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L’émotion : un révélateur de valeur, de norme et de jugement

P REMIERE PARTIE

III. De dilemmes éthiques en décalages émotionnels : des apports heuristiques ?

III.2. L’émotion : un révélateur de valeur, de norme et de jugement

Comment prendre de la distance, comment prendre du recul alors que des émotions puissantes vous pétrissent ? Comment les « objectiver » et les transformer en outils « intellectuels » ? Si la nécessité de les mettre à distance, ne serait-ce que pour l’humain qu’est le chercheur, est nécessaire, jusqu’où doit-on se distancier et dans quelle mesure le faut-il seulement ? De nombreux philosophes et anthropologues, parmi lesquels H. Arendt, C. Castoriadis et C. Guillaumin, ont montré que la colère pouvait dans certaines conditions devenir « puissance créatrice » (Castoriadis, 1986 : 241-327), que liée à la pensée, elle devenait un moyen de gagner en liberté (Arendt, 1963 ; 1981) ou encore être théorisée et servir l’analyse sociétale (Guillaumin, 1992 : 219-239). Quant aux manières de faire, il n’y a évidemment pas de réponse unique et toutes sortes de « chemins » existent d’autant qu’ils dépendent également de circonstances extérieures. A mon sens, et je rejoins à ce sujet S.

Kleimnan et M. Copp (1993), une des premières opérations à mener est de déterminer ce qui suscite cette émotion.

III.2.a. La confrontation des valeurs : jeu de miroir et recul émotionnel

Les émotions suscitées, générées par le « terrain » ont trouvé une réponse, un apaisement qui m’ont permis d’opérer un changement de positionnement presque radical quelques mois après le retour de l’enquête par un biais totalement inattendu.

Au début du mois de juin 2007, une jeune journaliste me contactait pour prendre des renseignements sur l’eau bénite et le sida en Ethiopie, dans le cadre de la préparation d’une émission radiophonique sur ce thème. Nous nous sommes rencontrées quelques jours plus tard. Elle revenait d’Ethiopie où elle avait assisté, le 25 mai 2007 à Ent’ot’o Maryam, au discours du Patriarche de l’EOTC accompagné de l’ambassadeur des USA, aux fidèles vivant là, prônant la compatibilité entre l’eau bénite et les ARV. Cette information était fondamentale et elle devint un informateur précieux pour mon enquête ; en échange, je répondais à toutes ses questions. Elle m’informa également de l’existence d’un film tourné, autour des mois de mars et avril 2007, par une équipe américaine à Ent’ot’o Maryam et intitulé desperate and devote (“désespéré et dévots”). Il relatait les faits ayant cours à Ent’ot’o Maryam, présentant le rituel de l’eau bénite et la foi des fidèles de l’Eglise comme les tentatives désespérées de ces hommes et de ces femmes pour trouver une solution au VIH, risquant ainsi leur vie en refusant de prendre des ARV. Ce film avait été diffusé en France sur la chaîne M6 au mois de mai 2007. Outre les implications politiques, religieuses et médicales de ces événements qui seront présentés et traités ultérieurement, ce film m’a conduit à repenser et modifier ma manière d’envisager le problème. Je le visionnais rapidement après la rencontre avec cette jeune femme et fis face à un discours qui me mettait face à mes propres conceptions, certes caricaturées dans ce film, de ce rituel et des choix des PVVIH. Il était un miroir grossissant de ma propre lecture des faits.

Son visionnage m’offrit donc la possibilité de reconsidérer les évènements et d’adopter une position plus compréhensive quant à l’eau bénite et aux ARV. Puis, je participais à l’émission radiophonique pour laquelle je fus contactée. Si mes interlocuteurs étaient moins caricaturaux que les américains, ils demeuraient non seulement étonnés mais se positionnaient en laïcs radicaux pour qui la religion est souvent synonyme d’obscurantisme. Les journalistes savent, à l’instar des anthropologues, poser des questions, quoique leurs buts puissent être fort différents. Je me retrouvais non pas tant à expliquer ce qui se passait à Ent’ot’o Maryam qu’à tenter de défendre la foi des Ethiopiens, et leur manière de la vivre. A la fin de l’émission, j’eus un échange avec une Ethiopienne proche qui me dit : « la mort ce n’est pas toujours ce qu’on croit ». Je restais sans voix… j’argumentais sur les enfants qui ne sont pas en position de choisir, mais cette phrase me resta en mémoire, faisant son chemin vers et dans « mon cerveau » et transformant finalement la manière d’envisager toutes ces questions.

