• Aucun résultat trouvé

L’importance des nouvelles façons de vivre la religion à travers de nouvelles pratiques

Cadre théorique

Section 1 : Proble matique

1.2.3. L’importance des nouvelles façons de vivre la religion à travers de nouvelles pratiques

La modernité comme moment historique incite, comme nous pouvons le remarquer, à penser de nouvelles pratiques. En cela on ne s’éloigne pas de l’idée de Benoît-Luc Simard selon qui, « s'est élaboré à partir du XIXe siècle un nouveau type de religiosité correspondant aux préoccupations de sens des sociétés technologiques modernes »212.

Par-là,

Il fait ressortir la structure de cohérence qui en est la base et que l'auteur appelle « mysticisme rationnel ». Les mouvements religieux qui prennent comme base le mysticisme rationnel, tel que la Scientologie ou Eckankar, apparaissent plus cohérents pour l'homme et la femme de la rue lorsqu'ils les comparent avec les grandes religions traditionnelles. En adhérant à ce type de religiosité, ils peuvent trouver un sens actualisé à leur existence213

.

Parler de religion nouvelle revient alors à penser le renouveau, c’est-à-dire une recontex- tualisation des savoirs, attitudes et significations religieuses et la religiosité elle-même. Il s’agit alors de penser la religiosité comme réponse à la crise et aux problèmes sociaux du moment. Toutefois, Gülen, dans sa pensée, conçoit l’homme en tant que base des nouvelles crises politiques et économiques de cette époque. Selon lui, l’existence de l’homme sur terre et sa façon de s’épanouir sont à nouveau sujettes à interrogation. C’est une question qui a han- té qui a hanté l’esprit des grands penseurs à toutes les époques, en commençant par les pre- miers philosophes naturalistes jusqu’à ceux d’aujourd’hui. La réponse la plus complète et la plus satisfaisante à cette question fut donnée par les « Religions du Livre ». Selon le théori- cien turc,

Après l’aventure dans laquelle l’homme s’est trouvé pendant le processus de modernisation, et après que les prix sociaux, économiques et politiques re- quis aient été payés, l’homme se tourne à nouveau vers le Divin, vers les va- leurs sacrées et célestes qui font de l’homme la raison d’être de l’univers. « L’homme de vertu » que les « Religions du Livre » mettent particulière- ment en avant est précisément l’ « individu idéal » que les paradigmes so-

212 « Penser dieu aujourd'hui : Entre mysticisme et rationalité », Québec, G1L 5A4 418-667-3281, p. 1.

http://www.revue-sociologique.org/sites/default/files/PENSER%20DIEU%20AUJOURDHUI.pdf

37

ciaux recherchent aujourd’hui. Il s’agit alors de retrouver l’homme public, l’homme rempli d’abnégation, loyal et spirituel. Car, l’ayant écarté de son esprit et de sa conscience, l’esprit de dévotion est une manière de vivre que la mentalité contemporaine ne peut pas comprendre214.

Toutefois, il faudrait reconnaitre avec lui que :

Toutes les grandes civilisations du passé, tous les empires et États qui ont réussi et toutes les valeurs se rapportant à la civilisation ont été établis par des gens qui possèdent cet esprit. Les sociologues et les spécialistes des structures sociales s’efforcent maintenant de retrouver ce type d’homme215

.

À cette fin, des modèles, méthodes et projets nouveaux sont développés. « Ils crai- gnent la destruction dans laquelle la civilisation contemporaine pourrait succomber s’ils échouaient dans leur projet ». En effet, « la civilisation moderne a un besoin d’individus ayant le sens à la fois du sacrifice et du dévouement pour la communauté, du dialogue et du consen- sus sincères ». Il semble que ce ne soit qu’à travers la formation ou la pédagogie sûfi nouvelle que l’on retrouve ce principe. Même si, comme l’écrit Ergene : « Depuis au moins deux siècles, l’humanité a négligé l’importance de cet aspect motivant de la religion »216. Toutefois,

ce que l’auteur conçoit comme une négligence émane plutôt d’un choix librement consenti. En effet, en inscrivant les sociétés modernes dans une laïcisation extrême, voire une profonde sécularisation pour certaines d’entre elles, en posant la fin de la religion comme « principe fondateur de la modernité » à travers l’argument de la laïcisation, affirmant que : « la religion serait dépourvue de toute pratique sociale et qu’un style de vie matérialiste dirigerait la desti- née des sociétés »217.

