a est plus jeune, est plus dynamique, est comme euh, peut-être plus ouverte d'esprit, est plus éduquée, tu sais. […] J'ai l'impression que dans les coopératives étudiantes, comme je te disais tantôt, c'est les ambiances qui sont cool. » (Maxime, Zone) Il mentionnait cependant la flexibilité qu'il avait au travail comme étant bénéfique : « Je me suis occupé justement de la caisse, de l'entrepôt, des arts, des arts puis des euh de l'informatique. Ce qui veut dire que, tu sais, je touchais à tout […] Moins tu me gardes longtemps au même poste, mieux c'est là. » (Maxime, Zone) Pour Frédéric, c'est la fidélité des membres envers le commerce qui est venu le toucher dans son travail : « Quand il y a un client qui vient me voir, qui est satisfait de mon service puis qui aime ça encourager la coop, automatiquement, ça vient me chercher un peu plus. Ça m'encourage à l'aider mieux. […] Le monde qui reviennent nous voir et qui sont fidèles à la coopérative, c'est le fun. » (Frédéric, Zone) Il accordait une importance particulière au fait d'être reconnu dans son travail : « Quand je travaille bien, j'aime ça être reconnu pour mon travail. […] J'aime ça quand mon implication est reconnue. J'aime ça bien me forcer puis j'aime ça quand, c'est ça, quand le monde l'apprécie. » (Frédéric, Zone) Il disait en faire plus que ce qu'on lui demandait : « J'ai toujours fait plus que juste le travail qui m'était assigné. » (Frédéric, Zone) Il mentionnait que la structure fait cependant qu'il ne serait pas supposé toucher à un autre département : « Je me permets un peu de déborder de mes tâches, mais en étant vendeur informatique, je suis juste supposé admettons faire du service informatique. Mais en connaissant le reste, je me permets d'en faire un peu plus. » (Frédéric, Zone) Il aime son travail en partie en raison du département dans lequel il travaille : « L'informatique, c'est quelque chose qui me passionne, et c'est quelque chose que je connais vraiment beaucoup. » (Frédéric, Zone) Même s'il ne se voyait pas faire ce travail toute sa vie, il dit aimer le service à la clientèle : « J'aime ça aider les personnes, et le service aux clients c'est quelque chose qui me, qui me tient très à cœur. Ça fait que je suis content quand les clients viennent me voir, quand j'établis une réputation et quand ils sont satisfaits du service que je procure. » (Frédéric, Zone) Il s'impliquait d'ailleurs dans le changement de l'organisation du travail dans le but d'améliorer le service qu'il peut offrir :

J'ai de la misère des fois avec la structure de l'entreprise. C'est quelque chose qu'on retravaille beaucoup en ce moment aussi. Principalement à cause que, admettons qu'on vient porter un ordinateur en service technique, des choses comme ça, ça peut prendre admettons 4 à 5 jours, mais il y a des choses que moi je serais capable de faire tout de suite avec le client, mais que je ne suis pas autorisé à faire vu que je ne suis pas technicien. Ça fait que j'ai poussé beaucoup pour que ça change, et c'est en train de se faire heureusement. (Frédéric, Zone)

Benoît accordait pour sa part une plus grande importance à ses tâches, par son rôle de gestionnaire. Pour lui, son rôle de gestionnaire dans le milieu coopératif lui allait, car le modèle plus ouvert lui permet une liberté dans son travail qu'il ne croit pas pouvoir avoir dans une entreprise privée : « Si j'y croyais pas fondamentalement, j'aurais fait le, j'aurais fait le pas vers l'argent, si tu veux. Et quand les offres d'emploi, c'est drôle, ils étaient tous comme ça. Ils me disaient tous, écoute, tu vas voir, tu vas devenir pas mal plus riche, tu sais. Toujours la question salariale, rémunération. Moi, c'est pas ça qui m'intéresse. Je veux bien gagner ma vie, mais pour moi l'important c'est ma liberté aussi. » (Benoît, Zone) Il mentionnait cependant qu'il pourrait aimer autant son travail dans une entreprise privée : « Comme gestionnaire, si j'ai fait le choix d'y aller, probablement. Tu sais, si je suis capable d'inculquer mes valeurs, ma philosophie de gestion, puis euh, de dire oui j'ai un défi puis il faut j'atteigne le défi, oui. » (Benoît, Zone)

Au MEC, par la nature du travail occupé par les répondants, ils n'accordaient pas une grande importance aux tâches effectuées. Cependant, dans le cas d'Annie, elle accordait une grande importance à son travail en raison de sa grande passion pour le plein air : « C'est le plein air d'abord qui m'a attirée. […] Ils engagent du monde crinqué de plein air, puis ils font juste parler sur ce qu'ils savent, ça fait que c'est motivant comme emploi. » (Annie, MEC) Par sa passion pour le plein air et la flexibilité qu'elle avait au travail, elle se sentait engagée dans son travail au MEC :

Le truc qui est le fun, tu sais, comme je te disais, on fait des rotations dans les départements. Ça fait qu’une journée, tu peux être aux chaussures, une journée au camping, l'autre journée tu peux être aux caisses. Ça fait que je sens jamais que je suis tannée parce que je bouge tout le temps. […] Je me tanne pas et j'ai le goût d'aller travailler là. Puis tu sais, il y a toujours des petites affaires comme : eille, on a reçu tel réchaud camping, je vais faire une petite présentation rapide, tu sais. C'est tout le temps crinqué sur le toujours en apprendre plus, tu sais. (Annie, MEC)

Dans le cas de Charles, il ne se sentait pas engagé dans sa tâche au MEC, mais expliquait comment un employé peut y être attaché :

Admettons on a un collègue qui a une fabrique de ski, qui fabrique ses propres skis puis qui vraiment est un type, un expert en fait. Ça fait que lui il donne des formations de ski. Il est payé pour faire cette formation-là. Donc si MEC trouve que tu es assez bon dans ce que tu fais puis que ça vaut la peine que, tu sais que ça apporte un plus aux employés puis à la connaissance des produits ou de l'expertise disons, bien ils te payent pour faire la formation puis ils donnent les congés nécessaires aux gens qui veulent suivre la formation. (Charles, MEC) Charles mentionnait aussi ses conditions de travail chez MEC, qui sont mieux qu'ailleurs.