Ces interactions, ces jeux de miroir et de renvoi m’ont donné l’occasion de me repositionner. En quelques minutes je fus le témoin de deux types totalement différents d’émotions, de réactions rendant compte de valeurs sinon opposées du moins divergentes. Le film et mes interlocuteurs radiophoniques « jugeaient », « envisageaient » ce qui se passe sur les sites d’eau bénite à l’aune de leur propre valeur, de leur « foi » en la médecine plutôt qu’en une

guérison par le divin. Inversement, devant ce jugement, la réaction d’une croyante éthiopienne était de défendre la conception du monde, les valeurs qui étaient les siennes et de me les rappeler, ou plutôt de me les expliciter puisque je ne l’avais pas encore compris, submergée que j’étais par mes propres émotions. C’est ainsi qu’à partir de ce moment, et progressivement, j’ai pu me détacher de ce que j’avais perçu et le considérer justement comme une perception conditionnée par les valeurs auxquelles j’adhérais pour ensuite, non pas tant relativiser ces valeurs, mais les considérer comme définitivement inscrites dans une culture, une société, une période de l’histoire particulière.

Cette situation a permis de donner corps à une nécessité particulière de la recherche, celle d’éviter de juger, et nos émotions nous y conduisent parfois malgré nous. Cette mise en perspective, voire en abîme, de mes propres émotions, m’a permis de penser parce qu’expérimentée de l’intérieur ce que J. Bernard travaillant sur les émotions met en lumière :

« Sur le terrain, il est parfois difficile de comprendre les émotions qui se donnent à voir, et nous sommes, souvent, de plus, confrontés à nos propres émotions dont nous soupçonnons, à juste titre, leur effet de déformation du réel perçu » (2007 : 109)

Si je n’ai pas cherché à déterminer les émotions des personnes « observées » sur les sites d’eau bénite, il m’est apparu clairement à la suite de cet épisode que nous n’avions évidemment pas (toujours ?) les mêmes. Il ne s’agit pas ici de chercher à lire les émotions des personnes « observées », ni même d’analyser la manière dont elles se donnent à voir dans l’espace social et constituent le socle d’interaction (Bernard, 2007), mais bien plutôt de partir du constat posé par l’auteur précité et en s’appuyant sur les travaux de philosophes des émotions pour proposer une manière de les « utiliser » en tant que chercheur sur le terrain plutôt que de chercher à s’en défaire ou à les masquer. Il s’agit donc de les dépasser en les prenant totalement en compte.

III.2.b. L’émotion comme levier pour appréhender les normes des « autres ».

Je considère d’abord à la suite des travaux des philosophes des émotions que celles-ci nous renvoient pour une large part à nos valeurs qui sont culturellement et socialement construites. L’immersion et l’observation participante de par l’adoption des codes et des valeurs des personnes avec lesquelles on vit, suscitent nécessairement des émotions. Ne serait-ce que parce que les valeurs des « observés » sont différentes de celles de l’observateur, du moins le plus souvent. Et même quand il travaille dans sa propre culture, les valeurs auxquelles le chercheur adhère sont pour partie celles du milieu intellectuel qui l’a formé et modelé. L. Fleck rappelait que les émotions dans les communautés scientifiques ne sont plus qualifiées et considérées comme telles car elles sont partagées par le plus grand nombre, elles en deviennent normales et en conséquence « invisibles » et donc extraites du champ de l’émotion et de l’affect. Certaines valeurs étant partagées par tous, elles semblent ne plus susciter d’émotions (2008).

