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Chapitre 4- Comprendre les angoisses chez les enfants allophones qui entrent

4.1 Le développement du monde interne suivant Mélanie Klein et les

4.1.1 Les prémices du développement du monde interne

Selon la tradition britannique de la psychanalyse kleinienne, les enfants se construisent à partir d’expériences relationnelles avec la mère, le père et l’entourage proche. Mélanie Klein est l’une des premières psychanalystes à penser les vécus émotionnels inconscients des nourrissons. A partir de sa pratique clinique avec des jeunes enfants, elle conçoit sa théorie du développement infantile psycho-affectif.

Selon elle, le bébé n’arrive pas dans un premier temps, à identifier une personne, une mère toute entière, mais il est en relation avec le sein (Klein, 1955a), les yeux, la voix, l’odeur, le toucher, les bras qui l’entourent. Il s’apaise par le rythme du balancement, par le mamelon dans la bouche ou encore par le battement du cœur de sa mère qu’il perçoit sur sa poitrine. Si tout va bien, le sein (le biberon) est vécu par le bébé comme source de nourriture physique, émotionnelle et mentale. Il apaise le corps, procure du bien-être et un sentiment d’union et remplit d’un sentiment de sécurité. Le bébé réagit particulièrement fort à la présence et à l’absence des parties de sa mère qui le réconfortent et qui le frustrent.

L

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Klein (1936, p.240) explique que :

Le sein de la mère qui donne gratification ou qui la refuse devient, dans l’esprit de l’enfant, imprégné des caractéristiques du bon et du mauvais. Désormais, ce que l’on pourrait appeler de

« bons » seins symbolisent le prototype de ce qui est perçu au cours de la vie comme bon et bénéfique alors que les « mauvais » seins tiennent lieu pour toute chose mauvaise et persécutrice […]. Il attribue au sein lui-même toute sa propre haine active par un processus qui est nommé projection.

Elle avance qu’à partir des premiers mois de son existence, le nourrisson est fortement bousculé par des sensations, la faim, le froid, la douleur et aussi la bonté, la générosité, la satisfaction, le rassasiement et qu’il attribue toutes ces sensations à sa mère. Dans le tourbillon d’états qui le traversent, il n’est pas encore capable de discerner ce qui vient de l’extérieure et ce qui vient de l’intérieure. Une manière d’atténuer et de se défendre contre la douleur de la faim, de l’angoisse de se sentir seul, d’être séparé, est d’évacuer ces états. Le nourrisson se défend des angoisses à l’aide d’un mécanisme de clivage du bon et du mauvais. Envahi par le positif ou le négatif qui le traverse, au début de son existence, il n’est pas encore capable de concevoir que la faim qui est à l’origine de sa souffrance est suivie d’un sentiment de satisfaction lorsque sa mère l’allaite (lui donne le biberon). Ses expériences sont segmentées, morcelées et vécues tantôt comme persécutrices, tantôt comme réjouissants. Pour survivre, le nourrisson clive et projette le mauvais pour permettre au bon objet idéal de prendre racine et se consolider dans son monde interne. Le clivage, comme forme de défense et les angoisses paranoïdes à savoir la peur pour soi, sa propre survie son existence etc. caractérisent ce que Klein appelle la position schizo-paranoïde. Si tout va pour le mieux, à partir d’environ six mois d’existence, le nourrisson comprend petit à petit que les bonnes et les mauvaises expériences proviennent de la même source, que le sein de la mère qui donne amour et lait nourrissant est aussi celui qui peut le priver du nourrissage. Sa sensation de gouverner le sein (le biberon), à savoir le faire apparaitre à sa demande, est envahie par les angoisses centrées sur la perte ou l’endommagement de l’objet, la peur de blesser et de casser la mère interne. Il ne vit plus sa mère comme partielle mais comme entière et se vit lui-même comme entier, fait d’amour et de haine, capable de bon et d’agressivité et de destruction. Dans cette étape du développement psychique, appelée position dépressive, le nourrisson se sent vulnérable à cause de sa dépendance envers sa mère, responsable des bonnes et des mauvaises expériences. Il se sent aussi coupable et craint des représailles pour son agressivité ou sa destructivité. La capacité des parents à accueillir, comprendre, contenir et digérer cette détresse est essentielle pour la santé psychique et le développement de leur bébé. Autrement dit, le bébé n’est pas encore conscient de ses sentiments, il ne fait pas la différence entre réalité et ce qui est fantasmatique. Il a peur d’avoir endommagé et avoir en soi une mère blessée qui n’est pas capable de le soutenir et de l’aider.

