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Dialogues et divergences

Brève remarque sur un chaînon essentiel : l’intervention de Lénine

I. Matérialismes dialectiques et rationalisme à la française

1. Dialogues et divergences

a. Le front contre le néo-positivisme

Dans Matérialisme dialectique et logique, P. Raymond insiste sur un divorce, effectif depuis Hegel et précisant celui entre philosophie et sciences ancré dans le 18ème siècle. Ce divorce s’est opéré entre (1) le développement de la dialectique dans le champ philosophique, (2a) celui de la logique (des premières tendances formalisantes jusqu’au logicisme frégéo- russellien), dans le champ scientifique et (2b) la partie du champ philosophique qui s’est « suturé », pour reprendre l’expression d’A. Badiou, au champ scientifique. Parler de suture signifie qu’une partie du champ philosophique s’est s’inféodé à l’empirisme et au positivisme de ce champ, et cela, tout en le nourrissant, c'est-à-dire en l’intériorisant d’abord, et en en produisant ensuite une théorisation extra-scientifique.

Ce divorce se consomme dans la première moitié du 20ème siècle, excédant de loin l’opposition marxisme / non-marxisme. P. Raymond définit l’idéologie de la rigueur du

1 Je reprends l’expression « à la française » au titre de Tosel 2001. 2 Tout ceci est amplement développé dans le chapitre IV à venir.

champ « scientiste », née avec la logique bolzanienne correspondant au début de la chute des

philosophies de l’infini, comme

« les effets sur les travaux mathématiques et philosophiques de la montée des forces symboliques, du passage au second plan de l’intuition géométrique, du divorce entre mathématiques et philosophie ; ces effets sont diverses tentatives chez les savants pour établir un auto-contrôle sur leurs activités théoriques ou pour s’en passer, diverses tentatives chez les philosophes en direction d’une autonomie de la philosophie, diverses difficultés chez les uns et les autres pour penser l’originalité de sciences nouvelles (comme l’histoire). »1

Si le rejet de l’intuition géométrique comme instance légitime du processus de validation des énonces fait globalement consensus, l’exigence de cet auto-contrôle de la science, et son intériorisation logiciste en philosophie dans le néo-positivisme des années 1930 et 1940, font

diversement problème et suscitent, dans la très bigarrée tradition dialecticienne, un type

commun de réactions et de critiques (dont le principe général est acquis depuis Hegel, Marx et Engels, même si on a vu les ambiguïtés et les limites du « schème de l’univers » de ce dernier). Celles-ci se structurent autour de trois constats corrélatifs :

(1) Il existe une confusion fâcheuse entretenue par l’empirisme entre l’origine et les conditions concrètes de formations des représentations et corpus scientifiques, et le

commencement d’une science par une rupture spécifique à l’égard de ce qui l’a rendu

possible. Cette confusion oblitère dommageablement le problème, caché derrière la thèse empiriste de la connaissance comme abstraction, des conditions diachroniques de l’objectivité et de la validation des ensembles d’énoncés formant théorie dans une science donnée. L’anti- empirisme va ainsi être une récurrence dans ces deux traditions.

(2) L’anhistoricité (dont on a rappelé en introduction l’origine philosophique chez Russell) véhiculée par cette éclipse dans le néo-positivisme, de la dimension diachronique des vérités scientifiques, mutile le concept de connaissance scientifique et fait fi des conditions concrètes de la connaissance. Ce rejet s’est notamment traduit par une conception continuiste naïve de leurs histoires. Les deux courants vont au contraire défendre l’articulation entre la prétention à l’objectivité scientifique et l’historicité constitutive de cette dernière, et insister sur le rôle des

discontinuités radicales structurant ce procès de la science.

