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CHAPITRE 1 L’ÉTAT DE LA RECHERCHE

3. Études en leadership

3.2. Le développement des états de conscience supérieurs

S’appuyant sur la psychologie védique du Maharishi Mahesh Yogi, Charles Alexander et ses collègues de Maharishi University of Management proposent un modèle oriental de développement des états de conscience supérieurs : 1) conscience transcendantale; 2) conscience cosmique; 3) conscience de Dieu; 4) conscience unitaire. Ces états de conscience transcendent le langage vers des niveaux plus abstraits de pensée, de sentiments, de sens de soi pour arriver à la source de pensée, la pure conscience, décrite comme silencieuse et illimitée, au-delà de l’espace, du temps et de la sensation du corps.135 La conscience transcendantale, considérée comme un quatrième état

131 Le principe sujet-objet articulé par Kegan est, selon Baron, fort pertinent pour expliquer les grandes transformations

dans le développement humain, soit la transition d’un stade de conscience à un autre. De fait, la personne « se différencie et prend une distance par rapport à la vision du monde et d’elle-même à laquelle elle s’identifiait et était assujettie jusque-là ». L’examen critique de cette vision lui permet de mettre en lumière ses limites pour son adaptation ou son actualisation, et de passer à un autre stade de conscience, afin de prendre appui et de se soumettre « à un nouveau système de signification plus complexe, inclusif et viable, qui comporte néanmoins des limites ». Toutefois, comme le signale Baron, ces sauts quantiques « ne surviennent que très rarement, soit environ cinq à sept fois au cours de l’existence de la majorité de la population ». Ibid., p. 38-39.

132 S’appuyant sur les écrits de Kegan, ce principe reconnaît que le passage d’un stade de conscience à un autre s’avère

généralement souffrant, car la personne « expérimente la perte, voire la mort, d’une partie de son identité ». Le développement de la conscience est « plus souvent induit par l’expérience de décalage ressenti entre la complexité de ses structures de signification et la complexité des défis posés par son environnement ou par sa tendance d’actualisation de soi ». Ibid., p. 39. Or, selon Baron, le développement de la conscience peut être favorisé « par l’articulation de projets personnels », « par le soutien de l’entourage et par une investigation de son expérience en phase avec son rythme et ses capacités ». Charles BARON. « Le processus de développement […] », p. 106.

133 L’auteur se réfère aux travaux de Kegan. La première forme de développement consiste « à reconnaître les façons

de voir, de penser et d’agir auxquelles la personne est assujettie pour en faire l’objet d’un examen critique […]. Ce faisant la personne est à même d’assouplir et de se détacher de ses façons de voir, de penser et d’agir habituelles, voire de faire passer leur statut de vérités à celui de possibilités. » Ibid., p. 106. Précisons que pour Baron, les expansions de conscience sont plus significatives que des prises de conscience, « qui ne s’accompagnent pas nécessairement de changement dans son expérience et ses actions ». Charles BARON. Le processus de développement […], p. 43.

134 L’auteur se réfère aux recherches de Mezirow. La deuxième forme de développement implique « une

transformation de ses façons de voir, de penser et d’agir habituelles par l’articulation d’alternatives plus inclusives, complexes et viables » L’essentiel du développement adulte prend la forme d’expansions de conscience à un même stade alors que le processus de transformation des perspectives est moins fréquent (p. 106). Selon Baron, il semble qu’une transformation de conscience requiert l’atteinte d’un stade postconventionnel puisque « ce serait à ces stades que la personne dispose de la complexité cognitive et de la capacité d’autorégulation émotionnelle requises pour reconnaître ses limites et mener une réflexion critique sur sa vision du monde et ses logiques d’action » (p. 44-45). Par ailleurs, l’auteur indique que, selon Torbert, « le passage d’un stade à un autre s’avère un processus lent, qui prendrait de deux à cinq ans dans les meilleures conditions » (p. 42). Charles BARON. « Le processus de développement […] », p. 106; Charles BARON, Le processus de développement […], p. 42, 44-45.

135 Selon les chercheurs, « vedic psychology proposes that underlying all these levels is the completely abstract level

de conscience, libre d’activité mentale et de perceptions sensorielles, se situe au-delà des états d’éveil, de sommeil et de rêve.136 La conscience cosmique est un état permanent de la conscience

transcendantale incluant les états d’éveil, de sommeil et de rêve.137 La conscience de Dieu,

« refined cosmic consciousness », est un état de conscience cosmique accompagné par une perception plus raffinée et une reconnaissance accrue de la grandeur de la création et du créateur. La conscience unitaire est un état de plénitude, d’entièreté, de perception de notre intégrité avec le Soi transcendantal.138 « In this ultimate state of wholeness, the Bhagava Gita says that one “sees

the Self in all beings, and all beings in the Self”. ».139

Dans cette perspective, la pratique régulière de la technique de la méditation transcendantale dans la vie quotidienne permet le développement successif d’états de conscience supérieurs qui se manifestent par l’expérience subjective d’une paix intérieure inébranlable et d’un sentiment de plénitude absolue. De fait, la méditation transcendantale joue un rôle important pour « dé- cristalliser » le développement humain et faire l’expérience d’une conscience de Soi élargie, représentant le Soi transcendantal. À travers cette expérience, de nouvelles perspectives et une compréhension plus large de la vie s’offrent à la personne, lui permettant ainsi de déployer son plein potentiel.140 Notons que les travaux d’Alexander et de ses collaborateurs se distinguent en

relevant une série d’étapes au niveau transpersonnel qui mènent à la conscience unitaire.

of all content (e.g., percepts, thoughts, and emotions) ». Charles N. ALEXANDER et autres. « Introduction: Major issues in the Exploration of Adult Growth », dans Charles N. ALEXANDER et Ellen J. LANGER (Eds.), Higher stages of human development: Perspectives on adult growth, New York, Oxford University Press, 1990, p. 21; Charles N. ALEXANDER et autres. « Growth of higher stages of consciousness: Maharishi’s Vedic psychology of human development », dans Charles N. ALEXANDER et Ellen J. LANGER (Eds.), Higher stages [...], p. 291.

136 Voir Tableau 1.1 (p. 25). D’après les auteurs, « transcendental consciousness is held to be a distinctive state of

restful alertness [...]. According to Vedic psychology, during the process of transcending (whether it occurs spontaneously or is systematically produced), active processes of thought become completely stilled, and knower, known, and process of knowing converge in one unbroken unified field of awareness free of all content. » Charles N. ALEXANDER et autres. « Transcendental Meditation, Self-Actualization, and Psychological Health. A Conceptual Overview and Statistical Meta-Analysis », Journal of Social Behavior and Personality, vol. 6, n° 5, 1991, p. 199.

137 D’après les auteurs, « at this stage the knower can finally know himself directly without representational mediation.

This is because pure consciousness is held to be the essential nature of the “Self” – a “self-referral” field in which consciousness is fully awake to itself. In cosmic consciousness the Self (functioning as a silent observer or “witness”) becomes differentiated from all previous representational levels of mind. » Charles N. ALEXANDER et autres. « Introduction [...] », p. 21-22.

138 Selon les auteurs, « the final stage, or endpoint of development, is held to be a state of “unity consciousness” in

which one experiences every object as an expression of the Self. The unified field of consciousness that was experienced as underlying and permeating all of objective as well as subjective existence. » Ibid., p. 22.

139 Maharishi (1969, p. 44), cité par Charles N. ALEXANDER et autres. « Growth [...] », p. 324.

140 Pourquoi est-ce que le développement s’arrête, se « fige », se « cristallise » vers la fin de l’adolescence? « Cette

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