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𝑖

𝑑) adressée à une entreprise dominante i à un certain prix P est égale à la demande adressée au

marché (𝑄𝑚𝑑) moins la quantité offerte par les concurrents (𝑄𝑗𝑂) :

(𝑄𝑖𝑑)= (𝑄

𝑚𝑑) - (𝑄𝑗𝑂) ;

En dérivant (𝑄𝑖𝑑) par rapport au prix :

𝜕𝑄𝑖𝑑 𝜕𝑃 = 𝜕𝑄𝑚𝑑 𝜕𝑃 − 𝜕𝑄𝑗𝑂 𝜕𝑃 En multipliant cette expression par – (P/𝑄𝑖𝑑) et en notant 𝜀

𝑖𝑑= − 𝜕𝑄𝑖𝑑 𝜕𝑃 ∗(P/𝑄𝑖 𝑑), on obtient : 𝜀𝑖𝑑= − 𝜕𝑄𝑚 𝑑 𝜕𝑃 ∗(P/𝑄𝑖 𝑑)+ 𝜕𝑄𝑗𝑜 𝜕𝑃 ∗(P/𝑄𝑖 𝑑 ).

En multipliant le premier groupe des termes de la partie droite de l‟équation ci-dessus par (𝑄𝑚𝑑)/ (𝑄𝑚𝑑) et le second groupe par

(𝑄𝑗𝑂) / (𝑄

𝑗𝑂) et en notant que la quantité demandée sur le marché est égale à la quantité offerte et que la quantité qui est

demandée aux concurrents est égale à la quantité qu‟ils offrent, on obtient : 𝜀𝑖𝑑= 𝜀

𝑚𝑑(𝑄𝑚𝑑/𝑄𝑖𝑑) + 𝜀𝑗𝑂(𝑄𝑗𝑂/𝑄𝑖𝑑).

La fraction(𝑄𝑚𝑑/𝑄𝑖𝑑) étant égale à Si et (𝑄𝑗𝑂/𝑄𝑖𝑑) à (1-Si), on obtient :

𝜀𝑖𝑑=𝜀𝑚𝑑

𝑆𝑖 +

(1 − 𝑆𝑖)𝜀𝑗𝑂

𝑆𝑖

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𝐿𝑖 =( 𝑃𝑖 −𝐶′𝑖 )

𝑃𝑖 =

𝑆𝑖

(𝜀𝑚𝑑+ 1−𝑆𝑖 𝜀𝑗𝑂) [I.7]

Les équations [I.6] et [I.7] explicitent le lien entre la part de marché et le pouvoir de marché. Elles démontrent en effet que toute chose étant égale par ailleurs, le pouvoir de dominance d‟une entreprise, mesuré par l‟indice de Lerner est croissant en fonction des parts de marché (Si) qu‟elle détient.

Les équations [I.6] et [I.7] possèdent également deux autres implications intéressantes :

L‟élasticité de la demande adressée à l‟entreprise est, ceteris paribus, strictement croissante en fonction de l‟élasticité de la demande adressée au marché. Ceci implique notamment que lorsque cette dernière est élevée, le prix de l‟entreprise au point de maximisation de son profit est proche de son coût marginal. Une élasticité élevée de la demande signifiant qu‟il existe des substituts proches au produit, ce qui limite le pouvoir de dominance de l‟entreprise.

 Plus l‟élasticité de l‟offre des concurrents est élevée, toute chose étant égale par ailleurs, plus l‟élasticité de la demande adressée à l‟entreprise sera élevée et moins son pouvoir de dominance est élevé.

Ces deux dernières implications signifient que l‟usage du calcul des parts de marché pour approximer le pouvoir de dominance d‟une entreprise est à appliquer avec précaution étant donné que les parts de marchés détenues ne représentent qu‟un parmi les trois facteurs qui conditionnent ce pouvoir. Autrement dit, une part de marché élevée ne confère pas à son détenteur un pouvoir de marché si par ailleurs l‟élasticité de la demande ou celle de l‟offre sont telles qu‟elles rendraient une hausse de prix inopérante.

Conclusion

Au terme de ce chapitre, nous pouvons tirer les conclusions suivantes :

Un consensus semble exister dans la littérature sur la définition de la dominance appréhendée comme étant la capacité d‟une entreprise à maintenir durablement son prix de vente au dessus de son coût marginal (lorsque les coûts obéissent à la loi des rendements décroissants).

La situation de dominance d‟un marché implique, par rapport à la référence d‟un marché concurrentiel néoclassique, des prix plus élevés pour une moindre quantité échangée sur le marché.

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Le passage d‟une situation concurrentielle à une situation de dominance, dont le monopole représente le point extrême, implique tout d‟abord un transfert de richesse de la demande vers l‟offre (rente supplémentaire au profit du dominant prélevée sur le surplus du consommateur) et implique également une disparition pure et simple d‟une quantité de richesse sociale (dead weight loss) que rien ne compense et qui correspond à une inefficience allocative pouvant être aggravée par une inefficience interne (X-innefficiency de Leibenstein ou coût de Posner relatif au coût engagé par l‟entreprise pour maintenir sa dominance).