(3) De même la conception strictement internaliste du critère de démarcation entre science et non-science, ramenée à la double instance empirique et logicienne, mutile le concept complet de connaissance scientifique. Dans la formulation néo-positiviste standard, un énoncé est scientifique s’il est réductible à une expression symbolique logiquement valide et / ou à la dénotation de faits indubitables fondés en dernière instance sur des énoncés protocolaires censés véhiculer par eux-mêmes l’évidence. De façon générale est condamnée, par les deux traditions marxienne et dialecticienne non-marxienne, une telle dissociation entre forme

logique et contenu empirique, entre forme et contenu de la connaissance scientifique

(dissociation que la théorie des modèles est censée avoir formalisée au plus haut point).

Les marxistes, on va le voir, radicaliseront de façon fort problématique leur thèse d’une instance résolument externe de démarcation entre science et non-science liée aux déterminations sociales de la pratique scientifique : l’opposition entre « science bourgeoise », c'est-à-dire non-science, et « science prolétarienne » va devenir le frère certes ennemi, mais surtout autant frère qu’ennemi, de ce strict internalisme. L’école althussérienne s’efforcera ultérieurement, poursuivant de fait l’optique de Lefebvre, d’articuler finement ce critère externe de démarcation avec les conditions propres de la « coupure épistémologique ». C’est en effet cette dernière qui doit rendre possible l’effectivité de critères internes de scientificité « dé-politisés », c'est-à-dire libérés autant que faire ce peu des influences des idéologies de classes véhiculées par les philosophies correspondantes.

Il conviendrait bien sûr de nuancer en profondeur cette vision du champ néo-postiviste1, qui homogénéise toute une gamme de positions et de travaux bien plus subtils, mais l’important ici est de voir quelles bannières ont uni les traditions de pensée qu’on cherche à restituer. On peut cependant noter que Carnap, et c’est très net dans la « Brochure jaune » qu’est la Manifeste du Cercle de Vienne, affirmait sa proximité certaine avec le marxisme. Seulement la raison de ce rapprochement était essentiellement le partage d’une même critique

de la métaphysique. C’est le point qu’il faut préciser maintenant. b. Le rejet du transcendantal et du métaphysique

Le champ marxiste s’oppose traditionnellement à la perspective transcendantale rapportée au camp idéaliste qui, tout en étant plus porteur conceptuellement que le matérialisme vulgaire, reste depuis Hegel (et contre lui) objet d’une diabolisation plus ou moins subtile. Mais les pensées dialectiques non marxistes ont ce rejet en commun : le criticisme transcendantal prône, de Kant à Husserl, une impossible fondation subjectiviste des structures de la connaissance dans un ego fictif, au détriment de la dimension processuelle et collective de la constitution du vrai scientifique. Le subjectivisme et l’anhistoricisme que l’on a souvent désignés sous l’appellation critique de « fixisme » des catégories et des formes espace et temps, sont ainsi les repoussoirs communs au matérialisme dialectique et aux pensées des Bachelard, Cavaillès, Gonseth2 pour ne citer qu’eux.

Même si le kantisme s’est constitué et transmis comme une critique des métaphysiques rationnelles des 17ème et 18ème siècles, le transcendantal est alors perçu comme une forme de métaphysique hypostasiant le moment de la subjectivité, et rentre parfois dans le cadre de la critique générale de la métaphysique, que celle-ci soit de type positiviste ou spiritualiste (ou les deux à la fois) : or, c’est un combat qui est partagé, c’est connu, avec le Cercle de Vienne, ce qui a suscité, mais beaucoup plus dans le champ non-marxiste, un dialogue avec ses protagonistes. De ce point de vue, Sur la logique et la théorie de la science de Cavaillès3 (un des textes qui notamment a le plus marqué la tradition marxiste postérieure, en plus d’avoir fourni des schèmes qui ont structuré et structurent encore massivement la philosophie française contemporaine), articule ainsi une critique constructive de Kant, de Husserl, de Carnap, et conclut sur la nécessité de penser l’objectivité du devenir mathématique. Ce programme doit être réalisé sans faire appel a) à des instances comme la conscience, le sujet, ainsi que le défend le matérialisme dialectique, ou b) à des lois générales de l’histoire que ce devenir des mathématiques devrait incarner, cette fois contre les fresques dialectiques de Hegel, Marx, Engels (rabattus implicitement ensemble les uns sur les autres), au profit d’une posture spinoziste – dont on verra au chapitre suivant la façon dont elle reprend de fait, malgré l’apparent paradoxe de l’affirmation, des traits et même des catégories de la Science

de la Logique.