Le rapport du chercheur à ses émotions est ambivalent dans la littérature anthropologique. M. Griaule (1957, cité par Debaene, 2006 :32) suggérait de prendre en compte les émotions de l’enquêteur, mais sans autre précision, d’autres ont des positions plus radicales qui font de l'analyse de l'émotion du chercheur un « danger », par la « dérive auto-référentielle » à

laquelle elle peut conduire (Bernard, 2007:111). Ainsi, bien que plusieurs auteurs s'accordent à dire que le terrain implique une dimension affective, ou une expérience mettant en jeu la subjectivité du chercheur, la prise en compte des émotions liées à cette expérience, sa narration et surtout la manière dont on peut éventuellement en faire un objet de connaissance, non pas de soi, mais de l’ « objet » observé ne sont que rarement explicitées. Pourtant, l'émotion est inhérente à la pratique de terrain. Mais au-delà de ce constat d’évidence, il me semble utile d'en rappeler l’utilité, non seulement scientifique mais également épistémologique et par là même de prendre en compte une question problématique: l'émotivité du chercheur. Il n'est dans ce paragraphe nullement question d'analyser les émotions du chercheur pour atteindre ce que G. Devereux appelle « la voie royale vers une objectivité authentique » (1980 :16). Mon but ici est bien plus modeste. Il s'agit, dans le cadre de la démarche réflexive, de faire un « pas de côté » et de partir de ma propre expérience de terrain, pour tenter de rendre plus explicites certains pans de la pratique de terrain.

Les émotions selon P. Livet « nous révèlent nos valeurs » (2002 :2). Celui-ci les étudie dans leur

« Dynamique, dans leur déroulement, y compris dans leurs répétitions, et […] cette dynamique affective a des relations avec une dynamique cognitive. La notion la plus opératoire pour définir cette dynamique cognitive est elle de “révision”. Face à une nouvelle information qui contredit les conclusions tirées de nos croyances, nous sommes incités à réviser certaines de ces croyances. […] Une situation qui produit en nous, répétitivement, une émotion, et qui la produit parce qu’elle contredit nos attentes, est donc une incitation à révision. Les émotions apparaissent ainsi comme une sorte de système d’alarme qui nous incite à réviser et qui nous rappelle que certaines révisions n’ont pas été réellement accomplies. » (2002 :3-4)63

L’auteur met également en évidence le lien entre émotion, règles morales, normes et valeurs. Il considère que les émotions sont des « sondes qui ont pour fonctions de nous révéler des aspects de nos valeurs que nous n’apercevions pas sans elles » (ibid : 8). Les émotions constituent des leviers pour distinguer « nos préférences réelles de l’instant » en terme de norme et/ou de valeurs, nous signifiant par là ce qui est, pour soi, le plus important et fondamental :

« Les valeurs, semble-t-il, sont des qualités ou des propriétés que nous n’atteignons pas seulement par une perception directe, mais par ces coups de sondes que sont nos essais de jugements de valeurs, coups de sondes ou ondes de choc qui déclenchent des échos radars que sont des émotions. Nos jugements de valeurs ne sont pas d’abord l’affirmation de valeurs assurées, mais bien d’avantages des moyens d’explorer le terrain de notre sensibilité aux valeurs grâce aux échos radars des réactions émotionnelles » (ibid : 9)

Ainsi, les émotions, loin d’être un obstacle à l’observation et la vie avec les « Autres » ou les « observés », peuvent constituer un levier pour rappeler l’écart, la différence entre soi et l’Autre. Ces émotions peuvent (ce n’est valable ni pour tous, ni tout le temps) constituer des portes d’accès à soi-même, elles nous alertent sur la profondeur de nos valeurs, des normes et

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Le lien entre révision et émotion n’est pas toujours immédiat ni systématique, certain élément vont bloquer la révision, la différer, des biais peuvent apparaître. (Livet, 2002 : 4-7)

les croyances qui sont les nôtres, et qui sont largement véhiculées par la culture, dont nous sommes issus et partant de là, de les suspendre ou de les « retravailler » en toute conscience. En effet, les observations (toutes dénominations confondues) impliquent le chercheur, il s’inscrit physiquement dans une culture, une société un groupe qu’il s’est chargé de (tenter de) comprendre. Cette vie, cette immersion consiste à partager le quotidien, les expériences, à être confronté aux mêmes évènements ; ceux-ci sont susceptibles de susciter des émotions (la peur, la colère, la surprise, l’étonnement, la honte, etc.).

