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CHAPITRE 1 L’ÉTAT DE LA RECHERCHE

2. Études en psychologie

2.6. La voie initiatique selon Dürckheim

À la suite de Carl G. Jung, d’Erich Neumann et de Gustav Richard Heyer, Karlfried Graf Dürckheim se distingue en introduisant une série de disciplines spirituelles en développement transpersonnel. Intitulée thérapie initiatique, celle-ci insistait davantage sur l’initiation et sur

104 En général, le moi conscient est submergé par le flot incessant des éléments psychologiques (sentiments, pensées,

sensations, etc.) et plusieurs s’identifient au fur et à mesure avec les contenus changeants de leur conscience et se laissent emporter par le courant mental. Bien entendu, les êtres humains qui se laissent vivre, qui ne s’arrêtent pas pour examiner leur vie intérieure et se connaître, ne font pas cette distinction.

105 L’auteur adopte le terme spirituel au lieu de transpersonnel, car ce mot n’est pas encore d’usage courant et explique

le sens qu’il accorde à ce terme. « Ainsi le terme “spirituel” est pris dans son acception la plus large, qui comprend non seulement les expériences d’un caractère spécifiquement religieux, mais tous les états de conscience, les fonctions et les activités qui ont comme commun dénominateur la possession de valeurs au-dessus de la moyenne : valeurs éthiques, esthétiques, héroïques, humanitaires et altruistes. Nous comprenons donc dans l’appellation de “développement spirituel” toutes les expériences qui se rapportent à la conscience des contenus du supraconscient, sans que l’expérience du Soi y soit nécessairement incluse. » Roberto ASSAGIOLI. Psychosynthèse […], p. 48.

106 Ibid., p.28-31

107 Précisons que pour l’auteur, la réalisation spirituelle est un long et complexe processus, qui nécessite « la

transmutation radicale et la régénération de la personnalité ». En outre, ce processus est composé de trois phases : 1) l’élimination active des obstacles qui s’opposent à l’influx des énergies spirituelles; 2) le développement des facultés supérieures demeurées jusque-là latentes; 3) « des phases passives et réceptives dans lesquelles le moi doit se soumettre à l’action du Soi transpersonnel, supportant vaillamment la tension et les souffrances qui accompagnent inévitablement ce processus ». De fait, il s’agit d’une période de transition entre l’ancien état et le nouvel état qui s’apparente « à celui de la chrysalide qui s’apprête à devenir un papillon ailé ». Ibid., p. 59-61.

108 En effet, Assagioli observe que les troubles produits par des causes spirituelles sont bien plus fréquentes que dans

le passé, car de plus en plus de gens sont tourmentés, consciemment ou inconsciemment, par des expériences spirituelles ou par le besoin grandissant de donner un sens à leur vie. Par ailleurs, « en raison de la plus grande complexité de l’homme moderne, et surtout à cause des obstacles créés par son esprit critique, le développement spirituel est devenu un processus intérieur plus difficile et plus complexe ». L’auteur utilise le terme symbolique d’éveil pour désigner « la perception, la prise de conscience d’un nouveau champ d’expérience, l’ouverture des yeux, jusque- là fermés, à une réalité profonde encore ignorée ». Ibid., p. 50.

l’accompagnement spirituel que sur la thérapie au sens traditionnel. Se voyant plutôt comme un guide spirituel, son rôle était surtout d’indiquer un chemin d’expérience et de guider les gens sur la voie initiatique. Avec sa compagne Maria Hippius, il fonda en Allemagne comme à l’étranger des lieux de formation et de rencontre sur la psychologie existentielle. La thérapie initiatique a pour but de guérir l’homme contemporain de son malaise existentiel en l’ouvrant à la transcendance immanente qui l’habite, l’Être essentiel, et de l’aider à redécouvrir sa dimension spirituelle.109 Dans

sa quête individuelle du chemin, les enseignements de Maître Eckhart, le grand mystique dominicain, son séjour au Japon et la rencontre avec le bouddhisme zen exercèrent une influence déterminante sur son développement spirituel.110 Pour Dürckheim, c’est à travers la Grande Expérience, une expérience de transcendance, que l’homme peut faire le passage vers un niveau de conscience surnaturelle et atteindre sa pleine dimension humaine, qu’elle que soit sa religion d’appartenance.

Dans son travail avec Maria Hippius, Dürckheim élabore une démarche en cinq étapes, la voie initiatique, à partir de sa vision anthropologique de l’être humain : 1) maintenir la vigilance critique; 2) lâcher-prise; 3) devenir un avec la profondeur qui transforme; 4) renaître par l’accueil et l’acceptation de l’image essentielle; 5) témoigner et manifester dans le quotidien son être authentique111. Ce processus de la métamorphose comprend divers exercices pour acquérir une

sensibilité à l’Être, des méditations, différentes activités favorisant un travail sur soi, intégrées au recueillement méditatif. Il accorde une grande importance à la méditation, comme « instrument de percée vers l’Être essentiel » et à la vie quotidienne comme « lieu effectif de l’initiation ».112 Par

ailleurs, Dürckheim a rappelé de nouveau à la conscience occidentale la tradition du maître, « cette

109 Selon l’auteur, Dürckheim reconnaissait que l’individuation (le devenir soi) de Jung « est un processus analogue à

celui de l’initiation », car, dans les deux cas, « un archétype constitue le modèle primitif » et il y a une « profonde aspiration à l’initiation ». (p. 222) Gerhard WEHR. « Karlfried Graf Dürckheim : grande expérience et thérapeutique initiatiques », Maîtres spirituels de l’Occident […], p. 211-212.

110 Soulignons que Dürckheim ne vise pas à retransmettre à l’homme d’Occident un contenu strictement oriental, mais

plutôt à montrer le caractère universel et intemporel de la sagesse fondée sur l’expérience bouddhiste. Il s’agit ici de la rencontre et de l’intégration de deux hémisphères spirituels, en ajoutant à la conscience objective, une conscience surnaturelle qui est en mesure de transcender les limites de la division entre sujet et objet. Ibid., p. 215-219.

111 Karlfried Graf DÜRCKHEIM. Pratique de la voie intérieure. Le quotidien comme exercice, Traduit de l’allemand

par F. Lowenbach, Paris, Le Courrier du Livre, 1968 [1961], 117 p.

112 Par l’Être essentiel, Dürckheim entend « la façon dont la vie divine vit en nous et en toute chose, et tend à prendre

forme, à travers nous, dans le monde ». (p.224) Karlfried Graf DÜRCKHEIM. Méditer, pourquoi et comment, Traduit de l’allemand par C. de Bose, Paris, Le Courrier du Livre, 1978 [1976], p. 14, cité par Gerhard WEHR. « Karlfried Graf Dürckheim […] », p. 224.

figure et cette fonction archétypale ».113 Dürckheim insistait sur la nécessité de reconnaître la

présence d’une autorité intérieure en soi, le maître intérieur, et l’importance de s’éveiller à cette instance qui réside en nous à travers le processus de réalisation de soi.114

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