c. La jonction épistémologique des sciences et de l’histoire : la particularité dialectique

P. Raymond résume comme suit la position du problème auquel ces deux courants se sont communément confrontés, en accord sur les critiques, en désaccord partiel sur les thèses associées à ces critiques : malgré les divorces structurants philosophie / sciences et dialectique / logique du 19ème siècle,

« le travail philosophique s’est aussi poursuivi du côté des sciences « exactes », sans être pour autant du côté de la logique. Il a dû tantôt prendre des formes mineures : celle en particulier de l’épistémologie, qui ne pouvait se fixer sur le terrain philosophique, ni sur celui de l’histoire, ni sur celui de la logique, car elle paraissait brusquement une spécialisation technique, elle intervenait

1 Cf. Par exemple l’Introduction de Soulez 1985. 2

Même si l’on verra dans la chapitre IV le caractère bien délicat de cet anti-kantisme, qui est bien plus, en réalité, un néo-kantisme qu’un post-kantisme, en particulier chez Bachelard.

dans l’actualité des travaux scientifiques sans être méthodologique ; elle a pourtant subi fortement l’influence de Hegel, en particulier dans sa doctrine de l’histoire des sciences conçue sur le modèle de la logique hégélienne qui récupère à chaque étape le passé nié dans une refonte supérieure (cf. Bachelard par exemple). Son originalité toutefois et les raisons de son éminente valeur

philosophique sont la conjonction de son contact avec les mathématiques et la philosophie et de ses

échappées historiques. L’épistémologie a tenté en pratique ce que Marx et Engels ont manqué en théorie : la jonction des sciences et de l’histoire. »1

Dès le premier tiers du 20ème siècle, cette conjonction marque la spécificité française d’une philosophie des sciences déjà « à la croisée des chemins »2, qui tient à cette interconnexion entre une tradition philosophique rationaliste plurielle, la valorisation des positivités scientifiques en leurs développements et mutations, et corrélativement, la thèse rapidement présente d’une régionalité de l’épistémologie : c’est d’abord un mixte de cartésiano-kantisme, celui d’une raison totalisante critique, théorique et pratique, et d’un souci positiviste post- comtien délesté de son pendant empiriste. Or, ce mixte ne suffit plus à assurer la pensée des sciences concrètement à l’œuvre : la prégnance très française du schème dialectique tient à ce qu’il va constituer l’instrument du marquage de cette spécificité française, puisque 1/ c’est par lui que les limites de ce mixte vont d’une part être pointées, 2/ c’est lui qui va constituer une forme de réponse, traversée par une influence sourde de la pensée hégélienne, aux problèmes philosophiques et épistémologiques révélés par ces limites.

A. Tosel et M. Vadée ont bien montré3 que c’est, en profondeur, autour du concept de

rationalité que, dès le début du siècle, tournent les dialogues et les oppositions entre les deux

courants : l’opposition majeure portant sur la détermination socio-politique de cette rationalité scientifique, avec son affirmation dans le champ marxiste, son éviction dans l’autre, malgré un accord global sur la processualité intra-théorique des concepts et la conception d’une connaissance du réel comme appropriation par concepts et non comme abstraction empirisante. L’enseignement en France au début du siècle fait directement l’impasse sur les pensées dialectiques issues de la tradition hégéliano-marxienne : à n’en pas douter, cette dialectique est souvent perçue comme l’arme doctrinale de la sauvagerie réactionnaire de la Prusse, et vient valider le ressentiment présent depuis le désastre politique et miliaire de la guerre de 1870. Le début du siècle est ainsi profondément marqué par la défiance à l’égard de cette dialectique4 : le spiritualisme néo-kantien varié qui domine alors, d’une part reconduit de façon plus ou moins consciente la réduction déjà ancienne, d’Aristote à Kant, de la dialectique à une simple habileté à raisonner sur le probable ou les apparences, et d’autre part, continue de mettre Kant au cœur des débats : Lachelier, inspiré par Ravaisson, Lagneau, Boutroux, sont représentatifs du moment. Brunschvicg de même n’hésite pas à affirmer que Hegel a porté l’irrationnalité et la confusion au plus haut point, puisqu’il a introduit la contradiction comme légitime dans la logique5. Kant, au contraire, pourtant du même « camp » national, reste non