Cette compréhension que Melanie Klein et ses successeurs offrent une possibilité de saisir ce que nous voyons chez les enfants plus âgés en situation de crise, d’angoisse extrême dans les moments de séparation, lorsque leurs fonctionnements schizo-paranoïdes et dépressifs se réactivent. L’excitation, la curiosité et la peur, la détresse, l’inquiétude qui envahissent les enfants de 3 ou 4 ans qui entrent à l’école les renvoient à leur vécu et leurs relations précoces imprégnées par la dualité entre le bien et le mal, l’amour et la haine, la possession et la perte, c’est-à-dire aux expériences vécues dans leurs premières relations à la mère/au père.

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Comment peut-on savoir ce que ressentent les bébés et les jeunes enfants ? Les parents saisissent les états internes de leur enfant à travers les émotions, les ressentis et les pensées qu’ils perçoivent dans leur contre-transfert. Freud (1905), puis Klein (1955a) suivis des psychanalystes post-kleiniens, identifient en thérapie des pensées et des sentiments avec leurs patients qui ne sont pas les leurs et émettent qu’ils appartiennent aux patients qui les projettent vers eux. Tout comme le thérapeute avec le patient, le parent ouvre son esprit à son bébé, s’accorde avec ses états internes et met à disposition son psychisme comme un instrument de musique sur lequel l’esprit du bébé fait vibrer les cordes (métaphore de Vijé Franchi, 2014b, p.45). La capacité du parent à ouvrir son appareil psychique, à identifier et à tolérer les sensations qui ne sont pas les siennes, active son fonctionnement contre-transférentiel et permet de saisir le vécu interne du bébé.

En grandissant, ces processus contre-transférentiels des émotions restent une des bases de la compréhension de l’autre. Dans le contexte scolaire, les nouvelles personnes que les enfants rencontrent, les enseignant-e-s et les camarades de classe par exemple, sont les réceptacles de leurs projections. Les enseignant-e-s capables d’accueillir et de contenir dans leur contre-transfert les sensations projetées sur eux aident les enfants à évacuer leurs angoisses.

4.1.2 Les angoisses des enfants reçues, tolérées, contenues et soulagées par l'adulte

La question initiale à laquelle les psychanalystes britanniques apportent des éclairages, est de savoir comment comprendre les manifestations, les comportements des enfants à l’entrée à l’école et aussi comment comprendre ce qu’ils vivent quand ils n’arrivent pas à le dire ?

Dans ses communications précoces, si tout se passe bien, le bébé fait l’expérience d’être écouté, entendu, pensé, ce qui est rendu possible par un processus baptisé par Mélanie Klein l’identification projective. Waddell (2002, p. 96-98) la définit ainsi :

Par rapport à la notion de projection telle que Freud l’entendait, l’identification projective est une notion beaucoup plus dynamique, et cela grâce à son double aspect qu’elle contient : projectif et identificatoire. En effet, il ne s’agit pas seulement de parties de la personnalité qui sont ‘déposées’

dans l’autre, mais d’une opération beaucoup plus complexe qui peut produire des effets sur l’autre et qui est, par conséquent, la communication humaine. […] Il s’agit donc d’une forme primitive et très immédiate de communication dans laquelle non seulement un vécu émotionnel très intense est ‘déposé’ dans le psychisme de l’autre, mais surtout où le psychisme de l’autre peut devenir un contenant pensant qui reçoit des éléments psychiques qui n’auront pas accès à une mise en forme qui pourrait s’appeler ‘pensée’.

