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Section III : Les formes de dominance des marchés.

III.2 Fusion horizontale

L‟intégration horizontale entre des entreprises opérant sur un même marché est probablement l‟opération qui possède le plus d‟impact direct sur le pouvoir de marché. Les fusions horizontales peuvent obéir à plusieurs raisons. Elles peuvent intervenir simplement parce que les propriétaires d‟une entreprise désirent se retirer. Deux entreprises de taille modeste peuvent fusionner pour accélérer leur taux de croissance.

Un groupe peut vouloir racheter les actifs d‟une firme parce qu‟il pense être capable de mieux les utiliser, enfin les entreprises peuvent fusionner pour augmenter leur pouvoir de marché et donc augmenter leur prix et dégager un profit supplémentaire.

Cependant et même dans le cas où l‟objectif de deux ou plusieurs entreprises en fusionnant est d‟augmenter leur pouvoir de marché, cela n‟induit pas ipso facto, un accroissement de leur capacité de dominance. En effet, cette dernière peut être compromise par deux facteurs.

Le premier est relatif à la réaction des autres entreprises concurrentes. Lorsque la nouvelle firme obtenue après fusion horizontale décide d‟augmenter son prix de vente en baissant la quantité vendue sur le marché, les autres entreprises peuvent profiter de cette augmentation des prix en augmentant leur propre production ce qui tendrait à faire baisser le prix. Cependant aussi longtemps que la quantité totale offerte sur le marché est inférieure à la quantité qui était offerte avant la fusion, une augmentation des prix peut demeurer.

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Le second facteur pouvant entraver l‟augmentation du pouvoir de marché est tributaire des barrières à l‟entrée. A moins que le marché ne soit protégé par des barrières à l‟entrée hermétiques, l‟augmentation des prix opérée par la nouvelle entreprise après fusion attirera de nouveaux entrants qui vont mettre leurs produits sur le marché et exercer, ce faisant une pression sur les prix.

En somme, deux conditions sont nécessaires pour qu‟une fusion soit à l‟origine de la création d‟un pouvoir de marché. L‟entreprise après fusion doit avoir un contrôle direct ou indirect du marché, ce qui signifie qu‟elle peut gérer non seulement son niveau de production mais également celui de ses concurrents.

Ensuite, les conditions d‟entrée doivent être telles qu‟aucune entrée significative ne puisse se produire une fois que le prix après fusion ait été augmenté au delà du niveau concurrentiel.

Williamson [1987] avance que l‟objectif d‟une fusion horizontale peut être l‟amélioration de l‟efficacité de l‟organisation. Même si la fusion crée une situation de pouvoir de marché, les deux effets peuvent se contrebalancer et l‟effet global résultant de la fusion peut être positif. De ce fait, Williamson préconise aux autorités antitrust d‟évaluer l‟effet net d‟une fusion avant de l‟interdire.

La figure suivante empruntée à Utton [1995, p : 175] illustre cet argument (Figure 3). Le cas (a) illustre le cas où initialement, le marché est approvisionné par un grand nombre d‟entreprise dont l‟offre agrégée résulte en un coût C1. La demande du marché est D. le prix concurrentiel et la quantité

totale offerte sur le marché avant fusion sont représentés par respectivement PC et QC. Le prix est égal

au coût marginal et le surplus du consommateur est maximisé.

Ensuite, une fusion est réalisée et un pouvoir de marché est crée. Trois effets se manifestent. Premièrement, les coûts C1 baissent au niveau de C2 et ce, suite à une réorganisation plus efficace des

ressources due à la fusion. Dans un second temps, la création du pouvoir de marché augmente les prix jusqu‟à PM et réduit la quantité offerte sur le marché à un niveau QM. Enfin, l‟entrée sur le marché est

bloquée. Dans le cas contraire, les nouveaux entrants en augmentant la quantité offerte, exercent une pression sur PM qui reviendra à son niveau antérieur.

La création et l‟exercice du pouvoir de marché engendre une perte au niveau du surplus du consommateur. La partie représentée par PMBEPC est transférée à l‟entreprise détentrice du pouvoir de

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La partie EBK représente quant à elle une perte sèche qui n‟est profitable à aucun acteur sur le marché.

D‟un autre coté, la réduction des coûts engendrée par la fusion matérialisée sur le schéma par le rectangle PCEFH permet une économie au niveau des ressources : la quantité offerte QM est produite à

moindre coûts grâce à la fusion horizontale.

Williamson soutient par conséquent qu‟il faut comparer les deux effets avant de se prononcer sur l‟utilité d‟une fusion. Si les gains excèdent les pertes (G≥L) alors la fusion devrait être permise même si elle crée un pouvoir de marché. Le cas (a) illustre le cas d‟un changement complet de la structure du marché. On passe d‟une situation de concurrence à une situation de monopole.

Dans la réalité, Utton soutient que le cas le plus souvent rencontré est le cas où une entreprise est déjà en possession d‟un pouvoir de marché et cherche à l‟accentuer d‟avantage par une fusion horizontale (b).

Dans ce cas de figure, l‟entreprise possède déjà un pouvoir de marché et son prix de vente est PL, prix

supérieur au coût moyen traduisant le pouvoir de marché. La quantité qu‟elle offre sur le marché est QL ; C1 et C2 sont respectivement ses coûts avant et après la fusion horizontale. La fusion augmente

D U.M PM PL QM QL Q C1 C2

Cas b

L G Source : Utton p : 175 U.M PM PC H

QM QC Q C1 C2 E F B K

Cas a

L G

Figure 3. Bien être social et fusion horizontale .

Figure 1.1.3. Bien être social et fusion horizontale

I.1.1. Perte du bien être social1.Bien être social et fusion horizontale

Bien être social et fusion horizontale

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