Comme l’exprime P. Livet, ces affects/émotions sont des radars, des échos de valeurs, de normes dans certains cas profondément ancrés en nous, de manière parfois totalement inconsciente. Ainsi, ayant fait face à deux réactions impliquant des émotions fort différentes pendant l’émission radiophonique et après, il m’est apparu que la valeur à laquelle je souscrivais était plus proche de celle de mes interlocuteurs radiophoniques que de celle des personnes vivant sur les sites d’eau bénite. C’était (c’est ?) celle d’un grand prix de la vie au sens biologique du terme, c’est-à-dire que dans mon système de valeur, la vie elle-même doit être défendue, au détriment sans doute de la vie spirituelle, ou de quelque chose que je ne peux guère définir, mais qui semble différent de ma propre conception. Les émotions ont donc été fortes parce que je ne n’avais guère conscience de cette différence. Je n’ai pas le même rapport à la vie et à la mort que les personnes vivant sur les sites d’eau bénite et qui adhèrent pleinement (mais peut-être pas constamment) aux conceptions que ce rituel véhicule et suppose. Il n’est pas sûr que tous ressentent la même chose, bien évidemment, et il n’est sans doute pas possible de le déterminer, mais au moins, je sais maintenant que nous n’avons pas les mêmes valeurs et conceptions de ce qu’est la vie. Cette prise de conscience m’a en retour permise de voir que ces émotions suscitées par les terrains se logeaient dans ce rapport à la vie différent. D’autres personnes auraient tout aussi bien pu le voir sans en être bouleversée, mais dans mon cas, ces émotions et le détour par cette théorie m’ont donné à voir cet écart. Dès lors, les différences de valeurs étaient plus claires, et je pouvais commencer à chercher à comprendre les leurs.

De manière générale, un chercheur se rendant sur le terrain, que ce soit par des observations participantes ou par une « immersion prolongée » se place potentiellement dans la situation de révision de ses normes, de ses valeurs et donc dans la situation où des émotions peuvent apparaître.

« Les émotions ne nous permettent pas simplement de participer à une collectivité, et de vivre ses tensions avec d'autres collectivités, elles nous permettent d'en apprendre les normes » (Livet, 2002 : 147)

Il est donc, à mon sens, dommage de vouloir gommer ces émotions ou ne pas en tenir compte, car elles sont, dans certains cas, constitutives de l’enquête de terrain. Les questions suivantes se posent alors : que faire de ces émotions ? Peut-on, doit-on et de quelle manière en parler ? Je propose ici quelques réponses quant à ce qu’on pourrait en faire. On pourra ultérieurement s’interroger sur ce que l’on peut ou doit en dire et sur les circonstances de leur énonciation.

C. Levi-Strauss entérinera la nécessité de mener des observations directes en 1950 en établissant que « la compréhension du fait social réclame que l’observateur soit affecté, et cet impératif est imposé par la nature même du social » (Debeane, 2006 : 38 citant Lévi-Strauss,

1950 : XXVI). Dès lors, ces émotions, inhérentes à l’observation de ce fait social, seront plus ou moins fortes et répétées selon d’abord, la sensibilité du chercheur ses émotions, mais aussi sa capacité à réviser ses jugements, ses valeurs ou du moins à les reconnaître. La valence émotionnelle est au cœur du processus cognitif conscient ou inconscient d'adaptation personnelle au milieu environnant. Cette adaptation peut justement déboucher sur l'intériorisation de nouvelles normes et de nouveaux comportements qui eux sauront susciter une émotion moins forte puis aucune émotion.