Ciccone et Lhopital (2001, p.27) ajoutent que dans un premier temps, par identification projective, le bébé « communique avec l’autre en lui faisant vivre, ressentir des émotions et des sentiments incontenables, incompréhensifs, irreprésentables pour soi (éléments β) […] puis il se débarrasse des sentiments mauvais, persécuteurs en les évacuant dans l’objet (la mère) » En effet, l’enfant projette des ressentis et des états dans le parent qui les reçoit et les vit comme s’ils lui appartenaient. Il ne distingue pas au début de son existence, les vécus comme venant de l’extérieure, tels que la

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colère, l’impuissance, la frustration ou la peur. Selon le dictionnaire de la psychanalyse kleinienne, « l’identification projective […] semble être un élément central et crucial pour établir un contact émotionnel avec d’autres êtres qui possèdent, eux aussi, un monde intrapsychique ». (Hinshelwood, 2001, p. 212). Magagna (2014) explique qu’à l’école, les élèves projettent leurs frustrations, leurs peurs et leurs angoisses dans les enseignant-e-s qui les réceptionnent, les ressentent et les métabolisent, ce qui allège les enfants de la lourdeur de leur vécu et informe les enseignant-e-s sur le vécu des enfants.

Waddell (2002, p.67) dit que « la capacité parentale à connaitre et à contenir les angoisses est fondamentale au succès de la vie de leurs enfants, et va de pair avec le tempérament de ces derniers, et ce à tout jamais ». En accueillant, contenant et métabolisant les angoisses de leurs bébés, les parents aident leurs enfants à dépasser leurs angoisses. Bion (1962), suivant la pensée kleinienne, développe le concept de contenant-contenu, appelé autrement la rêverie maternelle qui considère que les états indigestes, tels que les angoisses, les peurs, les frustrations sont clivées et évacuées par les bébés aux adultes/ parents qui les accueillent, les contiennent, les prennent en eux, les digèrent et les transforment dans leur psychisme. Les états indigestes des bébés (éléments β) sont transformés en expériences qui peuvent être pensables (éléments α). Ainsi, les enfants apprennent progressivement à réguler (contenir) les états émotionnels qui les traversent.

A ce propos, Rosella Sandri (1996, p.100), psychanalyste kleinienne explique que : La mère, grâce à son empathie avec le bébé, devient une sorte d’appareil qui digère les émotions et restitue au bébé les parties qu’il avait projetées. […] La fonction interprétative et ‘maternelle’

par excellence a été appelée par Bion ‘rêverie’ : un processus mental qui est déclenché par un être qui ne possède pas encore la capacité de ‘rêver’ et de ‘penser’. C’est un état mental dans lequel la mère possède une connaissance intuitive des émotions de son bébé, les accueille en elle et essaie de comprendre la signification de cette communication primitive. Cette fonction maternelle permet à l’enfant de sentir que, dans le monde externe existe un objet capable non seulement de ‘contenir’ les éléments non-digérés, mais aussi de les transformer en quelque chose qui peut être utilisé pour la croissance (quelque chose de digéré – note de l’auteure).

Vijé Franchi (2014b, p.29) complète cette pensée en ajoutant :

La rêverie s’apparente à un état émotionnel et mental dans lequel l’inconscient de la mère (ou du père / de l’adulte) cherche le contact avec le monde interne du bébé – cherche à le sentir, à le comprendre – et puise dans les relations qu’il a avec ses propres objets internes, une capacité à rester en lien avec ce que son enfant vit, et à tolérer l’angoisse quand il n’arrive pas à le comprendre et donc à pallier sa souffrance ou à faire disparaître son désarroi.

Suivant les travaux de Mélanie Klein et de Wilfred Bion, Esther Bick, pionnière de la méthode d’observation du bébé, psychanalyste post-kleinienne considère que l’odeur de la mère, ses bras qui entourent le bébé, les mots doux sont ressentis par le bébé comme un « contenant- peau » (1968 ; 1986). Dans un premier temps, le nouveau-né ne perçoit pas encore la frontière entre son corps et celui de sa mère, il baigne dans une intégrité qui le rassure et le contient. Si la capacité à contenir le bébé fait défaut, le bébé qui n’est pas tenue par la pensée doit trouver d’autres moyens pour se tenir ensemble autrement, par exemple à travers le mouvement, l’agitation ou le raidissement du corps. Les psychanalystes appellent ce phénomène la défense de type « seconde-peau » qui peut être de nature musculaire ou motrice (Ciccone, 2001, p.87). A l’école, les enfants peuvent se rassembler par exemple autour d’une activité,

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un jeu ou une occupation pour retrouver la sensation d’être tenu de l’extérieure comme par une peau qui les tiendrait ensemble.