De la sorte,

La dynamique de la transformation et de la mobilité sociales avait dévié du chemin tracé par les attentes positivistes des « Lumières ». La religiosité s’était développée au cœur même du modernisme et du laïcisme, prenant des formes nouvelles et vitales qui commençaient à se manifester. Ceci fut inter- prété par de nombreux spécialistes des sciences sociales comme le « retour du divin ». Mais, d’autres évaluaient cette même situation en disant

214 Enes Ergene, Le nouveau visage de l’Islam : Le mouvement Gülen, New Jersey, Éditions du Nil, 2008, p. 24. 215 Enes Ergene, Le nouveau visage de l’Islam : Le mouvement Gülen, New Jersey, Éditions du Nil, 2008, p. 24. 216 Enes Ergene, op. cit., p. 25.

38

que : « le divin ne nous avait jamais quitté ». Le fait que la religiosité avait pris des formes nouvelles et originales démontrait que la théorie de l’incompatibilité entre la religiosité et la modernité ne tenait pas218

.

L’idéologie de la modernité a donné naissance à de nombreux courants anti-laïcs qui ne sont pas religieux. Les preuves et les exemples les plus flagrants de ce fait furent les identi- tés et les mouvements religieux, et les nouveaux mouvements sociaux. Aujourd'hui, partout dans le monde, la religion n’est plus préoccupée que :

Par les besoins rudimentaires de la population rurale et les villageois sans instruction. Au contraire elle présente une image de jeunesse, de citadins instruits qui réussissent, et de sections de la société qui ont été élevées sur les principes de la rationalité219.

Aujourd’hui, les marabouts faiseurs de miracles ou instructeurs dans le soufisme ont de plus en plus de succès. De même que les prêtes des églises évangéliques et autres pasteurs dans la foi catholique220. La laïcisation et la modernisation, s’ils ne sont pas en déclin, son loin

d’être des valeurs montantes dans les sociétés actuelles. En étudiant les théories wébériennes sur la motivation positive de l’éthique protestante, on constate qu’elles ont fourni au capita- lisme contemporain une base rationnelle pour penser le développement de la religion dans les sociétés modernes. Cependant, « dans le système de Weber, la religion, tout en stimulant les relations financières, sont paradoxalement elles-mêmes soumises à une rationalisation par les valeurs de a société moderne »221. En cela, la religion a tendance à devenir une valeur mon-

tante ces derniers temps est plus universelle, cohérente, équilibrée et positive. Dans les mou- vements religieux, l’équilibre entre la religion, science, l’éducation, la politique (comme or- ganisation des relations sociales) en est la plus parfaite émanation.

Dans cette partie, nous avons voulu esquisser un panorama de la confrontation ente les temps modernes et les la religion. L’image dépeinte n’inclut naturellement pas les transforma- tions socioculturelles de l’époque. Cependant, nous avons essayé de montrer, à travers le pro- cessus de modernisation lui-même et ses éléments, comment ce processus pourrait céder la place à une tendance où les différences culturelles est ethniques pourraient se transformer en un choc des cultures et des civilisations qui menaceraient le futur de l’humanité.

218 Ibid.

219 Enes Ergene, Le nouveau visage de l’Islam : Le mouvement Gülen, New Jersey, Éditions du Nil, 2008, p. 27. 220 Pour ne citer que ces religions. Le même sentiment de retour au sacré se trouve dans les autres formes reli-

gieuses. Le succès actuel du bouddhisme et de la Kabbale juive en sont de parfaites illustrations.

39

Documents relatifs