Rappelons que cette adaptation n’est ni obligatoire, ni toujours nécessaire, ce que l’observateur « en fait » varie autant en fonction des circonstances, que du terrain lui-même (nul doute qu’une personne travaillant sur le Front National ou la Cosa Nostra n’est pas tenue de changer ses valeurs), que de la personnalité de l’ « observateur » ou même de celle des « observés ». Au moins, ces émotions renvoient-elles à une norme, à une valeur qui appelle à la révision. Ou encore l’émotion ressentie indique, donne une mesure de l’écart normatif et de valeur existant entre le soi du chercheur et son environnement à ce titre, elles constituent des boussoles qu’il peut être précieux ou au moins intéressent « d’écouter ». Inversement, la répétition de l’émotion signifie que la révision n’a pas été faite (ou ne peut l’être) et qu’alors, il s’agit d’une valeur ou d’une norme profondément inscrite en soi, il peut alors être intéressant de la détecter, pour là encore sinon la suspendre, du moins limiter le biais qu’elle peut constituer pour aborder et surtout comprendre l’ « Autre », sans se laisser envahir par la norme ou la valeur personnelle. Comme certains chercheurs le font, il est également possible de partir de cette émotion pour comprendre l’autre, mais finalement quelque soit la manière dont ces émotions sont « traitées ou « canalisées », elles sont présentes durant l’enquête de terrain et jouent un rôle incontestable tant dans la construction de l’objet, dans la compréhension ou même dans l’analyse parce qu’elles se situent au cœur du processus cognitif d’interaction aux « autres », et nous fournissent un accès à leurs normes et leurs valeurs.

La lecture et l’analyse des « expériences » de terrain de quatre chercheurs montre que ceux-ci utilisent leurs émotions soit directement pour comprendre les faits, ou les « observés », soit comme boussole dans la définition et la construction de l’objet d’étude. Ces quatre auteurs adoptent des postures variables et différentes face aux émotions, mais pour tous, elles ont constitué une porte à travers laquelle le terrain s’est donné à voir, à lire et à comprendre.

Ainsi, S. Mulot relate son expérience de terrain dans l’univers hospitalier prenant en charge des usagers de crack séropositifs au VIH. Elle a rencontré dans ce cadre et côtoyé ces usagers de drogue et s’est trouvée endosser des rôles multiples tant face à ces usagers que face aux soignants qui les prenaient en charge. Elle a gagné la confiance de l’un de ces usagers et rapporte cette expérience comme ayant suscité des émotions fortes, ambivalentes faites de confiances et de doutes quant aux usagers, mais, justement, il me semble intéressant de noter que ces émotions l’ont mise dans la disposition de comprendre certaines des positions (et les émotions) que les soignants adoptaient face à ces patients :

« Cette confiance était-elle nécessaire pour mon travail ? Je me suis finalement rendu compte qu’elle n’était pas indispensable, malgré le fait qu’elle me rassurait sur mon travail, car il s’agissait plutôt d’analyser comment les soignants géraient leurs propres

doutes et incertitudes face aux patients. Cependant, le fait de mettre moi-même en doute cette confiance me permettait de percevoir les difficultés rencontrées dans leurs interactions avec les patients. Je touchais du doigt la difficulté à garder une constance dans les appréciations de patients inconstants, dits difficiles et imprévisibles. » (Mulot, 2010 : 89)

Ainsi, la découverte d’émotions particulières face aux usagers a donné à S. Mulot la possibilité de comprendre les valeurs, les normes auxquelles adhéraient les soignants. Tout son terrain, son objet d’étude n’a pas été guidé par l’analyse de ces émotions, mais elles ont participé à son observation, à sa compréhension et partant à son analyse.

E. Demange (2010) a travaillé, dans le cadre de sa thèse en science politique sur la « transnationalisation de la politique de prévention du VIH/Sida en Ouganda » ; elle interroge la promotion de l’abstinence comme technique de prévention la plus socialement valorisée en

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