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S'engager envers la communauté

Chapitre 5 : L'engagement dans le milieu coopératif

5.2. Les différentes cibles d'engagement

5.2.7. S'engager envers la communauté

Certains répondants s'engageaient aussi dans leur communauté. Cependant, le fait de travailler pour une coopérative ne semble pas amener les individus à s'engager davantage pour leur communauté. C'est par leurs tâches dans l'entreprise que les employés en viennent à s'engager dans la communauté, mais cet engagement se fait en tant que représentants de l'entreprise, et non à titre personnel. Les personnes qui s'engagent dans la communauté personnellement, sans leur entreprise, le faisaient déjà par le passé, avant d'y travailler. Ainsi, bien que les entreprises coopératives s'engagent envers la communauté, elles ne semblent pas faire naître un désir de s'engager chez ses travailleurs. La coopérative peut apporter des contacts et un plus grand réseautage dans la communauté, permettant au travailleur de s'impliquer davantage ou de s'impliquer dans des projets plus structurants, mais elle ne semble pas faire naître cet intérêt. Si l'individu n'a pas d'abord un intérêt à s'engager, son engagement ne risque pas de dépasser le cadre de son travail.

Dans le cas d'Étienne, par exemple, il travaillait pour un organisme communautaire au même moment qu'il travaillait au MEC. Il précisait cependant ceci : « Je t'avouerais que si j'étais pas payé, je l'aurais pas fait, mais encore une fois, je partage l'idée puis je trouve, je trouve que, admettons, je mets mes efforts à travailler là. » (Étienne, MEC) Ainsi, il s'engageait envers un organisme, mais ne se sentait pas prêt à le faire bénévolement. Son engagement envers l'organisme ne dépassait pas le cadre de son travail, même s'il y mettait du cœur. Cependant, les valeurs qu'il aimait chez MEC s'appliquaient à sa vie de tous les jours : « J'essaie de faire attention à ce que je jette, faire du recyclage puis tout ça. Puis pas tirer de cochonneries dans l'environnement quand ce serait pas mal plus facile que de le

traîner pendant une heure dans une randonnée, des choses de même. » (Étienne, MEC) Il s'engageait aussi informellement, d’un à un, envers des amis ou des connaissances qui ont besoin de lui. Sinon, il participait à l'organisation d'activités de plein air.

Annie était quant à elle impliquer dans le communautaire. Le MEC, par son ancrage dans la communauté, lui a permis de connaître les organismes du quartier, ce qui fait qu'elle se sentait plus familière avec le milieu. Même si elle a quitté son emploi au MEC, elle voulait continuer son engagement communautaire : « Je sais que je veux travailler dans le milieu communautaire aussi, rester dans cette dynamique là. Je sais que c'est une mentalité qui me rejoint beaucoup. Ça fait que j'y crois puis je veux passer ma vie là dedans. » (Annie, MEC) Elle disait d'ailleurs s'impliquer dans les marchés de proximité.

Charles, pour sa part, était très impliqué dans la communauté, ce qui fait qu'il s'impliquait moins dans son travail : « Je m'implique déjà trop à l'extérieur du travail, ça fait que jamais je m'impliquerai au travail, tu sais. C'est comme… j'ai pas le temps, tu sais. Si je m'impliquais pas à l'extérieur, est-ce que je m'impliquerais à l'intérieur? Peut-être. » (Charles, MEC) Il était très impliqué dans différents projets, que ce soit au sujet de l'environnement, de cuisines collectives, etc. :

Je pense qu'on a de la difficulté à vivre en communauté dans la vie actuellement par plusieurs problématiques d'ordre macro-social et micro-social. Je pense que c'est important de prendre connaissance de son environnement social et naturel, puis d’œuvrer pour une meilleure qualité de vie sociale et personnelle. Ensemble pour améliorer ces conditions-là. Puis je pense que c'est en s'impliquant et en faisant des actions concrètes qu'on apprend mieux et qu'on réussit vraiment à entrer en communication, en rapport avec les autres et avec la nature, puis permettre des changements à l'échelle locale. […] Je pense que c'est essentiel, ce serait essentiel que tout le monde s'implique dans quelque chose dans sa communauté pour le bien-être de tout le monde, parce qu'on vit en communauté, on devrait réagir ensemble en communauté plutôt que de se fier sur d'autres pour agir. (Charles, MEC)

Comme le modèle coopératif demande beaucoup de temps, certains répondants disaient qu'ils aimeraient s'engager dans d'autres causes, mais qu'ils n'en avaient pas le temps. À la librairie Pantoute, les répondants s'engageaient dans la communauté, mais cet engagement restait en lien avec leur métier de libraire : « Je suis l'un des combattants sur la ligne de front pour que l'indépendance du commerce reste, et pour que l'amour du livre reste aussi. Pour que l'amour de la littérature, de la lecture, de la culture reste. » (Guillaume,

Pantoute) Cela implique de prendre la parole dans l'espace public, pour faire rayonner la culture : « Je participe à des émissions de radio, des choses comme ça, qui sont liées à la librairie directement. […] Ça découle toujours de Pantoute évidemment que ce soit la radio, que ce soit justement ces trucs-là. […] C'est toujours un libraire de chez Pantoute qui vient donner son expertise de libraire. » (Guillaume, Pantoute) Il en est de même pour Marc, bien qu'il mentionnait avoir fait du bénévolat par le passé, son engagement communautaire est aujourd'hui en lien direct avec son travail de libraire : « J'organise des conférences à la librairie, je participe à des causeries et tout ça, mais pas à l'extérieur. » (Marc, Pantoute) Pour Denis, c'est la librairie qui a fait naître cet engagement :