sans raison la figure de proue d’un rationalisme théoriquement universaliste et pratiquement

cosmopolitique apte à nourrir leur foi républicaine.

Puisque l’on abordera cela plus en détail dans le chapitre suivant, retenons ici que c’est lorsque les cours d’A. Kojève redonnent droit de cité en France à la pensée hégélienne dans les années 1930 que tombe en partie, pour une petite vingtaine d’années, le préjugé anti- dialectique. La génération qu’il forme perçoit certes comme irrationnelle et non pertinente sa philosophie de la nature qui est d’emblée exclue de l’enseignement. Les formes de la

1

Raymond 1977 p. 36-7. Il va de soi que cette affirmation ne peut aucunement porter sur la science de l’histoire instaurée par Marx même : Raymond vise ici la pensée de l’objectivité des sciences, et leur historicité, c'est-à- dire l’analyse approfondie du caractère historique de l’objectivité scientifique.

2

Cette expression de Lecourt 2001 est reprise de Althusser 1972 p. 177. Cf. également Agazzi 2001.

3

Vadée 1997, Tosel 2001.

4 L’oubli total du matérialisme dialectique non marxiste de F. Paulhan est également emblématique : développant

notamment l’idée d’une sous-détermination réelle de la contradiction logique, ou dit autrement, de la faible signification réelle de la contradiction logique, il insiste sur l’existence réelle de contradictions relatives, c'est-à- dire des oppositions non forcément destinées à se radicaliser et éclater. Cf. Bellon 1960, les remarques sur ce contexte historique faite au début de chapitre précédent sur Hegel, ainsi que D’Hondt 1997 et Bourgeois 2001.

dialectique qui renaissent alors, avant la deuxième guerre mondiale, et qui donneront lieu après celle-ci, par exemple à la création des revues Dialektik en Allemagne et Dialectica en Suisse, sont au contraire celles directement héritées des méthodologies de la corrélation et de la complémentarité (de la synthèse et non de la contradiction), de Brunschvicg, Renouvier, Hamelin principalement, quoique confrontées avec rigueur aux innovations théoriques et expérimentales d’alors : à la crise du mécanisme de la physique chez Bachelard, aux avancées extrêmement variées de la logique formelle, de la méthode axiomatique, et des champs plus classiques des mathématiques chez Cavaillès, Lautman, et Gonseth – tradition dont G.-G. Granger est l’actuel héritier. La dialectique est ici avant tout attitude épistémologique, auto-

dialectisation d’un sujet connaissant assumant la processualité générale de sa rationalité dans

sa quête sans cesse rectificatrice de vérités maintenant épistémologiquement régionales. Mais même ces dialectiques subjectives, ouvertes, ces « philosophies du non » où le non est

extérieur à ce qui est nié et non issu de la différenciation d’un élément d’abord unitaire, vont

subir de vives attaques au sortir de la seconde guerre mondiale, en partie à cause des affinités thématiques et sémantiques de cette école dialectique néo-kantienne avec le matérialisme dialectique.