Il est à mentionner néanmoins que ces coûts liés à la dominance des marchés sont parfois contrebalancés par certains avantages découlant de structures autres que purement concurrentielles. Ces avantages peuvent être sociaux (biens considérés comme d‟utilité publique) ou économiques (cas de monopole naturel, coûts de transactions, rendements d‟échelle croissants).

Les effets pervers concernant l‟efficience, l‟innovation et la distribution des revenus et qui peuvent affecter des valeurs plus globales telles que la liberté de choix ou la diversité sociale constituent les raisons principales pour lesquelles des mesures de régulation visant à combattre la dominance sont mises en place.

Il convient alors de s‟interroger sur les facteurs qui génèrent l‟émergence d‟une forme de dominance des marchés. Telle que définie, cette dernière est conditionnée par l‟existence de deux conditions : la capacité de la ou des entités dominantes à asseoir leur pouvoir et l‟acception de l‟entité dominée à subir ce pouvoir de dominance (acception traduite par l‟élasticité de la demande).

Concernant le premier facteur relatif à l‟acquisition d‟un pouvoir de marché par les entreprises, il apparaît que la dominance est rendue possible par l‟existence de barrières à l‟entrée qui empêchent le libre jeu concurrentiel. Ces barrières à l‟entrée concernent en premier lieu les barrières « naturelles », indépendantes de l‟entreprise : barrières légales, ressources rares, ressources essentielles, coûts fixes importants, effets club.

Ces barrières peuvent également être « stratégiques » lorsqu‟elles sont du fait des entreprises : performances intrinsèques, développement horizontal, vertical ou congloméral. L‟interprétation du sens à donner à ces actions (recherche d‟efficacité ou éviction de la concurrence) ainsi que l‟évaluation de l‟impact de ces mouvements stratégiques sur la structure de marché ne font pas, loin s‟en faut, un consensus auprès des chercheurs de différents bords.

Les courants d‟essence purement libérale soutiennent que les marchés tendent à terme à s‟autoréguler, que la dominance, lorsqu‟elle existe, ne peut être que temporaire à moins qu‟elle ne soit due à l‟intervention de l‟Etat notamment par l‟érection de barrières à l‟entrée.

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Il semble clair qu‟aussi bien dans les modèles de Cowling et Waterson, dans celui de Landes et Posner que dans le celui de Williamson relatif à l‟association entre pouvoir de marché et fusions horizontales(paragraphe III.2)., le pouvoir de marché des entreprises qui fusionnent ne peut être maintenu, s‟il n‟existe par ailleurs des barrières à l‟entrée qui empêchent des entrants potentiels de venir sur le marché et exercer ainsi une pression de nature à abaisser les prix à leur niveau concurrentiel.

Sans vouloir nous étendre sur cette polémique, en nous basant sur les éléments sur lesquels les différents courants de pensée semblent s‟accorder, nous pouvons soutenir que lorsqu‟il existe des barrières à l‟entrée au moins du premier type, l‟existence d‟une dominance est rendue possible et sa concrétisation ne dépend plus que du comportement de l‟autre partie impliquée dans cette dialectique : la demande.

Concernant ce deuxième facteur conditionnant l‟existence et l‟exercice du pouvoir de dominance, il est à mentionner tout d‟abord que très peu de travaux semblent s‟être intéressés à ce qui peut la faire varier. Ce facteur est souvent appréhendé dans les différents paradigmes expliquant la dominance en tant que variable exogène, à travers la mesure de l‟élasticité de la demande ou celle des élasticités croisées mesurant l‟effet de substitution.

Cependant, au vu de ce que ce que l‟entité dominée subit en termes de restriction de la liberté de choix et de perte de son pouvoir d‟achat et au vu de l‟impact de son comportement sur le pouvoir de dominance, un recentrage de l‟analyse sur ce facteur nous semble pertinent.

Autrement dit et à notre avis, il est insuffisant d‟appréhender la dominance uniquement par la capacité d‟une entreprise à fixer des prix à un niveau supérieur au « prix concurrentiel ». Il faudrait également déterminer pourquoi la demande consent-elle à payer un tarif plus cher que le prix économique « concurrentiel ». Cette optique revient à se questionner sur le degré de liberté de la demande et sur les barrières qui l‟empêchent de faire pression pour baisser le prix à un niveau concurrentiel. C‟est précisément cette approche que nous allons privilégier dans notre démarche pour proposer des mesures de régulation visant à baisser le pouvoir de dominance.

Les modèles proposés dans la littérature pour mesurer ce pouvoir de dominance, qu‟ils soient basés sur l‟élasticité (modèle de Lerner), ou sur les parts de marchés (modèle de Cowling et Waterson, modèle de Landes et Posner) exigent une définition rigoureuse des marchés pertinents, ce qui nous amène à nous questionner sur ce concept de marché qui formera la trame du prochain chapitre.

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Chapitre II- Délimitation du marché pertinent : préalable

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