Mon nom est reconnu, et un moment donné, ça a débloqué sur d'autres choses. Ils font des colloques sur la lecture en jeunesse, ils m'ont demandé d'aller faire des ateliers. […] Salon du livre de… Trois-Rivières, deux fois on m'a demandé d'aller faire un atelier, alors maintenant, c'est reconnu. Quand il y a [un festival], Radio-Canada, CKRL me demandent de faire des entrevues. CKRL, je participe à une émission […]. Et c'est grâce à Pantoute si je suis un spécialiste, si je suis reconnu. (Denis, Pantoute)

Son engagement était d'abord et avant tout personnel : « Personnellement, je t'avouerais que je suis pas très engageant à d'autres causes, je l'ai jamais été. […] Je pense que cette cause, je m'y suis engagé dans la coop, parce qu'elle m'était personnelle, et purement égoïste. Je voulais que ça survive pour ce que c'était, et, évidemment, pour moi, pour la conserver. » (Denis, Pantoute)

Pour Myriam, la Barberie a fait naître son implication : « Je suis pas quelqu'un qui s'est impliqué, admettons au cégep ou à l'université ou dans des comités même au secondaire. [Alors que maintenant] j'ai des comités là à l'interne. » (Myriam, Barberie) Bien qu'elle ne s'impliquait pas en dehors du cadre de son travail, celui-ci lui a fait connaître le milieu communautaire. Elle avait le projet de s'impliquer, en faisant du bénévolat, ce qu'elle ne faisait pas en raison de son implication à la Barberie, qui lui demandait trop de temps : « J'aimerais ça là faire du bénévolat. […] J'essaie de choisir, puis à la Barberie, quand même, vu que je suis sur le CA, bien j'ai des rencontres de CA. Je suis sur le club social, c'est bénévole. J'ai des rencontres de club social aussi. En faisant du service […] Je suis pas chez nous à 5h30 là, je suis à la maison à 8h30 à peu près. » (Myriam, Barberie) Elle pouvait aussi participer, en tant que serveuse, à des événements auxquels la Barberie participe, comme les festivals de bière. Dans le cas de Laurence, elle a avoué ne pas s'impliquer en ce

moment, car ses emplois lui demandaient trop de temps. Elle s'était cependant impliquée souvent, par le passé dans des causes qui lui tiennent à cœur et par du bénévolat. Simon, pour sa part, a déjà fait du bénévolat pour un organisme et s'impliquait dans sa coopérative d'habitation. Depuis qu'il était à la Barberie, il s'impliquait surtout à son travail. Il précisait cependant que son implication au travail a changé sa manière de voir l'engagement : « Ça m'a allumé sur les fonctionnements en fait de d'autres causes. Que c'était pas juste un cri d'alerte, que c'était pas juste un désir de changement souvent. C'est tout un processus qui est mis en place donc, c'est… puis c'est jamais ponctuel en fait. » (Simon, Barberie)

Maxime mentionnait quant à lui qu'il ne s'impliquait pas vraiment dans la communauté, mais que, pour qu'un emploi l'accroche, il devait avoir une mission sociale : « J'ai travaillé pendant 5 ans dans le même camp de vacances. […] Là, ça, j'ai vraiment senti un mega attachement. […] Ça fait que oui, je peux être attaché à plus, mais la coopérative fait que je reste attaché plus que… Mais reste que c'est peut-être une mission sociale aussi, tu sais. […] C'est peut-être ça qui fait que je m'accroche plus que la mission de faire du cash pour le patron, tu sais. » (Maxime, Zone) Il mentionnait être très politisé depuis quelques années, mais que cela ne l'amenait pas à s'impliquer dans des organismes locaux : « Moi, la façon que je m'implique, c'est que je consomme dans ce genre d'endroits là. […] Je vais faire l'effort de payer pour, pour qu'une coopérative reste, reste active puis forte là. » (Maxime, Zone) Au moment de l'entrevue, il avait le projet de fonder une coopérative d'habitation : « C'est quand même quelque chose que je veux développer parce que j'aime le système que tout le monde soit égaux. » (Maxime, Zone) Frédéric, pour sa part, faisait beaucoup de bénévolat dans la communauté. Il avait d'ailleurs monté un camp pour jeunes en difficulté. Il a commencé à s'engager au secondaire, parce que c'était obligatoire, et il y a pris goût : « Au début, on le fait parce qu'on est obligé et qu'on veut passer le PEI, mais si on est ouvert à aller un peu plus loin, on réalise à quel point ça peut être important. » (Frédéric, Zone) Il mentionnait continuer à s'engager de son propre chef depuis que ce ne lui est plus exigé : « Depuis que c'est plus quelque chose qui est obligatoire, on réalise qu'on ne le fait plus. […] Ça fait que c'est là qu'on réalise qu'on a beaucoup de temps libre et qu'on pourrait faire quelque chose de plus avec ça. » (Frédéric, Zone) Pour ce qui est de Benoît, son implication à l'extérieur du travail se faisait dans le développement durable : « Je suis sur le comité de développement durable de l'Université Laval. J'y crois. […] Ça me donne rien personnellement, ça me donne, en fait, de façon pécuniaire. Moi, ce que ça me donne, c'est

de dire, bien, regarde, on a arrêté de gaspiller la nature, tu sais. » (Benoît, Zone) Il s'engageait beaucoup à l'université, envers les étudiants par exemple, qu'il aide à monter des projets. Par le passé, il s'est aussi impliqué sur plusieurs CA d'organismes.