Dans l’ouvrage à soi seul que constitue son introduction au récent collectif Sciences et

dialectiques de la nature1 où il restitue les « Deux siècles d’élaborations dialectiques controversées » de la tradition hégéliano-marxiste. L. Sève met également bien en évidence le contexte et les causes du discrédit de la dialectique qui revint en France à la fin des années 1940 : renaissance du préjugé de début de siècle nourri et renforcé par les déboires du lyssenkisme. La dialectique, alors (et la dialectique de la nature en premier), en sa forme de logique de la contradiction issue de Hegel/Marx/Engels, comme dans ses formes désontologisées ou purement idéelle-subjective délestées du noyau de rationalité qu’est le travail de la négativité, dans l’autre tradition, jusqu’à aujourd’hui, continue d’être la plupart du temps rejetée ou ignorée.

d. Elargissement dialectique du rationalisme français

Ce qui importe ici, c’est la période des années 1930 : le rationalisme à la française va « se dialectiser » 1/ avec Bachelard et ses corréligionnaires non marxistes (on développe cela au chapitre suivant), 2/ s’élargir au matérialisme dialectique – lequel, dans sa forme française, et réciproquement, ne perdra jamais cette dimension rationaliste : ce qui donnera lieu chez lui à une ambivalence structurelle qu’il faut commencer de préciser ici. Un certain nombre de savants2 vont défendre des positions matérialistes et dialectiques en s’inscrivant dans les préludes à ce qui va constituer avec eux une épistémologie historique et dynamique : le traité

A la lumière du marxisme (1936-37), les exposés de P. Labérenne3 sur le marxisme et les sciences, et symptomatiquement, La Pensée créée en 19394 à la fois « Revue du rationalisme

moderne » et financée par le PCF. Politzer, Wallon, Prenant, Salomon, Langevin5 (auquel Bachelard se réfère à de nombreuses reprises dans ses travaux sur la physique) pour ne citer qu’eux, (mais des savants « dialectisants » comme Niels Bohr également) vont s’approprier un marxisme non encore « diamatisé ».

Le sens général de ce contact est le suivant : un réalisme, toujours corrélat du matérialisme, mais un réalisme conséquent (Politzer), non naïf ni essentialiste, est exigé par la crise et le passage à un stade d’approfondissement indéniables des sciences de l’époque. Ce réalisme conséquent doit faire place à la processualité et la spécificité disciplinaire des connaissances scientifiques : les dispositifs théoriques des deux courants dialectiques sont ici compatibles. Mais, comme réalisme, il exige une théorie unitaire de l’objectivité, que le principe

1

Sève 1998, p. 11-247.

2 Cf. Tosel 2001, Vadée 1997 et Sève 1998 pour des exposés détaillés sur les acteurs du théâtre français de cette

période.

3 Labérenne 1948. 4

Cf. Sève 1989, qui précise le contexte de naissance de La Pensée au printemps 1939, en introduction à une synthèse des problématiques ultérieurement développées en Sève 1998, ainsi que le bilan Milhau & Besse 1997.

matérialiste, cette fois contre ou différemment de la tradition non marxienne, est seul à

pouvoir fonder. Le matérialisme dialectique constitue pour ces savants un instrument contre le

mécanisme et le strict positivisme, fournit des schèmes novateurs pour penser la construction

de l’objectivité des connaissances, mais des schèmes qui vont être mobilisés à partir d’une

lucidité sur / d’une défense de la dynamique autonome et interne des sciences. Autrement dit,

le matérialisme dialectique de ces savants n’est pas celui du diamat que La Pensée transmettra, c'est-à-dire d’un corpus doctrinal achevé de lois générales du mouvement naturel et historique (provenant de la stalinisation idéologique en cours dans une URSS aux prises avec la nécessité de justifier une collectivisation brutale et forcée) lois s’imposant, à titre d’instance d’intelligibilité de la connaissance, en extériorité à ces sciences.

Cette ambivalence du matérialisme dialectique va se radicaliser au sortir de la seconde guerre mondiale, pour révéler une profonde incompatibilité entre deux approches, renvoyant à l’oscillation déjà structurante des manuscrits d’Engels sur la dialectique de la nature : instrument méthodologique et philosophique au service d’une épistémologie soucieuse du concret scientifique d’un côté, doctrine d’Etat et de Parti de l’autre1. C’est l’affaire Lyssenko

qui consacre ce divorce.

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