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Chapitre 5 : L'engagement dans le milieu coopératif

5.3. Les types d'engagements

5.3.1. L'engagement affectif

La plupart des répondants semblent s'engager de manière affective dans leur entreprise. Ils y sont attachés et ont envie de bien faire leur travail pour le bien du groupe.

Au MEC, les répondants s'engageaient de manière affective envers l'entreprise, en raison de l'importance qu'ils accordaient aux valeurs véhiculées par MEC : « J'ai l'impression que c'est vraiment proche de mes valeurs, puis maintenant que je travaille là, je peux dire oui, ça représente bien. Je me sens à ma place. » (Étienne, MEC) Ils se sentaient mieux traités comme employés dans cette entreprise que dans d'autres emplois qu'ils ont occupés. Les formations sont aussi un élément central qui fait que les répondants aimaient particulièrement cette entreprise : « Tu en apprends sur ce que tu conseilles après aux membres et ça te donne un méchant sentiment d'attachement parce qu'après tu es : Wouhou! C'est quoi les formations qu'ils vont sortir? » (Annie, MEC) Le fait d’offrir un service aux clients plutôt que de tenter de vendre le plus possible semble aussi un élément important pour les répondants du MEC : « Moi ce que je voulais, c’était donner ce service-là aux membres et non leur vendre des bebelles. » (Charles, MEC)

On retrouve aussi ces éléments chez Maxime et Frédéric à la coop Zone, qui aimaient le fait de conseiller les clients plutôt que de chercher à conclure une vente. Maxime, pour sa part, aimait la clientèle du magasin, ce qui lui faisait mieux apprécier son travail : « Dans un

magasin d'art, tu jases tout le temps de peinture, de trucs comme ça, des affaires de même. C'est des conversations qui m'intéressent quand même plus que, je sais pas trop, de travailler dans n'importe quel autre commerce de détail. » (Maxime, Zone) Pour Benoît, qui n'avait pas un lien direct avec la clientèle, c'est surtout sa relation avec les cadres qui fait qu'il affectionnait autant l'entreprise. Il accordait aussi une importance aux projets que la coopérative mettait de l'avant : « Dans Zon’Orange, notre division, le projet, c'est d'avoir notre propre production maraîchère et notre propre production animale. Tu sais, ça m'allume là, tu sais. Il y a toujours le côté un peu entrepreneurial, mais changer un peu les choses. » (Benoît, Zone)

À la Barberie, les répondants sentaient un attachement affectif à l'entreprise en raison du contrôle qu'ils ont sur les décisions : « Il y a une complicité que j'ai jamais eue ailleurs, je veux dire avec tous les autres employés, que ce soit la production… Euh, il y a une reconnaissance aussi que tu as rarement dans le milieu du service. » (Simon, Barberie) Simon disait d'ailleurs qu'il s'impliquait à la Barberie pour les raisons suivantes : « Euh… le bien commun de la Barberie. Mon bien ainsi que le bien des autres à la Barberie. » (Simon, Barberie) Cet engagement fait qu'ils se donnent beaucoup plus à ce travail qu'ils le feraient ailleurs : « Personnellement, je suis quelqu'un qui va se dire. Oui, c'est bon pour l'entreprise, c'est bon pour la coop, bien ok ça devient une priorité, on le fait » (Myriam, Barberie) Pour Simon, c'est aussi la clientèle du commerce qui fait qu'il s'y sentait aussi attaché : « C'est vraiment une clientèle que… enviable. Je pense que la plupart des bars et restaurants aimeraient ça avoir ce genre de clientèle. » (Simon, Barberie) Même Laurence, qui n'était pas membre, sent une différence : « J'avais déjà travaillé dans un bar qui n'était pas une coopérative. Puis euh, justement là, c'était tenu hyper serré, puis je trouve qu'il y avait beaucoup plus de stress et beaucoup plus de conflits de pouvoir, justement là pour une job qui était tout aussi exigeante. C'est hyper exigeant là travailler à la Barberie, mais ça peut, ça peut se faire en toute douceur là Ahah! » (Laurence, Barberie) Elle disait accorder plus d'importance à son travail à la Barberie en raison de sa relation avec les personnes qui y travaillent.

Chez Pantoute, l'engagement affectif se voit par l'importance que les répondants accordaient au métier de libraire et des possibilités que leur offre l'entreprise : « J'aime partager des livres. Donc, que ce soit à la librairie ou en dehors de la librairie, je continue à le faire. » (Marc, Pantoute) Guillaume, par exemple, précisait qu'il a essayé beaucoup

d'autres métiers avant de trouver cette voie : « J'ai roulé ma boss comme un peu n'importe qui malheureusement des sciences humaines. Des fois il faut le faire avant de trouver et d'avoir l'opportunité de travailler justement dans la librairie qui est un modèle, une entreprise qui me correspond énormément. » (Guillaume, Pantoute) Marc, pour sa part, disait que la plupart des employés sont prêts à faire des heures supplémentaires parce qu'ils se sentent appartenir à ce milieu : « Les gens, mes collègues de travail, on est heureux souvent de faire des heures supplémentaires parce que, justement, on sent qu'on le fait pour nous autant que pour l'entreprise. » (Marc, Pantoute) Dans le cas de Denis, on voit son affection envers l'entreprise lorsqu'il parle du changement organisationnel : « Pantoute, si elle voulait survivre comme librairie indépendante, il fallait qu'elle se crée [la coopérative]. Alors oui, j'ai été celui qui a été de l'avant et qui a… j'ai ramassé les gens et j'ai participé à tous les comités. » (Denis, Pantoute)