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CHAPITRE 1 L’ÉTAT DE LA RECHERCHE

2. Études en psychologie

2.4. Le processus d’individuation selon Jung

Fondateur de la psychologie analytique et pionnier de la psychologie des profondeurs, Carl Gustav Jung, un « thérapeute de l’âme » et « explorateur de l’inconscient archétypal », a été amené « en sa qualité de médecin et d’empiriste », à se pencher sur les traditions religieuses et spirituelles de l’Occident et de l’Orient.91 Jung élabore une théorie du développement humain sur

Abraham H. MASLOW. Être humain : la nature et sa plénitude, Traduit de l’anglais par A. Prigent et L. Nicolaieff, Paris, Eyrolles, 2006 [1971], p. 13-14.

87 Abraham H. MASLOW. L’accomplissement de soi. De la motivation à la plénitude, Traduit de l’anglais par E.

Borgeaud, Paris, Eyrolles, 2005 [1941, 1943 et 1964], p. 5.

88 Abraham H. MASLOW. Vers une psychologie de l’Être, Traduit de l’anglais par Mesrie-Hadesque, Paris, Éditions

Fayard, 1972 [1968], 267 p.

89 Abraham H. MASLOW. « Religions, valeurs et expériences paroxystiques », dans Abraham H. MASLOW,

L’accomplissement de soi […], p. 57-177.

90 Abraham H. MASLOW. Être humain [...], p. 308.

91 Si Jung fut au départ un disciple de Freud, il se distingue de son approche, sans toutefois renier son travail, en fondant

la psychologie analytique. En effet, Jung reconnaît la perspective de Freud sur l’inconscient qui accorde une importance particulière aux refoulements et aux désirs, tout en ajoutant « la notion d’inconscient collectif supra- individuel », c’est-à-dire que l’inconscient contient aussi une dimension transpersonnelle et spirituelle. Gerhard WEHR. « C. G. Jung : les archétypes de la psychologie des profondeurs », Maîtres spirituels de l’Occident. Vie et enseignement, Traduit de l’allemand par A. Charrière, Paris, Le Courrier du Livre, 1997, p. 187-194.

l’« individuation », la réalisation de son Soi véritable, c’est-à-dire le processus par lequel un être humain devient un individu unique et complet. Il a contribué à la compréhension de la connexion fonctionnelle entre la structure de la psyché ou de l’âme92, et celle de ses diverses manifestations

dans la vie de l’homme. Comme sa conception de l’âme possède une fonction religieuse, ce psychologue valorise « les expériences intérieures telles que les rêves, les visions, les intuitions profondes, les expériences numineuses ou spirituelles ».93

Pour Jung, la quête d’unité intérieure et le processus d’individuation est un besoin réel dans un monde où l’humain est psychiquement divisé, car il est peu familier avec les contenus de son inconscient. En effet, « l’influence de la société et le manque de spiritualité rendent l’individu mécaniste et inconscient de lui-même », ce qui l’éloigne de sa véritable nature qui cherche à manifester son unicité d’être et à se réaliser.94 La psyché, selon lui, est une sphère composée du

conscient et de l’inconscient. Le moi se réfère au conscient, qui est surtout déterminé par la conscience rationnelle, alors que le Soi représente une instance supérieure qui englobe le conscient et l’inconscient. Le Soi de Jung est le noyau qui correspond à l’identité profonde de la personne, son essence véritable. Sa fonction en tant que concept supérieur est de maintenir la cohésion de l’ensemble de la sphère par opposition au moi superficiel, qui ne contrôle que le conscient. L’inconscient est donc pour Jung le réservoir d’un potentiel humain non exploité95.

Le processus d’individuation de Jung nécessite un entraînement spirituel, similaire au modèle des trois voies des mystiques, qui comprend des étapes à franchir par le moyen de l’expérience et de la connaissance96. La première étape, qui s’apparente à la voie de purification, porte sur la

connaissance de soi, ce qui implique la connaissance et l’intégration des aspects inconscients tels que l’ombre, l’anima chez l’homme et l’animus chez la femme, afin d’atteindre une plus grande

92 Notons que dans la psychologie jungienne, l’âme ou la psyché sont des termes équivalents. Pour Jung, « le terme

psychologie, dans son sens étymologique, signifie étude ou science de l’âme. Le mot latin animus signifie esprit et le mot grec anemos réfère au vent. Les mots âme et esprit évoquent tout deux le vent, le souffle ou le feu. En ce sens donc, pour Jung, la science de la psychologie doit nécessairement prendre en compte la question de l’âme, de l’esprit. » L’auteure se réfère à Carl. G. JUNG. L’homme à la découverte son âme : structure et fonctionnement de l’inconscient, 6e éd., Paris, Payot, 1967 [1962], p. 43. Christina SERGI. « Apport de la psychologie analytique de C. G. Jung pour la

compréhension du développement spirituel », Croissance spirituelle et processus du devenir Soi […], p. 56-57.

93 Ibid., p. 57-58. 94 Ibid., p. 62.

95 Gerhard WEHR. « C. G. Jung […] », p. 199-200; Christina SERGI. « Apport de la psychologie […] », p. 67-69. 96 Gerhard WEHR. « C. G. Jung […] », p. 201.

conscience de soi.97 Comme le Soi demeure plutôt enfoui au niveau inconscient, la seconde étape

associée à la voie illuminative, se concentre sur la connaissance du Soi en explorant la dimension de l’intériorité qui favorisera l’émergence du Soi au niveau conscient. L’observation de soi et la pratique de la désidentification des mécanismes habituels du moi favorisera un déplacement de l’attention, généralement centrée sur le moi de surface, vers une attention qui mènera à la prise en compte des contenus de l’inconscient, permettant ainsi un rapprochement entre le moi et le Soi. Dans ce cas, de nouvelles qualités d’être peuvent se manifester comme la prudence, la justice, la tempérance, la sagesse et la discipline. La troisième étape, associée à la voie unitive, conduit à la réalisation du Soi, qui est une synthèse du travail d’intégration et d’individuation. Quand une authentique transformation survient, la personne est habitée par un sentiment d’unité intérieure.98

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