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Chapitre 5 : L'engagement dans le milieu coopératif

5.3. Les types d'engagements

5.3.3. L'engagement normatif

Ce type d'engagement est plus difficile à cerner, mais certains répondants semblent aussi s'engager de manière normative, par loyauté envers l'entreprise qui leur offre un travail ou par ce qu'on pourrait qualifier d'un devoir moral. C'est le cas des répondants de Pantoute par exemple et de certains répondants des autres coopératives.

Pour Myriam, l'attente première de son emploi était de travailler dans son domaine d'expertise : « D'avoir un… un emploi qui me fait travailler un petit peu plus par rapport à mes études là. […] J'avais comme attente d'appliquer des affaires que j'avais vues à l'école, puis d'aller plus loin que dans mon ancien poste là. […] C'est ça, juste d'utiliser mon savoir un peu plus, d'avoir un poste un peu plus challengeant que ce que j'avais avant. » (Myriam, Barberie) Plus tard, elle rajoute : « C'est la première fois que je travaille dans ce pourquoi j'ai étudié, puis ça me tient vraiment à cœur. Ça fait que c'est deux trucs que je fais avec passion et avec beaucoup d'énergie et d'ardeur. » (Myriam, Barberie) Pour ce qui est de Laurence, travailler à la Barberie était un défi : « J'avais envie d'avoir ce défi-là parce que c'est très exigeant et c'est un gros challenge quand même travailler dans un bar quand ça roule autant et qu'il y a une grosse terrasse là. J'avais le goût de me donner ce défi-là, je pense. » (Laurence, Barberie) Dans ces deux cas, on remarque un désir de dépassement au travail par rapport à d'autres emplois occupés.

Dans le cas de Guillaume, on voit ce type d'engagement dans l'intérêt qu'il porte à l'aspect commercial de son emploi : « Le commerce, ça a toujours été quelque chose que j'ai vécu, et c'est quelque chose que j'ai trouvé effectivement en travaillant chez Pantoute. Donc, il y a l'aspect de défi, oui, de dépassement, qui est, je pense, important dans tous les emplois. Mais il y avait, et c'était bien important pour moi aussi, l'idée d'être capable d'entretenir cette passion-là. » (Guillaume, Pantoute) Il disait que ce corps de métier lui correspond parfaitement en raison de l'aspect commercial qui l'anime et de sa passion pour la littérature. Cependant, il précisait que, bien que ces éléments lui amènent un plus grand attachement à l'entreprise, cela ne l'amène pas à s'engager davantage puisque : « Sans vouloir me jeter des fleurs, j'ai toujours été quelqu'un qui se donnait à 110. » (Guillaume, Pantoute) Il est peut-être plus motivé par ce travail, ce qui lui est bénéfique, mais son engagement, selon lui, ne serait pas différent qu'ailleurs. Pour ce qui est de Marc, il disait qu'il s'implique parce que le travail prend une grande place dans sa vie : « J'ai envie que ce

soit bien fait, envie d'aller plus loin, de… vu que c'est pas juste un travail, que c'est aussi une passion, je déborde du travail parce que ça occupe une bonne partie de ma vie. […] Puis aussi le désir d'avoir peut-être plus de responsabilités et tout ça. » (Marc, Pantoute) Denis, pour sa part sentait un devoir de s'engager pour cette entreprise qui lui a donné l'opportunité de développer sa carrière et son expertise dans le domaine du livre : « La plus grande chance de ma vie, c'est la confiance qu'ont eue les patrons après 2 ou 3 mois, quand ils ont vu que je m'intéressais à [un domaine littéraire]. Ils m'ont dit : veux-tu t'en occuper? Et là, ça a été le début de ce que je suis. » (Denis, Pantoute) Il précisait que pour cette raison, il s'est toujours fortement engagé envers l'entreprise : « J'ai dit oui à tous les événements extérieurs, les heures sup, à remplacer quelqu'un. […] Récemment, c'est sûr que j'en fais moins d'heures sup. […] Il y a des jeunes, c'est à leur tour. » (Denis, Pantoute) Pour lui, le modèle coopératif dans Pantoute lui permet de continuer de faire son travail : « Moi la coop, je veux juste qu'elle survive. […] Qu'on paye notre emprunt et qu'on puisse travailler. De cette manière-là comme on travaille. Moi je vais être bien heureux. » (Denis, Pantoute) On remarque dans ces cas une envie de s'engager envers l'entreprise en raison de la passion et des opportunités qu'elle a permises à ses employés.

Étienne, pour sa part, précisait qu'il ne se sent pas plus engagé au MEC, étant donné qu'il tente de toujours donner son meilleur : « Je pense pas que j'accorde plus d'importance, parce que quand je m'engage dans quelque chose, j'essaie de donner le mieux que je peux. » (Étienne, MEC) Annie, quant à elle, disait ceci : « Je considère que c'est central dans ma vie ma job. […] Je me sens investi dans ce milieu-là. Tu sais, je m'en vais travailler là. » (Annie, MEC) Benoît accordait aussi un certain devoir à son travail : « Je suis assez sévère comme gestionnaire sur les attentes que mon patron ou mes patrons ont. Surtout sur les résultats. Ils sont moins durs envers moi que je peux l'être envers moi-même. Hum, peut- être parce que je suis un, j'ai un gros ego, puis comme gestionnaire je veux réussir. » (Benoît, Zone) Frédéric, pour sa part, a fait part de ce qu’il recherchait dans son emploi : « Je m'attends à être valorisé. Quand je travaille bien, j'aime ça être reconnu pour mon travail. Peu importe que ce soit une coopérative ou non, j'aime ça quand mon implication est reconnue. J'aime ça bien me forcer, puis j'aime ça quand, c'est ça, quand le monde l'apprécie. » (Frédéric, Zone) Il précise : « J'ai toujours fait plus que juste le travail qui m'était assigné. » (Frédéric, Zone) Nous avons ici certains répondants qui montrent qu'ils

accordent une importance en soi à leur travail et à l'idée de bien faire leur travail. Leur engagement est ici normatif, puisqu'ils sentent le devoir de s'engager dans leur travail. On peut voir que les répondants ayant ce type d'engagement ne disent pas s'engager dans l'entreprise parce qu'ils l'aiment ou parce qu'ils y gagnent quelque chose, mais tout simplement parce qu'ils ont comme valeur de s'engager au maximum dans ce qu'ils entreprennent ou qu'ils se sentent redevables envers l'entreprise qui leur a donné une opportunité.