A travers ses relation précoces, si tout se passe bien, les enfants accumulent des expériences positives de figures parentales qui les aident à contenir, à diluer leurs angoisses et acquièrent une maquette du vécu relationnel qui forme « le noyau de son développement » (Waddell, 2002, p.78). Le bébé apprend progressivement à intérioriser le parent qui le soutient et il devient capable, même en son absence, de l’évoquer et de s’appuyer de l’intérieure sur lui. Miller et son équipe (1997, p.50) ajoutent « dès lors le bébé devient par moments capable, en l'absence de sa mère, de faire appel à des ressources qui ont leur origine dans ses contacts avec elle [la maman]

». Plus tard, l’enfant puise à l’intérieur de lui dans ses bonnes relations internes, la douceur qu’il garde des bras de sa maman, du regard tendre de son papa qui l’apaise et le réconforte. Toutefois, tant que le bébé n’a pas intériorisé le parent qui reçoit et transforme ses projections, il ne pourra pas faire appel et s’appuyer sur la contenance de son objet intériorisé en l’absence de son parent (Ciccone & Lhopital, 2001) et il risque d’être désorganisé et envahi par l’impuissance, l’absence et la perte.

Du point de vue de cette thèse, les avancées théoriques sur la contenance et la rêverie maternelle/paternelle appuient que les enfants ayant été pensés et contenus par le psychisme de leurs parents capables d’écouter, d’accueillir et de tolérer leur inconfort et de les rassurer, peuvent emprunter de ces expériences précoces pour trouver une source de sécurité et d’apaisement interne dans les situations de crise ou de grande détresse, comme au cours de la séparation, lorsqu’ils se sentent seuls et abandonnés à l’école. Par ailleurs, leurs relations précoces contenantes favorisent aussi l’ouverture et la confiance avec laquelle ils se trouvent vers leurs enseignant-e-s : s’ils sont fait l’expérience d’être compris et soulagés de leurs angoisses, ils peuvent devancer plus facilement une confiance et une croyance à ce que leurs enseignant-e-s soient capables de les écouter et les aider à dépasser leurs frustrations.

4.1.3 Être tenue et s’accorder avec ses parents

Donald Winnicott, psychanalyste contemporain de Klein introduit le concept de « la mère suffisamment bonne » pour parler d’une mère capable de répondre de façon adéquate, en se focalisant sur les besoins de son bébé en vue de l’apaiser, le calmer et le rassurer. Pendant la dernière phase de la grossesse, et renforcé après la naissance du bébé, la mère est dans un état mental et psychique particulièrement sensible, qui lui permet de se focaliser, d’être à l’écoute, de se mettre à la place de son bébé. La mère n’a pas besoin d’être parfaite du moment qu’elle remplit certaines fonctions pour le bébé. Par exemple ses bras qui portent le bébé de manière assurée et qui le manient avec confiance, apaisent les angoisses de chute (Bick, 1986), tranquillisent et rassurent le bébé. Winnicott attire l’attention sur l’importance de cette sureté de la tenue du bébé, qu’il appelle le holding et celle de sa manipulation nommée handling (Winnicott, 1969). Winnicott avance aussi la notion de présentation d’objet signifiant que la manière dont les objets sont introduits au bébé par sa mère lui permet de se positionner dans son entourage et d’être capable de s’intéresser davantage aux nouveaux objets. Si tout va bien, les parents présentent progressivement les objets au bébé en respectant son rythme et sa capacité de les accueillir, pour qu’il puisse s’investir davantage. C’est la réaction de l’enfant qui prime sur les besoins des adultes.

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Le bébé ayant fait des bonnes expériences de handling, de holding et de présentation d’objets, développe non seulement une confiance envers ses parents mais grandit en lui un sentiment de sécurité et de confiance que les adultes qu’il rencontre, par exemple à l’école, sont eux-aussi capables de bien s’occuper de lui.

Les avancées théoriques de Winnicott rejoignent les travaux de Daniel Stern, psychologue du développement qui comme Winnicott, fonde sa théorie sur les observations d’interactions mère-bébé. Dans sa démarche, à partir de vidéos sur des échanges mère-bébé, Stern (1989) avance le modèle d’accordage affectif pour désigner une relation mère-bébé où la mère décode et répond aux sollicitations du bébé, qui permet de diminuer sa détresse et lui donne un sentiment d’apaisement et de sécurité qui régulent ses émotions et qui fondent la base de sa communication affective. A travers les interactions répétées, comme les jeux d’imitation, le bébé intériorise les réactions de sa mère et apprend petit à petit à réguler son niveau d’excitation et d’anxiété et développe ainsi une capacité d’autorégulation des états émotionnels qui le traversent. Stern (1989) compare l’accordage affectif de la relation entre la mère et son bébé à une danse qui devient fluide et harmonieuse à force de la pratiquer.

