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d'approvisionnement des villes en venaison sont soumises à des contraintes fortes qu

0.5 Présentation du plan de thèse

Notre thèse s’inscrit dans une thématique, la nature, la vie sauvage, la chasse, qui comporte des aspects polémiques et même affectifs pour certaines parties prenantes. Pour l’aborder rationnellement, il importe de préciser les termes et les concepts qui seront mobilisés pour l’analyse. Une même réalité physique, la faune commune africaine, est en effet vue par les acteurs de la conservation comme un patrimoine de l'humanité, qu'il convient en priorité de protéger alors que, pour les populations rurales, il s'agit d'abord d'une source de protéines animales, d'une cause éventuelle de dégâts aux cultures et d'une possibilité importante de ressources financières, par la commercialisation du gibier. Les représentations, au sens sociologique du terme, jouent donc un rôle important pour comprendre les réactions des acteurs et il convient de définir le cadre conceptuel dans lequel nous allons travailler. D'autre part, la nature diffuse de la ressource faune commune et l'organisation, hors de tout contrôle étatique, de la filière en font un bon exemple d'économie informelle. De plus, la législation cynégétique actuelle repousse ces circuits économiques dans l'illégalité.

Nous consacrerons donc la première partie de ce document à définir le cadre conceptuel de notre travail et à préciser la méthodologie utilisée, qui a dû s'adapter à des circuits à la fois informels et illégaux.

La réflexion sur la durabilité de la chasse commerciale nécessite d'évaluer les impacts de cette activité sur la faune sauvage. Il convient en particulier de mettre en question la notion de « crise » actuelle de la filière venaison, en suivant son évolution sur le long terme. Pour ce faire, à partir des archives disponibles sur la législation cynégétique, sur la politique de gestion de la faune et sur l’importance économique de la ressource dans le passé, nous mènerons, en partie 0, une étude historique de la gestion de la faune, surtout dans ses aspects fourniture de protéines, en Afrique centrale et, particulièrement, en RCA, durant tout le XXéme siècle.

Puis nous étudierons la situation actuelle de la faune en Afrique centrale et nous analyserons, de façon détaillée, l'impact de la chasse commerciale sur les espèces animales sauvages. Au niveau centrafricain, nous travaillerons sur les pratiques des chasseurs, dans les villages et en forêt, sur les marchés urbains de venaison et, également, sur la consommation en viande de brousse des différents consommateurs (ménages villageois, consommateurs urbains, salariés des exploitations forestières). Cette partie 0 nous permettra de mesurer les effets de la chasse commerciale sur la biodiversité et de confirmer ou non notre première hypothèse.

Dans les parties 0 et 0, nous identifierons les acteurs et les filières de la chasse commerciale, puis les contraintes de diverses natures qui pèsent sur cette activité et nous étudierons leur part dans la régulation du système. Pour comprendre le fonctionnement des circuits d'approvisionnement en venaison des centres urbains, il convient de décrire précisément les différentes filières mobilisées et d'identifier les principaux acteurs. Nous analyserons ensuite les contraintes sociales, en liaison avec l'organisation territoriale de récolte de la venaison, les contraintes économiques directement liées à la notion de concurrence entre les activités et les produits, les contraintes spatiales et les possibilités limitées d'économies d'échelle, puis les contraintes techniques et biologiques qui pèsent sur la filière et limitent les possibilités d'aménager le milieu naturel et d’améliorer la productivité de la ressource.

Avec la partie 0, plus opérationnelle, nous proposerons des modes de gestion de la faune commune, adaptés au caractère informel de la filière et aux capacités d'organisation des territoires villageois de chasse. L'approche mobilisée s'appuie sur les évolutions observées dans la gestion de la faune, en Europe, depuis 20 ans ; elle privilégie une gestion empirique, basée sur l'évolution, dans le temps, d'un certain nombre d'indicateurs pertinents et permet d'ajuster, à différents niveaux, les prélèvements sur la faune en fonction de la dynamique observée des populations animales. Nous nous attacherons également à indiquer les limites de cette gestion indicielle, qui semble pertinente au

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niveau de la faune commune sédentaire, mais qui n’est pas adaptée pour la grande faune erratique ou pour les espèces migratrices.

En conclusion, après avoir répondu à la question de recherche, nous proposerons quelques pistes pour élaborer une nouvelle politique de gestion de la faune africaine, prenant en compte effectivement les intérêts des populations villageoises et permettant un partage équitable de l'espace et de la rente faunique entre la conservation au sens strict, l'écotourisme, la chasse sportive, la chasse commerciale et, également, les activités agricoles, minières et forestières et l'élevage. Cette politique devrait s'appuyer sur une recherche appliquée, réorientée des études sur les espèces emblématiques vers la biologie de la faune commune, afin d'optimiser la gestion de cette ressource.

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LE CADRE CONCEPTUEL

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Les recherches bibliographiques, menées sur les thèmes de la biodiversité, de la durabilité ou de la gestion des ressources naturelles, montrent que certains termes, employés couramment, peuvent prendre, selon la discipline et la sensibilité des auteurs, des sens très différents. Il nous semble donc indispensable, dans un premier temps, d'analyser les différents sens de ces termes et de préciser la définition que nous utiliserons.

Après ce travail, nous serons en mesure de donner le cadre conceptuel dans lequel nous mènerons notre réflexion, dans les champs biologique, géographique et socio-économique.

Il conviendra ensuite de présenter les méthodes qui ont été utilisées, sur le terrain, pour appréhender la chasse commerciale et la filière d'approvisionnement des villes en venaison ; elles ont dû prendre en compte le fait que ces activités relèvent de l'économie informelle et, même, en grande partie, illégale. Ceci nous a conduit à rechercher des approches variées et parfois, hétérodoxes, en fonction des opportunités de travail qui se présentaient, en dehors de toute planification préalable. Cette méthode de travail conduit malheureusement, dans certains cas, à des difficultés pour quantifier les phénomènes et pour les analyser statistiquement.