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Chapitre 1. L’organisation de la prise en charge de la propreté de Paris

1.2. L’organisation du Service Technique de la Propreté de Paris (STPP)

1.2.3. Les « techniciens de service opérationnel » et leur hiérarchie

Les « chefs d’équipe », terme que nous utiliserons le plus souvent dans cet écrit car c’est ainsi que, généralement, les professionnels concernés se nomment eux-mêmes au quotidien, ont connu plusieurs appellations dans le service. Historiquement « chefs cantonniers », ces encadrants de proximité sont longtemps des agents de catégorie C, appelés soit des « chefs d’équipe du nettoiement » (CEN), soit des « agents d’encadrement du nettoiement » (AEN), pour ceux d’entre eux qui ont pu accéder à ce grade plus avancé. La réforme de la catégorie B menée par la ville de Paris les fait progressivement tous entrer dans le corps des Techniciens de service opérationnel (TSO), de catégorie B, entre août 2011 et le 1er janvier 2015. Quelques semaines après notre

arrivée dans la direction, ils sont ainsi tous devenus des TSO (ou plus précisément des TSON : Techniciens de service opérationnel du nettoiement). L’accès à la fonction se fait par concours externe, avec comme prérequis un niveau IV (baccalauréat ou équivalent), par concours interne, sans prérequis de diplôme (avec au moins quatre années d’expérience dans des services publics), et par voie de nomination sur proposition de ses supérieurs hiérarchiques. Le salaire moyen, avec les différentes primes, est de 1800 euros net en début de carrière, et de 2500 euros net en milieu de carrière. Au moment de l’intervention, les TSO sont environ 450 à travailler dans les divisions. Ils ont majoritairement été éboueurs avant.

Nous avons travaillé avec des TSO affectés à des ateliers territoriaux du matin qui ont pour principales missions d’encadrer les éboueurs d’un atelier, d’organiser et contrôler leur travail, de contrôler l’activité de prestataires extérieurs, de faire respecter les règles d’hygiène et sécurité, d’appliquer les règles administratives en vigueur, de rendre compte de l’activité de leur atelier aux personnels de maîtrise et agents de catégories A sous la responsabilité desquels ils exercent, et de faire remonter les informations utiles au bon fonctionnement du service (pour plus de détails, cf. fiche de poste en annexe 1). Dans un atelier du matin, il y a entre 20 et 30 éboueurs en moyenne. Chargés d’assurer la propreté des voies publiques d’une zone géographique définie, ils sont affectés soit à des tâches de balayage, soit à des tâches de collecte des déchets pour les ateliers assurant la collecte, soit encore à des postes particuliers (en général conducteur d’un petit porteur qui collecte les gros objets ou lancier affecté à un engin de nettoyage). La responsabilité d’un atelier est assurée par plusieurs TSO en roulement.

De ce que nous avons pu observer, les différentes missions des TSO les amènent à travailler à la fois à l’atelier, notamment pour tout ce qui concerne les tâches d’organisation, de compte-rendu de l’activité réalisée, ou de gestion administrative, qui passent souvent par de l’écrit et parfois par des logiciels dédiés (TEMPO, GEOPRO)1, et sur le terrain pour contrôler l’état des zones de

traitement dont ils ont la responsabilité. Ce contrôle se fait soit d’une façon générale et plus ou moins aléatoire sur l’ensemble de leur territoire, soit d’une façon ciblée sur des zones particulières. Les TSO peuvent en effet à certains moments faire des tours d’ensemble, avec pour objectif de vérifier la propreté globale de leur zone. Certains disent alors « se promener » sans itinéraire précis, mais bien souvent on peut remarquer qu’ils contrôlent en priorité les axes principaux sur lesquels on leur demande une vigilance accrue, et les points qu’ils ont repérés comme étant souvent problématiques. Certains chefs qui passent particulièrement beaucoup de temps à l’extérieur réussissent à s’organiser pour ratisser à peu près l’ensemble des rues de leur atelier, sur une journée de travail. À d’autres moments, les TSO peuvent sortir pour vérifier un point particulier, suite par exemple à une remontée d’un éboueur, une demande hiérarchique, ou une plainte d’un usager.

Il faut noter que, de façon assez fréquente, le chef d’équipe est sollicité par sa hiérarchie pour un renseignement ou pour exécuter une tâche à sa demande. Il peut arriver que des chefs d’équipe participent aussi directement à certaines activités de nettoiement. Des chefs le font très ponctuellement, pour des activités ou dans des circonstances exceptionnelles (par exemple pour ce qu’ils appellent les « corvées », tâches ponctuelles et difficiles, comme le désherbage des grilles d’arbre, auxquelles participer semble être pour certains chefs une marque de soutien et/ou un levier de motivation des éboueurs). D’autres le font plus quotidiennement, par exemple en n’hésitant pas, lors de leurs tournées sur le terrain, à ramasser des gros déchets qui trainent, bouger un bac qui gêne, etc. Leur travail est très encadré par leur propre ligne hiérarchique, et cadré par des procédures et des tâches dont l’exécution est assez précisément définie. Les chefs d’équipe occupent finalement une « position duale » caractéristique des managers de proximité, à la fois supérieurs hiérarchique et subordonnés (Bellini, 2005).

1 Le logiciel TEMPO permet de remplir des feuilles de journée reprenant les agents de l’atelier présents, la tâche et

éventuellement le matériel auxquels ils ont été affectés, ainsi que les services effectués par les engins de collecte et les engins de nettoyage de chaussée et de trottoir affectés ce jour-là à l’atelier (heures de départ et d’arrivée, itinéraires suivis…). Le logiciel GEOPRO permet quant à lui de renseigner le travail effectué, normalement rue par rue.

Les TSO sont donc des chefs d’équipe, responsables d’ateliers. Les ateliers sont eux-mêmes regroupés en secteur. Chaque secteur est animé et coordonné par un responsable de secteur assisté d’un adjoint. Et l’ensemble des secteurs d’une division est animé et coordonné par un chef d’exploitation qui organise l’activité des équipes pour la partie exploitation (collecte et nettoiement). La division dans son ensemble est dirigée par un chef de division. Autrement dit, il y a entre l’éboueur et la cheffe du STPP pas moins de cinq échelons hiérarchiques, l’encadrant le plus proche des éboueurs étant donc le TSO (cf. figure 2 ci- contre, et pour plus de détails cf. descriptifs

résumés des postes en annexe 1) Figure 2 : Ligne hiérarchique de l'exploitation

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