Ces théories du développement sont mises en évidence et vérifiées par des situations où l’accordage entre la mère et son bébé fait défaut. Stern appelle les faux pas dans la danse (1981), les situations de désaccordage dans la relation mère/père bébé qui peuvent conduire à des dérèglements affectifs et relationnels chez les bébés. Par exemple, une mère trop autoritaire qui sur-stimule son bébé peut déclencher des réactions excessives chez ce dernier, qui n’apprend pas à s’autoréguler et reste dans un état de surexcitation. Les mères dépressives ou schizophrènes qui au contraire, ne stimulent pas leur bébé et sont absents de la relation, qui ont des pensées évadées, peuvent nuire au développement psychique des bébés et conduire à des comportements « hypoactifs » chez leurs bébés (Stern, 1981, p.174). Cela fait écho aux travaux de Fraiberg (1993) menés auprès de bébés négligés et/ou abusés, de mères droguées, dépressives. Les bébés observés évitaient le contact visuel avec leur mère, ne les regardaient que rarement et ne montraient aucun signe de joie en voyant ou en entendant leur mère. A partir de là, Fraiberg (1993) a identifié plusieurs types de mécanismes de défense pathologique des bébés : l’évitement lorsque les bébés détournent le regard, se coupent des stimulations de leur mère, suppriment les affects qui les perturbent ; la réaction de « gel », lorsque les bébés s’immobilisent, se rigidifient au contact de leur mère ; la lutte, la contestation, quand les bébés manifestent des comportements agressifs, ou encore l’inversement des attitudes, quand les bébés retournent leur agressivité contre eux-mêmes par crainte des représailles de leurs parents. D’autres études sur la dépression parentale, la dépression post-partum (Music, 2011 ; Murray & Cooper, 1999 ; Nanzer, 2009, 2012) soulignent que les enfants ayant des mères dépressives peuvent manifester des troubles du sommeil, de la séparation, de la socialisation et risquent d’avoir un lien

Ces théories du développement sont mises en évidence et vérifiées par des situations où l’accordage entre la mère et son bébé fait défaut. Stern appelle les faux pas dans la danse (1981), les situations de désaccordage dans la relation mère/père bébé qui peuvent conduire à des dérèglements affectifs et relationnels chez les bébés. Par exemple, une mère trop autoritaire qui sur-stimule son bébé peut déclencher des réactions excessives chez ce dernier, qui n’apprend pas à s’autoréguler et reste dans un état de surexcitation. Les mères dépressives ou schizophrènes qui au contraire, ne stimulent pas leur bébé et sont absents de la relation, qui ont des pensées évadées, peuvent nuire au développement psychique des bébés et conduire à des comportements « hypoactifs » chez leurs bébés (Stern, 1981, p.174). Cela fait écho aux travaux de Fraiberg (1993) menés auprès de bébés négligés et/ou abusés, de mères droguées, dépressives. Les bébés observés évitaient le contact visuel avec leur mère, ne les regardaient que rarement et ne montraient aucun signe de joie en voyant ou en entendant leur mère. A partir de là, Fraiberg (1993) a identifié plusieurs types de mécanismes de défense pathologique des bébés : l’évitement lorsque les bébés détournent le regard, se coupent des stimulations de leur mère, suppriment les affects qui les perturbent ; la réaction de « gel », lorsque les bébés s’immobilisent, se rigidifient au contact de leur mère ; la lutte, la contestation, quand les bébés manifestent des comportements agressifs, ou encore l’inversement des attitudes, quand les bébés retournent leur agressivité contre eux-mêmes par crainte des représailles de leurs parents. D’autres études sur la dépression parentale, la dépression post-partum (Music, 2011 ; Murray & Cooper, 1999 ; Nanzer, 2009, 2012) soulignent que les enfants ayant des mères dépressives peuvent manifester des troubles du sommeil, de la séparation, de la socialisation et risquent d’avoir un lien